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Crèche Pauline Kergomard
La crèche Pauline Kergomard a été dénommée par délibération du conseil municipal du 9 mai 1988. Le même jour furent dénommées trois nouvelles crèches rennaises, Pauline Kergomard, Jean Piaget et Louise Bodin. D'ailleurs il fut précisé que leurs noms ont été retenus car ces trois personnes, par leurs écrits ou leurs actions, avaient préparé la démarche suivie actuellement dans le cadre de l'éveil des jeunes enfants. Il était ajouté que "Pauline Kergomard et Jean Piaget ont, comme Henri Wallon qui lui aussi a donné son nom à une crèche rennaise, joué un rôle important dans la connaissance que l'on a du développement du jeune enfant. Grâce à leur travail de pionnier et à celui de tous leurs successeurs, les tristes salles d'asile du 19ème siècle qui avait pour fonction de garder les enfants d'ouvrières pendant que celles-ci faisaient tourner les nouvelles usines, ont été peu à peu transformées en classes maternelles et en crèches, lieux d'épanouissement de la sensibilité et de l'intelligence. Les crèches assurent le double fonction de permettre aux femmes de poursuivre leur activité professionnelle en toute sérénité et d'aider les parents à préparer des adultes équilibrés capables d'organiser leur vie tout en respectant celle des autres".
La crèche Pauline Kergomard est située à Villejean, à l'extrémité ouest de la rue de Gascogne ; elle a repris les locaux de l'école maternelle supplémentaire qui y avait été ouverte en 1973.
Biographie de Pauline Kergomard, inspectrice Générale des Écoles Maternelles[1]
Marie, Pauline, Jeanne Reclus est née le 24 avril 1838, à Bordeaux (33), de Jeanne Pauline Philippine Ducos et de Jean Reclus inspecteur des écoles primaires du département de la Gironde. Benjamine d'une famille de sept enfants, elle est élevée de façon rigoureuse par son père. Elle n'a que 10 ans lorsque sa mère décède. Son père se remarie, mais les relations entre Pauline et sa belle-mère ne sont pas bonnes, elle est donc envoyée de l'âge de 13 à 15 ans chez un oncle pasteur dont la femme, qui, malgré ses onze enfants, tient une pension où elle enseigne également à Orthez va beaucoup l'influencer.
De retour à Bordeaux, elle entre dans une école privée qui devient, en 1860, le Cours Normal d'Institutrices de la Gironde. Elle passe son brevet de capacité et devient institutrice à 18 ans. Elle vit ensuite difficilement de cours et d'articles.
En 1861, elle monte à Paris et épouse, contre l'avis de son père, en octobre 1863, un homme de lettres, Jules Duplessix-Kergomard, qu'elle rencontre dans les milieux républicains. Désargenté et pour pouvoir élever les deux garçons que le couple a eu, elle ouvre une école privée et décide pour arrondir les fins de mois de vivre de sa plume. Elle devient la directrice de l'ami d'enfance une revue pour les salles d'asile. Elle bénéficie alors d'une véritable reconnaissance et participe à la rédaction du Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire de Ferdinand Buisson[2]. C'est lui qui va lui conseiller de passer l'examen d'aptitude à la direction, puis à l'inspection des salles d'asiles, qu'elle va réussir en 1877.
Dans les années 1870, elle fait la connaissance d'une ardente féministe Caroline de Barrau, avec qui elle va se lier d'amitié jusqu'à la mort de Mme de Barrau. Elle va souvent la pousser dans ses futurs choix voyant dans ses nominations dans différents postes une grande victoire de la cause féministe.
Inspirée par Marie-Pape Carpantier[3], Pauline Kergomard est à l'origine de la transformation des salles d'asile, établissements à vocation essentiellement sociale, en écoles maternelles, formant la base du système scolaire. Elle voudrait d'abord en faire des lieux laïques. Elle introduit le jeu, qu'elle considère comme pédagogique, et les activités artistiques et sportives. Elle prône une initiation et non une instruction à la lecture, à l'écriture et au calcul, avant 5 ans.
Grâce à l'appui de Ferdinand Buisson, elle devient en 1879 déléguée générale à l'inspection des salles d'asile. Elle décide donc d'apporter beaucoup de changements, elle considère que le terme "asile" est discriminant, car il laisse penser à un lieu de charité plutôt qu'à un lieu d'accueil pour enfants. Les familles aisées s'éloignent de ces lieux et ne favorisent pas alors dit-elle, "la fusion des différentes classes de la société", "Comment apprendre à vivre ensemble quand on ne se rencontre jamais, quand on ne partage jamais aucun espace". En 1881, le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts, Jules Ferry[4], la nomme inspectrice générale des écoles maternelles, poste qu'elle occupe jusqu'en 1917. Elle fait acter par les programmes que le jeu est le premier travail du jeune enfant et réclame un mobilier adapté à leur taille, précédant Maria Montessori.
Elle mène une activité professionnelle d'une intensité tout-à-fait extraordinaire : inspections dans toute la France ; conférences; rapports avec les pouvoirs publics, régionaux ou nationaux, elle rencontre Maire, Inspecteur primaire, sous-préfet, député et conseiller général. Elle prend des initiatives diverses contre la misère des enfants et pour la promotion des femmes. Républicaine convaincue, elle n'en est pas moins critique à l'égard de certains hommes politiques, critiquant dans sa correspondance Gabriel Compayré, Aristide Briand[5] ou encore Gaston Doumergue. Pauline Kergomard a beaucoup souhaité faire adhérer à son projet, mais n'y a pas toujours mis les formes, accusant "de crime contre l'enfance", les maîtresses qui continuaient à apprendre à lire et à écrire à des enfants qui ne savent même pas parler. A une époque où les maladies infectieuses font des ravages et que la mortalité infantile est importante, elle prouve l'importance de l'hygiène et de la propreté.
Elle va créer "le Sauvetage de l'enfance" et participer à l'activité féministe de son époque. Elle milite pour l'augmentation des inspectrices et participe au Conseil National des Femmes fondé en 1901, année où elle devient veuve. Elle milite également pour la société contre la mendicité des enfants.
En juillet 1890, elle est nommée Officier de l'Instruction Publique et en décembre 1895, elle est la troisième femme à être décorée de la Légion d'honneur. Elle crée une association de protection des enfants maltraités ou abandonnés et va tenter de créer une Université Populaire qui pour des raisons politiques va sombrer quelques années plus tard. Durant la première guerre mondiale elle va soutenir les femmes dont les maris sont partis à la guerre, mais elle va également organiser des cours pour des jeunes qui ne peuvent travailler à cause de la fermeture des usines.
En 1917, elle prend sa retraite, à l'âge de 79 ans.
Atteinte par une maladie cérébrale, en 1918, elle doit quitter Paris pour Lyon. Pauline Kergomard décède à Saint-Maurice (Val-de-Marne), le 13 février 1925. Elle est l'auteure de nombreux ouvrages sur l'enfance.
Sur la carte
Note et références
- ↑ à partir de la notice rédigée par Joël DAVID, chargé d'odonymie à la Ville de Rennes, Rennes Métropole
- ↑ rue Ferdinand Buisson
- ↑ place Marie Pape-Carpantier
- ↑ avenue Jules Ferry
- ↑ avenue Aristide Briand