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A l'occasion des 80 ans de la libération de Rennes, (re)découvrez l'ensemble des
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Le S.T.O. pour des Rennais

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Le prisonnier : monnaie d'échange proposée pour la "relève"[1]
Dès mai 1942, un attentat contre les locaux de recrutement de main-d'œuvre pour l'Allemagne
Ouest-Eclair 8 juin 1941
En Allemagne, installation d'un Français au poste de fraiseur[2]
La convocation au S.T.O que reçurent les jeunes Français. On y précise bien l'heure : 9 heures, heure allemande
Propagande pour la relève
Caricature sur le travail en Allemagne: Laval présente les volontaires[3]

D'abord le volontariat

L'ancienne Caisse d'épargne de la rue Martenot abrite la Kreiskommandantur des arrondissements de Rennes et Redon mais sur la grille un panneau annonce le Bureau d'embauchage, pour "le placement d'hommes et de femmes de toutes professions en Allemagne ou en France" et précise : "renseignements sans obligation". Dès juin 1941, la Kreiskommandantur (une unité de commandement militaire au niveau par exemple d'un arrondissement français) publiait une demande pour l'Allemagne de techniciens et ouvriers de tout genre pour des emplois de 6 mois à un an au plus avec des salaires conformes aux tarifs allemands, voyage payé et alimentation suffisante[4].

Annoncée par Pierre Laval à la radio le 22 juin, "la relève" est d'abord facultative. En Ille-et-Vilaine, le contingent imposé est de 1 112 volontaires, or on ne décompte que 622 départs vers l’Allemagne[5]. Le 11 août Laval accueille à Compiègne le premier contingent de prisonniers ainsi libérés. Pour permettre à un prisonnier de rentrer, trois hommes sont envoyés travailler en Allemagne. Du 6 août au 22 octobre, désigné par le service allemand du travail pour contrôler les inscrits pour le départ afin de détecter les parasites, le gonocoque ou la syphilis, le docteur René Patay n'a à examiner que des volontaires et ceux qu'il envoie à l'hôpital pour traitement ne sont pas contents. Mais il semble bien qu'au-delà de la propagande sur les bonnes conditions de vie en Allemagne, celles-ci n'étaient pas aussi roses : un ingénieur rennais et sa jolie femme partent ainsi en Allemagne, celle-ci ayant eu la promesse qu'elle ne quitterait pas son époux mais, venue en permission, elle indique qu'elle en a été séparée tout de suite et astreinte à travailler dans un atelier de femmes dans une promiscuité peu agréable, aussi le docteur obtint-il qu'elle ne repartît pas. Cette activité de contrôle sanitaire - pour laquelle il avait demandé sans succès une rémunération en libération de prisonniers - il la cesse en décembre à la suite d'une fracture du col du fémur[6]. En Ille-et-Vilaine, Jean Quenette préfet régional et préfet d'Ille-et-Vilaine, évoque même un « malaise grave » dans la mesure où elle est perçue comme « une conscription pure et simple des ouvriers[7].

"L'Europe travaille en Allemagne. Sauckel mobilise les réserves du rendement"[8]

Puis la coercition : le service du travail obligatoire

Le 1er novembre 1942, 11 prisonniers d'Ille-et-Vilaine, dont 4 Rennais, les autres étant agriculteurs, sont de retour à Rennes et, le lendemain, l'Ouest-Eclair donne un reportage sous le titre "Avec nos prisonniers libérés par la relève". Dès lors l' Ouest-Eclair ne tarira pas d'articles sur des retours de prisonniers, la plupart agriculteurs. Mais à partir du 25 novembre la « relève » prend un caractère officiel en application d'une loi du 4 septembre 1942 qui stipule que tout homme de 18 ans et de moins de 50 ans, et toute femme célibataire, de plus de 21 ans et de moins de 35 ans, n'ayant pas d'enfant à charge, peuvent être assujettis à effectuer "tous travaux que le Gouvernement jugera utiles dans l'intérêt supérieur de la nation"[9]. En fait peu de femmes seront envoyées en Allemagne.

Des Français contribuent à la fabrication d'avions allemands[10]
Chambre d'un foyer de travailleuses françaises. De Europa arbeitet in Deutchsland - Berlin 1943. L’Europe travaille en Allemagne
Le quotidien Paris-Soir du 17 février 1943 annonce la seconde loi sur le SOT (16 février) qui, une semaine après, devient le STO (Service du Travail Obligatoire)

Puis, répondant aux exigences de Fritz Sauckel, le plénipotentiaire nazi pour l'emploi de la main-d’œuvre, Laval instaure, le 16 février 1943, le service obligatoire du travail,le "S.O.T", acronyme vite ridiculisé et vite renommé service du travail obligatoire : "S.T.O Wikipedia-logo-v2.svg". Les travailleurs ne se bousculant pas pour partir, les 1er et 2 mars le Feldkommandant menace dans la presse et la gendarmerie reçoit des admonestations de la Feldkommandantur 748 l'incitant à aider au regroupement des ouvriers récalcitrants requis pour la seconde "Action Sauckel". Un deuxième contingent part le 26 mars 1943. Le 21 mai on recense les jeunes nés en 1920, 21 et 22 et, le 20 octobre ceux de la classe 43. Le journal du 31 mai annonce la suppression de toutes les dérogations pour les jeunes de la classe 1942 qui devront aller travailler en Allemagne, y compris les agriculteurs et les ouvriers des usines d'armement. Cependant la gendarmerie et la police françaises semblent réticentes à l'application de cette mesure impopulaire. Vu le nombre de réfractaires, la police française en liaison avec l'armée allemande recourt aux rafles dans la rue, à la sortie des cinémas, mais elles ne sont efficaces qu'en présence des Allemands car les policiers français sont parfois négligents comme le 19 juin 1943, à la sortie du cinéma Le Français où ils ne contrôlent qu'un jeune homme sur cinq ou six. Six jeunes sont arrêtés mais une cinquantaine a échappé au contrôle[11]. Après la libération, devant les nombreuses demandes d'enquête sur des faits reprochés aux gendarmes, le commandant de la compagnie de gendarmerie d'Ille-et-Vilaine exposera que le personnel ne comprend pas qu'il lui soit reproché quelques arrestations qu'il a faites concernant le STO car dans ce domaine il a toujours fait le moins possible et, en tout cas, il n'a fait qu'obéir aux ordres qui lui ont été transmis[12]. Le 12 juillet est parti un nouveau contingent. L' Ouest-Éclair du 16 juillet annonce que les défaillants du service du travail obligatoire pourront se mettre en règle du 17 au 20 en faisant réviser en mairie leur carte de travail pendant ces quatre jours d'amnistie, période au-delà de laquelle les insoumis, ainsi que leurs employeurs ou leurs complices, s'exposeront aux peine les plus sévères, y compris pour les étudiants l'exclusion possible de l'Université. En avril et mai 1943, sous la signature de Florian Le Roy, paraissent dans l' Ouest-Eclair 16 reportages très positifs sur les conditions des travailleurs français en Allemagne et sur la vie dans l'Allemagne nazie. Son fils, Michel, dispose d’un ausweis N° 2472 et d’une autorisation de port d’arme. Il est chargé par le bureau d’embauche allemand de pourchasser les réfractaires au STO. [13]

Loi de Vichy pour contraindre au STO (Ouest-Eclair du 12 juin 1943)

Les jeunes étant pour le moins récalcitrants, on fait appel en juillet 1943 aux directeurs d'établissement pour qu'ils fournissent les listes de leurs étudiants concernés.

Recensement des classes d'âge pour le S.T.O. (Ouest-Eclair 21 mai 1943)
Juillet 1943 : séance de rattrapage pour que les réfractaires au STO se mettent en règle

La préfecture d’Ille-et-Vilaine nota dans son rapport daté de mars 1943 : « L’application de la loi sur le Travail obligatoire et les départs pour l’Allemagne qui ont suivi ont produit sur l’opinion l’effet le plus fâcheux. Ces mesures sont considérées dans l’ensemble comme tendant à la déportation pure et simple de la jeunesse du pays.

Le Gauleiter Sauckel parle aux familles ! (Ouest-Eclair 27,28.11.1943)
Appel des directeurs d'établissement à collaborer (Ouest-Eclair 17 juillet 1943)
Les travailleurs sont récalcitrants : le Feldkommandant menace dans l'Ouest-Eclair du 27 février et du 1er mars 1943

Constant Allain[14] qui, à 18 ans, à l'arrivée des troupes allemandes en juin 1940, sur la route de Rennes près de Saint-Aubin-du-Cormier, avait abattu à la mitrailleuse deux officiers supérieurs ennemis et pris des papiers importants, réussit à devenir secrétaire au commissariat à la main-d'œuvre pour l'Allemagne, rue des Dames à Rennes, où il fit entrer plusieurs membres de son réseau. Fiches égarées, fausses annotations, identités changées, permirent à des milliers de jeunes Bretons requis d'échapper au S.T.O. mais, en janvier 1944, Radio-Londres ayant décerné un "prix d'honneur du sabotage" à l'administration qui l'employait, il fut arrêté dans son bureau par la Gestapo, 48 heures plus tard, le 20 janvier .1944[15]. Le Rennais Paul Cirrode, 23 ans, employé dans les bureaux de la direction régionale du S.T.O. à Rennes, établissait de fausses cartes d'identité mais sera arrêté et déporté le 3 août[16] et libéré à Belfort le 26 août. Il décède le 8 mars 2014.

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La promesse de gros salaires pour pallier les absences de requis au STO (Ouest-Eclair du 1er décembre 1943)

Marcel Callo

Né à Rennes en 1921, dans une famille nombreuse, ouvrière et catholique, Marcel Callo est élève de 1927 à 1934 dans une école de la rue de Dinan, entre apprenti à l'imprimerie Simon et devient ouvrier typographe. Il adhère en 1935 à la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) après avoir été scout. Il se fiance. Il est réquisitionné au titre du STO le 19 mars 1943. Il est envoyé à Zella-Mehlis, en Thuringe où il continue l'action jociste. Il est arrêté le 19 avril 1944, emprisonné et déporté à Mauthausen le 24 octobre 1944 où il trouve Jean Courcier, jeune résistant communiste jugé à Rennes le 13 septembre 1941. Marcel meurt d'épuisement le 19 avril 1945. Il est béatifié en 1987 par le pape Jean-Paul II.

En mai 1944 arriva à Rennes un Groupe d'action pour la justice sociale (G.A.J.S.) du PPF chargé de traquer les réfractaires au S.T.O. mais dont les 25 agents furent surtout employés à des actions contre les maquisards[17]. Il est aussi destiné à protéger les familles des militants. Ces groupes GAPPF vont échapper au contrôle du Parti pour ne plus travailler qu'au profit du Sipo/SD (la Gestapo). Le 9 juin 1944, ce sont encore 80 Rennais requis et qui doivent se présenter au 2,rue Martenot. Au total 800 jeunes gens rennais ont été déportés pour travailler en Allemagne.

Henri Jan, réfractaire et déporté

Henri JAN est né le 3 octobre 1922 à Rennes. Cimentier coffreur, il est domicilié à Rennes, 25 rue Robiquet. Concerné par la loi du 16 février 1943 instituant le STO (Service du travail obligatoire) et imposant aux jeunes gens nés entre 1920 et 1922 d’aller travailler en Allemagne, Henri Jan choisit de ne pas partir. Il est arrêté une première fois le 19 novembre 1943 par la Gestapo, comme réfractaire. Il est incarcéré à la Prison Jacques-Cartier de Rennes jusqu’au 31 mai 1944. Il est interpellé, une seconde fois, le 21 juin 1944, après dénonciation de Claude Caravel, agent de la Gestapo introduit dans son groupe de Résistance. Il est déporté à Buchenwald, n°81273, par le convoi du 17 août 1944 au départ de Compiègne. La date de sa libération n’est pas connue[18]. Il décède le 18 février 1978 à Paris.









Références

  1. Dessin de X. de Langlais, dans La Bretagne dans la France du Maréchal, pages écrites pour les prisonniers de guerre bretons. préfecture régionale de Bretagne.visa de la P. Staffel du 19 décembre 1942
  2. Propagande nazie : Europa arbeitet in Deutschland - Sauckel mobilisiert die Leistungsreserven- Berlin 1943 : "l'Europe travaille en Allemagne". Ernst Friedrich Christoph Sauckel (1894-1946) est un homme politique allemand, responsable nazi, surnommé le « négrier de l'Europe », ayant organisé les déportations de travailleurs des pays occupés vers l'Allemagne
  3. Courrier de l'Air, N° 11- juillet 1942
  4. Ouest-Eclair du 22 juin 1941
  5. La Bretagne dans la guerre, 1939-1945, p.42 Jacqueline Sainclivier, Rennes, Ouest-France - 1994
  6. Mémoire d'un Français moyen, par René Patay - 1994
  7. Arch. dép. I&V. : 43W5, rapport bimensuel d’Information, pour l’Ille-et-Vilaine, octobre - novembre 1942
  8. Couverture d'une brochure de propagande. Berlin 1943
  9. Ouest-Eclair du 1er octobre 1942
  10. propagande nazie :Europa arbeitet in Deutchsland - Berlin 1943. L’Europe travaille en Allemagne -
  11. L'Ille-et-Vilaine 1918-1958. Vie politique et sociale, par Jacqueline Sainclivier. Collection histoire. Presse Universitaire Rennaise - 1996
  12. Rapport du chef d'escadron Métayer, commandant la compagnie de gendarmerie d'Ille-et-Vilaine - Rennes, 7 novembre 1944
  13. https://kristianhamon.blogspot.com/2015/03/
  14. rue Lieutenant-Colonel Constant Allain
  15. http://memoiredeguerre.pagesperso-orange.fr/biogr/allain-lt-c.htm
  16. Le dernier train de résistants déportés et militaires prisonniers quitte Rennes juste avant la libération
  17. Epuration
  18. http://memoiredeguerre.free.fr/biogr/jan-henri.htm