« Le mystère du crime de la rue de la Monnaie en 1903 » : différence entre les versions

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On interroge la femme de ménage et une amie de la défunte, Mme Chartier, qui indique que la défunte a fait un testament olographe déshéritant ses neveux et était d'une grande méfiance et pingre : ses neveux étant venus à rennes pour l'enterrement de la grand-mère, Mme Coulange leur aurait fait payer leur pension chez elle. un neveu, M. Delarbre d'Aron aîné est attendu à Rennes où il vient assister aux obsèques. Quant aux pistes, le journal dit savoir beaucoup de choses  mais se taira, pour peu de temps promet-il.
On interroge la femme de ménage et une amie de la défunte, Mme Chartier, qui indique que la défunte a fait un testament olographe déshéritant ses neveux et était d'une grande méfiance et pingre : ses neveux étant venus à rennes pour l'enterrement de la grand-mère, Mme Coulange leur aurait fait payer leur pension chez elle. un neveu, M. Delarbre d'Aron aîné est attendu à Rennes où il vient assister aux obsèques. Quant aux pistes, le journal dit savoir beaucoup de choses  mais se taira, pour peu de temps promet-il.
[[Fichier:L%27assassinat.png|left|300px|thumb|Au menu du 30 mars]]  
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En fait le menu affiché pour le 30 mars est maigre. M. Guesdon n'aura plus de dimanche jusqu'à ce qu'il ait retrouvé l'assassin. Il a sérieusement ''travaillé'' les  redevenus prudents, les deux femmes de ménage qui se sont succédé : Mme Coulange était peut-être avare, défaut de vieilles gens, estime le journal, mais de parfaite honnêteté. N'a pas encore été entendue la concierge de la place de Bretagne à laquelle un homme en noir aurait demandé si Mme Coulange demeurait toujours dans la maison. Le neveu Delarbre d'Aron, pharmacien, est arrivé et se dit très affecté.  Les obsèques sont fixées au mardi, à dix heures avec office à la [[basilique Saint-Sauveur]].
En fait le menu affiché pour le 30 mars est maigre. M. Guesdon n'aura plus de dimanche jusqu'à ce qu'il ait retrouvé l'assassin. Il a sérieusement ''travaillé'' les  redevenus prudents, les deux femmes de ménage qui se sont succédé : Mme Coulange était peut-être avare, défaut de vieilles gens, estime le journal, mais de parfaite honnêteté. N'a pas encore été entendue la concierge de la place de Bretagne à laquelle un homme en noir aurait demandé si Mme Coulange demeurait toujours dans la maison. Le neveu Delarbre d'Aron, pharmacien à  Sainte-Menehould (Marne) , est arrivé et se dit très affecté.  Les obsèques sont fixées au mardi, à dix heures avec office à la [[basilique Saint-Sauveur]].
[[Fichier:Coup_de_th%C3%A9%C3%A2tre.png|right|300px|thumb| Un coup de théâtre]]
[[Fichier:Coup_de_th%C3%A9%C3%A2tre.png|right|300px|thumb| Un coup de théâtre]]
Devenus prudents, les Rennais ferment les portes le soir à 21 heures. Et les bobards de courir : outre l'homme en noir,  le criminel ne serait-il pas membre d'une  de ces bandes de voleurs cosmopolites qui s'abattent sur les grandes villes, et il y a eu de nombreux cambriolages à Rennes récemment ?
Devenus prudents, les Rennais ferment les portes le soir à 21 heures. Et les bobards de courir : outre l'homme en noir,  le criminel ne serait-il pas membre d'une  de ces bandes de voleurs cosmopolites qui s'abattent sur les grandes villes, et il y a eu de nombreux cambriolages à Rennes récemment ?
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Deux personnes auraient vu quelqu'un à une fenêtre de l'appartement le mardi ou le mercredi. L'assassin ne pourrait-il pas être ce monsieur bien mis, entré chez une dame âgée qui lui aurait abandonné une somme importante  sur l'injonction :"Donne-moi de l'argent ou je te tue". Un ami de la famille, le commandant Coulance, révèle que la vieille dame jouait beaucoup à la Bourse et le conseillait. Le journal fait état des racontars : un camelot suspect, des religieuses prises pour des assassins travestis. "La terreur continue à Rennes" affirme le journal; un Rennais cherche à acheter à un officier de réserve son revolver d'ordonnance.
Deux personnes auraient vu quelqu'un à une fenêtre de l'appartement le mardi ou le mercredi. L'assassin ne pourrait-il pas être ce monsieur bien mis, entré chez une dame âgée qui lui aurait abandonné une somme importante  sur l'injonction :"Donne-moi de l'argent ou je te tue". Un ami de la famille, le commandant Coulance, révèle que la vieille dame jouait beaucoup à la Bourse et le conseillait. Le journal fait état des racontars : un camelot suspect, des religieuses prises pour des assassins travestis. "La terreur continue à Rennes" affirme le journal; un Rennais cherche à acheter à un officier de réserve son revolver d'ordonnance.


Il n'y a  plus guère matière à alimenter la curiosité publique. Le 2 avril, le journal constate que "le mystère angoissant n'est pas près de s'éclaircir" et rapporte des hypothèses imaginées : un homme connaissant la situation de fortune de Mme Coulange et ayant besoin d'argent... et le 3  un petit titre annonce :"Toujours rien de nouveau" et, le 4, "Toujours rien de neuf". le 5 et le 6, le journal fait état d'un mendiant anarchiste, vu chez plusieurs commerçants, qui ordonnait "Vous allez me faire la charité" et qui, sur le refus, aurait proféré :" Il y en a avec qui ça n'a pas traîné. Et" Pourquoi ne suit-on pas la piste du mouchoir laissé par l'assassin ? suggère le journaliste de ''l'Ouest-Eclair'' le 7 qui est muet et le 8, pour la première fois depuis 8 jours et le reste jusqu'au 15 lorsqu'il annonce l'arrestation d'un homme dénoncé par son amie emprisonnée à Mayenne comme l'auteur du crime de la rue de la Monnaie et le lendemain le journaliste se défend d'avoir inventé, et de même le 18. Le 27 on annonce que Michel Castigliona,  a été amené à la prison de Rennes et doit être confronté  avec son amie qui l'avait dénoncé.
Il n'y a  plus guère matière à alimenter la curiosité publique. Le 2 avril, le journal constate que "le mystère angoissant n'est pas près de s'éclaircir" et rapporte des hypothèses imaginées : un homme connaissant la situation de fortune de Mme Coulange et ayant besoin d'argent... et le 3  un petit titre annonce :"Toujours rien de nouveau" et, le 4, "Toujours rien de neuf". Le 5 et le 6, le journal fait état d'un mendiant anarchiste, vu chez plusieurs commerçants, qui ordonnait "Vous allez me faire la charité" et qui, sur le refus, aurait proféré :" Il y en a avec qui ça n'a pas traîné". Et pourquoi ne suit-on pas la piste du mouchoir laissé par l'assassin ? suggère le journaliste de ''l'Ouest-Eclair'' le 7 qui est muet et le 8, pour la première fois depuis 8 jours et le reste jusqu'au 15 lorsqu'il annonce l'arrestation d'un homme dénoncé par son amie emprisonnée à Mayenne comme l'auteur du crime de la rue de la Monnaie et le lendemain le journaliste se défend d'avoir inventé, et de même le 18. Le 27 on annonce que Michel Castigliona,  a été amené à la prison de Rennes et doit être confronté  avec son amie qui l'avait dénoncé.


L'affaire de la rue de la Monnaie a débuté depuis plus d'un mois et maintenant plus rien dans un journal où ont pris place les incidents dus à l'affaire de l'expulsion des congrégations non autorisées (3000 personnes ont protesté à Rennes le 6 mai).Le 20 mai ''l'Ouest-Eclair'' annonce que le Parquet reprend la piste d'une personne qui aurait fait des dépenses sans rapport avec son état de fortune et il observe que le Parquet, qui espérait avoir rapidement la solution du mystère tire toute la couverture à lui, ne laissant aux agents de la sûreté aucune initiative. L'un deux a même déclaré qu'il connaissait l'assassin et qu'il était prêt à l'arrêter mais qu'on le lui défendait. Et le journal se plaint du mutisme du Parquet, expliquant par ailleurs le silence du journaliste par le respect des consignes du Parquet.
L'affaire de la rue de la Monnaie a débuté depuis plus d'un mois et maintenant plus rien dans un journal où ont pris place les incidents dus à l'affaire de l'expulsion des congrégations non autorisées (3000 personnes ont protesté à Rennes le 6 mai).Le 20 mai ''l'Ouest-Eclair'' annonce que le Parquet reprend la piste d'une personne qui aurait fait des dépenses sans rapport avec son état de fortune et il observe que le Parquet, qui espérait avoir rapidement la solution du mystère tire toute la couverture à lui, ne laissant aux agents de la sûreté aucune initiative. L'un deux a même déclaré qu'il connaissait l'assassin et qu'il était prêt à l'arrêter mais qu'on le lui défendait. Et le journal se plaint du mutisme du Parquet, expliquant par ailleurs le silence du journaliste par le respect des consignes du Parquet.
   
   
Le crime de la rue de la Monnaie est dès lors hors sujet. Occupent les colonnes la question des congrégations, les manifestations cléricales et anticléricales. Résurgence factice : en avril 1907 deux femmes ont disparu, et l'une d'elles, dans ses divagations, s'accusait d'avoir assassiné Mme Coulange. de temps à autre une brève allusion humoristique, telle celle du 13 janvier 1910 : ''Un gardien du Thabor a trouvé dissimulé dans un bosquet... - Quoi ? un cadavre? La carte de visite de l'assassin de Mme Coulange ? - Non ! un paquet d'effets...''
Le crime de la rue de la Monnaie est dès lors hors sujet. Occupent les colonnes l'expulsion de congrégations religieuses, les manifestations cléricales et anticléricales. Résurgence factice : en avril 1907 deux femmes ont disparu, et l'une d'elles, dans ses divagations, s'accusait d'avoir assassiné Mme Coulange et une brève allusion humoristique, telle celle du 13 janvier 1910 : ''Un gardien du Thabor a trouvé dissimulé dans un bosquet... - Quoi ? un cadavre? La carte de visite de l'assassin de Mme Coulange ? - Non ! un paquet d'effets...''
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