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Au Grand Four, ancienne boulangerie de Victor Colvez
Au Grand Four est le nom d'une ancienne boulangerie de Victor Colvez (1864-1932) et son épouse Léonie Victoire Dauphin, située 20 Rue le Bastard à Rennes.
La liberté de la boulangerie à Rennes, porteuse de nombreuses formes d'engagement
Le Rennais Victor Colvez, boulanger de son état, était établi Au grand Four 22 rue Le Bastard, et il était même président du syndicat des Boulangers. Ainsi le 18 juin 1902 "le dévoué syndic de la Boulangerie M. Colvez" préside une réunion de 36 patrons et de 70 ouvriers pour examiner les revendications de ces derniers. [1] Colvez semblait avoir un commerce prospère; on le trouve parmi les commerçants donateurs de surprises à 500 Rennais qui, le samedi 2 et le dimanche 3 août, seraient repérés avec un journal Ouest-Eclair à la main; il offrait un gâteau de 4 livres.[2] En janvier 1903, c'est chez M. Colvez que l'on peut envoyer des dons en argent permettant de financer des caisses de pains recuits fabriqués à sa boulangerie, se conservant six semaines, que M. Colvez se charge de faire parvenir au plus vite aux pêcheurs de sardines "affamés".[3]
La crise sardinière de 1902-1913 au cœur des affrontements religieux en Bretagne
Au début de l’automne 1902, la sardine a disparu des côtes bretonnes et vendéennes ; 15 000 à 20 000 ouvrières des conserveries, et le double de pêcheurs sont au chômage. La misère se fait tous les jours plus pesante. Pour tenter de la soulager, des fonds importants sont recueillis après une intense campagne de presse et un formidable élan national. Pour les distribuer, un comité de secours est constitué en janvier 1903, mais pour beaucoup de donateurs il présente le défaut d’être dirigé par des personnalités proches du gouvernement jugé trop républicain. Un second comité catholique est donc créé pour répondre aux attentes des donateurs hostiles aux radicaux et au gouvernement d’Émile Combes. Le grand débat d’idées à propos de la séparation de l’État et de l’Église qui secoue la France au cours des premières années du xxe siècle trouve assez étonnamment un prolongement inattendu dans la grande crise sardinière qui frappe la Bretagne entre 1902 et 1907[4].
Un destin en Amérique
Un an plus tard, Colvez apparait ruiné. Le journal l'Ouest-Eclair du 5 février 1904 fait état de démarches procédurales de faillite d'un Colvez au tribunal de commerce: 9 mars, 9 heures, faillite Colvez, 2e et dernière affirmation des créances. Clôture pour insuffisance d'actif. [5] La famille Colvez sera bien loin de Rennes quand, le 21 décembre 1904 à 7 h 1/2, on procède au tribunal de commerce pour la faillite Colvez à la reddition de compte.
Du champ à l'assiette : une recette gagnante !
Ayant écouté l'appel du père Le Floc'h, qui veut fonder une colonie catholique pour faire reculer les protestants qui envahissent le Saskatchewan, Colvez, ruiné, avait décidé de partir au Canada avec son épouse et ses cinq enfants et pour avoir des chances d'être agréé, le boulanger est enregistré comme fermier.
Quel héritage odonymique à Rennes ?
L'odonymie est la branche de la toponymie qui s'intéresse aux noms de voies, notamment rues, avenues, boulevards, impasses, etc., et plus généralement aux noms d'espaces publics ouverts (places, esplanades, squares, etc.)
Un nom de rue en son souvenir pourrait permettre aux citoyens de se remémorer les enjeux de fabrication du pain au XIXe siècle. Et de réfléchir au croisement des deux industries de meunerie et de boulangerie pour en effet rapprocher le consommateur de pain au plus près du producteur de blé, dans une logique de "circuit court" en écho à la campagne de Rennes Métropole "Agir pour des métiers d'avenir". C'est un fait, 40 % des agriculteurs et agricultrices vont partir à la retraite dans les 10 ans.