Alfred Dreyfus à Rennes

Alfred Dreyfus (Mulhouse, 9 octobre 1859 - Paris, 12 juillet 1935). Officier français et polytechnicien, dernier-né d'une famille juive alsacienne, il est accusé à l'automne 1894 d'avoir livré des renseignements militaires. C'est l'Affaire Dreyfus Wikipedia-logo-v2.svg. Jugé et rapidement condamné par le conseil de guerre (19-22 décembre 1894), le capitaine Dreyfus est dégradé le 5 janvier 1895, puis déporté à l'île du Salut Wikipedia-logo-v2.svg (Guyane).

Plan de Rennes. Touring Club de France. Revue Sites et Monuments L. Pochy - 1902
Entrée de Dreyfus au lycée (actualités Pathé de 1899)
Dreyfus amené au conseil de guerre (Le Petit Journal 20 août 1899)
Dreyfus devant le conseil de guerre à Rennes
Bibliothèque nationale de France, département estampes et photographie
La salle d'audience (actualités Pathé de 1899)
Jeanne Brémontier, Séverine [1] et Marguerite Durand [2] préparant un article pour "La Fronde" pendant le procès en révision du capitaine Dreyfus à Rennes en 1899 tirage argentique daprès une gravure, 12 x 16 cm. (Bibliothèque Marguerite Durand / Roger-Viollet)
Journalistes au procès pendant une suspension de séance

L'affaire Dreyfus va diviser durablement la société française en cette fin de XIXe siècle qui verra surgir de grandes figures s'élevant pour sa défense : Émile Zola Wikipedia-logo-v2.svg, Victor Basch, Georges Clemenceau Wikipedia-logo-v2.svg, Jean Jaurès Wikipedia-logo-v2.svg, sans oublier le frère aîné de la « victime » : Mathieu Dreyfus (1857-1930).

Dreyfus au procès de Rennes
Dreyfus au tribunal
Le propriétaire du terrain à l'emplacement de l'immeuble Art-Déco situé 7, avenue Janvier, à l'angle avec la rue Duhamel, a monté et loué une estrade pour les curieux de voir Dreyfus. L'affluence sera supérieure à ce qu'annonce Le Figaro.
Le Figaro, 13 août 1899
Croquis d'audience de Dreyfus, Le Figaro, 13 août 1899
La présentation de Dreyfus par le Petit Journal du 20 août 1899 : un coupable qui se défend mal
Entrée en séance du conseil de guerre
Le seul journal rennais dreyfusard n'était pas aux ordres (L' Aurore du 10.08. 1899)
Opinion affichée mais anonyme ! (Ouest-Eclair du 19.08. 1899)
La prison militaire, avenue de la gare, Rennes [3]
Dreyfus sort du lycée entre deux haies de soldats du 41e de ligne
Grand Café de la Paix dans le Palais du Commerce, lieu de rendez-vous de la presse française et internationale. Cliché A. Bécler. Coll. YRG
Un exemple de presse antidreyfusarde exacerbée : La Croix, 1er.09 1899

Le choix de la ville réputée calme est cependant étonnant mais à Paris l'on a dû oublier les manifestations contre les intellectuels dreyfusards en janvier 1898 qui y avaient eu lieu. Un luxe de précautions est pris pour acheminer Dreyfus à Rennes. Les relations de la découverte de Rennes en 1899 par les journalistes seront sévères quant aux attraits de la ville. Le procès en révision s'ouvre dans la salle des fêtes du lycée de garçons, l'actuel Lycée Émile Zola à Rennes le 7 août 1899. Le 3, l'autorité militaire avait tardivement abandonné le choix du grenier à blé de la Manutention, constatant qu'il était impossible de loger 600 personnes dans ce "long boyau sans air", alors que la salle des fêtes du lycée était un "local spacieux, bien éclairé et bien aéré. La façade donnant rue Toullier ayant un certain nombre de grandes croisées et, de l'autre côté, plusieurs portes s'ouvrant sur une des cours intérieures du lycée." [4] De plus la prison militaire était à côté. Les Rennais s'avèrent très majoritairement antidreyfusards. Un seul des journaux locaux, L'Avenir, soutient la cause. Le capitaine Dreyfus, défendu par Me Fernand Labori et Me Charles Demange [5] sera condamné, le samedi 9 septembre, par cinq voix contre 2, à dix ans avec circonstances atténuantes, avant d'être gracié dix jours plus tard, par le président Loubet. La grâce n'efface pas la culpabilité jugée. Mais le jugement de Rennes ne sera cassé qu'en 1906 avec la réhabilitation. [6]

Les troupes devant l'église Toussaints, le 9 septembre, jour du verdict

La presse rennaise majoritairement antidreyfusarde

Tous les journaux locaux sont antidreyfusards, tel le nouveau Ouest-Eclair qui, dans son édition du 24 août, consacre sa Une à défaire les preuves de la culpabilité de l’officier Esterhazy, accusé par les dreyfusards d’avoir écrit le bordereau attestant la responsabilité de l’Armée dans les qualifications d’espionnage : « Esterhazy n’a jamais été appelé à copier le bordereau », conclut le journaliste Paul Thomas, faisant ainsi porter la responsabilité sur Dreyfus. La position du Journal de Rennes est viscéralement antidreyfusard parce que « la cause de Dreyfus s’est identifiée avec la haine du catholicisme.» Le Patriote Breton, qui s’intitule « journal catholique indépendant », admire Brager de la Villemoysan, élu au Conseil général d’Ille-et-Vilaine comme « catholique indépendant » et qui est un des principaux animateurs du Groupe Antisémite- Nationaliste Rennais, fondé en décembre 1898. Ce journal use de la calomnie, de l’attaque personnelle contre Victor Basch ou les rares commerçants juifs rennais, cesse en février 1900. Le Petit Rennais affiche le plus souvent un antidreyfusisme modéré mais il est contre les républicains dreyfusards et la section rennaise de la Ligue des Droits de l’Homme. [7] Seul l'Avenir de Rennes, dont la directrice est Mme Antoinette Caillot, s'affiche dreyfusard, aussi le général commandant la place lui demanda t-il, le 3 août, de ne plus faire le service du journal au cercle militaire. Interrogée par Mme Jeanne Brémontiers, Mme Caillot s'en étonne, indiquant qu'elle estime normal, qu'après le suicide du colonel Henry, ait lieu ce procès en révision, qu'elle ne prend pas parti dans son journal et que l'on n'y trouve pas de propos antimilitaristes. [8]

Un siècle plus tard, il fut question de transférer les cendres d'Alfred Dreyfus au Panthéon, mais le président Jacques Chirac refusera, considérant - avec d'autres (dont Robert Badinter), que Dreyfus était d'abord une « victime ».

Une rue de Rennes rappelle son souvenir : la rue Capitaine Alfred Dreyfus. Le musée de Bretagne de Rennes comporte une importante présentation de l'affaire Dreyfus mais qui ne porte guère sur le procès de Rennes.

Le rôle de Rachel Sassoon Beer

Rachel Sassoon Beer (1858 – 1927)
La Sassoon House se situe dans le quartier historique du Bund de Shanghaï
Château de Port-Breton (Dinard) construit en 1923 pour une membre de la famille Sassoon : Lady Mozelle Sassoon (1872–1964) issue d'une vieille famille juive de Bagdad, connue sous le nom de « Rothschild de l'Orient ».

En tant que première femme en Grande-Bretagne à diriger deux journaux, The Sunday Times et The Observer[9], Sassoon Beer a joué un rôle clé dans le reportage sur la tristement célèbre affaire Dreyfus, qui s'est déroulée entre 1894 et 1906[10].

Rachel Sassoon Beer (7 avril 1858 - 29 avril 1927) est une journaliste britannique d'origine indienne, devenue célèbre en tant que propriétaire et rédactrice en chef de The Observer et du Sunday Times, faisant d'elle la première femme à diriger un journal britannique[11]. Elle joue un rôle décisif dans la défense du capitaine Dreyfus[12].

Un hommage lui est rendu en anglais dans les colonnes du Guardian : "Rachel Beer, editor of the Observer 1891-1901. The first female editor of a national newspaper in Britain was from an Iraqi-Jewish family, born in Bombay and got her biggest scoop as part of the notorious Dreyfus affair."[13]

Origines de la First Lady de Fleet Street, hub de l'industrie journalistique britannique

La Fleet Street est une rue de Londres devenue célèbre pour son activité d'imprimerie et d'édition à partir du XVIe siècle et, au XXe siècle, la plupart des journaux nationaux britanniques y étaient publiés. Une grande partie de l'industrie a déménagé dans les années 1980 après que News International a installé des locaux de production moins chers à Wapping, mais certains anciens bâtiments de journaux sont classés et ont été préservés. Le terme Fleet Street reste une métonymie pour la presse nationale britannique, et les pubs de la rue, autrefois fréquentés par les journalistes, restent populaires.

Les Beer étaient une famille de banquiers du ghetto de Francfort. Au Royaume-Uni, ils étaient financiers et possédaient des journaux.

Les Sassoon ont vécu et émigré en Chine, en Angleterre, en France et dans d'autres pays. Les Sassoon étaient une vieille famille juive de Bagdad, connue sous le nom de « Rothschild de l'Orient ». Leur immense richesse, d’abord acquise en tant que négociants et commerçants d’opium, puis en tant que mécènes et collectionneurs d’art, s’étendait de Bagdad à Bombay, aujourd’hui Mumbai, jusqu’aux royal corridors de Grande-Bretagne[14].

Le château de Port-Breton est le dernier château du bord de mer de la station balnéaire de Dinard sur la côte d’Émeraude. Il fut construit en 1923 pour une memmbre de la famille Sassoon : Lady Mozelle Sassoon (1872–1964).

Affaire Dreyfus

Pendant qu'elle était rédactrice en chef, The Observer a obtenu l'une de ses plus grandes exclusivités. Une note manuscrite déchirée, appelée tout au long de l'affaire le bordereau, a été trouvée par une gouvernante française dans une poubelle de l'ambassade d'Allemagne à Paris. Le bordereau décrivait un secret militaire français mineur et avait manifestement été écrit par un espion de l'armée française. Le capitaine juif de l'armée française Alfred Dreyfus a été reconnu coupable du crime sans preuve fiable et emprisonné sur l'île du Diable. Le véritable coupable, le major comte Esterhazy, a été déclaré non coupable lors du procès, mais il a été déclaré inapte au service et s'est enfui à Londres.

Rachel Sassoon Beer savait qu'Esterhazy était à Londres parce que la correspondante parisienne de The Observer avait établi un contact avec lui ; elle l'a interviewé deux fois et il a avoué être le coupable : J'ai écrit le bordereau. Elle publia les interviews en septembre 1898,rapportant ses aveux et écrivant une chronique accusant l'armée française d'antisémitisme et demandant un nouveau procès pour l'innocent Dreyfus.

Malgré ces preuves, Dreyfus fut à nouveau reconnu coupable lors d'un procès ultérieur, mais à la suite d'un tollé public, il fut gracié et assigné à résidence en 1899, et finalement innocenté le 12 juillet 1906, sa commission militaire étant rétablie et promu au grade de major.

Alfred Dreyfus

Officier français

(9 octobre 1859, Mulhouse - 12 juillet 1935, Paris)

Alfred Dreyfus est victime, en 1894, d'une erreur judiciaire qui est à l'origine d'une crise politique majeure des débuts de la IIIe République, l'affaire Dreyfus qui bouleversa la société française durant douze années de 1894 à 1906.

Il est notamment jugé par un second conseil de guerre, à Rennes, dans les locaux du lycée (aujourd'hui lycée Émile Zola) qui se tient d'août à septembre 1899.

Alfred Dreyfus est nommé chevalier de la Légion d'honneur, le 20 juillet 1906, puis promu officier de la Légion d'honneur le 9 juillet 1919.

Une partie des archives de la famille Dreyfus se trouve au Musée de Bretagne à Rennes.

Note et références

Rue_Capitaine_Alfred_Dreyfus






Liens internes