Chronique vezinoise sous l'occupation n°09
Souvenir d’un enfant.
Association Sportive Vezinoise Sous l’occupation
En 1943, le maire de Vezin-le-Coquet et son conseil décident de fonder une association sportive qui comprend une équipe de Football. Il est probable que cette équipe est la toute première créée officiellement dans notre commune.
Composition de l’association.
Président d’honneur : Monsieur Fernand Bons, maire de Vezin le Coquet
Président : Monsieur Pierre Letort (père)
Vice-présidents : MM Delacourt et Boujet
Secrétaire : Monsieur l’Abbé Gouin, vicaire
Trésorier : Monsieur Guérin, instituteur
Entraîneurs bénévoles : MM Gilmet et Renault.
Pierre Letort (fils) interrégional et ailier gauche de la T.A. prodiguera ses conseils aux jeunes joueurs.
Voilà ce que nous communique le Nouvelliste du 22 avril 1943.
Les entraînements puis le premier match se déroulent dans un pré de la ferme Lebastard derrière chez nous. C’est à cet endroit que les Américains installeront plus tard, en août 1944, après la percée d'Avranches et après avoir libéré Rennes, une batterie de quatre canons de 105mm, durant leur repos de deux semaines parmi nous. Pour l'instant les Allemands sont toujours nos invités à éviter. Le premier match se joue donc, d'une façon très conviviale et paraît-il très professionnelle. Mon père est juge de touche. Il entraîne aussi l’équipe, c’est écrit dans l’article du journal le Nouvelliste du 22 avril 1943.
Un des matchs suivants a pour terrain un pré à la Belle Epine, situé à proximité des pièces de DCA, côté gauche de la route en allant vers Pacé. J’accompagne mon père, vous pensez, il est arbitre de touche, oui oui !…. Je me promène en attendant que les équipes s’organisent pour le jeu. J’aperçois de l’autre côté de la route les canons 8,8cm. Je ne me souviens plus si les tubes sont dressés vers le ciel ou en position horizontale. Ce décor est habituel, les canons font partie du paysage.
La première mi-temps commence à peine quand un officier allemand, coiffé d’une casquette, s’avance au milieu du terrain de jeu. Les organisateurs s’approchent de lui pour connaître la raison de sa présence. Il signifie simplement que tout le monde doit déguerpir de cet endroit au plus vite.
Je ne connais pas la raison qui motive cette expulsion de notre terrain en plein match. Est-ce une alerte ? Des avions sont-ils signalés. Est-ce un rassemblement de civils jugé trop important par les autorités militaires occupantes, à proximité des batteries d’artillerie ? Je n’aime pas cet officier et la casquette qu’il porte. Il parle fort et sèchement, il accompagne ses paroles de gestes brusques. Je le trouve laid et je le crains.
Il n’y a pas à discuter ! Heraus schnell. J’ai souvent croisé d’autres soldats allemands à casquettes identiques qui ne m’ont pas donné cette impression de crainte. Allez donc savoir ce qui se passe dans la tête d’un gamin quand on lui supprime sa fête.
Bon, eh bien ! Puisqu'il en est ainsi, tout le monde s’en retourne à la maison. À la maison, peut-être pour les enfants, quant aux bonshommes, c’est dimanche et il est assuré que certains d’entre eux termineront le match au café Letort.
Pour les amoureux de l’ancien Vezin, celui de l’époque des années 40, notamment, il est intéressant de reconnaître sur cette photo le pré de la ferme Lebastard, et à sa droite, la petite haie doublée d'une clôture, qui le sépare du terrain de l’école privée qu'on nommait alors libre. Tout au fond à droite, la sortie du pré rejoint un chemin caillouteux qui mène sur sa gauche vers la ferme et sur sa droite vers le maraîcher Maignené. Après avoir traversé cette voie, juste en face, c’est le Chemin vert, souvenez-vous! l'ami dont je disais du bien!
Albert René Gilmet
Févier 2013
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