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Les Rennais collaborationnistes

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Ouest-Eclair du 17 novembre 1941
Jacques Doriot en tribune

Si les Rennais maréchalistes sont largement majoritaires, nombre qui s'effritera à partir de fin 1942, des Rennais collaborationnistes, certes il y en eut, tel le docteur Ambroise Tizon, domicilié place de Bretagne, radiologue au Centre anti-cancéreux et à la clinique Saint-Vincent, dont il est l'un des copropriétaires ; Tizon ne cachait pas ses sympathies allemandes en adhérant au Mouvement social révolutionnaire Wikipedia-logo-v2.svg (MSR), plus collaborationniste que vichyste, d’Eugène Deloncle au début de 1941, jusqu’à sa dissolution en avril 1942. Puis, en juillet 1942, avec les docteurs Perquis, Doisy, Massot et l’avocat Perdriel-Vaissière, ils installèrent le Comité des amis de la LVF. Le nom Tizon figure sur une liste d’indicateurs du Sicherheistdienst (SD), retrouvée à la Libération avenue Jules Ferry, avec le N° SR 743. Et une petite centaine d'étudiants est relevée comme fichée collaborationniste à la Libération[1].


Le groupe Collaboration ouvre une permanence au 4, rue Du Guesclin et le théâtre était comble, le dimanche 16 novembre 1941, pour entendre Alphonse de Chateaubriant Wikipedia-logo-v2.svg (né à Rennes), chantre de la collaboration, venu souligner la nécessité du rapprochement franco-allemand[2]. Était présent M. Bahon-Rault, conseiller national, président de la Chambre de commerce ». Ce groupe "Collaboration" n'est pas un parti politique. Le recrutement du groupe est élitiste : Pierre Arthur, de L’Ouest-Éclair, le peintre Louis Garin, René Guillemot, des Nouvelles Galeries, Pierre Sordet, directeur de L'Economique. La section économique de Collaboration permettant d’établir des contacts fructueux avec l’occupant, parmi les 304 adhérents, nombreux sont les commerçants, souvent tenus d'avoir des rapports avec l’occupant, qui pratiquent la collaboration économique. Le groupe a également sa section jeunesse d’une cinquantaine de membres : les Jeunes de l’Europe nouvelle[3].

" R.N.P. La conférence de M. Marcel Déat. La réunion de Marcel Déat s'affirme comme devant avoir un très grand succès" annonce l'Ouest Eclair le 13 décembre 1941. Le dimanche 14 décembre, Marcel Déat Wikipedia-logo-v2.svg , chef du collaborationniste Rassemblement National Populaire Wikipedia-logo-v2.svg, est au cinéma Le Royal et lance "d'une voix âpre et mordante [...] que le moment va venir où nous ne pourrons plus dire "oui et non" mais où il nous faudra dire clairement "oui" ou "non". "Rien ne sera fait pour la France", souligne t-il au milieu de vifs applaudissements, " si elle ne donne pas la preuve au monde qu'elle a mesuré son devoir et compris que l'absence est impossible "[4]

L'attentat contre Doriot le 19 avril 1942 a lieu aussi dans le théâtre archi comble avec des Rennais qui écoutent sur la place de la Mairie par haut-parleurs le discours du chef du parti populaire français Wikipedia-logo-v2.svg (PPF).

Au fil du temps certains des collaborationnistes vireront de bord, souvent de façon occulte mais néanmoins efficace. Quelques-uns eurent des actes ne correspondant pas à leur attitude publique: employée aux Nouvelles Galeries, cette jeune femme mariée, née Rubinstein, non déclarée au recensement à la préfecture (division 1) passera avec complicité à travers les mailles, sans la mention rouge sur sa carte d’identité que les Juifs se voyaient apposer mais sur laquelle figurait ce patronyme stigmatisant[5].

Beaucoup d'autres collaborationnistes persisteront ouvertement jusqu'au bout. L'occupant parti, ce sera l'Epuration: le tribunal militaire provisoire juge, dès le 23 août, Claude Geslin, accusé d'intelligence avec l'ennemi et d'actes de torture et de barbarie sur des patriotes, au vu d'archives de la Gestapo trouvées dans les caves du Sipo-SD, avenue Jules Ferry où des noms rennais figuraient avec la mention "S R" suivie d'un chiffre commençant par "7". Il est fusillé. Le 5 novembre, leur recours en grâce rejeté, trois collaborateurs, Baudrou, Ben Arab et Prochaska, sont fusillés à l'aube dans l'"Enfer" du parc du Thabor. La justice varie et sera moins sévère à mesure du temps qui passe, ainsi le Tribunal militaire permanent condamna à mort, le 19 octobre 1944, Mlle Haudouin pour quatre dénonciations à la police allemande et à la milice, mais le 11 février 1945 la Cour de Justice de Rennes ne condamnera Léonardos Koster qu'à vingt ans d'emprisonnement, lui qui a pillé, tué, et dénoncé dix personnes qui seront déportées[6].

Collaborationnistes et séides armés carrément au service de l'occupant seront, en 1944, ceux de la Milice et du Bezen Perrot : la Milice quitte Rennes et le Bezen Perrot quitte Rennes les 1er et 2 août 1944, à l'approche des troupes américaines, pour échapper à cette épuration.

Tract contre la collaboration


Références

  1. L'état d'esprit des Rennais en 1941, vu par un médecin collaborationniste. Blog de Kristian Hamon. - 29 juillet 2017
  2. Ouest-Eclair, 17 novembre 1941
  3. les Rennais (Hors série) Une mémoire à partager 1914-1944-2014, Kristian Hamon
  4. Ouest Eclair du 15 décembre 1941
  5. Les Juifs de Rennes sous l'occupation
  6. Le Barreau rennais dans la tourmente, par François-Xavier Gosselin. Revue juridique de l'ouest, vol. 1, n° 4 - 1988