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Prison des femmes
La prison des femmes de Rennes se trouve dans le quartier Sud-Gare, entre la voie ferrée au nord, la rue de l'Alma à l'ouest, la rue de Châtillon à l'est, et la rue Ginguené au sud.
D'abord, une "maison centrale de force et de correction"
C'est en 1863 que fut prise pour la première fois en France la décision de construire une prison pour les femmes. Rennes est choisie pour recevoir « une maison centrale de force et de correction » pour les femmes. L'architecte choisi pour la conception de cet établissement est Alfred-Nicolas Normand qui s'est illustré notamment à Paris. Il est épaulé par l'architecte rennais, Charles Louis Langlois, qui occupe depuis 1845 la fonction d'architecte de la maison centrale à Rennes. Ce dernier sera chargé d'exécuter les plans dessinés par Normand[1]. Construite entre 1863 et 1875, c'est une des rares subsistant à ce jour, parmi les édifices pénitenciers construits en France entre 1850 et 1880. Implantée au sud de la voie ferrée, elle joua un rôle structurant pour l'urbanisme du secteur. Alfred Normand y développa de toutes nouvelles conceptions de l'espace carcéral avec des bâtiments administratifs construits en 1876 et implantés de part et d'autre de la cour d'entrée et un bâtiment de plan hexagonal englobant une cour de même forme. La prison est constituée d'une enceinte carrée de 250 m de côté, avec un bâtiment principal de détention, hexagonal sur trois niveaux, des bâtiments annexes : infirmerie, bureaux, chapelle, logements. Les bâtiments, faits de briques et de pierres blanches, ont une architecture élégante et sobre. Au rez-de-chaussée se trouvaient les ateliers, alors qu'à l'étage, des dortoirs se substituaient aux cellules. À signaler l'utilisation du fer, en particulier dans la charpente de la chapelle, élevée en 1872, et située dans l'axe de l'entrée, au sud. La mise en service de la prison a lieu en 1878 sous la dénomination de « Maison Centrale de Force et de Correction ».
Neuf hectares sur un plateau
La prison est construite sur 9 hectares du plateau de Beaumont, qui se trouve alors hors la ville. Située près de la Gare, elle pouvait facilement accueillir les détenues et leurs familles, venues de la France entière : il s'agissait d'un choix stratégique afin de maintenir les liens sociaux. La Maison Centrale a été le premier bâtiment à être construit au sud de la voie ferrée, devenant ainsi le point de départ à la formation du quartier. C'est à cette période que le pont de la rue de l'Alma voit le jour, permettant de desservir la prison et de relier la route de Châtillon au centre-ville.
En 1871, un atelier de capsulerie
Dans la nouvelle maison centrale a été installé un atelier de capsulerie, une fabrique de capsules contenant de la poudre destinées à l'amorçage des fusils et on fabrique aussi des cartouches dans ce lieu situé de l'autre côté des voies ferrées et alors éloigné de toute habitation. Fin janvier une double explosion s'y produit tuant deux gardes mobilisés et des occupants des ateliers voisins sont projetés à l'extérieur et blessés. le bâtiment a volé en éclats et les vitres des ateliers ont été brisées sur une grande longueur. [2]
Les religieuses
La prison renfermait 660 détenues en 1892. Le premier convoi de prisonnières fit son entrée dans cet établissement le 12 octobre 1873. La prison accueillit à l'origine de 900 à 1000 femmes. La maison centrale (et maison d'arrêt à partir de 1870) abrita des sœurs de la congrégation de Marie-Joseph, chargées de la surveillance des détenues au moins de 1856 à 1907.
Vingt sœurs vivaient dans la prison et un traité réglait les conditions de l'administration des sœurs dans le service de surveillance. Seul le mobilier était fourni par l'État, le reste étant à leur compte. La prison fournissait 650 francs annuels pour les sœurs. En plus, les sœurs étaient payées 50 francs par jour. Elles étaient appréciées par les détenues et leur service était jugé satisfaisant. Il y avait toutefois une entorse au règlement du 2 mai 1841 : elles n'accompagnaient pas les détenues sortantes jusqu'à la voiture qui devaient les ramener chez elles ou chez un de leurs parents, et ce manque de surveillance pouvait faire retomber certaines dans la prostitution dès la sortie de prison.
À partir du 1er janvier 1907 apparaît une surveillance laïque. Cette laïcisation, évoquée dès 1905, est sans doute liée à la loi de séparation de l'Église et de l'État. En 1941, la prison est rattachée au Ministère de l'Intérieur et depuis 1944, au ministère de la Justice. De nombreuses résistantes y furent incarcérées. Puis à la Libération, on y regroupa les condamnées politiques aux travaux forcés. De 1954 à 1959, la prison fermant ses portes pour des travaux de rénovation, les détenues adultes sont transportées à Haguenau et les jeunes filles à Doullens .
La modernisation
La prison de femmes contient :
- Un régime de centre de détention. C'est dans cette unité que sont incarcérées les femmes qui ont une peine à purger de plus de 2 ans à perpétuité ;
- Un quartier de maison d'arrêt, où sont enfermées les femmes en cours d'instruction. Cette unité peut accueillir entre 20 et 25 personnes ;
- Un quartier nurserie qui peut accueillir les mères et leurs enfants.
Jusqu'en 1985, l'établissement comptait entre 400 et 450 personnes. Puis on procéda à des travaux qui consistèrent principalement à apporter le chauffage, l'eau chaude, un gymnase et une médiathèque. Jusqu'en 1989, cet établissement était le seul à recevoir des femmes définitivement condamnées (peines allant de 2 ans jusqu'à la perpétuité). Ensuite, les établissements de Bapeaume , au sud d'Arras , et celui de Joux-la-Ville , à 35 km d'Auxerre , ont vu le jour.
La dernière innovation fut la mise en place en septembre 2003 par le Ministère de la Justice, de 3 appartements « UVF » : unité de visite familiale à laquelle ont accès, une fois par trimestre pour une durée allant de 6 à 48 heures, et une fois par an pour une période allant jusqu'à 72 heures, les femmes qui ont des peines définitives, qui ne bénéficient pas de permission de sortie ou d'aménagement de peine. Afin de recevoir leur famille et leurs proches dans un lieu plus accueillant, les appartements sont équipés d'une terrasse, d'un jardin, et sans doute pour atténuer le cadre pénitencier, les appartements sont entourés d'un grillage blanc.
La prison contient aujourd'hui moins de 220 détenues en 2013. Après le porche d'entrée, la première cour, ouverte au public, est bordée de deux bâtiments parallèles ; à droite, la Direction Régionale des Services Pénitentiaires, à gauche des logements de fonctions.
Références
- ↑ http://www.condate.rennes.fr/
- ↑ Recherches sur l'histoire de Rennes au XIXe siècle. Annik Pelhâte-Peron, Françoise Sévin, Claude Veillot. Université du temps libre du pays de Rennes. Édition UTL Bretagne - janvier 2003
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