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Remparts de Rennes
Les remparts de Rennes
- des IIIe au XIVe siècles - la première enceinte, au centre :
A la fin du IIIe siècle après J.C., l'Empire romain décline : c'est l'époque du Bas-Empire. L'Europe de l'ouest - et Condate - n'échappe pas aux hordes de barbares venant de l'est qui sèment la destruction et le chaos sur leur passage. Pour se protéger, les citoyens décident la construction d'une première enceinte sur une emprise bien moindre que celle qu'elle occupait (comme partout en Gaule Romaine : Paris, Périgueux, Bordeaux, le Mans...). La cité va se recroqueviller dans cette enceinte, abandonnant des quartiers situés au nord qui serviront par la suite de nécropoles, comme le prouvent des fouilles sur le site de l'Hôtel-Dieu[1] et allée Coysevox, mettant à jour en autres les bases de deux maisons du Haut-Empire romain entre le 1er et le 3e siècle, avec une teinturerie et un atelier de verrerie le long d'une voie antique qui allait en direction de l'actuelle salle de la Cité[2]. La ville prend alors la physionomie cadastrale qui sera la sienne jusqu'au XVe siècle.
De nos jours, seuls subsistent quelques témoignages de ce rempart, et notamment les Portes Mordelaises, point d'entrée principale de la ville.
Selon Michael Blatt, cité par Xavier Ferrieu, l'édification de cette première enceinte daterait des années 284/306, sous les règnes des empereurs Dioclétien et Constantin. Il rapporte que ce premier rempart mesurait 1200 mètres, couvrait environ 9 hectares, mesurait 6 mètres de haut et 3,5 à 4 mètres de large. L'utilisation de briques rouges de remploi, en strates importantes dans la construction des remparts, valut un temps à la cité le surnom de "Civitas Rubra", la ville rouge, remparts dont on peut voir un vestige au début de la rue Nantaise, à la jonction avec la rue de la Monnaie et il subsiste, dans les caves du 16, quai Duguay-Trouin, la partie supérieure de la muraille de pierres cubiques avec trois rangs de petit appareil alternant avec trois rangs de briques supportée par des blocs de schiste à la base, puis dalles de granit ou débris de monuments romains, et briques rouges jointoyées de ciment rouge[3]. À côté, on trouva, en 1968, la stèle de Postuminus (Titus Flavius).
Ultérieurement, à l'initiative du duc de Bretagne Pierre Ier Mauclerc (1190-1250), prince Capétien mort en mer au retour de la 7e Croisade, des fossés furent creusés autour des remparts.
Charles II le Chauve (823-877), petit-fils de Charlemagne, soucieux de rétablir l'ordre à l'ouest, fit le siège devant Rennes en 843, et s'en empara. Toutefois, dès 845, Nominoé (+ v. 850), comte de Rennes qui avait lutté victorieusement contre les pirates Normands, reprit la ville. Il deviendra duc de Bretagne, puis se fera sacrer roi d'Armorique.
A la faveur de luttes de succession internes, les Normands reprirent l'initiative, et assiégèrent à leur tour Rennes, en 875 et la vandalisèrent. Ce ne sera pas la dernière fois.
- début XVe siècle - la deuxième enceinte, à l'est de la ville :
Dans le contexte menaçant et guerrier de l'époque, le connétable Arthur de Richemont (1393- Nantes, 1458), futur duc de Bretagne, décide d'agrandir l'enceinte primitive. Outre les risques de nouvelles guerres, il fallait compter avec l'accroissement démographique malgré la dureté des temps. Sont ainsi construites de nouvelles portes et de nouvelles tours qui seront détruites au XIXe siècle. Vers 1418 la ville reste enserrée dans un carcan d'une superficie de 8 ou 9 hectares et les monuments y sont rares : l'hôpital Saint-Yves, le manoir épiscopal, la cohue (halle), l'hôtel des Monnaies et une demi-douzaine de chapelles, mais des faubourgs sont apparus hors les murs : la Baudrairie, Saint-Aubin, Bourg-l'Évêque, et Toussaints sur la rive gauche, comptant en 1426 1500 à 2000 personnes, et aux paysans des environs s'ajoutent des émigrants normands et, vers 1450, le seul faubourg Toussaints compte 1500 personnes.
Deux nouvelles enceintes sont construites, portant la superficie protégée de 9 à 62 hectares :
- une première à l'est englobant la paroisse de Saint-Germain et l'abbaye Saint-Georges est d'abord faite de palissades et fossés avec bastilles en bois, remplacées progressivement à partir de 1427 par des constructions en pierre avec 4 portes (Vilaine, Saint-Germain, Saint-Georges et Foulons), une muraille de 8 m de hauteur et 12 tours, dont la tour Le-Bât qui servira de prison. [4]
- seconde partie du XVe siècle -
La dernière enceinte, au sud : élevée de 1449 à 1476 au sud de la Vilaine, enserrant la paroisse Toussaints et le couvent des Carmes. avec des murs de 8 m de haut et 11 tours d'une hauteur de 14,50 m. Après 1460, les portes sont précédées de bastions avancés, doublés de fossés, les boulevards, en vue de les protéger des coups de boutoir des canons. Enfin, pour renforcer les murs sont aménagés des mouenets, fortins bas allongés percés de canonnières pour battre les fossés, ainsi que de faulces brayes, petits murs dressés sur la contrescarpe des fossés pour gêner l'approche de l'ennemi[5].
Quatre ans après la visite de Henri IV à Rennes, le roi qui s'était bien promis de détruire les fortifications des villes de la Bretagne maintenant pacifiée qui avaient été des points d'appui pour la guerre civile, ordonna par édit du 18 juin 1602, que toutes les tours et portes de la ville, sauf la tour Mordelaise, qui étaient devenues autant de fortins occupés et fermés, fussent ouvertes côté ville et mises hors d'état de servir de ce côté, ce que s'empressèrent de faire dès juillet les bourgeois enchantés.
Dans les murs anciens on restaure les Portes Mordelaises et la tour Duchesne.
Références
- ↑ Rue de l'Hôtel Dieu
- ↑ Ouest-France, édition Rennes, 14 juin 2016
- ↑ Société archéologique d'Ille-et-Vilaine.Ouest-Eclair, 25 juin 1941
- ↑ Dans les prisons de Rennes au 18e siècle
- ↑ Rennes au XVe siècle à travers les comptes municipaux par J. Leguay. Annales de Bretagne - 1968 Volume 75 Numéro 2 pp. 383-390
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