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Violette Jacquet-Silberstein

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Déportée à Auschwitz-Birkenau

(9 novembre 1925, Petroșani, Roumanie - 28 janvier 2014, Paris)

Violette Silberstein est née le 9 novembre 1925, à Petroșani, en Roumanie, dans une famille juive hongroise. Elle progresse très vite en musique et plus particulièrement sur les airs tziganes. En 1938, la famille Silberstein obtient la nationalité française. En 1940, avec l'avancée des troupes allemandes, Violette, qui a 14 ans, part sur les chemins de l'exode en compagnie de sa mère. Après un mois en Bretagne, la famille vit au Havre où elle demeure jusqu'en 1942. Démobilisé, son père les a rejoints. Désormais, ils sont apatrides car le gouvernement de Vichy leur a retiré la nationalité française et il leur faut porter l'étoile jaune. Violette est alors envoyée chez des amis à Paris, bientôt rejointe par ses parents, pensant être plus anonyme en ville. Le 16 juillet 1942, c'est la rafle du Vel d'Hiv. Le danger est maintenant partout pour les juifs. La famille Silberstein entre dans la clandestinité et part se réfugier à Lille, chez un oncle maternel, qui lui ne s'est pas déclaré juif. Mais l'amant de sa tante, un italien qui trafique avec l'occupant, adepte du marché noir, dénonce toute la famille.

Ils sont arrêtés par la Gestapo le 1er juillet 1943 et emprisonnés à Loos (Nord). Ils envoyés ensuite en Belgique, d'abord à la prison Saint-Gilles, à Bruxelles puis au camp de Malines, avant d'arriver au camp d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne, le 2 août 1943. Durant tout le voyage personne ne connaissait la destination finale, les wagons sont tellement pleins qu'il faut se relayer pour s'asseoir ou s'allonger. Dès leur arrivée, les hommes et les femmes sont séparés, tandis que Violette prend la direction des baraquements, sa mère est embarquée dans un camion.

Durant plus de trois heures, elle interroge les autres détenues pour savoir où ont pu être emmenés ses parents, personne ne lui répond. La réponse vient alors de la femme en train de la tatouer, qui par un simple mouvement de la tête lui désigne deux cheminées d'où s'échappe une épaisse fumée. Violette est surprise que dès leur arrivée on ait pu les envoyer travailler dans une usine. La tatoueuse luis explique que c'est plutôt une usine de la mort.

À 17 ans, Violette, devenue le matricule 51937, comprend alors qu'elle ne reverra plus ses parents et qu'ils ont été vraisemblablement gazés. Lorsqu'un SS passe dans les blocs pour demander qui sait jouer de la musique, elle se tait, estimant qu'il serait indécent d'aller faire de la musique alors que ses parents étaient morts. Deux détenues avec qui elle venait de sympathiser se sont portées volontaires et reviennent avec des vêtements neufs et des chaussures, alors que toutes portent des galoches. Ses amies la poussent a se présenter, Violette finit par accepter, mais sa prestation au violon est tellement mauvaise qu'elle n'est pas retenue. Quelques jours plus tard arrive une nouvelle détenue à qui elle sera toujours reconnaissante, Alma Rosé. C'est une violoniste autrichienne réputée, qui en 1932, à Vienne, fonde un orchestre féminin dont elle devient la cheffe. Fille du premier violon de l'Orchestre Philarmonique de Vienne et nièce du compositeur Gustav Mahler, le frère de sa mère. Alma Rosé devient, dès son arrivée, la nouvelle chef d'orchestre du camp. Violette veut alors retenter sa chance. Le jour où elle se présente, elle arrive pieds nus et pleine de boue, on lui a dérobé ses galoches. Alors qu'elle se nettoie, elle fond en larmes. Alma Rosé prend pitié d'elle et l'incorpore d'office dans l'orchestre.

Cette nouvelle situation apporte quelques petits privilèges. Violette est effarée de voir que ces monstres, capables de tuer de sang-froid un enfant devant sa mère, peuvent pleurer à l'écoute d'un morceau de musique.

Malgré cette situation privilégiée elle tombe malade, elle est en vit malgré tout. Le 15 avril 1945, elle est libérée par les Anglais.

De retour à Paris, elle se refait une santé et du violon elle passe au chant et à la guitare. Elle chante dans les cabarets de la rive gauche, où elle reprend les grands du moment ou interprète parfois ses propres compositions. Après le mariage et la naissance de deux enfants, c'est le divorce. Elle se rend à Toulon où elle chante dans un cabaret avant d'y ouvrir un restaurant où, de temps à autres, elle se perche sur un tabouret et chante pour les clients. Elle publie en 2005, une autobiographie pour les enfants : Les sanglots longs des violons de la mort : avoir dix-huit ans à Auschwitz. Une pièce de théâtre est adaptée sur son histoire "Vis au long de la vie". La Compagnie Patrick Cosnet à plusieurs reprises va lui rendre hommage.[1].

Jardin Violette Jacquet-Silberstein

À l'âge de la retraite, elle parcourt la France pour aller témoigner dans les collèges et les lycées. À cette occasion, elle vient plusieurs fois à Rennes.

En tant qu'ancienne déportée, en mars 2009, elle entre à l’Institution nationale des Invalides, un centre d’accueil privilégié pour les victimes de la guerre, où elle est décédée à l’âge de 88 ans. Le 3 février 2014, dans la cour des Invalides, Violette Jacquet-Silberstein, chevalier de la Légion d’honneur, a reçu les honneurs militaires avant d’être inhumée, en musique, dans le carré des Invalides du cimetière de Vaugirard.

Jardin Violette Jacquet-Silberstein : dénommé par délibération du conseil municipal du 1er avril 2019.


Liens externes

Notes et références

  1. à partir de la notice rédigée par Joël David, chargé d'odonymie à la Ville de Rennes, Rennes Métropole

Projet porté par Joël David, chargé d'odonymie à la Ville de Rennes.

Propos recueillis par Elisa Triquet, médiatrice numérique.