Rue de l'Alma

La rue de l’Alma fait la jonction entre le nord et le sud de la ville, elle démarre au nord au niveau de l’esplanade Général De Gaulle et rejoint le boulevard Georges Clémenceau au sud, où elle est prolongée par l’avenue Henri Fréville.

La rue de l'Alma. Vue prise début XXe siècle peu après le pont ; au loin s'aperçoit le bâtiment situé sur le Champ de Mars à l'angle du Boulevard de la Liberté et de la rue d'Isly. Carte postale de E. Mary-Rousselière. Coll. YRG et AmR 44Z1855

Ouverte en 1861, la rue longe la Prison des femmes, et traverse la voie ferrée. Elle a donné son nom à la galerie commerciale du Centre Alma situé plus au sud, proche de la rocade. La rive est de la rue a été entièrement remaniée, à partir de la maison centrale, avec démolitions des maisons et leur remplacement par des immeubles à appartements. [1]

Origine du nom

 
Troupes françaises - bataille de l'Alma
 
La rue de l'Alma. Vue prise sur le pont de Châtillon, devenu pont de l'Alma. En effet, il était dans la continuité de la rue de Châtillon qui elle même se prolongeait par la route de Châtillon jusqu'au bourg de Châtillon-sur-Seiche. On remarquera en bordure extérieure des trottoirs les deux palissades d'hauteur d'homme qui faisaient office de garde-corps et qui protégeaient des escarbilles des locomotives à vapeur (même dispositif sur l'ancien pont Saint-Hélier). Cliché Baglin

La rue, nommée en souvenir de la victoire des troupes franco-britanniques  , sur les rives de l'Alma (fleuve côtier de Crimée), face aux Russes, lors de la guerre de Crimée   (20 septembre 1854), a fait l'objet de plusieurs délibérations de dénomination : 16 décembre 1862[2], 10 décembre 1886[3] et 7 octobre 2002[4].

« La rue de l’Alma prend naissance sur le Champ de Mars, tout près de la caserne du Colombier, et conduit à la Maison centrale de détention. »

— Lucien Decombe
Origine : Notices sur les rues, ruelles, boulevards, quais, ponts, places et promenades de la ville de Rennes - Alph. Le Roy fils, 1883 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

Le chemin vicinal n°59 devient la rue de l'Alma[5]

Au bas de la rue de l’Alma le britannique Charles Mevius, photographe de Rennes sous le second empire, aménage un grand atelier adjacent à la maison où il vit avec son épouse leurs 5 enfants et deux domestiques. Isolée au milieu d’un jardin, la maison dont les ateliers photographiques occupent tout le premier étage et une partie du rez-de-chaussée, se trouvent en pleine lumière loin de tout édifice qui puisse lui dérober une partie du jour et à l’abri de toute éventualité capable de modifier cette situation. Il cesse son activité à Rennes vers 1876. Le prolongement de la rue de l’Alma au sud de la rue Ginguené est réalisé à l’initiative de Monsieur Poinçon de la Blanchardière, propriétaire de terrains situés au sud de la prison. Entre 1907 et 1911, il fait plusieurs propositions d’offre ou d’échange de terrains à la Ville de Rennes pour le prolongement de la rue jusqu’au boulevard Jacques Cartier, donnant ainsi un accès direct du boulevard au centre-ville.

« Le Conseil [...] rejette, pour raisons budgétaires la demande de M. de la Blanchardière, propriétaire de terrains entre la rue de l'Alma et le boulevard Jacques-Cartier, demandant que soit prolongée en ligne droite la rue de l'Alma de façon à relier le dit boulevard au centre de la ville. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 4 février 1908 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

La proposition « ne présentant pas un caractère d’urgence absolue », comme l’indique le maire dans son rapport au conseil municipal, elle sera rejetée jusqu’au moment où l’on projette la construction d’une caserne, boulevard Jacques Cartier.

« On prolongera la rue de l'Alma - Jusqu'au boulevard Jacques-Cartier. Importants travaux en perspective.

Il est en ce moment très fortement question de prolonger la rue de l'Alma jusqu'au boulevard Jacques-Cartier, où doit s'élever le quartier de cavalerie dont les grandes lignes viennent d'être arrêtées par l'autorité militaire. Pour ce faire, on comblerait les prairies situées en contrebas, l'extrémité de ladite rue, et on démolirait une partie de la ferme de Beaumont pour obtenir l'alignement nécessaire.

M. de la Blanchardière, propriétaire d'une portion de la prairie en question, a offert à la ville son terrain, plus une somme de 1.000 fr pour participer à l'ouverture de la nouvelle voie.

Des pourparlers sont engagés avec les autres propriétaires des terrains dont l'aliénation s'impose pour la réalisation du prolongement de la rue de l'Alma, qui permettra d'accéder directement à la nouvelle caserne. On aura alors une ligne superbe qui s'étendra sur près de deux kilomètres, du Palais de Justice au boulevard Jacques-Cartier ; une ligne superbe sur laquelle circuleront plus tard, si une entente intervient entre la compagnie des tramways urbains et la ville. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 22 mars 1911 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

Dès lors, « la construction d’un quartier de cavalerie au bord du boulevard […] donne au prolongement de la rue de l’Alma jusqu’à ce boulevard, un caractère de nécessité absolue » (Délibération de conseil municipal du 29 avril 1911).

Le prolongement de la rue de l’Alma (chemin vicinal ordinaire n° 59) entre la rue Ginguené et le chemin rural de la Boulais avec une largeur de 16 mètres entre son origine et le boulevard Jacques Cartier et de 12 mètres entre ce dernier point et le chemin de la Boulais est déclaré d’utilité publique.

La Ville accepte les propositions de Monsieur de la Blanchardière.

Montant estimé de l’opération : 18 494 francs.

Deux hauts pylônes pour la TSF

 
Les deux pylones (Archives de Rennes)

En 1929 est construit un bâtiment au n° 96 rue de l'Alma, intitulé magasin régional à Rennes, sur plan de Pierre-Jack Laloy  , architecte et Henri Robert, entrepreneur Pierre. Il s'agissait d'un petit bâtiment en béton d'un seul étage, avec toit d'ardoise. Mais un tout autre équipement est prévu dans ce quartier car l'antenne située sur le toit métallique de l'aile ouest du palais du Commerce ne donne plus satisfaction et L'Ouest-Eclair du 15 octobre 1930 annonce une interruption des émissions pour travaux pendant une quinzaine de jours en vue d'installer un nouveau poste émetteur de TSF à l'angle de la rue de l'Alma et de la rue Ginguené où ont été implantés deux pylônes de 36 mètres de hauteur espacés de 50 mètres, entre lesquels sera tendue l'antenne. Un câble souterrain relie le nouveau centre émetteur au studio du palais du Commerce, alors appelé hôtel des Postes. La distance à la terre est ainsi portée à 40 mètres. Le nouveau poste émit à partir du 15 novembre. [6]

La rue de l'Alma sous les bombes [7]

 
Le côté est de la rue de l'Alma, densifié après 2010, en application du PLU autorisant ces opérations le long des grandes artères de la ville

Bombardement du 8 mars 1943

La rue de l’Alma compte parmi les quartiers touchés par le bombardement du 8 mars 1943. Ce jour-là, à 14 h 30, les bombardiers américains larguent plus de 350 bombes sur Rennes. 150 immeubles sont détruits ou incendiés. L’émotion causée par cette tragédie sera exploitée par la propagande allemande et vichyste pour monter l’opinion contre les « Anglo-Américains ».

 
Rue de l'Alma, en descendant vers la rue d'Isly, après le bombardement du 18 juin 1944

Bombardement du 18 juin 1944 à 10 h 00

Alors qu’au nord, les combats se poursuivent 12 jours après le débarquement, à Rennes on ne voit que l’afflux des blessés venant de Normandie. Ce jour-là, au petit matin, des avions du 404e groupe de bombardement américain bombardent la gare et la plaine de Baud. À 10 h 00, une alerte se fait entendre, suivie par l’éclatement des bombes. Le quartier Alma est touché, ainsi que le Pont de Châtillon, rue de La Motte Picquet où l’école des filles du Saint-Esprit est détruite.[8]

 
La maison d'octroi du début de la rue de l'Alma subsistera à l'entrée du quartier EuroRennes

La transformation moderne

À partir du 30 mai 2017, la rue de l'Alma passe à double sens pour les véhicules qui proviennent du boulevard Georges Clémenceau en laissant une large place aux vélos et aux piétons. Auparavant à sens unique entre les boulevards Jacques Cartier et Georges Clémenceau, cette section de la rue de l'Alma est désormais ouverte en double sens pour les voitures depuis cette date, en devenant ainsi une véritable entrée de ville. Sur cette portion, la largeur de la rue évolue sensiblement, passant de 16 à 23 m. Une large place est faite aux modes de déplacements « doux » : en direction du sud, les vélos peuvent circuler sur une bande cyclable et, dans l'autre sens, sur une piste cyclable bien séparée de la route. Les piétons peuvent eux se déplacer en suivant un mail de sept mètres de large, conçu comme un lieu de promenade. Une quarantaine d'arbres y sont plantés durant l'hiver 2017, et la possibilité est donnée à des commerces de s'installer au rez-de-chaussée des immeubles. Cette nouvelle configuration de la rue de l'Alma favorise l'accès aux immeubles récents, ainsi qu'une arrivée directe à la gare et au parking Gare Sud ouvert en juin 2017[9].

Lien interne

18 juin 1944 : un dimanche ensoleillé et des bombes

Lien externe

Notes et références

  1. rue de l'Alma ou comment changer de quartier sans déménager.
  2. Délibérations municipales, Archives de Rennes
  3. Délibérations municipales, Archives de Rennes
  4. Délibérations municipales, Archives de Rennes
  5. Réalisé à partir des panneaux de l'exposition La rue de l'Alma d'hier à aujourd'hui, conçue et réalisée par la direction de la communication de la Ville de Rennes, présentée à partir d'octobre 2010, rue de l'Alma, face à l'arrêt de métro Jacques Cartier
  6. https://www.radiorennes.net/les-debuts-de-radio-rennes.html
  7. Réalisé à partir des panneaux de l'exposition La rue de l'Alma d'hier à aujourd'hui, conçue et réalisée par la direction de la communication de la Ville de Rennes, présentée à partir d'octobre 2010, rue de l'Alma, face à l'arrêt de métro Jacques Cartier
  8. Dimanche 18 juin:soleil et bombes Rennes pendant la guerre, p. 182 et 183. Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013
  9. Numéro 33 du magazine "Les Rennais", mai-juin 2017, page 26


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