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La '''rue Edmond Lailler''' se situe dans le quartier 2 : Thabor – Saint-Hélier – Alphonse Guérin entre la [[rue de la Palestine]] au nord et la [[rue de Paris]] au sud. Cette voie fut dénommée par délibération du Conseil Municipal de la Ville de Rennes le 13 avril 1953<ref>Délibérations municipales, [http://www.archives.rennes.fr/recherche/fonds/affichedetailmod.php?cot=1D313 Archives de Rennes]</ref>.
La '''rue Edmond Lailler''' se situe dans le quartier 2 : Thabor – Saint-Hélier – Alphonse Guérin entre la [[rue de la Palestine]] au nord et la [[rue de Paris]] au sud. Cette voie fut dénommée par délibération du conseil municipal de la Ville de Rennes le 13 avril 1953<ref>Délibérations municipales, [http://www.archives.rennes.fr/recherche/fonds/affichedetailmod.php?cot=1D313 Archives de Rennes]</ref> en l'honneur de :


Cette voie rend hommage à Edmond Lailler, professeur au lycée de Rennes, résistant déporté (1889 - 1945)
==Edmond Lailler==
 
Professeur, résistant
 
(15 août 1889, Saint-Céneré (Mayenne)- le 21 août 1945, Paris)
 
==== Un combattant ====
[[Fichier:Edmond_Lailler.jpg|right|150px|thumb|Edmond Lailler]]
Sous-lieutenant de réserve en  1912 il est affecté par décision ministérielle au 64e régiment d'infanterie.
Il rejoint son régiment le 3 août 1914 et prend le commandement d'une section. Le 28 août, à Bulson près de Sedan, il entraîne à deux reprises sa section à l'assaut d'une position ennemie fortement défendue. Il reste sur le terrain grièvement blessé - poignet droit traversé par une balle, éclats de shrapnel dans la poitrine et le ventre, cuisse droite ouverte… Il est relevé inconscient par les brancardiers allemands. Il est interné à la citadelle de Mayence, puis à Strasbourg, à Gutersloh, à Heidelberg. En 1916, il est hospitalisé en Suisse. Il sera rapatrié comme grand blessé le 19 octobre 1917.
Nommé lieutenant le 1er avril 1916, de retour en France, son statut de prisonnier rapatrié ne lui permet pas de prendre le commandement d'une unité combattante. Il est désigné pour instruire la classe 1919 puis les "récupérés des régions libérées". Après avoir exercé comme lieutenant les fonctions de commandant de compagnie, il est nommé directeur des trois unités d'instruction de Blain (Loire- Atlantique).
 
==== Un professeur====
 
La paix revenue, Edmond Lailler se retire à Guémené-Penfao (Loire atlantique). Il avait épousé le 30 avril 1919 Marie Moyon.
Il enseigne au Lycée de Brest puis au lycée de Rennes, aujourd'hui [[lycée Émile-Zola]]. Il complète sa formation à Oxford, puis à la faculté des Lettres de Rennes. À sa demande, il est maintenu dans le cadre des officiers de réserve, il est promu capitaine par décret du 31 décembre 1923 et nommé, à titre exceptionnel chevalier de la Légion d'honneur, le 31 décembre 1930. Titulaire de plusieurs certificats de Licence, parlant couramment l'anglais, le capitaine Lailler s'oriente vers le service d'État-Major où il est admis le 20 décembre 1930.
 
====Un résistant ====
 
En 1938, le capitaine Lailler est promu chef de bataillon par décret du 19 décembre 1938. La guerre éclate et il quitte son lycée pour l'état-major du Groupe de subdivision de Rennes. Il encadre des Polonais qui  s'étaient échappés de la Pologne envahie et, en juin 1940, il parviendra à les faire embarquer pour l'Angleterre avant l'arrivée des troupes allemandes. Démobilisé le 30 août 1940, il reprend au mois d'octobre son service au lycée de Rennes.
 
Dès l'hiver 1940-41, il prend des contacts avec les mouvements de Résistance qui se créent en zone occupée. Au début de  1943, il est l'un des responsables du Service National Maquis (SNM) dont la mission est de regrouper et de ravitailler les réfractaires au STO <ref>[[Le S.T.O. pour des Rennais]]</ref>  puis de les former pour rejoindre l'Armée Secrète (AS).
Chargé de coordonner l'action militaire des trois mouvements "Libération-Nord", "Organisation Civile et Militaire" (OCM) et SNM, il en devient l'un des dirigeants pour l'Ille-et-Vilaine.
Le 31 décembre 1943 il est arrêté, ainsi que plusieurs autres membres de son réseau.
Incarcéré à la [[prison Jacques Cartier]], il est déporté en Allemagne le 29 juin 1944.
Interné au camp de Neuengamme puis au camp de Ravensbruck - matricule 40276.
 
Il est libéré le 30 avril 1945 mais, soigné trop tard, à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre à Paris, il y meurt le 21 août 1945. Il repose au [[cimetière de l'Est]] à Rennes. La médaille de la résistance lui fut conférée par décret du 15 octobre 1945
 
==== Donner son nom à son lycée ? ====
 
La dénomination de la rue en 1953 est étroitement liée à celle du [[Lycée Chateaubriand]], et indirectement également à la [[rue Philippe Nordmann]]<ref>"Les Bretons au lendemain de l'Occupation. Imaginaire et comportement d'une sortie de guerre. 1944-1945", par Luc Capdevila, Rennes, Édition Presses Universitaires de Rennes, 1999, 449 pages</ref>:
{{Citation|texte=Information délivrée par M. Paul Fabre : 18 ans à la Libération, a fait de la Résistance, fils du proviseur de l'époque. L'affaire est particulièrement intéressante. La proposition de donner au Lycée le nom d'Edmond Lailler était relativement consensuelle, le conseil d'administration de l'établissement, les parents d'élèves, les professeurs et le conseil municipal y étaient favorables. Celui-ci était un vieux professeur du petit lycée, nommé en 1926 ; résistant précoce, membre de Libération-Nord et du réseau "Centurie", il avait été délégué départemental pour l'OCM en 1943. Cependant un autre professeur était mort en déportation, Philippe Nordmann, membre du FN, il avait participé à l'organisation des FTP à l'échelle de la Bretagne, mais n'était pas enraciné dans cet établissement où il avait été affecté seulement en 1943. La communauté éducative avait porté son choix sur E. Lailler pensant en priorité à un enseignant-résistant du cru. Respectant les consignes de temporisation face aux risques de flambée commémorative, et anticipant les conflits de mémoire qu'une telle décision pouvait avoir pour conséquence ultérieurement, étant donné les personnalités et les identités politiques opposées de ces deux enseignants, le recteur Wolff préconisa d'attendre. Le Lycée resta sans dénomination pendant encore une dizaine d'années (il reçut le nom de Chateaubriand), et en 1953 la municipalité dédia une rue de Rennes à la mémoire de chacun des deux professeurs (DAFU - mairie de Rennes).|auteur=Luc Capdevila|origine=Les Bretons au lendemain de l'Occupation. Imaginaire et comportement d'une sortie de guerre. 1944-1945.|collecteur=Manu35|date=1999}}
 
 
 
== Sur la carte ==
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== Note et références ==  
== Note et références ==  
<references/>
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[[Catégorie:Voie de Rennes|Lailler]][[Catégorie:Quartier_2_:_Thabor – Saint-Hélier – Alphonse Guérin]][[Catégorie:Voie portant le nom d'une figure de la Résistance|Lailler]][[Catégorie:Rue de Rennes|Lailler]]
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La rue Edmond Lailler se situe dans le quartier 2 : Thabor – Saint-Hélier – Alphonse Guérin entre la rue de la Palestine au nord et la rue de Paris au sud. Cette voie fut dénommée par délibération du conseil municipal de la Ville de Rennes le 13 avril 1953[1] en l'honneur de :

Edmond Lailler

Professeur, résistant

(15 août 1889, Saint-Céneré (Mayenne)- le 21 août 1945, Paris)

Un combattant

Edmond Lailler

Sous-lieutenant de réserve en 1912 il est affecté par décision ministérielle au 64e régiment d'infanterie. Il rejoint son régiment le 3 août 1914 et prend le commandement d'une section. Le 28 août, à Bulson près de Sedan, il entraîne à deux reprises sa section à l'assaut d'une position ennemie fortement défendue. Il reste sur le terrain grièvement blessé - poignet droit traversé par une balle, éclats de shrapnel dans la poitrine et le ventre, cuisse droite ouverte… Il est relevé inconscient par les brancardiers allemands. Il est interné à la citadelle de Mayence, puis à Strasbourg, à Gutersloh, à Heidelberg. En 1916, il est hospitalisé en Suisse. Il sera rapatrié comme grand blessé le 19 octobre 1917. Nommé lieutenant le 1er avril 1916, de retour en France, son statut de prisonnier rapatrié ne lui permet pas de prendre le commandement d'une unité combattante. Il est désigné pour instruire la classe 1919 puis les "récupérés des régions libérées". Après avoir exercé comme lieutenant les fonctions de commandant de compagnie, il est nommé directeur des trois unités d'instruction de Blain (Loire- Atlantique).

Un professeur

La paix revenue, Edmond Lailler se retire à Guémené-Penfao (Loire atlantique). Il avait épousé le 30 avril 1919 Marie Moyon. Il enseigne au Lycée de Brest puis au lycée de Rennes, aujourd'hui lycée Émile-Zola. Il complète sa formation à Oxford, puis à la faculté des Lettres de Rennes. À sa demande, il est maintenu dans le cadre des officiers de réserve, il est promu capitaine par décret du 31 décembre 1923 et nommé, à titre exceptionnel chevalier de la Légion d'honneur, le 31 décembre 1930. Titulaire de plusieurs certificats de Licence, parlant couramment l'anglais, le capitaine Lailler s'oriente vers le service d'État-Major où il est admis le 20 décembre 1930.

Un résistant

En 1938, le capitaine Lailler est promu chef de bataillon par décret du 19 décembre 1938. La guerre éclate et il quitte son lycée pour l'état-major du Groupe de subdivision de Rennes. Il encadre des Polonais qui s'étaient échappés de la Pologne envahie et, en juin 1940, il parviendra à les faire embarquer pour l'Angleterre avant l'arrivée des troupes allemandes. Démobilisé le 30 août 1940, il reprend au mois d'octobre son service au lycée de Rennes.

Dès l'hiver 1940-41, il prend des contacts avec les mouvements de Résistance qui se créent en zone occupée. Au début de 1943, il est l'un des responsables du Service National Maquis (SNM) dont la mission est de regrouper et de ravitailler les réfractaires au STO [2] puis de les former pour rejoindre l'Armée Secrète (AS). Chargé de coordonner l'action militaire des trois mouvements "Libération-Nord", "Organisation Civile et Militaire" (OCM) et SNM, il en devient l'un des dirigeants pour l'Ille-et-Vilaine. Le 31 décembre 1943 il est arrêté, ainsi que plusieurs autres membres de son réseau. Incarcéré à la prison Jacques Cartier, il est déporté en Allemagne le 29 juin 1944. Interné au camp de Neuengamme puis au camp de Ravensbruck - matricule 40276.

Il est libéré le 30 avril 1945 mais, soigné trop tard, à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre à Paris, il y meurt le 21 août 1945. Il repose au cimetière de l'Est à Rennes. La médaille de la résistance lui fut conférée par décret du 15 octobre 1945

Donner son nom à son lycée ?

La dénomination de la rue en 1953 est étroitement liée à celle du Lycée Chateaubriand, et indirectement également à la rue Philippe Nordmann[3]:

« Information délivrée par M. Paul Fabre : 18 ans à la Libération, a fait de la Résistance, fils du proviseur de l'époque. L'affaire est particulièrement intéressante. La proposition de donner au Lycée le nom d'Edmond Lailler était relativement consensuelle, le conseil d'administration de l'établissement, les parents d'élèves, les professeurs et le conseil municipal y étaient favorables. Celui-ci était un vieux professeur du petit lycée, nommé en 1926 ; résistant précoce, membre de Libération-Nord et du réseau "Centurie", il avait été délégué départemental pour l'OCM en 1943. Cependant un autre professeur était mort en déportation, Philippe Nordmann, membre du FN, il avait participé à l'organisation des FTP à l'échelle de la Bretagne, mais n'était pas enraciné dans cet établissement où il avait été affecté seulement en 1943. La communauté éducative avait porté son choix sur E. Lailler pensant en priorité à un enseignant-résistant du cru. Respectant les consignes de temporisation face aux risques de flambée commémorative, et anticipant les conflits de mémoire qu'une telle décision pouvait avoir pour conséquence ultérieurement, étant donné les personnalités et les identités politiques opposées de ces deux enseignants, le recteur Wolff préconisa d'attendre. Le Lycée resta sans dénomination pendant encore une dizaine d'années (il reçut le nom de Chateaubriand), et en 1953 la municipalité dédia une rue de Rennes à la mémoire de chacun des deux professeurs (DAFU - mairie de Rennes). »

— Luc Capdevila
Origine : Les Bretons au lendemain de l'Occupation. Imaginaire et comportement d'une sortie de guerre. 1944-1945. • Recueilli par Manu35 • 1999licence


Sur la carte

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Note et références

  1. Délibérations municipales, Archives de Rennes
  2. Le S.T.O. pour des Rennais
  3. "Les Bretons au lendemain de l'Occupation. Imaginaire et comportement d'une sortie de guerre. 1944-1945", par Luc Capdevila, Rennes, Édition Presses Universitaires de Rennes, 1999, 449 pages