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Découverte de Rennes en 1899

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Carte des environs de Rennes vers 1900
Plan du guide Joanne 1899
Le centre de Rennes en 1900[1]

Pour la saison 1899, l'hôtel de Bretagne ou l'hôtel Moderne auraient fort bien pu se passer d'insertion publicitaire dans les guides de voyage car ils feront le plein, et plus si possible, de faux touristes français et étrangers.

Hotel moderne rennes 1899.jpeg

Le tout-Paris des journalistes, reporters, hommes politiques, guide Baedeker ou Joanne en main, vont vite se faire une idée de Rennes où ils vont séjourner dans l'engourdissement de l'été 1899, afin d'assister au lycée au nouveau procès de l'ex capitaine Alfred Dreyfus ramené de l'île du Diable.[2]

Les "baladeuses", place de la gare, tramways à la disposition des visiteurs à Rennes pour le procès de Dreyfus

Pour les étrangers la ville de Rennes a d'avance une mauvaise réputation inoculée par le guide Murray d'Augustus Hare qui, dès 1865, mais toujours en 1895, juge ainsi Rennes : "L'ancienne capitale de la Bretagne se distingue maintenant comme la ville la plus morne, et presque la plus laide des villes françaises. Non seulement ses larges rues sans caractère ne présentent aucun intérêt mais elles l'emportent en matière de marasme monotone. Il n'y a pas de vie ni mouvement à Rennes et rien d'intéressant à y voir."[3] De fait, Les impressions de ces visiteurs par devoir furent proches de celles proposées par les guides : Louis Rogés, auteur d'un reportage avec photos sur le procès d'Alfred Dreyfus à Rennes, trouve la ville "indifférente et terne"[4], la "reporteresse" Séverine[5] aimerait partir "loin de la cité monastique, de la ville neuve aux mornes murailles blanches, de la vieille ville aux mornes murailles noires; loin des couvents, loin des casernes, loin de la Vilaine aux eaux troubles..." tandis que Jules Claretie note : " En 1899, Rennes n'a rien qui puisse charmer les Parisiens... si ce n'est le Thabor où le Tout-procès se retrouve après les audiences", Thabor dont Barrès apprécie les beaux arbres. Le journaliste Jean-Bernard cherche vainement des distractions dans "Rennes la placide" et trouve que les deux cafés-concerts, l'Eden et l'Alcazar, rappellent de "méchants bouibouis parisiens"; le même dénigre le musée avec "ses copies en plâtre".

Caf'conc' rennais en 1899
L'Ouest-Eclair du 24 août dénonce la présentation parisienne de la ville de Rennes

http://www.wiki-rennes.fr/Sp%C3%A9cial:Nouveaux_fichiers

L'Ouest-Eclair du 5 septembre 1899 fait état de gens pas pressés, les bateliers, et des gens pressés en butte aux incommodités du lycée en matière de lieux d'aisance

À la veille de la naissance de L'Ouest-Éclair, le lecteur rennais a le choix entre pas moins de quatre quotidiens et de huit hebdomadaires : les quotidiens : Le Journal de Rennes, Le Patriote Breton, Le Petit Rennais, L’Avenir de Rennes, et les hebdomadaires : Le Courrier de Rennes, Le Patriote hebdomadaire, Le Bonhomme Breton, La Dépêche Bretonne, L’Avenir hebdomadaire, L’Écho de l’Ouest, Le Courrier Breton, Les Nouvelles rennaises[6]. Mais ceux des Rennais qui lisent la presse extérieure vont constater comment leur ville est considérée. Le journal La Fronde du 10 septembre trouve la population "en grande partie égoïste et rétrograde" et la presse rennaise s'offusquera bien sûr de ces jugements parisiens ou marseillais. Ainsi Le Petit Rennais, sous le titre "Rennes jugé par un Marseillais", s'en prend au Petit Marseillais qui donne à lire aux Phocéens :

La première impression du touriste quand il débarque à Rennes est la tristesse, la tristesse immense quand il sort de la gare pour tomber sur un immense champ de manœuvres généralement désert. Le spleen ne le quitte plus désormais, à travers les rues où ne règne aucune animation, où les gens semblent tous atteints d'un incurable mutisme, où le promeneur lui-même paraît compter ses pas. Il y a dans cette ville silencieuse et morne comme une hostilité ambiante à tout ce qui est procès, à tout ce qui est nouveau. Les habitants sont généralement solennels, très sur la défensive. Rennes est peut-être la seule ville de France où les tramways électriques [7] ne fassent pas de très brillantes affaires, signe certainement de résistance aux innovations... [8]

Les Rennais, pourtant enclins à l'autocritique quant à leur ville, ne pouvaient ou ne voulaient pas se reconnaître et voir leur ville dans ce miroir qu'ils estimaient par trop déformant. * [9]

--Stephanus 19 février 2011 à 10:54 (CET)



Lien interne

Rennes présentée au voyageur du 19e siècle


Notes et références

  1. Guide Baedeker, Nord-Ouest de la France - 1902
  2. Rennes d'histoire et de souvenirs quatrain 38
  3. North-Western France. Augustus J. C. Hare. p.216-7, George Allen - 1895
  4. Histoire de Rennes par Xavier Ferrieu, Les Universels Gisserot, Paris - 2000
  5. Rennes pendant le procès Dreyfus par Colette Cosnier, édition Ouest-France, Rennes - 1984
  6. La presse rennaise sous la IIIe République. Cardot Charles Antoine
  7. Tramways
  8. Rennes pendant le procès Dreyfus par Colette Cosnier, édition Ouest-France, Rennes - 1984
  9. Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle par Etienne Maignen, bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine, t. CXII]] - 2008