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(Page créée avec « Catégorie:Prison ===Les catégories de prisonniers=== La population des prisons peut se diviser en quatre catégories : les prisonniers pour dettes, enfermés su... ») |
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[[Catégorie:Prison]] | [[Catégorie:Prison]] | ||
La prison, selon l'ancien droit, ne devait | |||
servir que pour la garde des inculpés et n'était pas autrefois considérée comme un châtiment, d'où un régime à la fois sévère et conciliant | |||
« car dure | |||
« chose serait que le corps d'aucun fût par prison | |||
« empiré et après le cas enquis s'en allât innocent. » | |||
L'emprisonnement n'était donc qu'une mesure pré- | |||
ventive; d'ailleurs, les châtiments corporels dominaient l'ensemble de la pénalité, et quand l'accusé | |||
n'était condamné qu'à la privation de sa liberté, on | |||
l'envoyait aux galères. | |||
===Les prisonniers=== | |||
'''Les catégories''' | |||
La population des prisons peut se diviser | La population des prisons peut se diviser | ||
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de 1776 prescrivit rétablissement d'un dépôt de | de 1776 prescrivit rétablissement d'un dépôt de | ||
mendicité, mesure charitable mais inefficace, puis- | mendicité, mesure charitable mais inefficace, puis- | ||
qu'en 1787 l’intendant Bertrand de Molleville déclare | qu'en 1787 l’intendant {{w|Bertrand de Molleville}} déclare | ||
« qu'on peut évaluer le nombre des mendiants de | « qu'on peut évaluer le nombre des mendiants de | ||
Bretagne au quart des habitants, » et que Rennes | Bretagne au quart des habitants, » et que Rennes | ||
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procès sont traînés en longueur et qui, après une | procès sont traînés en longueur et qui, après une | ||
dure prévention, vont attendre dans les basses | dure prévention, vont attendre dans les basses | ||
fosses | fosses que [[La chaîne des forçats passe à Rennes !]] | ||
'''La nourriture''' | |||
Les mêmes arrêts qui réglementent les | Les mêmes arrêts qui réglementent les | ||
devoirs du geôlier prescrivent ceux du détenu. Le | devoirs du geôlier prescrivent ceux du détenu. Le | ||
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d'y estre employé un particulier à leurs frais. » | d'y estre employé un particulier à leurs frais. » | ||
La nourriture et de l'entretien du prisonnier sont définis par l’art. 25 du titre XIII de l'ordonnance de 1670 en renferme la formule : « Du pain, de l'eau et de la paille bien conditionnée. » | La nourriture et de l'entretien du prisonnier sont définis par l’art. 25 du titre XIII de l'ordonnance de 1670 en renferme la formule : « Du pain, de l'eau et de la paille bien conditionnée. » | ||
Les | Les quantités réglementées en Bretagne par les arrêts de | ||
la Cour des 26 octobre 1688 et 7 mars 1690, prescrivent aux geôliers de « fournir alternativement de | la Cour des 26 octobre 1688 et 7 mars 1690, prescrivent aux geôliers de « fournir alternativement de | ||
« deux jours l'un à chacun des prisonniers chargez | « deux jours l'un à chacun des prisonniers chargez | ||
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qualité si mauvaise qu'il a causé des vomissements | qualité si mauvaise qu'il a causé des vomissements | ||
aux prisonniers et les a rendus malades. » | aux prisonniers et les a rendus malades. » | ||
[[Fichier:Ancienne-prison-de-rennes_521802-L.jpg|250px|right|thumb|Cour intérieure de l'ancienne prison Saint-Michel]] | |||
'''Les secours''' | |||
Le régime prescrit au détenu, qui n'avait | Le régime prescrit au détenu, qui n'avait | ||
pas quelques moyens pour ajouter à sa maigre pitance, empêchait tout juste ce dernier de ne pas | pas quelques moyens pour ajouter à sa maigre pitance, empêchait tout juste ce dernier de ne pas | ||
Ligne 98 : | Ligne 112 : | ||
« laisser passer les vivres et aumosnes que l'on portera aux prisonniers aux heures de leur repas, sans | « laisser passer les vivres et aumosnes que l'on portera aux prisonniers aux heures de leur repas, sans | ||
« néanmoins faire souffrir à l'égard des brevages | « néanmoins faire souffrir à l'égard des brevages | ||
qu'on porte par jour à chacun des dits prisonniers, scavoir pour plus d'un sol d'eau-de-vie, | |||
« trois pintes de cidre, ou trois chopines de vin, | « trois pintes de cidre, ou trois chopines de vin, | ||
« une espèce excluant l'autre . » | « une espèce excluant l'autre . » | ||
Ligne 106 : | Ligne 120 : | ||
ces misérables qui, souvent en haillons, grelottaient | ces misérables qui, souvent en haillons, grelottaient | ||
dans leurs cachots, toujours froids et humides. | dans leurs cachots, toujours froids et humides. | ||
Quatre ou cinq fois par an, Mme la première | Quatre ou cinq fois par an, Mme la première Présidente convoquait une assemblée des principaux ha- | ||
bitants et faisait pour les prisonniers une quête | bitants et faisait pour les prisonniers une quête | ||
toujours fructueuse; des concerts étaient donnés | toujours fructueuse; des concerts étaient donnés | ||
Ligne 118 : | Ligne 131 : | ||
Mais en 1788, lors des troubles qui écartèrent de | Mais en 1788, lors des troubles qui écartèrent de | ||
Rennes la noblesse et le Parlement, la source de | Rennes la noblesse et le Parlement, <ref>[[Impressions d'un voyageur britannique sur Rennes en 1788]]</ref> la source de | ||
ces aumônes fut complètement tarie. « L'image du | ces aumônes fut complètement tarie. « L'image du | ||
chagrin et de la misère » que présentait notre ville | chagrin et de la misère » que présentait notre ville | ||
Ligne 134 : | Ligne 147 : | ||
« les autres, dans un bâtiment infect et peut devenir | « les autres, dans un bâtiment infect et peut devenir | ||
« le foyer d'une contagion funeste non seulement | « le foyer d'une contagion funeste non seulement | ||
« pour eux, mais pour les habitants | « pour eux, mais pour les habitants. » Le gouvernement accorda immédiatement un secours de | ||
1200 livres, qu'un an plus tard il devait renouveler | 1200 livres, qu'un an plus tard il devait renouveler | ||
sur les instantes prières du président de la Houssaye. | sur les instantes prières du président de la Houssaye. | ||
Ligne 142 : | Ligne 155 : | ||
pauvres et retenus depuis longtemps pour dettes. | pauvres et retenus depuis longtemps pour dettes. | ||
Une remontrance du 7 avril 1707 nous apprend la mauvaise exécu- | Une remontrance du 7 avril 1707 nous apprend la mauvaise exécu- | ||
tion de ce legs par les prévôts de l'hôpital Saint-Yves, qui en étaient | tion de ce legs par les prévôts de l'hôpital Saint-Yves,<ref> [[Clinique Saint-Yves]]</ref> qui en étaient chargés : les uns ne s'occupaient point de percevoir les revenus, et il ne pouvait | ||
être fait aucune délivrance ; » d'autres, pour favoriser leurs amis sous le | être fait aucune délivrance ; » d'autres, pour favoriser leurs amis sous le | ||
coup d'une incarcération pour dettes, les faisaient emprisonner quelques | coup d'une incarcération pour dettes, les faisaient emprisonner quelques | ||
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'''Mauvaise santé et décès''' | |||
Rien d'étonnant que le prisonnier d'autrefois, mal nourri, mal vêtu, couché sur | |||
Rien d'étonnant que le prisonnier d'autrefois, mal nourri, mal vêtu, couché sur de la paille | |||
humide, dans des cachots sans air, tombât souvent | humide, dans des cachots sans air, tombât souvent | ||
malade. | malade. | ||
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L'ordonnance de 1670 (titre III, art. 1) veut « que | L'ordonnance de 1670 (titre III, art. 1) veut « que | ||
les prisons soient sûres et disposées en sorte que la | les prisons soient sûres et disposées en sorte que la | ||
santé des prisonniers n'en puisse estre | santé des prisonniers n'en puisse estre incommodée; les commissaires des prisons, unanimes à | ||
constater que « les maladies sont très fréquentes à | constater que « les maladies sont très fréquentes à | ||
la Feillée parce qu'elle est très étroite, malsaine, | la Feillée parce qu'elle est très étroite, malsaine, | ||
l'air y est infect et ne se renouvelle jamais. » | l'air y est infect et ne se renouvelle jamais. » La[[ prison Saint-Michel]] était un véritable foyer | ||
d'épidémie. [[La peste à Rennes]] aux 16e et | |||
d'épidémie | 17e siècles n'épargna pas la Conciergerie, et de nombreuses « contagions s'y développèrent au XVIIIe siècle, semant la mort parmi les détenus et la terreur "par toute la ville. | ||
Un chirurgien, nommé par la Cour, « médicamente » les prisonniers malades; ceux-ci sont traités | Un chirurgien, nommé par la Cour, « médicamente » les prisonniers malades; ceux-ci sont traités | ||
soit à l'infirmerie, soit à l’hôpital Saint-Yves; | soit à l'infirmerie, soit à l’hôpital Saint-Yves; parfois même, sur leur requête et l'attestation du | ||
médecin, la Cour commue leur geôle et les fait | médecin, la Cour commue leur geôle et les fait | ||
transférer à la prison du manoir épiscopal. Les | transférer à la prison du manoir épiscopal. Les | ||
prisonniers pour dettes, plus favorisés que les | prisonniers pour dettes, plus favorisés que les criminels, peuvent, en laissant un sou par jour au | ||
geôlier, coucher dans deux « chambres hautes » | geôlier, coucher dans deux « chambres hautes » | ||
un peu moins malsaines, par leur élévation, que | un peu moins malsaines, par leur élévation, que | ||
celles du rez-de-chaussée; de plus, en cas de | celles du rez-de-chaussée; de plus, en cas de maladie grave, il est permis à ces détenus de quitter | ||
la geôle et de loger chez leur procureur. Tous | la geôle et de loger chez leur procureur. Tous | ||
doivent, bien entendu, après leur rétablissement, | doivent, bien entendu, après leur rétablissement, | ||
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Les détenus sont soignés à l'infirmerie par deux | Les détenus sont soignés à l'infirmerie par deux | ||
« filles de charité, » aux gages annuels de 72 livres | « filles de charité, » aux gages annuels de 72 livres; | ||
un aumônier leur donne des secours spirituels. | un aumônier leur donne des secours spirituels. | ||
C'est à | C'est à {{w|René de Perchambault de la Bigotière}} qu'est dû l'établissement d'un prêtre | ||
à la prison; par acte du 30 mars 1719, ce doyen du | à la prison; par acte du 30 mars 1719, ce doyen du | ||
Parlement de Bretagne assura deux rentes, l'une | Parlement de Bretagne assura deux rentes, l'une | ||
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autres besoins spirituel. » | autres besoins spirituel. » | ||
La paroisse | La paroisse de Saint-Aubin, d'où dépendait la | ||
Feillée, devait, à ses frais et dans son cimetière, | Feillée, ou [[prison Saint-Michel]], devait, à ses frais et dans son cimetière, | ||
procéder à l’inhumation des détenus qui mouraient | procéder à l’inhumation des détenus qui mouraient | ||
à la Conciergerie; le cimetière de l’Hôtel-Dieu suppléa à l’exiguité du précédent en 1782, et, sur sa | à la Conciergerie; le cimetière de l’Hôtel-Dieu suppléa à l’exiguité du précédent en 1782, et, sur sa | ||
requête, la paroisse do Saint-Aubin, « vu | requête, la paroisse do Saint-Aubin, <ref> [[Basilique Saint-Aubin]]</ref> « vu l’éloignement et l’augmentation des frais de transport, » touchait 40 sols par inhumation . La même allocation | ||
était donnée au concierge de la Tour-le-Bât pour le | était donnée au concierge de la Tour-le-Bât pour le | ||
transport des cadavres au cimetière de la Paillette. | transport des cadavres au cimetière de la Paillette. | ||
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épîces et des frais de vacation . » | épîces et des frais de vacation . » | ||
Le Procureur général de | Le Procureur général de [[La Chalotais]] n'hésite | ||
cependant pas à venir dévoiler devant le Parlement | cependant pas à venir dévoiler devant le Parlement | ||
la négligence de Michel d'Oultremer, sieur du Margat. Juge criminel au Présidial de Rennes : | la négligence de Michel d'Oultremer, sieur du Margat. Juge criminel au Présidial de Rennes : | ||
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« affaires criminelles, dit le célèbre magistrat dans | « affaires criminelles, dit le célèbre magistrat dans | ||
« sa remontrance du 13 mars 1758^, ces affaires | « sa remontrance du 13 mars 1758^, ces affaires | ||
« languissent et les accusés gémissent dans les | « languissent et les accusés gémissent dans les prisons. | ||
« Le vol | « Le vol de l’église des Trois-Maries a été fait | ||
« depuis plus de trois ou quatre ans ; deux accusés | « depuis plus de trois ou quatre ans ; deux accusés | ||
« sont dans les prisons, l’un depuis le 26 mai 1755, | « sont dans les prisons, l’un depuis le 26 mai 1755, | ||
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à l'église de Messac. | à l'église de Messac. | ||
« Pour un vol de linge fait à Rennes six accusés sont en prisondepuis plus de | « Pour un vol de linge fait à Rennes six accusés sont en prisondepuis plus de | ||
« deux ans. Pour le vol de l'église de Chantepie, treize | « deux ans. Pour le vol de l'église de [[Chantepie]], treize | ||
« accusés en prison depuis un an. | « accusés en prison depuis un an. | ||
« Pour un vol de chevaux un accusé | « Pour un vol de chevaux un accusé | ||
« est en prison depuis deux ans . | « est en prison depuis deux ans . | ||
« Pour une accusation de poison : deux | « Pour une accusation de poison : deux | ||
« accusés sont en prison depuis un an . | « accusés sont en prison depuis un an . | ||
Ligne 264 : | Ligne 263 : | ||
« sont pas expédiées... » | « sont pas expédiées... » | ||
On ne sait quelles vertes réprimandes furent | |||
adressées par le Parlement à ce magistrat du Présidial, ni surtout si elles portèrent leurs fruits. | adressées par le Parlement à ce magistrat du Présidial, ni surtout si elles portèrent leurs fruits. | ||
'''S’évader''' | |||
Le régime rigoureux subi par les criminels, leur longue prévention, avec comme perspective la corde ou les galères, devaient sans cesse susciter dans l’esprit de ces malheureux des projets | Le régime rigoureux subi par les criminels, leur longue prévention, avec comme perspective la corde ou les galères, devaient sans cesse susciter dans l’esprit de ces malheureux des projets | ||
d'évasion. D'ailleurs, réunis dans leurs chambres, ils avaient tout le temps de se concerter, de discuter le point faible du mur à attaquer, l'heure propice de la fuite. | d'évasion. D'ailleurs, réunis dans leurs chambres, ils avaient tout le temps de se concerter, de discuter le point faible du mur à attaquer, l'heure propice de la fuite. | ||
Ligne 305 : | Ligne 305 : | ||
premier étage qui, de la galerie, leur jettent des | premier étage qui, de la galerie, leur jettent des | ||
couteaux, rapidement transformés en limes. | couteaux, rapidement transformés en limes. | ||
La surveillance du geôlier interdit que ces | |||
La surveillance du geôlier interdit | misérables aient à leur disposition aucun instrument tranchant aussi se servent-ils, l'hiver, du charbon | ||
misérables aient à leur disposition aucun instrument tranchant | |||
qui leur est généreusement donné, pour « chauffer | qui leur est généreusement donné, pour « chauffer | ||
le bois à l'endroit des ferrures; » celles-ci, aiguisées, | le bois à l'endroit des ferrures; » celles-ci, aiguisées, | ||
Ligne 324 : | Ligne 323 : | ||
les détenus ont déjà escaladé les murs. | les détenus ont déjà escaladé les murs. | ||
Les prisonniers avaient | Les prisonniers avaient donc plus d'une | ||
corde à leur arc; mais point n'était besoin de toutes | corde à leur arc; mais point n'était besoin de toutes | ||
ces violences pour qui savait gagner ou du moins | ces violences pour qui savait gagner ou du moins | ||
Ligne 330 : | Ligne 329 : | ||
gardien. | gardien. | ||
des effractions et | ===Les geôliers=== | ||
aux prisons do Rennes : un volume | |||
pas. | |||
'''Une charge affermée''' | |||
Le gardien d'une prison était ordinairement désigné sous le nom de geôlier ou concierge; des guichetiers l’aidaient dans son service. On procède au bail à ferme de la conciergerie au plus offrant. Cet affermage des prisons était une source de revenus pour le Domaine du Roi, mais causait une brèche profonde dans le budget du geôlier dont il cherchait à se dédommager. Appelé devant la Cour, chambres assemblées, le postulant prête serment de bien et fidèlement exercer sa charge et d'observer les règlements. | |||
'''Les devoirs du geôlier''' | |||
Ils sont énumérés dans l’ordonnance d'août 1670 : | |||
il exerce en personne, sans intermédiaire et doit savoir lire et écrire. | |||
Il doit tenir un registre relié, coté et paraphé par le juge, avec feuillets séparés en deux colonnes pour les écrous et recommandations, et pour les doyen ou prévôt, ne doivent rien prendre des prisonniers en argent ou vivres, même volontairement offert, ni cacher leurs hardes ou les maltraiter.Ils doivent visiter les prisonniers enfermés dans les cachots au moins une fois par jour,fournir aux prisonniers pour crime du pain, de l'eau et de la paille. | |||
Pour la paille et pour ses frais de logement et de garde, le geôlier perçoit un droit :un sou par jour pour un criminel, trois sous pour un prisonnier pour dettes. Aux détenus qui en ont le moyen, il donne un lit à une place pour cinq sous par jour ou à deux places pour trois sous. | |||
Il assure le salaire de 15 livres par mois des 3 guichetiers et leur fournit en outre des lits, des meubles, de la boisson, | |||
du bois, du charbon et de la chandelle, dépense qu'il est obligé de faire, sans quoi il n'en trouverait pas. | |||
'''Il paie et facture aux prisonniers | |||
''' | |||
Il paie la consommation de chandelle nécessitée par les visites de nuit et le bris fréquent des baquets d'aisances placés dans les chambres. | |||
Il entretient des lits accordés aux détenus qui en font la demande et de ceux que ce geôlier « par humanité fournit aux femmes pour le sol | |||
par jour qu'il a d'elles". | |||
Il prend en charge la nourriture et l’entretien du prisonnier qui aide à servir dans son débit de boissons. | |||
Le geôlier de la [[prison Saint-Michel]] demanda un traitement annuel ou l'adjudication par le Domaine des fournitures de pain, d'eau et de paille mais la Cour ne lui accorda qu'un sol d'augmentation par jour et par prisonnier. | |||
'''Exactions''' | |||
Les gardes des prisons de Rennes, comme ceux de tout le royaume, se dédommageaient du prix de leur ferme en commettant de nombreuses exactions envers les prisonniers. Beaucoup de ces peu scrupuleux gardiens ne fournissent pas aux prisonniers la quantité de pain qu'ils leur doivent. | |||
Le plus grand nombre fait subir toutes sortes « d'excès et outrages » aux misérables qui plient sous le poids de leur autorité et de leurs mauvais instincts.Le concierge et sa femme vendent de mauvaise boisson vendue plus cher que dans les cabarets de la ville. Tandis qu'ils donnent aux détenus | |||
qui font valoir leur débit la liberté de boire jour et nuit, de s'enivrer et de faire du désordre, ils persécutent ceux qui ne consomment pas. Les aumônes | |||
données à la geôlière pour être partagées | |||
aux prisonniers ne le sont qu'aux clients assidus de | |||
la buvette. Ces gardiens menacent de « dépouiller » | |||
ceux qui sortent sans payer la boisson qu'ils ont | |||
prise; ils laissent leurs guichetiers rançonner ceux | |||
qui désirent entrer dans la prison pour voir ou | |||
soulager les détenus : un fils a été obligé de payer | |||
pour qu'il lui soit permis de voir son père; ils | |||
enferment les prisonniers comme il leur plaît, dans | |||
les cachots. | |||
Plusieurs prisonniers sont restés près d'un mois sur la terre des cachots, sans paille, bien que les règlements | |||
prescrivent au geôlier d'en fournir quinze livres tous les lundis : ils tombent malades à la suite de ce cruel régime, et les guichetiers refusent d'avertir le | |||
médecin. Il est rare que les prisonniers se plaignent de leur geôlier tant est forte la crainte que celui-ci leur inspire. Cependant | |||
presque tous les geôliers de Rennes eurent maille à partir avec la justice | |||
et à répondre devant le Parlement de leurs nombreuses et incessantes contraventions aux règlements. | |||
'''Porte ouverte | |||
''' | |||
En revanche, des geôliers donnent à leurs pensionnaires, bien entendu moyennant finances, la permission de sortir des prisons et de « vacquer par la ville".Moyennant la forte somme, il est des détenus qui | |||
couchent dans l'appartement même du geôlier; | |||
d'autres s'en vont le soir chez eux et, consciencieusement,reviennent le | |||
matin en prison ! | |||
D'autres vont plus loin encore et se permettent de rendre la liberté aux détenus qui leur sont confiés, ou facilitent leur évasion, tel Jean Ballue en 1599, | |||
qui, de sa propre autorité, gracie un nommé Gérard; | |||
la Cour fait d'abord emprisonner ce geôlier au | |||
manoir épiscopal et le destitue, puis accueillant sa | |||
requête, le rétablit dans sa charge, sous condition | |||
qu'il renforcera sa caution et retrouvera l'évadé. | |||
Pour les effractions et évasions qui se succédèrent | |||
aux prisons do Rennes : un volume ne suffirait | |||
pas, observe L. Delourmel, l'auteur de l'étude présentée à la société archéologique. | |||
===Références=== | ===Références=== | ||
Ligne 341 : | Ligne 401 : | ||
archive.org | archive.org | ||
''La Bretagne au XVIII^ siècle. — Les Prisons | ''La Bretagne au XVIII^ siècle. — Les Prisons'', par Ant. Dnpuy, | ||
publié dans les Mémoires de la Société Archéologique d'Ille-et | publié dans les Mémoires de la Société Archéologique d'Ille-et | ||
Vilaine, tome XVI, première partie. | Vilaine, tome XVI, première partie. |
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