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Auguste Jeanneau & Compagnie
Auguste Jeanneau & Compagnie est une société de fabrication textile née dans la "Manchester de l'Anjou des courtiers en fil et en tissu", nichée derrière la tour des Vieux Greniers de Cholet jusqu'en 1971 (43 rue des Vieux Greniers). Elle a été fournisseur de la Marine et développé son activité sur l'axe de la route du textile Rennes Le Lion d'Angers.
D'autres carrefours de ce maillage historique de la route des toiles[1] ont existé comme Grâce Uzel[2], située exactement à mi-parcours de la route des diligences qui faisaient la route entre Rennes et Concarneau, et fournissait notamment les Rennais pour les toiles fines des linges d'autel.
Rennes est depuis longtemps une ville de garnison. La présence de la caserne Mac-Mahon ( du nom du président de la République venu à Rennes en 1874) [3] en témoigne. Avec Foch et Margueritte, c'est l'un des trois grands bâtiments militaires contemporains. Construite à partir de 1885, la caserne a accueilli le 41eme Régiment d'Infanterie en 1921. Clin d'oeil de l'histoire: la rue Anatole France(1844-1924), écrivain engagé qui prit parti pour Dreyfus, croise celle du 41 RI (Avenue du 41ème Régiment d'Infanterie)! L'auteur, prix Nobel en 1921, donne son nom à cette station (Station Anatole France) implantée dans un quartier pavillonnaire construit majoritairement entre les deux guerres.
Grand-père de la femme de lettres Marie-Françoise Jeanneau, Auguste Marie Jeanneau a repris en 1904 à la mort de son père Auguste Jeanneau (1841-1904) l'entreprise familiale Auguste Jeanneau & Compagnie.
Au moment de la Première guerre mondiale, le fils Auguste Marie fut mobilisé et dut rejoindre les troupes françaises. Hélas, en 1918, atteint par une diphtérie non détectée à temps par les services médicaux de l'armée, il mourut le 21 mai à l'âge de 42 ans.
Les débuts de l’aventure australienne (1881-1939)
À cette époque, l’Australie est déjà un important producteur de laines et les industriels lainiers de France se fournissent en Australie. Mais ce négoce est tenu par les Anglais et tout passe par Londres. Les industriels français demandent alors expressément au Comptoir d’escompte de Paris d’ouvrir une agence en Australie.
L’effet du commerce de la laine vers l'Australie et l'hémisphère sud
Durant la période 1870-1914, la carte consulaire de la France subit de nombreux changements. Une commission extraparlementaire propose en 1884 de modifier la répartition des postes consulaires pour la rendre conforme à la « nouvelle distribution des courants commerciaux sur la surface du globe ». C'est ainsi qu'à la veille de la guerre, 32 consulats généraux ont été ouverts à l'étranger, parmi lesquels figure celui de Sydney.
L'émergence d'une communauté française en Australie sous l’effet du commerce de la laine et du Gold rush
De 1890 à 1893, Henri-Léon Verleye, le Consul de Sydney amorce un travail d’organisation et d’assistance de la communauté française en Australie, qui s’est développée sous l’effet du commerce de la laine et du Gold rush avec la création la Société Française de Bienfaisance en 1891 qui permet d’aider les français en difficulté installés en Australie dans un contexte de crise économique.
La création d’institutions aujourd’hui indépendantes comme l’Alliance Française de Sydney (1899), le Courrier Australien (1892) et la Chambre de commerce Franco-Australienne
Le Consulat devient un Consulat Général en 1893 dans le cadre de la création d’une trentaine de Consulats Généraux correspondants à l’évolution des courants commerciaux de la France mais surtout aux intérêts qu’elle entend renforcer.
En 1893, Georges Biard d’Aunet est nommé premier Consul Général de France à Sydney, il est un acteur majeur du développement des relations commerciales franco-australiennes et du rayonnement français en Australie. Le Consul Général restera en poste pendant sept années. Son exercice permet de faire évoluer considérablement la dynamique de la présence française grâce notamment à la participation active à la création d’institutions aujourd’hui indépendantes comme l’Alliance Française de Sydney (1899), le Courrier Australien (1892) et la Chambre de commerce Franco-Australienne.
Équipement du soldat et industrie textile[4]
Adaptation à l'effort de guerre
Les industries textiles ont, comme la métallurgie ou l’agriculture, participé pleinement à l’effort de guerre et notamment lors du premier conflit mondial. Les deux principales d’entre elles, la laine et le coton, ont intégré la mobilisation industrielle, afin d’équiper et d’habiller les quelque huit millions d’hommes appelés sous les drapeaux entre août 1914 et novembre 1918. Les draperies fournissent 90 à 100 millions de mètres de drap de troupe, tandis que la quantité de tissus de coton s’élève à plus de 500 millions de mètres[5].
Pour arriver à ce résultat, les chefs d’entreprises ont dû, comme leurs confrères des autres secteurs industriels, adapter leur stratégie pour répondre à la fois aux demandes des services de l’armée et aux contraintes du temps de guerre.
Un peu d'histoire textile "gracieuse"...
A mi-parcours de la route des diligences entre Rennes et Concarneau
Grâce-Uzel est une petite commune des Côtes d'Armor[6]. Ses habitants sont les gracieux, gracieuses. Elle est située exactement à mi-parcours de la route des diligences qui faisaient la route entre Rennes et Concarneau. La commune s'est construite autour d'une chapelle érigée à cet endroit (Notre Dame de Bon Voyage). Les voyageurs faisaient une pause et les marchands achetaient les toiles de lin aux habitants, une des principales production locale à l'époque, notamment les toiles fines des linges d'autel.
A l'origine, les toiles de lin appelées bretagnes étaient produites dans la région située au sud de l'évêché de Saint-Brieuc. Ces toiles de lin , de haute qualité, sont principalement destinées au marché espagnol afin d'approvisionner ses colonies d'Amérique.
Rennes - Le Lion d'Angers : une route du textile
Une entreprise née dans les années 1870
La deuxième génération, Augustin et Pierre Jeanneau se décidèrent à tenter de répondre à des adjudications de chaussettes pour la Marine et l'Armée de terre.
Les marchés importants (2000 à 5 000 paires) obligèrent à mettre en place une organisation de travail plus forte: fabrication plus importante et horaires plus conséquents.
L'entente avec la Marine et l'Armée de terre fut au départ difficile car leurs exigences étaient importantes. Mais après adaptation, ces nouveaux clients apportèrent une réelle bouffée d'oxygène à l'entreprise.
Tout se passa bien avec la Marine. Mais l'Armée de terre, moins consciente des aléas de fabrication, était plus intransigeante. C'est pourquoi, lors d'un contrôle avant livraison, les nouveaux responsables refusèrent la marchandise (2 000 pièces de chaussettes laine/coton/nylon/coloris kaki) invendables ailleurs. Ce fut un coup dur pour l'entreprise. Il fallut alors se réadapter pour rester compétitif et rentable financièrement.
Références
- A. Aftalion, L’Industrie textile en France pendant la guerre, Paris/New Haven, Presses universitaires de France (Puf)/Yale University Press, 1924, p. 73 ; R. Milliès-Lacroix (sénateur), « Rapport fait au nom de la Commission chargée d’examiner les marchés qui auront été passés par le gouvernement pendant la guerre (Acquisition de tissus de coton) », Annexe au procès-verbal de la séance du 23 juin 1921, Journal officiel de la République française, Impressions du Sénat, session ordinaire 1921, n° 393-486, pp. 20-21.
- A. Fontaine, L’Industrie française pendant la guerre, Paris/New Haven, Puf/Yale University Press, 1925 ; J. Levainville, Rouen pendant la Guerre, Paris, New Haven, Dotation Carnegie, Puf, Yale University Press, 1925.
- ↑ https://www.laroutedulin.com/accueil/histoire-patrimoine/
- ↑ https://www.grace-uzel.fr/
- ↑ Le maréchal-président de Mac-Mahon à Rennes
- ↑ https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/saef-marches-publics-14-18/PDF_activites/equipement.pdf
- ↑ https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2017-3-page-17.htm
- ↑ https://www.grace-uzel.fr/