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Abbaye Saint-Georges de Rennes
L'abbaye bénédictine fondée vers 1032 par Alain III, duc de Bretagne, pour recevoir des femmes des familles nobles et dont la première abbesse fut sa sœur, Adèle[1]. Alain III et la duchesse Havoise, sa mère, du consentement du comte Eudon, donnèrent l'église, appelée alors Saint-Pierre-du-Marché, « ecclesiam Sancti Petri de Marcheil », à l'abbesse et aux religieuses de Saint-Georges. En faisant ce don à Saint-Georges, le duc Alain III et sa mère concédèrent en même temps à ce monastère un droit de bouteillage : tout habitant de Rennes qui vendait vin dans les limites du cimetière de Saint-Pierre-du-Marché devrait à Saint-Georges la redevance d'une bouteille sur chaque tonneau plein, et d'une demi-bouteille sur chaque demi-tonneau. Le Cartulaire de Saint-Georges renferme le récit d'un procès qui eut lieu vers 1050 au sujet de cette redevance, contestée aux religieuses par deux bourgeois de Rennes, Grossin et Thescelin, « en proie aux feux de l'envie et de l'avarice ». Le duc Conan, neveu de l'abbesse Adèle, fit justice de la mauvaise foi de ces bourgeois récalcitrants et maintint ferme les Bénédictines dans leur droit.
L'abbaye fut pillée et incendiée vers le milieu du 12e siècle par Henri II, roi d'Angleterre qui avait revendiqué le statut de suzerain de la Bretagne au motif que le duché avait prêté serment de loyauté à Henri Ier, car il estimait que son contrôle permettrait de sécuriser ses possessions françaises en plus d'être un possible héritage pour un de ses fils. Quarante-six abbesses émanant de la noblesse vont se succéder à l'abbaye jusqu'à la Révolution. Le 24 mars 1669, "monsieur l'evesque de Rennes et madame l'abesse de Saint-Georges ont aposé la premiere pierre du batiment neuf des dortoirs de laditte abbaye Saint-Georges" [...] "Le superbe bastiment de l'abbaye de Saint-Georges se continue et a esté parfait à la fin de l'an 1674[2].
La réédification de l'abbaye avait été l'œuvre de Magdeleine de La Fayette, bénite abbesse le 4 octobre 1663, (dont le nom figure au-dessus des arcades de la façade sud), Charles-François de la Vieuville étant évêque de Rennes, œuvre actée par deux textes des 8 et 9 avril 1670[3], poursuivie par Marguerite de Halgouet. Le seul bâtiment subsistant est le Palais Saint-Georges.
Un document définit le contenu de l'abbaye au 17e siècle : la Déclaration faite au roi, le 9 avril 1665, par l'abbesse Magdeleine de La Fayette et ses religieuses (Cartulaire de l'abbaye Saint-Georges, 345) :
Advouent lesdites dames tenir dudit seigneur Roy l'église, monastère, closture, maisons, courts, jardins et pourpris de ladite abbaye size en icelle ville de Rennes, avec une place qui est au-devant de l'église, cimetière et portal de ladite abbaye, et tout ce qui est enclos entre les murailles d'icelle abbaye, joignant d'un costé les murailles de cette ville de Rennes et cimetière de la paroisse de Saint-Pierre en Saint-Georges, au proche de la porte dudit Saint-Georges, et, par autres, la rue conduisant de ladite porte de Saint-Georges à l'abreuvoir près les arches dudit Saint-Georges, lequel enclos est en forme de triangle. Au dehors de la closture, une maison avec ses appartenances, en laquelle est assis le four à ban auquel elles font cuire leur pain, et est ladite maison située près la rue Saint-Georges ; — une petite maison, terre et jardin, située au joignant les arches de Saint-Georges, appelée anciennement le Pré-Rond et présentement la Buanderye Saint-Georges ; — deux maisons et jardin s'entre joignant avec un petit pré, l'une desquelles maisons et jardin est appelée la Sablonnière, et l'autre avec son jardin la Vergue (nota : ainsi nommé parce que le gibet de la juridiction abbatiale s'y trouvait), joignant d'un bout au pavé de la rue Hux ( maintenant la rue de Paris), et d'autre bout la rivière de Vilaine.
En outre, elles disposaient à Rennes de deux moulins, l'un à froment, l'autre à seigle, appelés à présent les moulins de la Poissonnerie et anciennement les moulins de la Porte ; ensemble le droit de peschage en icelle rivière (de Vilaine) depuis les arches de Saint-Yves jusqu'au moulin de Cesson, et droit d'avoir un basteau sur ladite rivière prohibitif à tous autres, avecq aussi le droit de pesche dans les douves de Porte-Blanche, et le droit d'avoir un bardeau hors la ville, attaché à la tour appelée Luxembourg, pour donner le sault à l'eau pour le service desdits moulins ; — au dehors de la Porte-Blanche, deux autres moulins sur ladite rivière de Vilaine, appelés les moulins de Saint-Elier, l'un à seigle, l'autre à froment, avec droit d'avoir un moulin à fouler draps ; — la prée de Saint-Georges, contenant 40 journées de terre ou plus, cotoyant la rivière de Vilaine vers les moulins de Joué ; — une mestairie appelée le Petit-Paris, près le pavé de la rue Hux. [4]
Références
- ↑ Allée Adèle de Bretagne
- ↑ Chronique de François Toudoux, 17 e siècle
- ↑ Histoire de Rennes, p.325, Émile Ducrest de Villeneuve et D. Maillet. Edouard Morault, libraire. Rennes - 1845
- ↑ Rennes, histoire, patrimoine, noblesse.www.infobretagne.com
Monographies universitaires
- Étienne Mathieu, L'abbaye Saint-Georges et ses prieurés de 1032 à la fin du 13e siècle,Maîtrise d'histoire, Rennes 2, 2004, 181 p. CERHIO
- Paul Jullien, Aperçus sur le domaine et les droits de l'abbaye Saint-Georges de Rennes aux 11e et 12e siècles, DES : Histoire, Rennes 2, 1958, 59 p. CERHIO
- Carole Raude, Les pensionnaires des bénédictines de l'abbaye Saint-Georges de Rennes aux 17e et 18e siècles, Maîtrise d'histoire, Rennes 2, 1996, 96 p. Note de Mémobase : Ce mémoire concerne en réalité les grandes ursulines de Rennes ; AD35, 2J 1062 ; CERHIO
- Jean-François Rouxel, Criminalité et société dans le dernier siècle de l'Ancien Régime : l'exemple du tribunal de l'Abbaye royale de Saint-Georges de Rennes, Maîtrise d'histoire, Rennes 2, 1987, 312 p. CERHIO