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Comme presque toute la voirie aux 16e et 17e siècles, la place était dans un état insalubre et, en mars 1592, on y déplorait "''les immundicités qui se font journellement en lad. place et quy encor à présent y sont, lesquelz immondices engendrent des puanteurs et choses mal propres à veoir en une telle ville''". | Comme presque toute la voirie aux 16e et 17e siècles, la place était dans un état insalubre et, en mars 1592, on y déplorait "''les immundicités qui se font journellement en lad. place et quy encor à présent y sont, lesquelz immondices engendrent des puanteurs et choses mal propres à veoir en une telle ville''". | ||
On avait installé sur cette place en 1632 un marché aux légumes qui subsista jusqu'au 19e siècle. En 1728, la rue éponyme fut nommée [[rue de Léon]] en l'honneur du prince qui avait présidé plusieurs fois l'ordre de la noblesse aux Etats, nom déformé par les Rennais en rue de Lyon. La statue du maire, œuvre du sculpteur [[Emmanuel Dolivet | On avait installé sur cette place en 1632 un marché aux légumes qui subsista jusqu'au 19e siècle. En 1728, la rue éponyme fut nommée [[rue de Léon]] en l'honneur du prince qui avait présidé plusieurs fois l'ordre de la noblesse aux Etats, nom déformé par les Rennais en rue de Lyon. La statue du maire [[Jean Leperdit]], œuvre du sculpteur [[Emmanuel Dolivet]], inaugurée le 22 septembre 1892, avait remplacé une lourde et massive fontaine à laquelle un faux air de Mausolée avait fait donner le nom de "Tombeau du Génie"*. | ||
{{Citation|texte=''Fontaine du Champ-Jacquet. | |||
''Cette fontaine est souvent appelée le tombeau du génie. Pourquoi ? Est-ce reproche adressé à l'architecte ? Est-ce plutôt parce qu'un pauvre diable d'acteur, mourant de faim, s'y est précipité ? Nous n'en savons rien. Toujours est-il qu'après l'accident dont nous venons de parler, cette fontaine fut fermée et n'a jamais servi depuis, si ce n'est à gêner, le jour du marché, la circulation sur la place qu'elle occupe.|auteur=Adolphe Orain|origine=Guide du voyageur dans Rennes et ses environs (2e édition), 1867|collecteur=Manu35|date=2023}} | |||
Une statue de Leperdit a pu être remise en place en [[1994]], l'original ayant été démonté fin 1941 pour sa fonte, par deux ouvriers encadrés par des soldats en armes à chaque coin de la place. Triste événement que la presse de l'époque se garda bien de rapporter. | |||
[[Fichier:Statue_Leperdit.png|250px|right|thumb|Le fier Leperdit]] | [[Fichier:Statue_Leperdit.png|250px|right|thumb|Le fier Leperdit]] | ||
On remarque, au débouché de la rue du Champ-Jacquet, deux minuscules échoppes répertoriées sur la plan Hévin de [[1685]]. On admire la rangée d'immeubles à pans de bois, côté nord. | On remarque, au débouché de la rue du Champ-Jacquet, deux minuscules échoppes répertoriées sur la plan Hévin de [[1685]]. On admire la rangée d'immeubles à pans de bois, côté nord. | ||
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En l'an 3, y demeurait le trésorier de la {{W|Commission philanthropique de Rennes}}, [[Jacques Clément Troyhard]], marchand de 48 ans qui avait été juge de commerce et officier municipal, puis député suppléant à la Convention.<ref>Claude Champaud, Une tentative de pacification des esprits en 1794 - la Commission philanthropique de Rennes. Travaux juridiques et économiques de l'université de Rennes, Tome 23, 1961.</ref>. | En l'an 3, y demeurait le trésorier de la {{W|Commission philanthropique de Rennes}}, [[Jacques Clément Troyhard]], marchand de 48 ans qui avait été juge de commerce et officier municipal, puis député suppléant à la Convention.<ref>Claude Champaud, Une tentative de pacification des esprits en 1794 - la Commission philanthropique de Rennes. Travaux juridiques et économiques de l'université de Rennes, Tome 23, 1961.</ref>. | ||
La place et ses rues adjacentes bénéficient d'un réaménagement entre 2023 et 2025, dans l'idée de transformer cet espace en un lieu de balade plus calme, arboré, avec une priorité donnée aux piétons et aux cyclistes. En effet, depuis l'ouverture de la [[ligne b]] du [[Métro de Rennes]], environ 600 bus n'y circulent plus<ref> | La place et ses rues adjacentes bénéficient d'un réaménagement entre 2023 et 2025, dans l'idée de transformer cet espace en un lieu de balade plus calme, arboré, avec une priorité donnée aux piétons et aux cyclistes. En effet, depuis l'ouverture de la [[ligne b]] du [[Métro de Rennes]], environ 600 bus n'y circulent plus<ref>Les Rennais - janv. fév. 2023 - p.23</ref>. | ||
[[Fichier:Statue leperdit287.jpg|centre|thumb|380x350px|Inauguration de la statue de Leperdit, place du Champ-Jacquet, le 22 septembre 1892]] | [[Fichier:Statue leperdit287.jpg|centre|thumb|380x350px|Inauguration de la statue de Leperdit, place du Champ-Jacquet, le 22 septembre 1892]] | ||
[[Fichier:C.didou old rennes medieval-houses-place du champ jacquet.jpg|300px|thumb| Dessein de C. Didou|left]] | [[Fichier:C.didou old rennes medieval-houses-place du champ jacquet.jpg|300px|thumb| Dessein de C. Didou|left]] | ||
=== novembre 1627, juin 1660, novembre 1661 : exemples de réjouissances au Champ Jacquet=== | |||
La place du Champ Jacquet était fréquemment lieu de feux de joie pour célébrer des événements joyeux ou importants concernant la cité mais aussi la province ou le royaume. | |||
''Le dimanche 21e jour de novembre 1627, les feuz de joie furent faiz après la procession generalle qui se fit avecq le corps de la Cour et le Siège et les Bourgeois de la ville, pour la prinse et deffaite et desroute de l'armée de Bouguingan (Buckingham) angless (anglais), et prinse de son neveu et du milord avecq plusieurs autres; le feu fut faict dans le Champ Jacquet: là fut mis un bouc avec une fraise au coul au haut de la pyramide pour y estre bruslé, après le Te Deum qui fut chanté en leglize St Pierre.'' | |||
(Il s'agit de la défaite des troupes anglaises, sous les ordres du duc de Buckingham, battues par le maréchal de Toiras, après leur descente à l'île de Ré, pour secourir La Rochelle. Le maréchal de Schomberg les força ensuite à lever le siège du fort Saint-Martin et de se rembarquer, après une perte de 8,000 hommes. Il y a un calembourg du « bouc » rapporté à Buckingam.) | |||
« ''Le 5e juin 1660, nostre bon Roy Louis XIIII a espouzé Marie-Thereze d'Autriche fille de Philippes IVe Roi dEspagne et d'Isabelle de Bourbon fille de Henry IVe Roi de France et de Navarre, à Fontarabie, par Dom Louis de Haro qui en avoit le pouvoir, et le 9e ensuivant fut achevé la dernière céremonie du mariage par le Roy, à Sainct Jan de Lus. | |||
''Le dimanche 18e juillet, sur la place du Champ Jacquet on a faict un fort beau feu de joye pour lheureux mariage du Roy avec Infante dEspagne; et marchèrent six compagnies en armes, scavoir les Rues aux Foulions, Grand boult de Cohue, Charbonnerye, Haulte et Basse Parcheminerye, et Fanerye. Et le soir du mesme jour on fict jouer des feuz d'artiffices sur la tour Le Bat, et un dragon dessendit du gros horloge pour allumer le feu du Champ Jacquet.'' | |||
''Le 1er novembre 1661, Monseigneur le Dauphin est né, et le vendredy xie novembre, jour St Martin, a commencé les réjouissances en ceste ville, par le son de touttes les cloches et du gros horloge, lespace d'une heure et demye; au soir, on a faict des feuz de joye dans touttes les rues; le lendemain, samedy 12e, on a chanté le Te Deum à St Pierre où tout le clergé a assisté et MM. de la Cour en corps avecq ceux de la ville; les canons ont joué tous les deux jours, et le lendemain dimanche 13e, dix-huit compagnies ont marché soubz les armes et on a faict plusieurs grands feuz de joye, à chacun desquelz y avoit les compagnies du quartier ; et le feu Royal estoit en la place du Champ Jacquet, gardé par les trois principalles compagnies, savoir la Rue aux Foullons, Le Puir du Mesnil et nostre Rue Neufve, touttes en fort bel ordre''. Extraits du Journal du sieur Duchemin, bourgeois de Rennes au XVIIe siècle. | |||
== Sur la carte == | == Sur la carte == | ||
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'''<u>Manifestation des cheminots</u>''' devant la Bourse du Travail en octobre 1910 lors de la grève nationale qui frappe les Compagnies de Chemins de Fer. | '''<u>Manifestation des cheminots</u>''' devant la Bourse du Travail en octobre 1910 lors de la grève nationale qui frappe les Compagnies de Chemins de Fer. | ||
Version actuelle datée du 11 mars 2024 à 09:49
La place du Champ Jacquet est une petite place triangulaire de Rennes à la jonction de la rue du Champ Jacquet, de la rue Leperdit, et de la rue de Rohan, au sud. Le nom serait celui d'un jardinier propriétaire du terrain, mais aurait plus probablement comme origine la déformation de campus Sancti Jacobi, nom cité en 1312 (Saint-Jacques).
Comme presque toute la voirie aux 16e et 17e siècles, la place était dans un état insalubre et, en mars 1592, on y déplorait "les immundicités qui se font journellement en lad. place et quy encor à présent y sont, lesquelz immondices engendrent des puanteurs et choses mal propres à veoir en une telle ville".
On avait installé sur cette place en 1632 un marché aux légumes qui subsista jusqu'au 19e siècle. En 1728, la rue éponyme fut nommée rue de Léon en l'honneur du prince qui avait présidé plusieurs fois l'ordre de la noblesse aux Etats, nom déformé par les Rennais en rue de Lyon. La statue du maire Jean Leperdit, œuvre du sculpteur Emmanuel Dolivet, inaugurée le 22 septembre 1892, avait remplacé une lourde et massive fontaine à laquelle un faux air de Mausolée avait fait donner le nom de "Tombeau du Génie"*.
« Fontaine du Champ-Jacquet. Cette fontaine est souvent appelée le tombeau du génie. Pourquoi ? Est-ce reproche adressé à l'architecte ? Est-ce plutôt parce qu'un pauvre diable d'acteur, mourant de faim, s'y est précipité ? Nous n'en savons rien. Toujours est-il qu'après l'accident dont nous venons de parler, cette fontaine fut fermée et n'a jamais servi depuis, si ce n'est à gêner, le jour du marché, la circulation sur la place qu'elle occupe. »
— Adolphe Orain
Origine : Guide du voyageur dans Rennes et ses environs (2e édition), 1867 • Recueilli par Manu35 • 2023 • licence
Une statue de Leperdit a pu être remise en place en 1994, l'original ayant été démonté fin 1941 pour sa fonte, par deux ouvriers encadrés par des soldats en armes à chaque coin de la place. Triste événement que la presse de l'époque se garda bien de rapporter.
On remarque, au débouché de la rue du Champ-Jacquet, deux minuscules échoppes répertoriées sur la plan Hévin de 1685. On admire la rangée d'immeubles à pans de bois, côté nord.
La place est animée par la présence de cafés à terrasse.
En l'an 3, y demeurait le trésorier de la Commission philanthropique de Rennes , Jacques Clément Troyhard, marchand de 48 ans qui avait été juge de commerce et officier municipal, puis député suppléant à la Convention.[1].
La place et ses rues adjacentes bénéficient d'un réaménagement entre 2023 et 2025, dans l'idée de transformer cet espace en un lieu de balade plus calme, arboré, avec une priorité donnée aux piétons et aux cyclistes. En effet, depuis l'ouverture de la ligne b du Métro de Rennes, environ 600 bus n'y circulent plus[2].
novembre 1627, juin 1660, novembre 1661 : exemples de réjouissances au Champ Jacquet
La place du Champ Jacquet était fréquemment lieu de feux de joie pour célébrer des événements joyeux ou importants concernant la cité mais aussi la province ou le royaume.
Le dimanche 21e jour de novembre 1627, les feuz de joie furent faiz après la procession generalle qui se fit avecq le corps de la Cour et le Siège et les Bourgeois de la ville, pour la prinse et deffaite et desroute de l'armée de Bouguingan (Buckingham) angless (anglais), et prinse de son neveu et du milord avecq plusieurs autres; le feu fut faict dans le Champ Jacquet: là fut mis un bouc avec une fraise au coul au haut de la pyramide pour y estre bruslé, après le Te Deum qui fut chanté en leglize St Pierre.
(Il s'agit de la défaite des troupes anglaises, sous les ordres du duc de Buckingham, battues par le maréchal de Toiras, après leur descente à l'île de Ré, pour secourir La Rochelle. Le maréchal de Schomberg les força ensuite à lever le siège du fort Saint-Martin et de se rembarquer, après une perte de 8,000 hommes. Il y a un calembourg du « bouc » rapporté à Buckingam.)
« Le 5e juin 1660, nostre bon Roy Louis XIIII a espouzé Marie-Thereze d'Autriche fille de Philippes IVe Roi dEspagne et d'Isabelle de Bourbon fille de Henry IVe Roi de France et de Navarre, à Fontarabie, par Dom Louis de Haro qui en avoit le pouvoir, et le 9e ensuivant fut achevé la dernière céremonie du mariage par le Roy, à Sainct Jan de Lus. Le dimanche 18e juillet, sur la place du Champ Jacquet on a faict un fort beau feu de joye pour lheureux mariage du Roy avec Infante dEspagne; et marchèrent six compagnies en armes, scavoir les Rues aux Foulions, Grand boult de Cohue, Charbonnerye, Haulte et Basse Parcheminerye, et Fanerye. Et le soir du mesme jour on fict jouer des feuz d'artiffices sur la tour Le Bat, et un dragon dessendit du gros horloge pour allumer le feu du Champ Jacquet.
Le 1er novembre 1661, Monseigneur le Dauphin est né, et le vendredy xie novembre, jour St Martin, a commencé les réjouissances en ceste ville, par le son de touttes les cloches et du gros horloge, lespace d'une heure et demye; au soir, on a faict des feuz de joye dans touttes les rues; le lendemain, samedy 12e, on a chanté le Te Deum à St Pierre où tout le clergé a assisté et MM. de la Cour en corps avecq ceux de la ville; les canons ont joué tous les deux jours, et le lendemain dimanche 13e, dix-huit compagnies ont marché soubz les armes et on a faict plusieurs grands feuz de joye, à chacun desquelz y avoit les compagnies du quartier ; et le feu Royal estoit en la place du Champ Jacquet, gardé par les trois principalles compagnies, savoir la Rue aux Foullons, Le Puir du Mesnil et nostre Rue Neufve, touttes en fort bel ordre. Extraits du Journal du sieur Duchemin, bourgeois de Rennes au XVIIe siècle.
Sur la carte
Sources
- Le Vieux Rennes, par Paul Banéat, librairie moderne J. Larcher, 1911.
Note et références
Voir
- Rennes d'histoire et de souvenirs quatrain 84
Galerie cartes postales
Les Petits Fougerais à Rennes.
A l'hiver 1906 - 1907, accueil d'enfants de grévistes fougerais, ici rassemblés sur la place du Champ-jacquet, improprement dénommée place Leperdit
D'autres cartes sur les petits Fougerais avec : Les petits Fougerais à Rennes
Manifestation des cheminots devant la Bourse du Travail en octobre 1910 lors de la grève nationale qui frappe les Compagnies de Chemins de Fer.
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