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Détenus des prisons de Rennes

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La maison centrale pour les femmes

Au début de 1940, la maison centrale de Rennes ( actuellement centre pénitentiaire ) accueillit les femmes condamnées des centrales de Haguenau et de Doullens, villes situées dans des zones qui allaient de fait passer sous contrôle allemand dès le début de l'invasion de mai. Par application d'une instruction du 15 avril, la centrale de Rennes reçut toutes les femmes condamnées à plus de six mois de prison. Avec l’annexion de l’est de la France, elle devint la seule centrale française de femmes.

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[1]

Pendant la seconde guerre mondiale, de nombreuses résistantes furent incarcérées à la prison des femmes de Rennes. A la Libération, y furent regroupées les condamnées politiques aux travaux forcés. [2]

A la centrale de Rennes, un convoi de 103 politiques arrivées au début de 1944 manifesta sa volonté de ne pas se laisser avilir. Le 6 mars, le directeur doit faire appel aux GMR qui sont accueillis à l’atelier 7 par des projectiles. Il menace les résistantes de « faire comme à Eysses » où douze résistants venaient d’être fusillés ; l’ordre est rétabli avec quelques mises aux cachots et un mois de privation générale de colis, de parloirs et de courrier.[3]

Jusqu'en avril 1944, 26 détenues politiques avaient été remises aux Allemands pour actes attentatoires aux troupes d'occupation mais en avril et mai 1944, 245 femmes condamnées par les tribunaux d'exception français, dont la moitié par la seule section spéciale de la Cour d'appel de Paris et seulement 6 par la Cour d'appel de Rennes, sont "libérées" de la prison rennaise et... remises aux autorités allemandes. Il s'agissait pour les trois quarts de femmes de plus de 31 ans, de condition sociale inférieure ou moyenne, considérées comme ayant eu des "activités communistes". A raison de 68 le 5 avril, 96 le 2 mai et 81 le 16, elles sortirent de la prison et via le fort de Romainville, pour un train en gare de Pantin d'où elles furent déportées à [4]

La prison Jacques Cartier et le camp Margueritte, points de départ pour l'Allemagne

entrée de l'ancienne prison Jacques Cartier

Tous les résistants arrêtés en Bretagne pendant la guerre passeront par la prison Jacques-Cartier ou le camp Margueritte. Les 2 et 3 août 1944 tous les prisonniers politiques détenus jugés dans la prison Jacques Cartier et du camp de détention Margueritte ainsi que des prisonniers de guerre alliés et des soldats allemands condamnés à passer devant le conseil de guerre, sont embarqués dans deux convois en direction de Redon.

Alors que l'après-midi de la veille des obus américains sont tombés sur la ville, et sur la prison Jacques Cartier vers 15 h 00, le 2 août, à 2 h 00 du matin, 150 prisonnières, rassemblées la veille vers 21 h 00 au rez-de-chaussée et sont convoyées vers des wagons de voyageurs où elles passent la nuit. Au petit matin, elles sont transférées dans les wagons à bestiaux d'une rame où sont déjà les hommes. A 06 h 00, le premier convoi part de la rue Jules Verne. Ils partent pour un dangereux périple vers l'Allemagne à bord de ce qu'on appellera "le train de Langeais". [5]

Il s'agit au total d'environ 900 personnes, dont 250 femmes, Ellss ont bien cru à leur libération, dans leurs prisons sur lesquelles tombaient des obus américains en provenance de Maison-Blanche, au nord de la ville, et que leurs gardiens semblaient prêts aussi à abandonner. Mais le 3, aux premières heures, changement de programme, rassemblement et départ en rangs par cinq, sous escorte, vers la Prévalaye, pour embarquer dans les wagons à bestiaux d'un train stationné sur la voie ferrée reliant le dépôt de la Kriegsmarine de la route de Lorient à la ligne Redon-Rennes, à la Ville-en-Pierre, en Saint-Jacques de la Lande.

Plusieurs jours plus tard, de Belfort où ils étaient parvenus le 15 août, 154 purent s'évader grâce à un Alsacien Malgré-nous. Les autres furent acheminés vers les camps de la mort allemands : Natzweiller, Neuengamme, Dachau, Ravensbrück, dont 350 ne revinrent pas. On se demande pourquoi rien ne fut tenté sur place pour libérer les détenus des prisons rennaises, s'agissant principalement de résistants dignes de pareille tentative, qui ratèrent ainsi la liberté, dans le "train de Langeais", à quelques heures de la libération de la ville. La raison probable est le souci principal des responsables politiques de la France Libre qui était de mettre en place sur le champ de nouveaux représentants à la tête des organes de directions locale et régionale afin d'éviter à Rennes, première grande ville libérée, la mise en place de l'A.M.G.O.T (gouvernement militaire allié dans les territoires occupés). [6]

Les prisonniers coloniaux à Rennes

Prisonniers depuis juin 1940 et libérés le 4 août 1944, des soldats français coloniaux défilent fièrement place de la Mairie[7]

Rennes fut un élément majeur du dispositif des frontstalag. 12 000 prisonniers « indigènes » y auraient séjourné pendant la guerre, le régime nazi ayant refusé l'internement des soldats français coloniaux en Allemagne.

Les frontstalags 133 et 127 se répartissaient en plusieurs casernes ou camps de la ville : le camp du Parc des Sports de la route de Lorient, le camp de la Marne sur la route de Redon, d'une capacité de 1 700 prisonniers qui servit après-guerre à interner des prisonniers allemands, le camp de Guines ( boulevard de Guines), le camp Margueritte en bordure de la caserne éponyme ( une quinzaine de baraques pour une capacité de 2 000 prisonniers, annexe de la prison Jacques Cartier, le Lazaret (à l’école primaire supérieure).

Les prisonniers étaient conduits par petits groupes, sur différents lieux de travail où ils pouvaient séjourner : fermes de Betton, au Boël, à la carrière de Bruz. Le 30 décembre 1942, un groupe de ces prisonniers refusa d’obéir aux Allemands qui leur demandaient d’enterrer "comme des chiens" les 25 résistants fusillés à La Maltière.[8] Et n’oublions pas cette célèbre photo de la libération de Rennes où l’on voit une colonne de prisonniers coloniaux, fraîchement évadés, défilant devant l’Hôtel-de-ville. Mais ces hommes connaissent leurs droits : ils ont un salaire et une solde de prisonnier de guerre à récupérer. Au moment de rembarquer au pays, à Morlaix, ils réclament leur argent. N'en ayant reçu qu'une partie le reste étant promis à l’arrivée au pays, 300 tirailleurs sénégalais refusèrent de monter sur le Circassia, et il y eut des blessés lors de l'intervention des gendarmes. Ces protestataires furent remis derrière des barbelés, près de Loudéac, puis à Guingamp pour quelques mois et gardés par des gendarmes et des FFI ![9]

références