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De nos jours, seuls subsistent quelques témoignages de ce rempart, et notamment les [[Portes Mordelaises]], point d'entrée principale de la ville, au nor-ouest de la 1re enceinte.
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[[Fichier:Tour_du_fourgon.png|250px|left|thumb|La tour Saint-Denis, ou tour du fourgon, au sud-ouest de la 1re enceinte. Elle fut détruite en 1909 (Musée de Bretagne, 939.0027.22)]]
[[File:Rennes_RallierduBaty.jpg|150px|left|thumb|Vestige de rempart, près de la [[place Rallier du Baty]] (photo Pymouth ''de Wikimedia Commons'')]] Dans  le couloir d'un immeuble de la [[rue du Champ-Jacquet]] on trouve  une rangée de mâchicoulis (parapets au sommet des remparts) .
[[File:Rennes_RallierduBaty.jpg|150px|left|thumb|Vestige de rempart, près de la [[place Rallier du Baty]] (photo Pymouth ''de Wikimedia Commons'')]] Dans  le couloir d'un immeuble de la [[rue du Champ-Jacquet]] on trouve  une rangée de mâchicoulis (parapets au sommet des remparts) .
[[File:Roman_wall_of_Rennes.jpg|300x300px|thumb|Vestiges du rempart gallo-romain, extrémité sud de la [[rue de la Monnaie]] (''photo Ash Crow de Wikimedia Commons'') ]]
[[File:Roman_wall_of_Rennes.jpg|300x300px|thumb|Vestiges du rempart gallo-romain, extrémité sud de la [[rue de la Monnaie]] (''photo Ash Crow de Wikimedia Commons'') ]]

Version du 26 mai 2022 à 07:33

Des IIIe au XIIle siècles la première enceinte

L'étendue de Condate au Haut-Empire, avec les tracés perpendiculaires des voies (document INRAP)
Copie du plan Hévin, vers 1665, montrant les deux extensions faites au 15e siècle
Remparts au XVe siècle
Tour de la porte blanche

À la fin du IIIe siècle après J.C., l'Empire romain décline : c'est l'époque du Bas-Empire. L'Europe de l'ouest - et Condate - n'échappe pas aux hordes de barbares venant de l'est qui sèment la destruction et le chaos sur leur passage. Pour se protéger, les citoyens décident la construction d'une première enceinte sur une emprise bien moindre que celle qu'elle occupait (comme partout en Gaule Romaine : Paris, Périgueux, Bordeaux, le Mans...). La cité va se recroqueviller dans cette enceinte, abandonnant des quartiers situés au nord qui serviront par la suite de nécropoles, comme le prouvent des fouilles sur le site de lHôtel-Dieu [1] et allée Coysevox, mettant à jour en autres les bases de deux maisons du Haut-Empire romain entre le 1er et le 3e siècle, avec une teinturerie et un atelier de verrerie le long d'une voie antique qui allait en direction de l'actuelle salle de la Cité[2]. La ville prend alors la physionomie cadastrale qui sera la sienne jusqu'au XVe siècle.

De nos jours, seuls subsistent quelques témoignages de ce rempart, et notamment les Portes Mordelaises, point d'entrée principale de la ville, au nor-ouest de la 1re enceinte.

La tour Saint-Denis, ou tour du fourgon, au sud-ouest de la 1re enceinte. Elle fut détruite en 1909 (Musée de Bretagne, 939.0027.22)
Vestige de rempart, près de la place Rallier du Baty (photo Pymouth de Wikimedia Commons)

Dans le couloir d'un immeuble de la rue du Champ-Jacquet on trouve une rangée de mâchicoulis (parapets au sommet des remparts) .

Vestiges du rempart gallo-romain, extrémité sud de la rue de la Monnaie (photo Ash Crow de Wikimedia Commons)

Selon Michael Blatt, cité par Xavier Ferrieu, l'édification de cette première enceinte daterait des années 284/306, sous les règnes des empereurs Dioclétien et Constantin. Il rapporte que ce premier rempart mesurait 1200 mètres, couvrait environ 9 hectares, mesurait 6 mètres de haut et 3,5 à 4 mètres de large. L'utilisation de briques rouges de remploi, en strates importantes dans la construction des remparts, valut un temps à la cité le surnom de "Civitas Rubra", la ville rouge, remparts dont on peut voir un vestige au début de la rue Nantaise, à la jonction avec la rue de la Monnaie et il subsiste, dans les caves du 16, quai Duguay-Trouin, la partie supérieure de la muraille de pierres cubiques avec trois rangs de petit appareil alternant avec trois rangs de briques supportée par des blocs de schiste à la base, puis dalles de granit ou débris de monuments romains, et briques rouges jointoyées de ciment rouge[3]. À côté, on trouva, en 1968, la stèle de Postuminus (Titus Flavius).

Ultérieurement, à l'initiative du duc de Bretagne Pierre Ier Mauclerc (1190-1250), prince Capétien mort en mer au retour de la 7e Croisade, des fossés furent creusés autour des remparts.

Charles II le Chauve (823-877), petit-fils de Charlemagne, soucieux de rétablir l'ordre à l'ouest, fit le siège devant Rennes en 843, et s'en empara. Toutefois, dès 845, Nominoé (+ v. 850), comte de Rennes qui avait lutté victorieusement contre les pirates Normands, reprit la ville. Il deviendra duc de Bretagne, puis se fera sacrer roi d'Armorique.

À la faveur de luttes de succession internes, les Normands reprirent l'initiative, et assiégèrent à leur tour Rennes, en 875 et la vandalisèrent. Ce ne sera pas la dernière fois.

La tour Duchesne, vue depuis la rue Nantaise
  • début XVe siècle la deuxième enceinte, à l'est de la ville.

Dans le contexte menaçant et guerrier de l'époque, le connétable Arthur de Richemont (1393- Nantes, 1458), futur duc de Bretagne, décide d'agrandir l'enceinte primitive. Outre les risques de nouvelles guerres, il fallait compter avec l'accroissement démographique malgré la dureté des temps. Sont ainsi construites de nouvelles portes et de nouvelles tours qui seront détruites au XIXe siècle. Vers 1418 la ville reste enserrée dans un carcan d'une superficie de 8 ou 9 hectares et les monuments y sont rares : l'hôpital Saint-Yves, le manoir épiscopal, la cohue (halle), l'hôtel des Monnaies et une demi-douzaine de chapelles, mais des faubourgs sont apparus hors les murs : la Baudrairie, Saint-Aubin, Bourg-l'Évêque, et Toussaints sur la rive gauche, comptant en 1426 1500 à 2000 personnes, et aux paysans des environs s'ajoutent des émigrants normands et, vers 1450, le seul faubourg Toussaints compte 1500 personnes.

Deux nouvelles enceintes sont construites, portant la superficie protégée de 9 à 62 hectares :

Rue Nantaise - Tour Mordellaise (sic) dite de "La Cité". Carte postale de Le Trionnaire. Coll. YRG et AmR 44Z1366

- une première à l'est englobant la paroisse de Saint-Germain et l'abbaye Saint-Georges est d'abord faite de palissades et fossés avec bastilles en bois, remplacées progressivement à partir de 1427 par des constructions en pierre avec 4 portes (Vilaine, Saint-Germain, Saint-Georges et Foulons), une muraille de 8 m de hauteur et 12 tours, dont la tour Le-Bât qui servira de prison[4] et de salle d'enseignement de la chirurgie. [5] . Sous l'hôtel de Cuillé, Contour de la Motte, se trouve un couloir voûté très bien conservé, élément de ce qui était alors la porte Saint-Georges, en fait une gaine d'artillerie qui servait à accéder aux zones de défense  en y amenant les munitions jusqu'aux canons et les soupiraux évacuaient la fumée des tirs. [6]


Murailles.jpg
seconde partie du XVe siècle' - 
La Tour Mordelaise début XXe siècle et les remparts. Carte postale Léon et Lévy (LL). Coll. YRG et AmR 44Z1414
Vestiges d'enceinte: à gauche les Portes Mordelaise, à droite la tour Duchesne
Morceau de rempart enfoui dans un immeuble de la place Rallier du Baty

La dernière enceinte, au sud : élevée de 1449 à 1476 au sud de la Vilaine, enserrant la paroisse Toussaints et le couvent des Carmes. avec des murs de 8 m de haut et 11 tours d'une hauteur de 14,50 m. Après 1460, les portes sont précédées de bastions avancés, doublés de fossés, les boulevards, en vue de les protéger des coups de boutoir des canons. Enfin, pour renforcer les murs sont aménagés des mouenets, fortins bas allongés percés de canonnières pour battre les fossés, ainsi que de faulces brayes, petits murs dressés sur la contrescarpe des fossés pour gêner l'approche de l'ennemi[7].

En 1491, au sortir de la guerre, le dispositif de la muraille de Rennes comprend unensemble de vingt tours, sept dans la moitié sud, sept dans la moitié nord, trois sur le cours de la Vilaine et trois dans la partie intérieure de la toute première enceinte. Six portes verrouillent le dispositif : Mordelaise, Saint-Michel, Foulons, Ville-Blanche, Toussaints et Champ-Dolent,auxquelles s'ajoutent les arches de Saint-Yves et la porte Saint-Germain au niveau du pont éponyme qui sépare la ville haute de la ville basse. En 1492, les miseurs Pierre Champion et Guillaume de Millau, sous les ordres du lieutenant Paynel, engagent un vaste chantier autour des ponts et portes de la ville. Le registre conservé déroule une myriade de petites réparations de maçonnerie, ferronnerie, charpente engagées quasiment partout : tours Saint-Michel, Toussaints, Porte-Blanche, Saint-Georges, porte Mordelaise, pont Saint-Martin, tour Saint-Denis (au niveau des arches de Saint-Yves), pont Saint-Germain et pont de Champ-Dolent. Il s’agit essentiellement de refaire les carreaux (tablettes de pierre servant à paver l’intérieur des édifices ou morceaux de pierre peu profonds qui forment les parements d’un mur) sur les murs, les tours, ou dans les corps de garde, de remplacer le bois pourri ou détruit, notamment sur les charpentes des tours et des ponts-levis, de changer les chaînes, grilles, serrures et clés des corps de gardes.[8]

La tour aux Foulons, qui prenait place au niveau des actuels numéros 2 et 4 rue Le Bastard[9] (Dessin de l'architecte Robert Artuz, représentant en 1591 la façade de la tour)

Au début du XVIe siècle, les tours logis

En plus des maisons dans lesquelles ils pouvaient vivre intra-muros, les capitaines, lieutenants et connétables ont occupé au 16e siècle les tours de la ville. Outre la tour aux Foulons qui devient la propriété du capitaine Boisorcant en 1551, Artur de Monbeille, connétable de 1525 à 1534, a occupé dès son arrivée à la charge la tour et le portail de SaintGeorges sur autorisation du corps de ville à qui il l’avait demandé73. En 1562, son successeur Judes de Saint-Pern, sieur de Ligouyer, y vit également, ce qui laisse penser que la tour est la propriété automatique du second connétable de la ville. Le lieutenant Regnaud de Monbourcher, sieur du Bordage, a habité dans les années 1530 la porte Mordelaise, la ville confiant sans le savoir encore une clé de l’appareil défensif à un homme dont le petit-fils, René, défendra Vitré contre les troupes de Mercoeur et figurera, en mars 1589, sur la liste des protestants « qu’il convient de mettre hors la ville »74. La tour de Toussaints, au sud de la ville, fut occupée par le lieutenant de Méjusseaume, Claude de Beaucé, lieutenant de 1569 à 1582, afin qu’il « y puisse ailler tenir et demeurez pour plus seurement commander à la garde deffance de cestedite ville » En 1589 le gouverneur Montbarot habite la tour aux Foulons. En septembre 1636, François Nicolas Dubuisson Aubenay visite "Rhennes" et en fera un constat, notamment quant à ses remparts : voir ci-contre.[10]


XVIIe et XVIIIe siècles, la disparition progressive

Quatre ans après la visite de Henri IV à Rennes, le roi qui s'était bien promis de détruire les fortifications des villes de la Bretagne maintenant pacifiée qui avaient été des points d'appui pour la guerre civile, ordonna par édit du 18 juin 1602, que toutes les tours et portes de la ville, sauf la tour Mordelaise, qui étaient devenues autant de fortins occupés et fermés, fussent ouvertes côté ville et mises hors d'état de servir de ce côté, ce que s'empressèrent de faire dès juillet les bourgeois enchantés.

Des vestiges de la ceinture murale ouest de la cité


En 1656 Louis XIV octroi aux habitans et communauté de notre dite ville de Rennes [...] les ponts, issues, fossez, boulevarts, bastions, contrescarpe , remparts, bords et rivages des rivières de Villaine et Saint-Martin. [11] On va ainsi pouvoir lotir ces lieux, souvent à l'allure de friches mal famées, qui constituent une surface foncière très importante jusqu'alors zone non aedificandi. C'est une belle aubaine pour la ville soumise à une pression démographique.

La plupart des portes des remparts et leurs boulevards d'artillerie, constituant des doubles entrées de ville, étroites et dangereuses pour la circulation, sont détruits à la fin du 18e siècle pour faciliter le passage.

Dans les murs anciens subsisteront les Portes Mordelaises et la tour Duchesne dont on entreprendra les restaurations. Une opération de dégagement et de mise en valeur de ce secteur a débuté en 2018.



Références

  1. Rue de l'Hôtel Dieu
  2. Ouest-France, édition Rennes, 14 juin 2016
  3. Société archéologique d'Ille-et-Vilaine.Ouest-Eclair, 25 juin 1941
  4. Dans les prisons de Rennes au 18e siècle
  5. La quête d'un local convenable pour enseigner la chirurgie et disséquer à Rennes
  6. Rennes, de la Motte à Madame au Contour des Pouvoirs Matthieu le Boulch. Bulletin et Mémoires , tome CXXIII p. 185 à 218 Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine (SAHIV) - 2019
  7. Rennes au XVe siècle à travers les comptes municipaux par J. Leguay. Annales de Bretagne - 1968 Volume 75 Numéro 2 pp. 383-390
  8. Rennes, naissance d'une capitale provinciale (1491-1610), p.111 Mathieu Pichard-Rivallan. thèse/ Région Bretagne. Université de Rennes 2 U.E.B - 2014
  9. https://multimedia.inrap.fr/atlas/Rennes/sites/3343/2-4-rue-Pont-aux-Foulons#.XRM4NqKB5rM
  10. Itinéraire de Bretagne en 1636. Archives de Bretagne. Publié par la société des bibliophiles bretons t.9 p 9 à 20 - 1898
  11. Arch. municipales. DD 106

Liens internes

Rennes sur la tapisserie de Bayeux

hymne à Rennes quatrains 3, 4 et 5

Galerie cartes postales


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