17 juin 1941 : manifestation rennaise

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Déjà le 12 mai...

Si le drapeau français n'a cessé de flotter sur un mât au centre du secteur militaire du cimetière de l'Est à Rennes, la magnanimité allemande n'allait pas au-delà. Les occupants n'avaient pas apprécié une première manifestation, sur mot d'ordre de Londres, le dimanche 11 mai 1941 de 15 h à 16 h, de plusieurs centaines de Rennaises et Rennais silencieux portant des rappels tricolores, descendant et montant la rue Le Bastard,[1] manifestation que le quotidien régional avait passée sous silence, mais le 14, le journal publie une décision du feldkommandant d'Ille-et-Vilaine, interdisant, en raison de la manifestation du dimanche, aux étudiants et éléves des deux sexes, âgés de 15 à 24 ans, de circuler en ville à partir de 20H, du 15 mai au 28 mai inclus.

Une manifestation passée sous silence et une cérémonie officielle relatée

Le mardi 17 juin 1941 est la date anniversaire du bombardement allemand des trains dans la plaine de Baud, l'année précédente, * qui occasionna près d'un millier de morts militaires français et britanniques et civils. Des Rennais entendent bien commémorer ce triste anniversaire en fleurissant les tombes mais le préfet Ripert a mis en garde les Rennais contre "la manifestation collective de protestation organisée à la suite d'un mot d'ordre venu de l'étranger" et fait fermer le cimetière les 15 et 17 juin.[2] Le 17, un cordon de police et de gendarmerie est en place. Ils auraient été trois mille, [3] les Rennais qui veulent entrer, ou au moins quelques centaines. Le quotidien régional n'a pas un mot pour la manifestation populaire.

Le commandant Guillaudot avait refusé de charger la foule qui déposa les gerbes aux pieds des hommes du cordon et entonna la Marseillaise. La foule se dispersa après avoir crié " Vive la France ! Vive de Gaulle !"[4] Le commandant sera, deux jours après, muté à Vannes et entrera dans la Résistance. Le préfet se targue d'avoir obtenu des autorités allemandes que les manifestants arrêtés soient punis par l'autorité française d'une à trois semaines d'internement administratif alors que les Allemands envisageaient une année de détention.[5] Cinq manifestants arrêtés seront ainsi détenus au camp d'internement de Chateaubriant.

et d'autres manifestations ignorées...

Curieusement, ces internements sont mis au compte de manifestations qui ont eu lieu les 15 et 16 juin, et le quotidien qui a tû les manifestations du 17 devant les grilles fermées, rend largement compte de la cérémonie rassemblant, dans le cimetière, les nombreuses personnalités civiles et religieuses devant les 740 tombes des victimes de "l'explosion" de la plaine de Baud. De fait, il informe que le Feldkommandant des départements d'Ille-et-Vilaine et des Côtes-du-Nord a ordonné une avancée du couvre-feu à 20h30 pendant dix jours en punition des cortèges qui, malgré l'avertissement du préfet dans la presse, se sont formés dans la soirée du dimanche 15 juin, avec des "manifestations en faveur de de Gaulle et de caractère anti-allemand".[6]

*voir bombardement du 17 juin 1940

références

  1. Les Heures douloureuses de Rennes, par V. Ladam, imp. Les Nouvelles
  2. L'Ouest-Eclair du 14 juin 1941
  3. La Bretagne d'une guerre à l'autre 1914-1945, par Christian Bougeard- Skol Vreiz -1994
  4. rapports de l'armée d'occupation évoqués par Jacqueline Sainclivier. Ouest-France, édition Rennes- 3 juin 2010
  5. Les Manifestations de rues en France 1918-1968, par Danielle Tartakowsky. Publications de la Sorbonne-1997
  6. L'Ouest-Eclair des 17 et 18 juin 1941