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Boulevard de Sévigné
Le boulevard de Sévigné est une voie ouest-est, partant du carrefour rue Général Maurice Guillaudot, rue Lesage et rue Jean Guéhenno et aboutit boulevard de Metz. Il a été dénommé par délibération du conseil municipal du 12 décembre 1862 et son prolongement par délibération du 27 mai 1881. Ce boulevard est bordé, dans sa plus grande partie de demeures construites par l'aristocratie et la bourgeoisie rennaises dans les quarante dernières années du 19e siècle. Cette voie se trouve dans la direction de Vitré et de Cesson-Sévigné où se trouvaient les propriétés de la famille Sévigné.
Madame de Sévigné
Epistolière
(5 février 1626, Paris - 20 avril 1696, Grignan)[1]
Marie de Rabutin-Chantal est née dans une famille d'aristocrates dont la renommée remonte au XIIème siècle. Sa grand-mère paternelle va être canonisée en 1767, sous le nom de Sainte Jeanne de Chantal pour avoir, sous la direction de Saint-François de Sales, fondé à Annecy, l'ordre de la Visitation de Sainte-Marie, où les religieuses se partagent entre la prière et la visite aux malades.
Son père, Celse-Benigne de Rabutin-Chantal, qui apparaît à la cour de Louis XIII, se fait remarquer par ses duels et ses dettes. Un mariage est alors arrangé, en 1623, avec la fille d'un riche bourgeois de souche auvergnate, Marie de Coulanges. Trois enfants vont naître mais seule Marie va survivre. Marie n'a qu'un an quand son père meurt dans un combat contre les Anglais à l'Ile de Ré, lui qui, deux ans avant sa naissance, échappa à l'échafaud pour s'être battu en duel le dimanche de Pâques car après l'exécution de deux duellistes il avait pris peur et s'était porté volontaire pour secourir l'Ile de Ré. Sa mère Marie de Coulanges décède six ans plus tard, à l'âge de trente ans, Marie n'a que sept ans et va être élevée par ses grands-parents maternels qui vont mourir peu de temps après.
Marie est alors confiée à son oncle Philippe de Coulanges qui devient son tuteur et elle reçoit une solide éducation. Son oncle abbé de Livry, Christophe de Coulanges, en 1643, lui trouve un parti mais le projet échoue à la dernière minute, car le frère de celui-ci est décapité avec un complice pour une tentative d'assassinat du Cardinal de Richelieu. L'abbé, que Marie appellera dans ses lettres "le bien bon", lui trouve un autre jeune homme, Henri, Marquis de Sévigné, un jeune orphelin, bel homme doux mais querelleur, issu d'une grande famille bretonne alliée aux Du Guesclin, Rohan et Montmorency. Le mariage a lieu le 16 août 1644 et Marie de Rabutin-Chantal devient la Marquise de Sévigné. Henri de Sévigné, Maréchal de camp en 1645, est alors propriétaire des Rochers, près de Vitré, de Bodégat à Mohon près de Ploërmel, le Buron près de Nantes, la Baudière à Saint-Didier, La Haye de Torcé et Sévigné sur la commune de Cesson. Pendant les quatre premières années du mariage le couple voyage entre Paris, où va naître, en 1646, une fille, Françoise-Marguerite, et le château des Rochers à Vitré, où deux ans plus tard viendra un garçon, Charles.
Après la naissance de ce fils, Madame de Sévigné se consacre à ses enfants et repousse les avances de son mari qui ne s'en offusque pas, la trouvant un peu "froide" et ne se prive donc pas de se comporter de nouveau comme un célibataire. Henri est volage et pour sa dernière conquête il est en compétition avec un chevalier qui va le provoquer en duel. Grièvement blessé, il meurt deux jours plus tard, le 4 février 1651. La Marquise de Sévigné, veuve à vingt-cinq ans, vient s'enfermer au château des Rochers à Vitré, avant de retourner à Paris. Elle mène alors une vie mondaine, belle, séduisante, blonde aux yeux bleus, elle est très courtisée et elle est entourée de prétendants riches et puissants, même son cousin le Comte de Bussy est toujours là. Dix ans plus tard il va être élu à l'Académie Française et les lettres endiablées qu'il avait envoyées à Madame de Sévigné et bien d'autres lettres libertines vont être publiées. Il va alors être enfermé avant de se retirer sur ses terres.
La marquise choisit de ne pas se remarier et consacre sa vie au "monde" et à ses enfants, plus particulièrement à sa fille, Françoise-Marguerite, qu'elle adore. Celle-ci, à vingt-trois ans, le 29 janvier 1669, épouse François d'Adhémar de Monteil, Comte de Grignan[2], issu de la haute noblesse provençale, âgé de quarante ans, lourdement endetté, déjà veuf deux fois et avec deux grandes filles. Le couple va avoir trois enfants. Le Comte de Grignan est nommé Lieutenant Général de Provence. En 1671, la famille part pour la Provence, ce qui n'est pas pour plaire à Madame de Sévigné qui a l'impression de perdre sa fille chérie.
Dès le lendemain, Madame de Sévigné commence à lui envoyer des lettres et cette correspondance va durer vingt ans à raison de deux lettres par semaine. Elle va expédier pas moins de 763 lettres à sa fille, exprimant son amour maternel mais aussi des angoisses sur la santé de sa fille et pour ne pas la lasser par des lettres uniquement d'amour, elle lui raconte également des événements de son époque. Ces lettres deviennent des chroniques quotidiennes du XVIIe siècle.
La Marquise de Sévigné aime se retirer dans sa propriété des Rochers, d'où elle écrit également à sa fille et où vit son fils Charles toute l'année. Durant ses passages en Bretagne, elle venait régulièrement à Rennes où elle occupa régulièrement une loggia de la Grand'Chambre du Parlement de Bretagne et également à l'hôtel du Molant, situé sur la place des Lices. Madame de Sévigné y vint plusieurs fois déjeuner sur l'invitation de M. de Pommereu, le premier Intendant de Bretagne, qui y demeurait. Elle aime séjourner au Château des Rochers car elle dit que pendant qu'elle y est en séjour, elle ne dépense rien contrairement à Paris, qui lui coûte les yeux de la tête. Elle apprécie le beurre de la Prévalaye. Elle peut donc faire des économies pour finir de payer les dettes de son mari, mais également pour aider sa fille et son gendre qui perd des fortunes au jeu.
Durant les vingt ans que vont durer ces échanges épistolaires, il y aura des périodes orageuses de reproches, comme quand elle reproche à Françoise d'avoir mis sa première fille au couvent et lui demande de ne pas en faire de même pour son autre fille.
Les correspondances vont cesser en octobre 1690, car la marquise après avoir passé un long séjour au château des Rochers, va vivre ses six dernières années auprès de sa fille à Paris ou à Grignan. Fin 1694, les Grignan pour payer leurs dettes sont obligés de vendre une partie de leurs terres, meubles et bijoux. Madame de Grignan est tombée gravement malade et malgré son âge, Madame de Sévigné se lève chaque nuit pour voir si sa fille dort bien et le 6 avril 1696, elle a une fièvre qui l'oblige à s'aliter, pour ne plus se relever. Sentant sa fin proche, Madame de Sévigné demande à sa fille de ne pas rester près d'elle, pour ne pas être tentée, une fois de plus, de la préférer à Dieu. Elle meurt le 20 avril 1696, entourée d'un prêtre et de religieuses.
Sur la carte
Références
- ↑ à partir de la notice rédigée par Joël DAVID, chargé d'odonymie à la Ville de Rennes, Rennes Métropole
- ↑ Avenue de Grignan