Hôtel-Dieu
L'Hôtel-Dieu, fondé en 1358 par un prêtre du diocèse de Tréguier, Eudon le Bouteiller, sous le nom d'Hôtel ou Maison de Dieu de Saint-Yves, occupa jusqu'au mois de novembre 1858 un emplacement en bordure du fleuve Vilaine à quelques pas de la Cathédrale Saint-Pierre. Au début du 19e siècle, Rennes entretenait quatre établissements hospitaliers vétustes et exigus, éloignés les uns des autres : outre l’hôpital Saint-Yves situé en bordure de la Vilaine, détruit en 1858, l’hospice des Catherinettes rue de Paris, détruit au début du 20e siècle, l’hospice Saint-Melaine sur la place du même nom et l’hospice des Incurables rue de la Santé fermé en 1900.[2] En 1851, sous le mandat du maire Emmanuel Pongérard, un concours est ouvert pour la construction d'un nouvel hôpital, sur les terrains de la Cochardière, au nord de la ville[3]. C'est Aristide Tourneux qui est choisi en 1852[4]. La régularisation du cours du fleuve et la construction des quais, en faisant tomber une partie des bâtiments de Saint-Yves, amena la reconstruction de l'Hôtel-Dieu au Nord de la Ville sur le terrain de la Cochardière [5] où on le trouve aujourd'hui.
La construction, sur un plan d'Aristide Tourneux, originaire de Chateaugiron, proche de celui de l'hôpital Lariboisière à Paris, comporte quatre pavillons autour d'une cour centrale et reliés par des galeries surmontées d'un étage. Après 15 ans de discussion sur le choix du terrain (24 000 m2), elle fut commencée en 1854 et s'acheva en 1858 avec son inauguration le 21 novembre, en présence d'Elisa Napoleone Baciocchi, cousine germaine de l'empereur. L’hôtel-Dieu d’Aristide Tourneux, comme beaucoup d’autres édifiés à la même époque en France, s’inscrit dans la lignée des hôpitaux hygiénistes dont l’hôpital Lariboisière demeure le modèle pendant un demi-siècle. Du style néo-classique préconisé par le Conseil des bâtiments civils pour les constructions publiques, il répondait aux attentes des édiles rennais qui le voulaient simple mais monumental. Il est édifié en pierre de taille (calcaire) sur sa façade principale et en moellons de schiste enduits sur les autres corps de bâtiments.
Dénommé Nouvel Hospice Napoléon , en souvenir de la visite du chantier qu'y firent, le 20 août 1858, l'Empereur et l'Impératrice[6], il a pris depuis la chute de l'Empire le nom d'Hôtel-Dieu.
Il ne compta d'abord que 200 lits en remplacement des vieux établissements : hôpital Saint-Yves fermé en 1860, hospice des Catherinettes rue de Paris, fermé en 1900, hospice Saint-Melaine, rue Saint-Melaine, l'hospice des Incurables rue de la Santé fermé en 1900. En 1868 l'Hôtel-Dieu comportait 365 lits. Les équipements furent modernisés progressivement à la demande des médecins et du personnel soignant et au gré des fonds disponibles. En 1925 l’ensemble des galeries, douches, bains sulfureux et blocs opératoires fut revêtu de mosaïques réalisées par l’atelier Isidore Odorico. L'ensemble sera fréquemment complété, modernisé et remanié.
Du 11 juillet 1940 au 4 août 1944, l’armée allemande fit de l’Hôtel-Dieu un Kriegslazarett (hôpital de guerre). L'hôpital civil avait été transféré rue Saint-Louis. Le blockhaus qui subsiste entre les deux ailes est de l’hôpital initial fut bâti à cette période. Le 7 août 1945, après la libération des locaux occupés par l’armée américaine, l'hôpital put reprendre une activité normale dédiée aux civils. Le blockhaus fut occupé par le centre de transfusion sanguine au début des années 1950. Les congélateurs de plasma installés dans les sous-sols, le laboratoire d’analyse des agglutinines et le premier service informatique de l’hôpital y ont pris place jusqu’en 1980. Dans les années 1980, 4000 accouchements étaient pratiqués à l'Hôtel-Dieu chaque année. Une fin de semaine de Pentecôte, on recensa pas moins de 52 naissances. Un médecin y était disponible 24h/24, parfois dix jours d'affilée ! indiquèrent Duthoit-Dassonville et C. Le Mercier, respectivement médecin et radiologue. [7]
Dans les années 1990, le Centre Hospitalier Universitaire de Rennes s'engagea dans une importante opération de conversion de l'Hôtel Dieu en établissement de personnes âgées. L'actualisation du plan gérontologique contribua à la construction du pavillon Damien Delamaire, inauguré le 23 janvier 1998. Cet établissement de soins de longue durée permit l'hospitalisation et l'hébergement de patients qui ne peuvent être soignés à domicile ou dans une maison de retraite en raison de leur état de santé et/ou de leur grande dépendance (Ehpad de 120 lits)[8].
En 2009, la maternité fut transférée à l'hôpital sud et une partie de l'emprise, côté nord, soit 7000 m2, le long de la rue de la Cochardière, a été cédée à un promoteur pour y construire 200 logements.
Un conservatoire du patrimoine hospitalier de Rennes (CPHR) y était installé depuis 2011. Il abrite une collection de 5 000 objets d’ancien matériel offrant une intéressante rétrospective des soins aux 19e et 20e siècles. Des visites sont organisées chaque jeudi pour le grand public[9].
Après de nombreuses tractations, l'Hôtel-Dieu ne sera pas totalement détruit. Au contraire, les bâtiments historiques sont en partie sauvegardés, sinon réhabilités. Sontconstruits 96 logements, salle de sport, centre de soins "hammam/spa", commerces de proximité et hôtel, un parc auto public de 305 places, le nouveau local du Conservatoire du patrimoine hospitalier de Rennes[10]. Une maison de santé accueille 24 cabinets médicaux et paramédicaux au sein d’un bâtiment réhabilité (1 000 m2) construit en 1898 qui abrita la première maternité du site. Le site de 2,8 hectares devrait être totalement restructuré et utilisé en 2026.
Note et références
- ↑ rue Jean-Baptiste Barré
- ↑ Capucine Lemaître et Benjamin Sabatier, « Les hôpitaux de Rennes : histoire, architecture et patrimoine », mis en ligne le 03 mars 2017, URL : http://journals.openedition.org/insitu/14551
- ↑ http://www.archives.rennes.fr/histoire-de-rennes/edifices/de-la-maison-dieu-a-l-hotel-dieu/
- ↑ Voir la partie sur les établissements hospitaliers au 19e siècle sur: http://www.condate.rennes.fr/
- ↑ rue de la Cochardière
- ↑ Napoléon III à Rennes
- ↑ Les Rennais, janv. fév. 2023, p.38|collecteur=Manu35
- ↑ Un legs providentiel pour bâtir la maternité de l'Hôtel-Dieu, Bernard Boudic, Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine (SAHIV) t. CXXV - 2021
- ↑ tél: 06 63 02 57 42 et sur la toile : cphr.fr.
- ↑ http://www.rennes-infos-autrement.fr/bonne-nouvelle-lhotel-dieu-ne-sera-pas-detruit/
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