" À Rennes, rien ne prend, sauf le feu "
À Rennes, rien ne prend sauf le feu est un dicton populaire local d'abord apparu à la suite de l'incendie de 1720, qui avait ravagé la ville, laissant un habitant sur trois sans logement.
Monseigneur Godefroy Brossays Saint-Marc, archevêque de Rennes, accrut la renommée de ce dicton en le reprenant vers 1860. Si ce dicton amène à constater la réalité des nombreux incendies survenus à Rennes au fil des siècles, son exagération manifeste conduit évidemment à le prendre comme une boutade ou un dicton compris au deuxième, voire au troisième degré, tant sont patents le dynamisme et la créativité des Rennais.
Du 12e au 18e siècle inclus sont relevés 51 incendies mémorables, 46 au 19e siècle et 97 au 20e, la mémoire des faits moins éloignés étant plus forte explique l'accroissement des chiffres[1].
On retrouve ce dicton repris assez régulièrement dans l'histoire locale, à l'occasion d'incendies dont voici quelques exemples :
- Incendie ayant détruit de nombreux logis en bois (1128)
- Incendie partiel de l'hôpital Sainte-Anne (1553)
- hôpital Sainte-Anne (1583)
- halle du Cartage et maisons par explosion de barils de poudre (18 décembre 1611)
- la rue Basse Baudrairie (5 janvier et 5 juillet 1657)
- les Maisons du Cartage (7 octobre 1662)
- l'abbaye de Saint-Melaine, sauf l'église (19 mars 1663)
- tours de l'église de Toussaints (1676)
- le grand incendie de 1720
- la rue de l'Horloge (1793)
- l'ancienne église Toussaints (11 frimaire an II : 1er décembre 1793)
- l'église de Bonne-Nouvelle (21 mars 1821)
- la salle d'artifice située sur les murs de Champ-Dolent (19 mai 1825)[2]
- la rue Saint-Melaine, les immeubles des numéros 2 à 10 (27 septembre 1851)
- le théâtre, maintenant Opéra (20 février 1856)
- l'ancienne chapelle de la Visitation (30 avril 1900)
- un pavillon de la caserne de Guines (11 juin 1902)
- l'asile de Saint-Méen (en fin de journée le 6 juin 1903[3])
- l'asile départemental de vieillards de La Piletière (5 février 1906)
- l'Ecole normale d'instituteurs, rue de Saint-Malo (24 août 1908)
- le palais du Commerce (29 juillet 1911)
- l'hôtel de ville, aile sud (10 novembre 1920)
- l'usine de montage Féliot, rue d'Inkermann (4 août 1921)
- le palais Saint-Georges (5 août 1921)
- le cinéma Omnia Pathé, ancien couvent des Calvairiennes (12 avril 1931)[4]
- le bâtiment principal du Lycée de Jeunes Filles, actuel collège Anne-de-Bretagne (23 mars 1932)[5]
- les moulins de Saint-Hélier (1933) entraînant la suppression du dernier étage du bâtiment d'eau pour le mettre au même niveau que les deux bâtiments extrêmes[6]
- l'entreprise Lambert (29 octobre 1947)
- l'entrepôt des imprimeries Oberthur (3 septembre 1949)
- la rue Bertrand (31 mars 1967)
- la toiture du grand séminaire (23 février 1968)
- le centre Alma (17 avril 1972)
- le palais du Parlement (nuit du 4 au 5 février 1994)
- la rue d'Estrées (6 juillet 1994)
- l'église Sainte-Thérèse (22-23 septembre 2001)
- l'immeuble de la CRAM Bretagne, au 236 rue de Châteaugiron (19 juillet 2006)
- l'immeuble rue d'Orléans, trois morts (21 septembre 2007)
- les immeubles place Saint-Michel (nuit du 21 au 22 juin 2010)
- la résidence "Pascal" du campus de Supélec Rennes[7] (nuit du 22 au 23 mai 2017)
- l'église Sainte-Thérèse (nuit du 31 juillet au 1er août 2018)
Cette liste non exhaustive ne doit pas, pour autant, faire penser que le dicton aurait, à Rennes, un fondement plus vérifiable que dans bien des villes, mais il est vrai que l'incendie de 1720 eut des conséquences déterminantes dans l'évolution de l'urbanisme du noyau central de la ville* [8].
« Encore, toujours le feu... Parmi les légendes qui courent sur notre bonne ville de Rennes, au moins en est-il une qui se trouve trop souvent vérifiée. On l'attribue, croyons-nous, à un mot du cardinal Saint-Marc annonçant que, de son temps, "rien de prenait à Rennes que le feu..."
Les années se sont succédées, le mot du cardinal Saint-Marc semble, hélas ! avoir mérité plus que jamais d'être d'actualité.
Les incendies se succèdent à Rennes avec une multiplicité déconcertante et n'était le dévouement et l'activité déployés en toutes occasions par nos braves pompiers, nous aurions souvent le regret d'enregistrer de véritables catastrophes. »
— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 24 septembre 1933, page 7, suite à un incendie ayant ravagé un atelier de fabrication de jouets rue René Brice • Recueilli par Manu35 • 2024 • licence
Depuis 2011 est engagé à Rennes un plan de réhabilitation ayant pour but de réduire la récurrence d'incendies dans le périmètre du centre historique[9].
« Il (M. Limeul, capitaine des pompiers, ndlr) nous rappelle quels furent durant ces dernières années les plus importants sinistres auxquels il participa. Ecoutons-le : en 1893, les magasins du « Vieux Chêne », rue Lebastard, sont détruits par un formidable incendie ; en 1900, c'est la chapelle de la rue de la Visitation ; et, rue de Redon, un pâté de maisons ; en 1902, c'est un bâtiment de la caserne de Guines ; en 1903, une partie de l'asile Saint-Méen ; en 1906, c'est l'effroyable sinistre de la Piletière - sept personnes y périrent dans les flammes ; - en 1911, c'est le tour du Palais du Commerce ; puis, en 1917, celui du vieux Saint-Vincent où était installé un hôpital militaire et où sont logés les élèves de l'Ecole primaire supérieure ; en 1920, c'est l'incendie de l'Hôtel de Ville ; l'année suivante, le sinistre de la caserne Saint-Georges puis l'incendie de la cartoucherie de la Courrouze. Évidemment, nous ne citons ici que les plus importants sinistres. »
— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 20 mars 1932 • Recueilli par Manu35 • 2018 • licence
Références
- ↑ Rennes - Des combattants du feu aux techniciens du risque, par Raymond Fillout, p.176 ; Amicale des Sapeurs-Pompiers de Rennes - 1999
- ↑ Histoire de Rennes, par Émile Ducrest de Villeneuve, 1845, pages 526-527, lire en ligne
- ↑ L'Ouest-Eclair du 7 juin 1903, page 3
- ↑ Incendie du cinéma Omnia Pathé
- ↑ L'Ouest-Eclair du 24 mars 1932
- ↑ https://www.patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA35000466
- ↑ https://www.20minutes.fr/rennes/2073915-20170523-video-incendie-supelec-rennes-essayait-reveiller-potes-panique
- ↑ De bois, de pierre, d'eau et de feu, quatre siècles d'urbanisme et d'architecture à Rennes (XVIIe-XVIIIe siècle) Archives départementales d'Ille-et Vilaine- 1995
- ↑ https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/rennes-nouvel-incendie-dans-immeuble-du-centre-historique-1471695692
Lien interne
- Rennes d'histoire et de souvenirs quatrain 18
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