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Le Petit Torigné, lorsque le Blosne n'était que fermes et paturages

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Texte rédigé par Odile Cardin, dans le cadre de l'Atelier Urbain du Blosne.

Vers l’an mil Rennes était une petite ville enserrée dans ses remparts datant du IIIe siècle à la confluence de la Vilaine et de l’Ille. Elle était entourée d’immenses forêts dont la forêt du Mont-Mohon ; « cette forêt s'étendait au Sud et aux portes de Rennes, depuis le cours de la Seiche jusqu'aux villages de Cleusné, le Bois-Rogon et la Coardière ; son territoire comprenait toutes les paroisses de Saint-Jacques, Bruz, Noyal-sur-Seiche, Châtillon, et une partie de celle de Toussaints de Rennes ».

La forêt a été défrichée et est remplacée les cultures et l’élevage. Au début des années 60 le territoire du quartier actuel est occupé par des champs, des prés, des vergers avec des hameaux, une douzaine de fermes, quelques manoirs.

Certains noms rappellent les anciens lieux dits : Les Hautes-Ourmes, Le Landrel, La Haute-Chalais, Torigné, Le Gacet…

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Selon le recensement de 1954 une douzaine de familles vivaient dans le village du Petit Torigné : 3 agriculteurs, un militaire, un menuisier, un employé de bureau, un chauffeur, un voyageur de commerce, des retraités.


Plusieurs générations vivaient sous le même toit avec, parfois une bonne ou un ouvrier agricole. Une des fermes du Petit Torigné appartenait à la famille Louapre qui avait d’abord été locataire puis propriétaire. Avec ses 22 ha c’était une grande exploitation pour le secteur. Les terres se situaient là où le métro passe en souterrain, au niveau du centre commercial Torigné et du Triangle.

Mr Louapre était un agriculteur de pointe, il avait acquis un des 20 premiers tracteurs d’Ille et Vilaine, il s’agissait d’un petit véhicule avec des roues métalliques crantées mais, comme les champs étaient complantés de pommiers et qu’il fallait prendre garde à ne pas abimer les racines en travaillant la terre il y avait 2 chevaux plus maniables pour passer entre les arbres.

Les pommiers étaient une des richesses de l’exploitation, en choisissant habilement les variétés il était possible de vendre des pommes à couteau et du cidre presque toute l’année. Avec son tombereau le père allait livrer les tonneaux de cidre dans les cafés, les « encaveurs » descendaient les futs dans les caves.

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Le lait était une autre source de revenu, tous les matins la mère faisait la tournée de lait, de beurre et de légumes en ville chez des particuliers, des épiceries, à l’hôpital.

Avec les 11 enfants que comptait la famille il n’était pas utile d’engager des commis de ferme, seuls quelques journaliers venaient se louer pour les gros travaux, fenaison, moisson, récolte des betteraves...

Des récits témoignent d’une vie rude dans ces fermes du sud de Rennes.

Le quotidien était rythmé par le soleil et les saisons, on se levait tôt, on se couchait tard. Les maisons d’habitation comportaient une pièce principale et une ou deux chambres où cohabitaient souvent des grands-parents, les parents, des enfants plus ou moins nombreux, les commis qui dormaient parfois dans l’écurie près des chevaux. Il fallait un peu d’astuce pour ménager un peu d’intimité à chacun.

Il n’y avait pas l’eau courante, pas de salle de bain, les WC dans la cour ; il fallait tirer les seaux d’eau du puits pour la vie courante de la maisonnée, toilette, préparation des repas, vaisselle, lessive avec, en plus, les animaux à abreuver et l’entretien de l’écrémeuse et de la baratte. On ne gaspillait pas l’eau à cette époque.

A la ferme des Basses-Ourmes (centre commercial Sainte-Elisabeth) l’électricité n’a été installée qu’en 1956, il fallait tout faire à la main, traire les vaches deux fois par jour, tourner l’écrémeuse et la baratte, en hiver la crème était froide et le beurre prenait moins vite. Quand il faisait très froid de jolies dentelles de givre décoraient les vitres des fenêtres le matin. Le chauffage était assuré par le feu de bois dans la cheminée et par la cuisinière à bois qui permettait de faire bouillir la soupe, mijoter, frire les plats sur le dessus, rôtir dans le four et avoir une réserve d’eau chaude en permanence.

La nuit on s’enfouissait dans les couettes en plumes sous des couvertures matelassées et des édredons. Les enfants participaient aux travaux de la ferme.

Témoignage de l’un d’entre eux : Pendant les grandes vacances nous gardions les vaches dans une immense prairie près du ruisseau du Blosne. Nous partions vers 8 h avec les vaches et le chien pour revenir à 13 h. Nous passions le temps en tricotant et en lisant. Il n’y avait pas de clôture électrique, le chien allait chercher les bêtes qui passaient dans les champs voisins.

Les enfants aidaient à la plantation des betteraves, à la fenaison, aux battages, à la fabrication du cidre en aidant « à serrer le marc » dans le pressoir à pommes.

L’école était loin, on s’y rendait à pied ou à vélo, mais dans ce cas il fallait parfois emmener les bidons de lait et assurer la livraison chez les particuliers et les épiceries.

Des enfants à vélo dans les années 50

Nous allions également à la messe à pied à Saint-Hélier, le confort c’était quand le maraicher voisin nous emmenait dans sa camionnette où il installait des bancs.

Les loisirs, c’était les palets sur le chemin de ronde, la pêche et parfois la baignade dans le Blosne vers le Pont Noir.

La disparition du village au moment de la construction de la ZUP.

Octobre 1968, vue vers le nord-est de Rennes : seule subsiste la ferme sur le site arasé du hameau du Petit Torigné, elle devance la nouvelle voirie réalisée, le boulevard de Yougoslavie, dénommé en 1969. Au second plan, quatre formes longilignes blanches, ce sont les immeubles longeant le boulevard Léon Grimault.

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48.086670°, -1.659170°