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Rue Élisa Mercœur

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Élisa Mercoeur, par Deveria, en frontispice des œuvres complètes en 3 volumes

La rue Élisa Mercoeur, courte voie ouest-est, relie, à Rennes, la rue Durafour au boulevard de Strasbourg. Elle a été dénommée par délibérations du conseil municipal de Rennes du 24 juillet 1923 et du 24 juillet 1953[1].


Biographie de Elisa Mercoeur, poétesse

Élisa Mercoeur[2] a été trouvée enfant abandonnée sur le seuil de l'Hospice des orphelins de Nantes, l'actuelle Maison de retraite Saint-Joseph, le 27 juin 1809 à 22 heures. Un papier est retrouvé dans le berceau avec cette explication : "Élisa, née le 24 janvier 1809, non enregistrée aux actes civils. Le ciel et la douce humanité veilleront sur elle. Ses parents seront peut-être, assez heureux pour pouvoir la réclamer un jour". Un cachet de cire rouge posé comme un sceau au bas de la feuille. Il est probable que la proximité d'un lieu appelé Fossés-Mercoeur ait influencé le choix de son état civil, c'est le nom de l'ancien duc de Bretagne Mercoeur.

Trois ans plus tard, sa mère qui est brodeuse se présente à l'orphelinat pour la récupérer. Élisa serait le diminutif des prénoms de sa grand-mère et de sa tante, Elisabeth. Élisa est une enfant prodige, à 10 ans elle a déjà lu Shakespeare, Boileau. Elle écrit ses premières poésies à 11 ans et à 12, elle donne des leçons de français, de géographie et de mythologie avec sa mère à des personnes plus âgées qu'elle. Un professeur du Lycée de Nantes fait remarquer "cette enfant enseigne à une époque de la vie où on n'aime pas encore apprendre". Elle connait dès cet âge le latin, le grec, l'anglais l'espagnol et l'italien, elle envisage même d'apprendre l'arabe. À seize ans, Élisa publie dans le journal de Nantes, le "Lycée Armoricain", des vers qui reçoivent un accueil très flatteur. Son premier recueil de poésie est édité à Nantes par souscription en 1827, grâce à l'imprimeur du journal et dans les "Salons" de la ville. Ce recueil de poèmes est né de l'inspiration d'une nuit de clair de lune où elle ne pouvait dormir.

En 1828, grâce à de généreux donateurs et à des pensions versées par l’État, Élisa et sa mère s'installent à Paris. Désirant conquérir la capitale, elle se remet au travail et commence sa tragédie de Boabdil. Dans ses œuvres poétiques ressortent des sentiments chrétiens, à la fois romantiques et classiques mais parfois également païens. La révolution de 1830 va changer ses revenus : ses pensions seront supprimées. Pour vivre, Élisa est obligée de changer son style d'écriture pour différents recueils, journaux, almanachs de l'époque. Cependant, grâce à l'intervention de Casimir Delavigne, une nouvelle pension lui fut accordée, ce qui ne l'empêcha pas de se plaindre, et elle en fait part journellement à tous les personnages en situation de lui être utiles. Tout le monde lui tendait la main, et les mémoires de sa mère attestent que jamais elles n'ont connu la véritable misère. Elle devient une habituée des salons littéraires parisiens et s'attire les louanges de Lamartine, Musset, Hugo, Chateaubriand, elle est l'ami de Madame Récamier, elle y côtoie également Émile Souvestre, écrivain, journaliste, folkloriste et Evariste Boulay-Paty, le poète romantique. Lamartine disait d'elle : "…cette petite fille nous dépassera tous tant que nous sommes".

Sa tragédie Boabdil terminée, elle obtient le droit d'en faire la lecture au Comité de l'Académie Française, le 3 mai 1831. Le lendemain elle apprend que les comédiens acceptent la pièce, mais que le Baron Taylor, le Commissaire royal du Théâtre Français, rejette la pièce, qu'il trouve très bien faite mais pense qu'elle n'allait pas attirer le public parisien en racontant l'histoire d'un roi de Grenade. Élisa qui avait placé beaucoup trop d'espoirs de fortune et de gloire dans cette tragédie, est très affectée par ce refus, elle se sent alors blessée à mort. Devenue très fébrile, elle finit par tomber malade.

Atteinte d'une affection pulmonaire, elle décède à Paris, le 7 janvier 1835, dans les bras de sa mère, à l'âge de 26 ans. Ses œuvres complètes ont été publiées par sa mère après sa mort, en 1843.

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