A l'occasion des 80 ans de la libération de Rennes, (re)découvrez l'ensemble des
contributions autour de la Seconde Guerre mondiale et de la libération sur Wiki-Rennes.
François-René de Chateaubriand à Rennes
François-René de Chateaubriand (4 septembre 1768, Saint-Malo - 4 juillet 1848, Paris) écrivain, diplomate et homme politique français a été étudié à Rennes mais aussi transmis un intérêt pour l'archéologie et au patrimoine remontant à l'antiquité.
Professeur de Chateaubriand, l'abbé Marie-François Rever avait adressé en 1824 au ministre de l'intérieur Jacques-Joseph Corbière une lettre au sujet d'un modèle réduit d'autels tauroboliques qu'il lui avait remis et dont il offrait d'envoyer quelques échantillons pour le compléter. Doyen de la faculté de droit de Rennes, Jacques-Joseph Corbière originaire de Corps-Nuds fut ministre de l’Intérieur de 1821 à 1828.
Des études de Rennes : « Rennes me semblait une Babylone, le collège un monde »
Chateaubriand se remémore ses jeunes années à Rennes, encore sous l'Ancien Régime. En 1782, il est alors âgé de quatorze ans et quitte le collège de Dol pour celui de Rennes : « Je ne tardai pas à partir pour Rennes : j'y devais continuer mes études et clore mon cours de mathématique, afin de subir ensuite à Brest l'examen de garde-marine. Monsieur de Fayolle était principal du collège de Rennes. On comptait dans ce Juilly de la Bretagne trois professeurs distingués, l'abbé de Chateaugiron, l'abbé Germé pour la rhétorique, l'abbé Marchand pour la physique. Le pensionnat et les externes étaient nombreux, les classes fortes ».
Chateaubriand raconte les États généraux de 1789, à Rennes
Le jeune François-René a passé cette année rennaise dans la rigueur de l'étude et l'insouciance de l’internat. Ce texte, extrait des Mémoires d'outre-tombe, continue plus loin sur une analogie inattendue : « Rennes me semblait une Babylone, le collège un monde ». Toujours dans les Mémoires, il raconte les États généraux de 1789, à Rennes. L'épisode dont il parle est en réalité la Journée des Bricoles, un événement prérévolutionnaire qui opposa nobles et étudiants : « Un journal, La Sentinelle du Peuple, rédigé à Rennes par un écrivailleur arrivé de Paris, fomentait les haines. Les États se tinrent dans le couvent des Jacobins, sur la place du Palais. Nous entrâmes, avec les dispositions qu'on vient de voir, dans la salle des séances ; nous n'y fûmes pas plus tôt établis que le peuple nous assiégea. Ces 25, 26, 27 et 28 janvier 1789 furent des jours malheureux »[1].
Des prémices de l'archéologie en 1778 à la la sauvegarde du patrimoine antique : Perse, Égypte, Empire romain
Chateaubriand, « archéologue enthousiaste » : la passion d’une Pompéi bretonne née en baie du Mont-Saint-Michel
Chateaubriand explora la nouvelle science de l’archéologie en 1778, avant de s’intéresser aux fouilles de la riche région de Campanie, que les Romains qualifiaient de « Terre des dieux » pour sa fertilité, sa proximité avec la mer et son climat, berceau de la cité antique de Pompéi au sud de Naples.
Dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem, Chateaubriand se révèle « archéologue enthousiaste ».
Le plaidoyer de Jacques-Joseph Corbière, doyen de la faculté de droit de Rennes devenu ministre de l'intérieur
Jacques-Joseph Corbière (1766-1853) a été ministre de l'intérieur et grand protecteur de l'archéologie. Doyen de la faculté de droit de Rennes, ministre d’État et président du Conseil royal de l’Instruction publique, dans le cabinet de Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu. Avec l’avènement du gouvernement Villèle, dont il était proche, il fut ministre de l’Intérieur de 1821 à 1828 et a beaucoup œuvré pour la sauvegarde d'autels tauroboliques remontant à l'antiquité en baie du Mont-Saint-Michel (Mont-Dol).
Professeur de Chateaubriand, l'abbé Marie-François Rever lui avait adressé en 1824 une lettre au sujet d'un modèle réduit d'autels tauroboliques qu'il lui avait remis et dont il offrait d'envoyer quelques échantillons pour le compléter.
Un siècle plus tard, seul un ouvrage de l'abbé Descottes, président de la société d'histoire et d'archéologie de l'arrondissement de Saint-Malo mentionne en 1923 qu'une reproduction d'un des autels tauroboliques du Mont-Dol fut transporté au musée de Cluny.
Le musée des beaux arts de Rennes : expression de l'Egyptomania
Un nouvel espace archéologique
Dans le cadre de son réaménagement, le musée des beaux-arts a fait le choix de déployer ses collections d'archéologie romaine, étrusque et surtout égyptienne dans un nouvel espace de 250 m² situé désormais au rez-de-chaussée du musée, en exposant pour la première fois des objets conservés jusqu'à ce jour dans les réserves.
La collection égyptienne baignée à présent dans une ambiance feutrée est composée de nombreux objets déposés par le musée du Louvre dont certains sont issus des campagnes de fouilles menées au début du XX siècle par Albert Gayer, archéologue breton. Parmi eux, une momie égyptienne d'époque romaine (datation estimée entre le III et le IV siècle après JC) mise au jour en 1909 à Antinoë et déposée à Rennes par le musée du Louvre en 1923 est exposée pour la première fois.
Une restauration nécessaire...
Le programme d'étude et de restauration a été confié par le Louvre à Mesdames Madeleine Fabre et Françoise Daľ Pra, restauratrices au Centre de Recherche des Musées de France.
La momie offre un témoignage rare de conservation "en l'état". Elle appartient à une catégorie de momies d'époque romaine qui étaient étroitement enveloppées dans un linceul peint à l'effiygic de la défunte. La restauration a notamment consolidé les bandelettes et la couche picturale, mais surtout a permis de dévoiler un visage.
La dame d'Antinoë
Ce premier portrait, désormais le plus ancien du musée, montre une femme aux cheveux bruns et yeux sombres, représentée de face, parée de bijoux figurés par des appliques en relief de "plâtre" doré. Cette pratique de peinture à la détrempe est contemporaine de l'usage des portraits funéraires dits "du Fayoum".
Si les linceuls peints sont relativement courants, ils ont souvent été détachés de leur monie à la fin du XIX siècle ou au début du XX siècle. L'opération n'allait généralement pas sans dommage, et les traitements de restauration qui lui ont été étaient réservés aggravaient dans la plupart des cas leur état de conservation, La Dame d'Antinue devient par conséquent la piece "phare" du nouvel espace archéologique du musée des beaux arts de Rennes[2].
Autres singularités
Le dépôt de corps d’animaux dans des espaces funéraires ou sacrés n’est pas fortuit en Égypte ancienne. On isolera le cas particulier de parties d’animaux qui composent les aliments déposés à destination du défunt dans la tombe. Il existe également des rares cas de sépultures d’animaux domestiqués. Enfin, certains animaux sont considérés comme la représentation terrestre des divinités, par exemple le taureau Apis, associé à Ptah de Memphis.
Les momies de chat se distinguent par leur quantité et leur fonction. Elles n’incarnent pas de valeur divine intrinsèque, mais simulent l’incarnation de la déesse Bastet, assimilées à des ex-voto. Leur production en masse est signifiante d’une piété populaire majeure, au point de transformer le temple chargé de fournir aux pèlerins les corps momifiés en une sorte d’« usine à momies ». Les prêtres gèrent les différentes étapes de la production, élevage, abattage et momification. Considérant que le rituel prédomine sur la présence physique du corps, ils recourent à des préparations moins élaborées, impossibles à déceler de visu. Ils aboutissent progressivement à des momies dont la forme de chat représente une réalité visible au-delà du réel contenu.
S’appuyant sur les technologies actuelles telles que la radiographie et le scanner, les études scientifiques montrent que les corps sont parfois absents ou incomplets, l’enveloppe ne renfermant que quelques ossements. Du point de vue égyptien, il n’y a ni fraude ni supercherie, le rituel est respecté. La radiographie réalisée en 2017 dans un cabinet vétérinaire rennais a favorisé l’intégration de cette momie à un dispositif interdisciplinaire en imagerie de l’IRISA, de l’INSA, de l’INRAP et de l’Université de Rennes 1 : Les bandelettes contiennent des ossements accumulés dont les membres antérieurs et postérieurs identifiés sont attribués à trois chats distincts. À l’emplacement supposé du crâne, les chercheurs ont identifié une pelote de fibre végétale[3].