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Version du 25 février 2019 à 11:08


Gâteau empoisonné.png

Le 26 mai 1943, l’Ouest-Eclair titre en première page sur la mort d’un homme au S.T.O en Allemagne [1] pour avoir absorbé du gâteau empoisonné à la place du mari visé par deux amants à Rennes. Un long article expose les faits.

En juin 1942 le couple de Michel et Lydie Fourgeau avait été atteint par l’orage : un coup de foudre avait frappé un jeune étudiant en médecine, Paul Crossouard, 23 ans, aussi footballeur au Stade rennais, et la belle Lydie qui, ne supportant pas le mensonge avouera sa liaison à son mari, lequel va s’effacer en …contractant un engagement de travailleur volontaire en Allemagne et une procédure de divorce est engagée. Mais l’amant, apprenant que Lydie correspondait avec son mari, fait des scènes et, en mars 1943 un colis est envoyé à l’usine allemande où travaille Michel Fourgeau contenant des cigarettes, du tabac et un magnifique gâteau de Savoie,

Lydie, l'étrange patissière (Ouest-Eclair du 28.05.1943)

un dangereux gâteau : heureusement, le mari venait de recevoir à temps une lettre express de sa femme, prise de remords, l’informant que le gâteau avait été empoisonné sur l’instigation de Crossouard. Hélas, quatre camarades S.T.O. de Fourgeau se partagèrent la bonne aubaine qu’était ce gâteau abandonné et l’un d’eux en mourut, les trois autres s’en sortant par les soins de médecins allemands. L’inconséquent Michel Fourgeau fut arrêté par la justice allemande pour homicide par imprudence et condamné à plusieurs mois de prison.

Le 27 mai 1943, les deux amants, inculpés de tentative d’assassinat sont placés sous mandat de dépôt, Lydie incarcérée à la maison centrale [2] et l’homme à la prison de la rue Duhamel.[3] On perquisitionne à leur domicile du 93 bis avenue du Mail où l’on trouve un codex pharmaceutique dont une page cornée traite de la préparation du poison en cause. Le 10 mai, Lydie ayant été destinataire d’une lettre qu’elle avait adressée à son mari, retournée d’Allemagne avait peut-être cru celui-ci mort et aurait tenté un suicide par le gaz heureusement arrêté par un voisin. Le 11 juin une confrontation acerbe a lieu entre les deux amants et Paul Crossouard, qui a toujours nié toute participation, décide de prendre comme avocat Me Ribet, défenseur de Edouard Daladier au procès de Riom.

Ce n’est que dix mois plus tard, le 12 mars 1944, que la chambre des mises en accusation de la cour d’appel de Rennes, estimant que l’intention criminelle de Lydie Fourgeau avait été détruite par la lettre envoyée à son mari recommandant de ne pas toucher au gâteau, rendit une ordonnance de non lieu en faveur des deux amants qui furent remis en liberté.[4]

Références

  1. Le S.T.O. pour des Rennais
  2. Détenus des prisons de Rennes
  3. Rue Saint-Hélier
  4. L’affaire du gâteau empoisonné, un vaudeville rennais en pleine guerre mondiale ! Alter1fo.com Le magazine citoyen rennais - avril 2018