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Fête de la victoire, 14 juillet 1919
Le 12 juillet, la foule rennaise était venue applaudir un concert donné par les mutilés de guerre.
Dès le dimanche 13 au soir, la foule, moyennant tickets vendus place Notre-Dame, avenue de Grignan et rue de Paris s'était pressée au carré Dugusclin du Thabor où, après l'embrasement des rampes électriques, l'orchestre du cercle Paul Bert accompagna les ballets dirigés par M. Bougoin et un feux d'artifices avait terminé le spectacle. Le préfet autorisa les cafés, débits et restaurants a rester exceptionnellement ouverts jusqu'à une heure du matin les nuits du 13 au 14 et du 14 au 15 juillet.
Au champ de Mars
Le 11 août, les drapeaux des régiments rennais dissous et leurs escortes d'officiers, sous-officiers et soldats décorés et titulaires de plusieurs citations, étaient partis pour Paris : 21Oe régiment d'infanterie, 410e et 75e régiments d'infanterie territoriale et le 41e R.I, le 7e d'artillerie et le 24e Dragons envoyèrent leurs drapeaux et escortes des pays occupés. Mais si la grande manifestation nationale est à Paris, Rennes n'est pas en reste, à son échelle. Et c'est au Champ de Mars, le classique lieu rennais, où, de bonne heure, les tribunes pourtant réservées ont été occupées par les premiers arrivants. De partout arrive le public qui garnit les talus sous un soleil clément. La tribune officielle a été montée devant le "monument de la Défense", le monument de Emmanuel Dolivet aux soldats d'Ille-et-Vilaine morts à la guerre de 1870-1871. Les troupes, casquées et en tenue de campagne mais sans sac, sont massées le long de la butte : sapeurs-pompiers, infanterie, artillerie, batteries lourdes montées et, à leur gauche, devant la caserne du Colombier s'étale le 10e Hussards, les sociétés de gymnastique stationnant à leur droite et le long du boulevard de la Liberté ce sont les sociétés d'anciens militaires.
Un défilé sous les acclamations
9 heures 05 : la cérémonie commence par le salut du général d'artillerie Huguet, commandant d'armes, aux autorités tandis que la musique municipale joue la Marseillaise puis que les trompettes du 110e d'artillerie lourde entonne la marche du régiment. "L'état-major, très nombreux, très bien monté" passe devant les troupes puis, après la revue, c'est une remise d'une douzaine de décorations (René Patay reçoit la médaille militaire). Puis du fond du Champ de Mars où ont été groupées les unités commence, aux sons des "Allobroges" avec en contre-chant les clairons du 41e, le défilé avec les sociétés de gymnastique : les Vigilants, les Cadets, la Tour d'Auvergne, le Cercle Paul Bert, la préparation militaire, les "boy-scouts". Les applaudissements crépitent pour les poilus et les artilleurs à pied puis c'est l'artillerie lourde du 110e. "Jamais nous n'entendîmes aux revues de naguère tant d'applaudissements" note le journaliste de l'Ouest-Eclair du 15 juillet. Quatre pelotons du 10e Hussards et les voitures sanitaires ferment le défilé. La foule se précipite dans toutes les directions pour fêter les poilus à leur passage dans les rues.
Recueillement puis réjouissances
Les autorités se rendent ensuite en voiture au cimetière de l'Est où sont alignées près de 2000 tombes militaires dans le carré près duquel sont assemblés les membres de l'escorte d'honneur et du Souvenir français et, près du monument du Souvenir, deux couronnes sont déposées tandis que des Rennaises et Rennais suivent à pied tout le long de la rue Saint-Hélier et, les autorités les rejoindront à la porte du cimetière.
Tout l'après-midi des jeux ont lieu et le public a pris "le plus vif plaisir aux exercices de gymnastique de la société La Vitréenne". Mais le soir ce sont les réjouissances. De nombreuses maisons sont illuminées. La musique municipale joue place de la Mairie puis place des Lices où l'on danse. Malgré les recommandations des gamins ont lancé force pétards, principalement des Galeries Méret dans la rue de Coëtquen et six contraventions furent dressée par les agents et le dimanche soir une fusée déclencha un début d'incendie dans l'aile gauche de l'orangerie du parc du Thabor. Le mardi 15 juillet, les Rennais purent, au Thabor, en présence de M. Jean Janvier, "s'initier aux rudes beautés du catch as catch can (ou lutte libre) et de la boxe de combat" dispensées par des soldats américains, dont la brutalité parut moyennement appréciée, tout en étant fort applaudies.