« Cleunay » : différence entre les versions

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche
m (relecture)
 
(31 versions intermédiaires par 6 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
'''Cleunay''' est la partie ouest du [[quartier Cleunay-Arsenal Redon]]. Cleunay vient de l’ancien français « clos naye » signifiant clos noyé.
'''Cleunay''' est la partie ouest du [[quartier Cleunay-Arsenal Redon]]. Cleunay vient du gallo « clos naye » signifiant clos noyé. Cette partie de la ville était régulièrement inondée jusqu'à l'automne [[1974]], avant que la ville de Rennes n'effectuât des travaux sur la [[Vilaine]]<ref>Sources : [[Le Pont 9 - La voix des habitants d'Arsenal-Redon-Cleunay]]-numéro 18, décembre 2010, page 2, article de Jean Quéniard "Aux origines de Cleunay : L'eau"</ref>. Le village de Cleunay est mentionné dès 1153 comme existant déjà depuis longtemps "pretermissis antiquis cassamentis veteris ville Cloonei" (Pouillé de Rennes) : il relevait de l'[[Abbaye Saint-Georges de Rennes]] puis du Chapitre de Rennes.   


==Histoire==
 
 
==Histoire==
 
=== Les calvinistes rennais au 16e siècle===
Au 16e siècle le culte protestant de l'Eglise Réformée avait pris place à l'entrée de la [[rue Saint-Hélier]], en bordure du chemin du moulin de Saint-Hélier, au manoir de Bouzillé, propriété de messire Escoufflart de Mesmenier, huguenot, qui accueillait ses coreligionnaires dans sa grande salle, premier temple protestant de Rennes<ref>''Au long de la voie douloureuse...'' L. B. Ouest-Eclair, 17 juillet 1944</ref> où, en 1560, les calvinistes n'étaient qu'une soixantaine, ce qui n'empêchait pas une haine populaire de se manifester contre eux, avec par exemple des placards menaçants représentant une potence et une cage contenant un homme, tel celui affiché à la porte d'un membre du consistoire, le médecin Melot. En [[Juillet 1560 : pluie et protestants boucs émissaires]] vont de pair et l'on va sus au manoir de Bouzillé que l'on espérait écroulé dans la [[Vilaine]]. Le 25 juillet 1560, le manoir fut pillé et son propriétaire jeté en prison<ref> ''Histoire de Rennes,'' p.239, Émile Ducrest de Villeneuve et D. Maillet. Edouard Morault, libraire. Rennes - 1845</ref>. Mais il n'y eut pas de Saint-Barthélémy à Rennes, la force armée ayant empêché des attaques contre des domiciles de protestants<ref>''Histoire de Rennes'', p.236, Émile Ducrest de Villeneuve et D. Maillet. Edouard Morault, libraire. Rennes - 1845</ref>. Toutefois on constate que, les protestants ayant réclamé, conformément au nouvel édit de tolérance, un lieu de culte, le roi Charles IX, à la requête des Rennais, défendit "l'exercice de la nouvelle et prétendue religion dréformée dans ladicte ville et fauxbourgs".
 
===Le temple protestant à Cleunay au 17 e siècle===
 
Le village de Cleunay est mentionné dès [[1153]] comme existant déjà depuis longtemps "pretermissis antiquis cassamentis veteris ville Cloonei" (Pouillé de Rennes) : il relevait de l'Abbaye de Saint-Georges puis du Chapitre de Rennes et fut le lieu de réunion des Calvinistes<ref>infobretagne.com</ref>.
[[Fichier:Temple_Cleunay.jpg|600px|left|thumb|Comment un voyageur, Dubuisson-Aubenay, voit Cleunay en 1636 <ref>Itinéraire de Bretagne en 1636. Archives de Bretagne. Publié par la société des bibliophiles bretons t.9 p 14 - 1898</ref>]]
 
Au 17 e siècle les protestants y disposaient d'un temple qui fut l'objet de l'ire des catholiques et sera démoli quatre fois en cinquante ans ! Ainsi, le dimanche 14e jour dudict moys de juin 1654, Amaury Gouyon dict Marquis de la Moussays, assisté de vingt ou trente aultres religionnaires, furent à leur presche, à Cleusné, montez à cheval, armez d'espées et pistolletz, et en tenoient chascun un à la main; et parce qu'ilz en tirèrent quatre à cincq coups sur des personnes qui estoient sur le boulevart de Toussaincts, le simple peuple s'esmeut et alla mettre le feu dans leur presche, en sorte qu'il fut tout bruslé et arrazé et leur pavillon.  <ref> Journal d'un bourgeois de Rennes au XVIIe siècle </ref>Il fut reconstruit avec "défense d'y toucher sous peine de la vie"... Las, dix ans plus tard, il fut à nouveau incendié en janvier [[1661]] par le peuple en colère, un protestant nommé Caillon ayant refusé d'avouer le vol d'un calice et de livrer ses complices. Le bourgeois rennais René Duchemin écrivait à ce propos dans son journal:
"Le 7 janvier, au grand bout de Cohue, il fut pendu et brûlé un nommé Caillon, hérétique, et l'un des coupables des sacrilèges faits par ceux de la maison de la Roche-Giffart, lequel Caillon mourut dans son hérésie et ne voulut déclarer aucune chose de ce qui s'était passé et ainsi sauva ses autres complices ; de quoi le simple peuple s'étant indigné, ils furent le même jour au soir mettre le feu au prêche de Cleunay qui fut tout brûlé"<ref>''Journal d'un bourgeois de Rennes au 17e siècle'', Ed. Apogée, Rennes, 1992, p. 143.</ref><ref>''Un certain regard sur Rennes au XVII e siècle'', par Floriane Machard. Bulletin et mémoires de la Société archéologique & historique d'Ille-et-Vilaine. tome CXVIII - 2014</ref>. Le 25 avril [[1675]], lors de la [[révolte du papier timbré]], le temple protestant est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de "la religion". Après la révocation de l'édit de Nantes le temple fut à nouveau détruit en [[1685]]. Les registres de la paroisse protestante du temple de Cleunay / Cleusné de Rennes couvrent la période de 1663 à 1685 pour les baptêmes, 1645 à 1685 pour les mariages et 1668 à 1685 pour les sépultures. Pour la période 1645-1685, les Archives de Rennes conservent les registres du temple protestant de Cleunay.
 
Le quotidien rennais [[L'Ouest-Éclair]] nous donne quelques explications sur la vie au sein du village de Cleuné en 1901, dans un article traitant d'un meurtre :
{{Citation|texte=''Les vieux historiens bretons nous racontent que ce village s'appelait jadis Cleunay.
 
''D'autres soutiennent qu'il s'agit simplement de Cleuné. A l'heure où la réforme de l'orthographe bat son plein, nous ne nous ne nous arrêterons pas à ce léger détail. [...]
 
''Est-il bien besoin de dépeindre le hameau de Cleuné? Il est bien connu des Rennais. En montant le [[rue de Redon|faubourg de Redon]], on arrive en face l'[[usine à gaz]]. Un chemin tracé en face l'usine longe la ligne de la Compagnie de l'Ouest et aboutit à une autre voie voisine de la soierie Cathelineau. A la jonction de ces deux voies, on suit un chemin qui conduis directement à la [[Prévalaye]].
 
''Cleuné doit compter au moins soixante habitants, et la vie active de ce carrefour se passe entre deux auberges, le cabaret Morice et le cabaret Neveu.
 
''Ce n'est pas petite affaire que ces deux noms dans ce petit pays, et on le comprendra facilement par les explications très simples qui vont suivre :
 
''Depuis l'année dernière, deux groupes se sont formés. Pourquoi ? Il serait trop long de le dire. Il y a des questions de travail, des ambitions de journaliers et peut être aussi des rivalités de famille.
 
''De part et d'autre, on s'est présenté fréquemment devant le juge de paix, pour des bagatelles, pour de simples propos. [...]
 
''A l'auberge Neveu, qui porte l'enseigne de la Grande-Maison, nous trouvons un cabaret qui eût fait triste mine à l'Exposition universelle. On marche sur la terre ; l'installation est des plus sommaires. Une grande cheminée dans laquelle on va griller des saucisses que dévoreront les clients habituels du lundi. [...]
 
''Nous avons dit que le hameau de Cleuné ne compte que deux auberges : les maisons Neveu et Morice.
 
''Cette dernière se trouve droite en venant de Rennes. Elle est au bord de la route. L'auberge Neveu est située à trente mètres plus haut, du côté opposé. Ce sont deux forts occupés par des ennemis d'où les observations sont des plus faciles.''|auteur=L'Ouest-Eclair|origine=Numéro du 12 mars 1901|collecteur=Manu35|date=2018}}
 
[[Fichier:Cleunay_1950.png|300px|right|thumb|Le quartier de Cleunay en 1950. Au nord l'usine à gaz, près du [[boulevard Voltaire]], au centre la rue Champion de Cicé (de ''Géobretagne'IGN BD ORTHO Historique)]][[Fichier:Cleunay_depuis_la_Vilaine.png|left|thumb|400px|Le quartier de Cleunay, vu de la Vilaine (''Archives de Rennes.255FI423'')]]
[[Fichier:Cleunay_usine_%C3%A0_gaz.png|left|400px|thumb|Le même quartier en 2016]]
 
===L'époque contemporaine===
Ce quartier ne fut pas peuplé très tôt à cause de la nature marécageuse du terrain.
Ce quartier ne fut pas peuplé très tôt à cause de la nature marécageuse du terrain.
De 1931 à 2000, la population est passée de 592 habitants à 6500. Les fermiers ont d’abord laissé place aux maraîchers qui approvisionnaient Rennes puis aux ouvriers et employés.
De 1931 à 2000, la population est passée de 592 habitants à 6500. Les fermiers ont d’abord laissé place aux maraîchers qui approvisionnaient Rennes puis aux ouvriers et employés.


Après la [[Seconde Guerre mondiale]] et ses bombardements, la pénurie de logements conduit à la construction de cités précaires. Dans les années 50, après le camp de la Guérinais, apparaissent la cité d’urgence, la cité des « Malgré–Tout » (1952), la cité « Champignons »…
Après la [[Seconde Guerre mondiale]] et ses bombardements, la pénurie de logements conduit à la construction de cités précaires. Dans les années 50, après le camp de la Guérinais, apparaissent la [[Cité d’urgence de Cleunay|cité d’urgence]], la cité des « Malgré–Tout » (1952), la cité « Champignons »…


A partir de l’année 1956, des immeubles HLM sont construits : l’opération « Million » : le [[square Colmar]], le [[square Germain Gautier]], la [[rue Ferdinand de Lesseps]], la [[rue André Trasbot]], la [[rue Champion de Cicé]]…
A partir de l’année 1956, des immeubles HLM sont construits : l’opération « Million » : le [[square Colmar]], le [[square Germain Gautier]], la [[rue Ferdinand de Lesseps]], la [[rue André Trasbot]], la [[rue Champion de Cicé]]…


Puis viennent la cité « Champignons », les immeubles des rues Jules Lallemand et Ferdinand de Lesseps, qui permettent l’accession à la propriété. C’est le début de la mixité sociale.
Puis viennent la cité « Champignons », les immeubles de la [[rue Jules Lallemand]] et de la rue Ferdinand de Lesseps, qui permettent l’accession à la propriété. C’est le début de la mixité sociale.


En [[1961]], un centre social est créé.
En [[1961]], un centre social est créé.
Ligne 20 : Ligne 59 :


En [[1974]] est créée la Maison des Familles.
En [[1974]] est créée la Maison des Familles.
{{Citation|texte=''Quand nous arrivions à la mairie en 1977, Cleunay était à part, un quartier excentré, très marqué socialement. C'est le quartier de l’Abbé-Pierre. Une cité d'urgence a été créée pour accueillir des gens qui étaient dans des camps. Puis, c'est l'industrialisation de la ville, [[Usine PSA - La Janais|l'arrivée de Citroën]]. Notre priorité était de se saisir de cette situation pour restructurer et réhabiliter '''Cleunay'''. Cette transformation s'est terminée au début des années 2000''|auteur=[[Edmond Hervé]]|origine=Rencontre avec des lecteurs d'Ouest-France le lundi 29 novembre 2021<ref>https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/edmond-herve-ancien-maire-de-rennes-je-n-ai-jamais-oppose-la-ville-a-la-campagne-ae1c6d6c-5135-11ec-aefb-38e333a045a2</ref>|collecteur=Manu35|date=2024}}


En [[1983]], la nouvelle délimitation des quartiers intègre Cleunay au quartier Cleunay-Arsenal Redon.
En [[1983]], la nouvelle délimitation des quartiers intègre Cleunay au quartier Cleunay-Arsenal Redon.
En [[1984]], construction des premières maisons de la ZAC de Cleunay, en bois :[[Les Maisons bois de Cleunay (le Clos du Cèdre)]]


La clinique de la Sagesse est construite en 1991-1992, la [[Maison de retraite de Cleunay]] ouvre en [[1996]].
La clinique de la Sagesse est construite en 1991-1992, la [[Maison de retraite de Cleunay]] ouvre en [[1996]].
Ligne 33 : Ligne 75 :
Un nouveau centre commercial arrive en 2000, à l'emplacement de l'ancienne usine d'épuration.
Un nouveau centre commercial arrive en 2000, à l'emplacement de l'ancienne usine d'épuration.


En [[2009]], [[les Tombées de la nuit]] s'installe en partie sur le quartier pour leur festival.
En [[2009]], [[les Tombées de la nuit]] s'installent en partie sur le quartier pour leur festival.
 
 
===Références===
 
<references/>


==Travaux universitaires ==
====''Travaux universitaire''s ====
*Bodha Nandcoomar
*Bodha Nandcoomar
**Urbanisme opérationnel et concertation à Cleunay
**Urbanisme opérationnel et concertation à Cleunay
Ligne 85 : Ligne 132 :
**La restructuration d'un quartier rennais : Cleunay , évolution récente et aménagement
**La restructuration d'un quartier rennais : Cleunay , évolution récente et aménagement
**Maîtrise de géographie, Rennes 2, 2002, 200 p.
**Maîtrise de géographie, Rennes 2, 2002, 200 p.
Bibliothèque des Sciences Sociales
Bibliothèque des Sciences Sociale
 
<references/>




[[Catégorie:Quartier 9 : Cleunay - Arsenal - Redon]]
[[Catégorie:Quartier 9 : Cleunay - Arsenal - Redon]]

Version actuelle datée du 28 octobre 2024 à 10:10

Cleunay est la partie ouest du quartier Cleunay-Arsenal Redon. Cleunay vient du gallo « clos naye » signifiant clos noyé. Cette partie de la ville était régulièrement inondée jusqu'à l'automne 1974, avant que la ville de Rennes n'effectuât des travaux sur la Vilaine[1]. Le village de Cleunay est mentionné dès 1153 comme existant déjà depuis longtemps "pretermissis antiquis cassamentis veteris ville Cloonei" (Pouillé de Rennes) : il relevait de l'Abbaye Saint-Georges de Rennes puis du Chapitre de Rennes.


Histoire

Les calvinistes rennais au 16e siècle

Au 16e siècle le culte protestant de l'Eglise Réformée avait pris place à l'entrée de la rue Saint-Hélier, en bordure du chemin du moulin de Saint-Hélier, au manoir de Bouzillé, propriété de messire Escoufflart de Mesmenier, huguenot, qui accueillait ses coreligionnaires dans sa grande salle, premier temple protestant de Rennes[2] où, en 1560, les calvinistes n'étaient qu'une soixantaine, ce qui n'empêchait pas une haine populaire de se manifester contre eux, avec par exemple des placards menaçants représentant une potence et une cage contenant un homme, tel celui affiché à la porte d'un membre du consistoire, le médecin Melot. En Juillet 1560 : pluie et protestants boucs émissaires vont de pair et l'on va sus au manoir de Bouzillé que l'on espérait écroulé dans la Vilaine. Le 25 juillet 1560, le manoir fut pillé et son propriétaire jeté en prison[3]. Mais il n'y eut pas de Saint-Barthélémy à Rennes, la force armée ayant empêché des attaques contre des domiciles de protestants[4]. Toutefois on constate que, les protestants ayant réclamé, conformément au nouvel édit de tolérance, un lieu de culte, le roi Charles IX, à la requête des Rennais, défendit "l'exercice de la nouvelle et prétendue religion dréformée dans ladicte ville et fauxbourgs".

Le temple protestant à Cleunay au 17 e siècle

Le village de Cleunay est mentionné dès 1153 comme existant déjà depuis longtemps "pretermissis antiquis cassamentis veteris ville Cloonei" (Pouillé de Rennes) : il relevait de l'Abbaye de Saint-Georges puis du Chapitre de Rennes et fut le lieu de réunion des Calvinistes[5].

Comment un voyageur, Dubuisson-Aubenay, voit Cleunay en 1636 [6]

Au 17 e siècle les protestants y disposaient d'un temple qui fut l'objet de l'ire des catholiques et sera démoli quatre fois en cinquante ans ! Ainsi, le dimanche 14e jour dudict moys de juin 1654, Amaury Gouyon dict Marquis de la Moussays, assisté de vingt ou trente aultres religionnaires, furent à leur presche, à Cleusné, montez à cheval, armez d'espées et pistolletz, et en tenoient chascun un à la main; et parce qu'ilz en tirèrent quatre à cincq coups sur des personnes qui estoient sur le boulevart de Toussaincts, le simple peuple s'esmeut et alla mettre le feu dans leur presche, en sorte qu'il fut tout bruslé et arrazé et leur pavillon. [7]Il fut reconstruit avec "défense d'y toucher sous peine de la vie"... Las, dix ans plus tard, il fut à nouveau incendié en janvier 1661 par le peuple en colère, un protestant nommé Caillon ayant refusé d'avouer le vol d'un calice et de livrer ses complices. Le bourgeois rennais René Duchemin écrivait à ce propos dans son journal: "Le 7 janvier, au grand bout de Cohue, il fut pendu et brûlé un nommé Caillon, hérétique, et l'un des coupables des sacrilèges faits par ceux de la maison de la Roche-Giffart, lequel Caillon mourut dans son hérésie et ne voulut déclarer aucune chose de ce qui s'était passé et ainsi sauva ses autres complices ; de quoi le simple peuple s'étant indigné, ils furent le même jour au soir mettre le feu au prêche de Cleunay qui fut tout brûlé"[8][9]. Le 25 avril 1675, lors de la révolte du papier timbré, le temple protestant est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de "la religion". Après la révocation de l'édit de Nantes le temple fut à nouveau détruit en 1685. Les registres de la paroisse protestante du temple de Cleunay / Cleusné de Rennes couvrent la période de 1663 à 1685 pour les baptêmes, 1645 à 1685 pour les mariages et 1668 à 1685 pour les sépultures. Pour la période 1645-1685, les Archives de Rennes conservent les registres du temple protestant de Cleunay.

Le quotidien rennais L'Ouest-Éclair nous donne quelques explications sur la vie au sein du village de Cleuné en 1901, dans un article traitant d'un meurtre :

« Les vieux historiens bretons nous racontent que ce village s'appelait jadis Cleunay.

D'autres soutiennent qu'il s'agit simplement de Cleuné. A l'heure où la réforme de l'orthographe bat son plein, nous ne nous ne nous arrêterons pas à ce léger détail. [...]

Est-il bien besoin de dépeindre le hameau de Cleuné? Il est bien connu des Rennais. En montant le faubourg de Redon, on arrive en face l'usine à gaz. Un chemin tracé en face l'usine longe la ligne de la Compagnie de l'Ouest et aboutit à une autre voie voisine de la soierie Cathelineau. A la jonction de ces deux voies, on suit un chemin qui conduis directement à la Prévalaye.

Cleuné doit compter au moins soixante habitants, et la vie active de ce carrefour se passe entre deux auberges, le cabaret Morice et le cabaret Neveu.

Ce n'est pas petite affaire que ces deux noms dans ce petit pays, et on le comprendra facilement par les explications très simples qui vont suivre :

Depuis l'année dernière, deux groupes se sont formés. Pourquoi ? Il serait trop long de le dire. Il y a des questions de travail, des ambitions de journaliers et peut être aussi des rivalités de famille.

De part et d'autre, on s'est présenté fréquemment devant le juge de paix, pour des bagatelles, pour de simples propos. [...]

A l'auberge Neveu, qui porte l'enseigne de la Grande-Maison, nous trouvons un cabaret qui eût fait triste mine à l'Exposition universelle. On marche sur la terre ; l'installation est des plus sommaires. Une grande cheminée dans laquelle on va griller des saucisses que dévoreront les clients habituels du lundi. [...]

Nous avons dit que le hameau de Cleuné ne compte que deux auberges : les maisons Neveu et Morice.

Cette dernière se trouve droite en venant de Rennes. Elle est au bord de la route. L'auberge Neveu est située à trente mètres plus haut, du côté opposé. Ce sont deux forts occupés par des ennemis d'où les observations sont des plus faciles. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 12 mars 1901 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

Le quartier de Cleunay en 1950. Au nord l'usine à gaz, près du boulevard Voltaire, au centre la rue Champion de Cicé (de Géobretagne'IGN BD ORTHO Historique)
Le quartier de Cleunay, vu de la Vilaine (Archives de Rennes.255FI423)
Le même quartier en 2016

L'époque contemporaine

Ce quartier ne fut pas peuplé très tôt à cause de la nature marécageuse du terrain. De 1931 à 2000, la population est passée de 592 habitants à 6500. Les fermiers ont d’abord laissé place aux maraîchers qui approvisionnaient Rennes puis aux ouvriers et employés.

Après la Seconde Guerre mondiale et ses bombardements, la pénurie de logements conduit à la construction de cités précaires. Dans les années 50, après le camp de la Guérinais, apparaissent la cité d’urgence, la cité des « Malgré–Tout » (1952), la cité « Champignons »…

A partir de l’année 1956, des immeubles HLM sont construits : l’opération « Million » : le square Colmar, le square Germain Gautier, la rue Ferdinand de Lesseps, la rue André Trasbot, la rue Champion de Cicé

Puis viennent la cité « Champignons », les immeubles de la rue Jules Lallemand et de la rue Ferdinand de Lesseps, qui permettent l’accession à la propriété. C’est le début de la mixité sociale.

En 1961, un centre social est créé.

En 1962, création d'une MJC (qui deviendra l'Antipode MJC Rennes).

En 1963 est créé le Comité de quartier.

En 1966 s'implante une section du Cercle Paul Bert.

En 1974 est créée la Maison des Familles.

« Quand nous arrivions à la mairie en 1977, Cleunay était à part, un quartier excentré, très marqué socialement. C'est le quartier de l’Abbé-Pierre. Une cité d'urgence a été créée pour accueillir des gens qui étaient dans des camps. Puis, c'est l'industrialisation de la ville, l'arrivée de Citroën. Notre priorité était de se saisir de cette situation pour restructurer et réhabiliter Cleunay. Cette transformation s'est terminée au début des années 2000 »

Edmond Hervé
Origine : Rencontre avec des lecteurs d'Ouest-France le lundi 29 novembre 2021[10] • Recueilli par Manu35 • 2024licence

En 1983, la nouvelle délimitation des quartiers intègre Cleunay au quartier Cleunay-Arsenal Redon.

En 1984, construction des premières maisons de la ZAC de Cleunay, en bois :Les Maisons bois de Cleunay (le Clos du Cèdre)

La clinique de la Sagesse est construite en 1991-1992, la Maison de retraite de Cleunay ouvre en 1996.

La bibliothèque ouvre en 1992.

La première braderie est organisée en 1996.

En 1999, l'artiste Robert Milin installe sur Cleunay une de ses œuvres : « Cleunay : ses gens ».

Un nouveau centre commercial arrive en 2000, à l'emplacement de l'ancienne usine d'épuration.

En 2009, les Tombées de la nuit s'installent en partie sur le quartier pour leur festival.


Références

  1. Sources : Le Pont 9 - La voix des habitants d'Arsenal-Redon-Cleunay-numéro 18, décembre 2010, page 2, article de Jean Quéniard "Aux origines de Cleunay : L'eau"
  2. Au long de la voie douloureuse... L. B. Ouest-Eclair, 17 juillet 1944
  3. Histoire de Rennes, p.239, Émile Ducrest de Villeneuve et D. Maillet. Edouard Morault, libraire. Rennes - 1845
  4. Histoire de Rennes, p.236, Émile Ducrest de Villeneuve et D. Maillet. Edouard Morault, libraire. Rennes - 1845
  5. infobretagne.com
  6. Itinéraire de Bretagne en 1636. Archives de Bretagne. Publié par la société des bibliophiles bretons t.9 p 14 - 1898
  7. Journal d'un bourgeois de Rennes au XVIIe siècle
  8. Journal d'un bourgeois de Rennes au 17e siècle, Ed. Apogée, Rennes, 1992, p. 143.
  9. Un certain regard sur Rennes au XVII e siècle, par Floriane Machard. Bulletin et mémoires de la Société archéologique & historique d'Ille-et-Vilaine. tome CXVIII - 2014
  10. https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/edmond-herve-ancien-maire-de-rennes-je-n-ai-jamais-oppose-la-ville-a-la-campagne-ae1c6d6c-5135-11ec-aefb-38e333a045a2

Travaux universitaires

  • Bodha Nandcoomar
    • Urbanisme opérationnel et concertation à Cleunay
    • Diplôme d'études approfondies de géographie, Rennes 2, 1981, 259 p.

Bibliothèque des Sciences Sociales

  • Hoski Zakaria
    • Les mutations socio-économiques d'une zone urbaine et ses problèmes d'aménagement : le quartier de Redon-Arsenal à Rennes (1954 à 1982)
    • Maîtrise de géographie, Rennes 2, 1982, 104 p.

Bibliothèque des Sciences Sociales

  • Bellec Isabelle
    • Essai d'analyse de la structure de la propriété immobilière dans le quartier Arsenal-Redon-La Mabilais (1975-1985)
    • Diplôme d'études approfondies de géographie, Rennes 2, 1986, 82 p.

Bibliothèque des Sciences Sociales

  • Blain Geneviève
    • La maison des familles, un espace d'éducation permanente : observation d'une pratique sociale menée dans un quartier de Rennes, Cleunay (1986-1987)
    • DHEPS : Collège coopératif de Bretagne, Rennes 2, 1987, 180 p.

Bibliothèque Centrale Espace documentaire campus La Harpe

  • Hureau J.
    • La zone d'aménagement concerté de Cleunay
    • Maîtrise d'administration économique et sociale, Rennes 2, 1992, 135 p.

Bibliothèque des Sciences Sociales

  • Delavigne Isabelle
    • La zone d'aménagement concerté de Cleunay : un instrument de remodelage des formes, des activités, du profil social dans un quartier périphérique
    • Maîtrise de géographie, Rennes 2, 1994, 257 p.

Bibliothèque des Sciences Sociales

  • Michaux Servane
    • Réhabilitation d'une population et de son espace par la rénovation de son habitat : exemple de la cité d'urgence de Cleunay et de la cité de transit C. Géniaux
    • Maîtrise de géographie, Rennes 2, 1995, 160 p.

Bibliothèque des Sciences Sociales

  • Hamon Annie
    • Étude de marché des activités culturelles des enfants sur le quartier de Cleunay
    • Maîtrise d'administration économique et sociale, Rennes 2, 1996, 79 p.

Bibliothèque des Sciences Sociales

  • Vitre Jacques
    • L'espace vécu de l'adolescent : l'exemple de Cleunay à Rennes
    • Maîtrise de géographie, Rennes 2, 2002, 125 p.

Bibliothèque des Sciences Sociales

  • Pichoff Alexandra
    • La restructuration d'un quartier rennais : Cleunay , évolution récente et aménagement
    • Maîtrise de géographie, Rennes 2, 2002, 200 p.

Bibliothèque des Sciences Sociale