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Le chouan Caro, exécuté à Rennes
Deux ans après la chute des Bourbons, la Bretagne fut en proie à une certaine agitation contre le nouveau roi, Louis-Philippe. Le parti royaliste légitimiste rêvait de mettre sur le trône Henri, petit-fils de Charles X, un enfant de dix ans. L'insurrection, déclenchée en 1832, fut un échec complet.
Caro dans la forêt
Jean-Marie Caro, dit capitaine de la Nouée pendant les Cent-Jours, dit Julien, dit Le Borgne, né le 27 juin 1779, était laboureur et scieur de long aux Barres en la commune de Lanouée (dans le nord du Morbihan) où il naquit. Une cinquantaine de chouans avait mis en déroute une colonne du 43e régiment d'infanterie à la lisière de la forêt de Lanouée. Condamné en première instance à Vannes le 13 décembre 1831, l'arrêt fut cassé. Il est rejugé le 13 mai par la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine:
Caro en cour d'assises d'Ille-et-Vilaine
" Caro est au banc des accusés : il est borgne , âgé d'à peu près cinquante ans ; sa taille est au-dessus de la médiocre, sa contenance assurée, son visage peu mobile.[...] Caro était célèbre dans les annales de la chouannerie : la notoriété publique l'accuse d'avoir successivement fait partie des bandes qui désolèrent le Morbihan à diverses époques, et finalement de celles qui l'infestent encore aujourd'hui; on l'accusait même d'avoir pris une part active à la malheureuse affaire qui eut lieu près de la Nouée, où périt si misérablement le sergent Sorel. A la vue de Caro, on se rappela qu'un grenadier , sous les ordres de Sorel, avait raconté le lendemain de l'affaire qu'il s'était trouvé en présence de trois brigands, dont l'un avait perdu un œil, portait une barbe très épaisse, et était vêtu d'une manière qu'il désignait. Il l'avait manqué de si près, que le grenadier affirmait qu'il le reconnaîtrait vécût-il cent ans. Ce signalement, toutes ces circonstances firent penser que Caro pourrait bien être ce soldat de la légitimité. Une confrontation eut lieu, d'abord à Ploërmel, en prison, ensuite devant le juge d'instruction; le soldat affirma reconnaître parfaitement Caro ". [...] Enfin, pendant son séjour en prison, à Ploërmel , il raconta à des militaires qui y étaient également détenus, que lui et ses adhérens avaient en effet fait feu sur des soldats ; que même en prison il recevait ponctuellement sa paie de la part du chef Lahoussaye; qu'il avait trois fusils; qu'après sa mise en liberté, chose sur laquelle il comptait, attendu l'impossibilité de le convaincre de meurtre , puisque, disait-il , nous sommes près de cinquante vêtus de la même manière, il n'épargnerait plus ni gendarmes , ni gardes nationaux, auxquels il avait juré une haine implacable. "
Guillotiné sur le Champ de Mars
" Après le résumé du président, qui , quoi qu'en dise la Gazette de Bretagne, a été empreint d'un grand esprit d'impartialité, les jurés sont entrés dans la chambre de leurs délibérations. Ils y sont restés environ trois quarts d'heure. Rentrés en séance, leur chef a prononcé un verdict négatif sur la participation de Caro à l'affaire de la forêt de la Nouée, mais affirmatif sur la circonstance d'avoir fait partie de bandes ayant pour but de combattre l'autorité royale et de changer la forme du gouvernement. La Cour a confirmé l'arrêt de Vannes, et prononcé la peine de mort."[1]
Caro a entendu sa sentence sans émotion visible, et avec une résignation stupide qui semble tenir du fanatisme et de l'ignorance. " [2]
C'est un autre regard que porte, en 1910, le vicomte A. De Courson sur Caro :
"Son recours en grâce, appuyé par la cour, le parquet et les jurés eux-mêmes fut repoussé par le roi. Le 28 (ndlr : 25] juin 1932, au matin, un commis-greffier vint signifier au prisonnier l'exécution de son arrêt. Caro avait trop souvent bravé la mort pour être ému à son approche; il entendit sans sourciller la lecture de l'acte fatal. "Il faut mourir, dit-il, eh bien, j'ai la consolation d'avoir expédié au moins autant de patauds que j'ai d'années !"
Le 25 juin 1832 à 11 h 30 du matin, Jean Marie Caro, âgé de 52 ans, a été exécuté sur la place du Champ de Mars, ouvrant la série de huit guillotinés à Rennes de 1832 à 1869 - dont Hélène Jégado. [4] L'Ouest-Eclair du 7 mai 1932, commémorant le centenaire de la mort de Caro, précisait que dans la foule on entendait "Ça ira! ça ira ! Salut, vengeresse du peuple ! Salut, aimable guillotine !" et, coïncidence, le soir même, le théâtre donnait la pièce intitulée Les Chouans. Deux jours plus tard la loi remplaça en matière politique la peine capitale par la déportation.
À Rennes, si une majorité de la population penche vers Louis-Philippe, notamment la bourgeoisie libérale, il y avait encore des tenants légitimistes de la royauté: des Bretons de la noblesse mais aussi des gens modestes telle En 1832, au 10 rue Saint-Georges, une couturière exfiltreuse qui s'employa pour entrer dans la prison Saint-Michel, prétextant vouloir remettre une somme à l’aumônier pour une messe à au malheureux Jean Caro, guillotiné le 25 juin sur le Champ de Mars, et sortit de sa geôle le chef chouan Guillemot. Le journal carliste était la Gazette de Bretagne.
Références
- ↑ https://www.archives.rennes.fr/ark:/74559/71965.392680/dao/0/layout:table/idsearch:RECH_0ae0124aa8fc2e939885025173dbab20#id:1335811407?gallery=true¢er=1090.000,-614.000&zoom=7&rotation=0.000&brightness=100.00&contrast=100.00
- ↑ Gazette des Tribunaux. 20 mai 1832 N°2112, p. 734 http://data.decalog.net/enap1/Liens/Gazette/ENAP_GAZETTE_TRIBUNAUX_18320520.pdf
- ↑ https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3388322m.image
- ↑ Hélène Jégado, l'empoisonneuse en série, aux Assises de Rennes