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Rue Geneviève De Gaulle-Anthonioz

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La rue Geneviève de Gaulle-Anthonioz a été dénommée par délibération du conseil municipal du 2 octobre 2006. Cette rue se situe dans Quartier 12 : Bréquigny. Elle est ainsi nommée en mémoire de :


Geneviève De Gaulle-Anthonioz

Résistante, déportée, présidente d'ATD Quart-Monde

(25 octobre 1920,Saint-Jean-de-Valeriscle (Gard) - 15 février 2002, Paris)

Geneviève, Germaine, Marie, Agnès de Gaulle est née , de Germaine Gourdon, sans profession et de Xavier de Gaulle, ingénieur des mines, aîné d'une famille de cinq enfants dont le troisième se prénomme Charles.

Orpheline de mère à quatre ans et demi, son père se retrouve seul avec trois enfants, il réside alors dans la Sarre où il exerce son métier. C'est en lisant une traduction de Mein Kampf, à l'âge de 13 ans qu'elle comprend à quel point Hitler et l'idéologie nazie représentent une menace pour la liberté et la culture.

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À Rennes, le 22 décembre 1930, Xavier De Gaulle épouse en secondes noces, Armelle Chevallier-Chantepie, deux autres enfants naîtront de cette union. En 1935, Geneviève et sa sœur Jacqueline sont en pension à Metz, mais la famille De Gaulle est obligée de quitter la Sarre qui devient allemande. Ils viennent alors habiter Rennes, au 10 rue de Robien, près de la place Hoche, à Rennes, ils y restent trois ans, jusqu'en juin 1938, quand la maison est louée à Yves Milon, futur Maire "gaulliste" à la Libération de Rennes. Dans un premier temps, Xavier de Gaulle sans travail est appelé à surveiller la construction de la caserne Margueritte. Il passe ensuite le concours de percepteur et est nommé à Loiron en Mayenne en septembre 1937. En juin 1938, il trouve un logement dans cette commune.

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Le 11 juillet 1938, Geneviève de Gaulle passe le bac dans l'académie de Strasbourg, région où elle est scolarisée. En octobre, elle est très affectée par la disparition de sa sœur Jacqueline qui décède de la typhoïde à Loiron. En novembre de la même année, elle est inscrite en licence d'histoire à la faculté des Lettres de Rennes.

Le 2 octobre 1939, son père, officier de réserve est mobilisé au camp de Coëtquidan en qualité de capitaine. Il loue alors un logement à Paimpont, où sa mère les rejoint après le bombardement du Havre. Le 18 juin 1940, alors qu'elles se rendent à Coëtquidan, Geneviève De Gaulle et sa grand-mère se trouvent à Locminé, lorsque les troupes allemandes entrent dans la ville et que le curé annonce aux réfugiés :« Un général français a parlé à la radio. Il affirme que la défaite n'est pas définitive. Il s'appelle De Gaulle» Geneviève entend alors sa grand-mère dire au prêtre : "c'est mon fils. Monsieur le Curé, mais c'est mon fils !". Le 17 juin elle avait entendu le message radiodiffusé du maréchal Pétain qu’elle juge inacceptable :« Ma décision de résister quoi qu'il arrive, je l'ai prise, je crois, ce jour-là, en entendant Pétain parler à la radio. Je ne pouvais pas accepter ça », écrira-t-elle dans ses souvenirs. Le 19, les officiers de réserve, dont Xavier De Gaulle, sont arrêtés et faits prisonniers. Geneviève retourne à Paimpont avec sa famille, où sa grand-mère décède dans ses bras, le 16 juillet 1940.

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De retour à Rennes, Geneviève entre en résistance. Ses premiers actes sont ceux d'une adolescente : ils consistent à déchirer les affiches de l'occupant, à fabriquer de petites croix de Lorraine ou en arrachant, d'un pont sur la Vilaine, un fanion nazi qu'elle rapporte chez elle comme trophée. Elle prend le pseudo Germaine Lecomte.

Réquisitionné par les Allemands, le n°10 va devenir un lieu de torture. Les patriotes arrêtés par la police allemande y subissent des interrogatoires musclés. Les jeunes de l'école d'industrie du boulevard Laënnec arrêtés en plein cours pour activité anti-allemande et détention d'armes au début de l'année 1942 sont interrogés dans cette maison avant d'être déportés en Allemagne. [1]

En 1941, inscrite à la Sorbonne Geneviève de Gaulle-Anthonioz se rend à Paris et est hébergée par sa tante, Madeleine De Gaulle. Geneviève devient membre du réseau "Musée de l'Homme". Elle distribue des tracts dans le métro, effectue des missions de renseignements, rédige des articles, participe à la création de maquis au sein du groupe "Défense de la France". Sur dénonciation de Emile Marongin, indicateur qui dénonça des membres des réseaux Combat et Défense de la France ( reconnu par Geneviève de Gaulle condamné à mort le 31 octobre 1946 [2]), elle est arrêtée, le 20 juillet 1943, dans une librairie parisienne en possession de papiers compromettants, elle a 22 ans. Elle a tenu à reprendre sa véritable identité trouvant bien qu'il y ait des gens de la famille De Gaulle qui soient arrêtés et que cela se sache.

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Elle passe six mois dans la prison de Fresnes puis à la mi-janvier les prisonnières politiques sont rassemblées à Compiègne avant d'être envoyées au camp de concentration de Ravensbrück. Là, elle se retrouve aux côtés d'amies résistantes aux noms connus, Marie-Claude Vaillant-Couturier, veuve de Paul Vaillant-Couturier, rédacteur en chef de "L'Humanité", et de Germaine Tillion,[3] ethnologue. Geneviève de Gaulle arrive au camp en même temps que la mère de cette dernière. Dès les premiers mois de camp, son nom lui fait frôler la mort, et les quatre derniers mois elle est mise à l'écart, au bunker, cachot dans le camp sur l'ordre d'Himmler, qui caresse l'espoir d'une négociation avec le général De Gaulle et veut l'utiliser comme monnaie d'échange.

En avril 1945, elle est remise à la frontière suisse où son père est devenu consul général de France à Genève. Elle est presque aveugle par manque de vitamines et pèse 44 kg. Là, peu de temps après, elle rencontre Bernard Anthonioz, résistant savoyard, éditeur, ami d'Aragon et proche d'André Malraux. Ils se marient le 28 mai 1946 à Bossey (Haute-Savoie).

Elle devient la présidente de l'Association des Déportées et Internées de la Résistance (ADIR) aux côtés de Marie-Claude Vaillant-Couturier, elle se fait un devoir de témoigner sur la barbarie nazie, devoir qu'elle renouvelle en 1987, au procès de Klaus Barbie.

En 1958, André Malraux propose au couple Anthonioz, qu'il a côtoyé pendant les années de traversée du désert, de le rejoindre au ministère de la Culture. Geneviève est chargée de la recherche scientifique et Bernard devient chargé de mission, directeur de la création artistique et fondateur du Centre National d'Art Contemporain. Au cours d'un dîner, elle fait la connaissance du Père Joseph Wresinski, aumônier depuis deux ans, du "camp des sans-logis" de Noisy-le-Grand, camp édifié en tôle ondulée par les compagnons d'Emmaüs après l'appel de l'Abbé Pierre Wikipedia-logo-v2.svg de l'hiver 1954.

En octobre 1958, elle se rend dans le bidonville de Noisy-le-Grand et est bouleversée de voir des visages ressemblant à ceux qu'elle avait vus en arrivant à Ravensbrück, des hommes et des femmes pataugeant dans la boue, la même détresse et la même humiliation dans le regard. Ce sont des familles pauvres de toutes nationalités qui viennent travailler en France ; mais qui n'ont pas de logement, rejetées, oubliées.

Le père Joseph lui demande d'abord d'organiser une campagne radiodiffusée pour collecter du charbon pour l'hiver et de faire pression auprès du Ministre de la Construction pour conserver ces logements précaires sans que l'on se soit soucié de ses occupants. Geneviève De Gaulle-Anthonioz décide alors de faire de la misère son cheval de bataille. Elle quitte le Ministère de la Culture.

À la mort du Père Joseph Wresinski le 14 février 1988, elle continue le combat et devient membre du Conseil Économique et Social. Bernard Anthonioz décède, le 14 juillet 1994 et est inhumé au cimetière de Bossey (Haute-Savoie).

En 1995, Geneviève De Gaulle-Anthonioz fait un rapport sur l'évaluation des politiques publiques pour la lutte contre la grande pauvreté et en 1996, sur l'avant-projet de la loi de cohésion sociale. En 1997, la dissolution de l'Assemblée Nationale remet tout en cause. Elle n'hésite pas à plusieurs occasions, à hausser le ton, pour parvenir à ses fins. Le 29 juillet 1998, la loi relative à la lutte contre l'exclusion est votée.

En septembre 1998, elle quitte la présidence du Mouvement ATD-Quart Monde et rejoint le rang des volontaires permanents.

Malade, Geneviève décède. Elle est inhumée près de son mari à Bossey (Haute-Savoie).

Geneviève De Gaulle-Anthonioz a écrit "la Traversée de la Nuit" et "les Secrets de l'espérance"[4] . Elle est titulaire de la croix de guerre et de la médaille de la Résistance et est la première femme à recevoir la dignité de Grand Croix de la Légion d'honneur.


À Rennes, un double hommage lui fut rendu le 27 mai 2015, à l'occasion de la cérémonie d'entrée au Panthéon. À 16 h 30, une gerbe fut déposée par le préfet et la maire de Rennes Nathalie Appéré, rue Geneviève-de-Gaulle-Anthonioz, juste derrière Rennes Métropole, près de la station Clémenceau. À 18 h 30, sur le trottoir, devant le 10, rue de Robien, une cérémonie très émouvante eut lieu, où une plaque rappelle désormais le passage rennais de la famille de Gaulle[5].

Combat contre la pauvreté et les Sans Domicile Fixe présidente d'A.T.D. Quart Monde

En 1964, Geneviève De Gaulle-Anthonioz, bien que mère de quatre enfants, devient la présidente de l'association ATD (Aide à Toute Détresse)[6], créée par le père Joseph Wresinski, elle le restera jusqu'en 1998. C'est en 1968 que Joseph Wresinski avait donné le nom ATD-Quart Monde pour désigner les pauvres du monde entier qui refusent de se résigner à la fatalité de la misère pour eux-mêmes et pour tout homme. Le terme "Quart Monde" trouve ses racines dans le "Quart-État" ou "Quatrième Ordre" employé par des députés lors de la Révolution française, pour désigner le "peuple des infortunés, des indigents, et de ceux qui n'ont aucune représentation".

Elle va se battre tous les jours pour ceux qu'elle appelle des "Sans Domicile Fixe" (n'acceptant pas que l'on dise SDF), trouvant un lien avec la déportée qu'elle fut. Elle va rencontrer plusieurs présidents de la République et premiers ministres.

Liens Internes

Liens externes

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Note et références

Projet porté par Joël David Chargé d'odonymie à la Ville de Rennes

Propos mise à jour par Elisa Triquet Médiatrice numérique