Bannière liberation Rennes 2.jpg

A l'occasion des 80 ans de la libération de Rennes, (re)découvrez l'ensemble des
contributions autour de la Seconde Guerre mondiale et de la libération sur Wiki-Rennes.

« Maurice Schumann à Rennes sous le bombardement du 17 juin 1940 » : différence entre les versions

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche
m
relecture
m (relecture)
 
Ligne 7 : Ligne 7 :


==== Des relations ====
==== Des relations ====
'''Jean Marin''' narre que "Maurice Schumann [...] avait dû faire le grand tour par la côte basque pour passer de l'ouest de la France en Grande-Bretagne à bord d'un transport de troupes polonais. En cours de route, il avait été pris sous le bombardement meurtrier de la [[gare de Rennes]] par l'aviation italienne; près de lui, m’avait-il dit, un éclat avait décapité une femme dont la tête était retombée dans ses bras." <ref> ''Petit bois pour un grand Feu'', p.253 Jean Marin. Fayard -1994 </ref>Maurice Schumann commet l’erreur de beaucoup en croyant avoir vu des avions italiens pour lesquels la région ouest était hors d’atteinte et livrée à l’aviation allemande, ici en l’occurrence, des Dornier Do 17 Z du Kampfgeschwader 76 de la Luftwaffe. <ref> [[Bombardement du 17 juin 1940]]</ref> Le 80e anniversaire du bombardement allemand de la gare de Rennes a donné l'occasion de revenir sur cette épisode de Maurice Schumann à Rennes. <ref> https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/rennes-un-futur-ministre-sous-les-bombes-du-17-juin-1940-6871243 </ref>
'''Jean Marin''' narre que "Maurice Schumann [...] avait dû faire le grand tour par la côte basque pour passer de l'ouest de la France en Grande-Bretagne à bord d'un transport de troupes polonais. En cours de route, il avait été pris sous le bombardement meurtrier de la [[gare de Rennes]] par l'aviation italienne; près de lui, m’avait-il dit, un éclat avait décapité une femme dont la tête était retombée dans ses bras." <ref>''Petit bois pour un grand Feu'', p.253 Jean Marin. Fayard -1994</ref>. Maurice Schumann commet l’erreur de beaucoup en croyant avoir vu des avions italiens pour lesquels la région ouest était hors d’atteinte et livrée à l’aviation allemande, ici en l’occurrence, des Dornier Do 17 Z du Kampfgeschwader 76 de la Luftwaffe<ref>[[Bombardement du 17 juin 1940]]</ref>. Le 80e anniversaire du bombardement allemand de la gare de Rennes a donné l'occasion de revenir sur cette épisode de Maurice Schumann à Rennes<ref>https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/rennes-un-futur-ministre-sous-les-bombes-du-17-juin-1940-6871243</ref>.
[[Fichier:M._Schumann.png|left|100px]]
[[Fichier:M._Schumann.png|left|100px]]
Une autre source est le discours du '''duc René de Castries''' en réponse au discours de réception à l’Académie française, le 30 janvier 1975, du grand porte-parole de la France libre à Londres : « Le 17 juin, à Rennes, tandis que le bombardement écrase la gare et sème la mort, vous entendez le message du maréchal Pétain annonçant la demande d’armistice. Il vous afflige »
Une autre source est le discours du '''duc René de Castries''' en réponse au discours de réception à l’Académie française, le 30 janvier 1975, du grand porte-parole de la France libre à Londres : « Le 17 juin, à Rennes, tandis que le bombardement écrase la gare et sème la mort, vous entendez le message du maréchal Pétain annonçant la demande d’armistice. Il vous afflige. »
[[Fichier:D%C3%A9g%C3%A2ts_du_17_juin.png|250px|right|thumb|Ouest-Eclair du 29 août 1940]]
[[Fichier:D%C3%A9g%C3%A2ts_du_17_juin.png|250px|right|thumb|Ouest-Eclair du 29 août 1940]]


Ligne 19 : Ligne 19 :


==== Des anomalies ====
==== Des anomalies ====
Les relations faites par Jean Marin<ref>Voir [[rue Jean Marin]]</ref> et les propos de Schumann cités par Jacques Cressard sont étranges. Si la soif du colonel ne l’est pas - car il faisait très chaud en cette matinée du 17 juin, et surtout à bord des wagons bondés – étrange est la mention de l’explosion d’une bombe derrière Schumann qu'il situe [[ avenue Janvier]], touchant la "gare de Rennes", expression qui concerne aussi bien des voies des triages que le bâtiment de la gare des voyageurs, et pulvérisant » le train britannique, et une tête lui arrivant dans les bras. Elle n’est pas crédible s'il est alors sur l'avenue.
Les relations faites par Jean Marin<ref>Voir [[rue Jean Marin]]</ref> et les propos de Schumann cités par Jacques Cressard sont étranges. Si la soif du colonel ne l’est pas - car il faisait très chaud en cette matinée du 17 juin, et surtout à bord des wagons bondés – étrange est la mention de l’explosion d’une bombe derrière Schumann qu'il situe [[avenue Janvier]], touchant la "gare de Rennes", expression qui concerne aussi bien des voies des triages que le bâtiment de la gare des voyageurs, et pulvérisant » le train britannique, et une tête lui arrivant dans les bras. Elle n’est pas crédible s'il est alors sur l'avenue.
[[Fichier:Jean_Marin_%C3%A0_rennes.png|300px|left|thumb|Jean Marin à Rennes, le 1er août 1944, derrière lui, Maurice Schumann, à l'angle de la rue du Pré Botté et de la rue Maréchal Joffre]]
[[Fichier:Jean_Marin_%C3%A0_rennes.png|300px|left|thumb|Jean Marin à Rennes, le 1er août 1944, derrière lui, Maurice Schumann, à l'angle de la rue du Pré Botté et de la rue Maréchal Joffre]]


En fait, le bâtiment de la gare de voyageurs n’a pas été touché par les bombes allemandes lâchées, les plus proches, un kilomètre plus à l'est, sur le triage de la  de [[Saint-Hélier]] où stationnaient les trains de soldats français ainsi que sur la [[plaine de Baud]]. La gare de voyageurs n'a subi qu'un mitraillage des avions volant à basse altitude, constaté par des voyageurs se trouvant sur les quais de la gare. <ref>[[Bombardement du 17 juin 1940 : témoignages‎‎]] témoignage de François Choel, 7 ans en juin 1940 - Dr René Patay</ref> Incontestable est le témoignage du Dr René Patay, alors très impliqué à Rennes dans l'aide aux réfugiés, qui arrive du sud de Rennes, de La Massaye, par le [[boulevard Magenta]], accouru pour soigner des blessés amenés par des ambulances ensanglantées ou touchés par des éclats de verre des vitres soufflées. Il constate que la gare de voyageurs est intacte.<ref> Mémoires d'un Français moyen, p 123. René Patay – 1974 </ref>. Les rapports de la SNCF sur les dégâts causés par le bombardement allemand n’en font pas état pour le bâtiment de la gare de Rennes. Quant à l’avenue Janvier, si impactée en 1944, elle ne l’a pas été du tout en 1940, hormis des bris de vitres comme ce fut le cas sur toute la ville de Rennes.
En fait, le bâtiment de la gare de voyageurs n’a pas été touché par les bombes allemandes lâchées, les plus proches, un kilomètre plus à l'est, sur le triage de [[Saint-Hélier]] où stationnaient les trains de soldats français ainsi que sur la [[plaine de Baud]]. La gare de voyageurs n'a subi qu'un mitraillage des avions volant à basse altitude, constaté par des voyageurs se trouvant sur les quais de la gare<ref>[[Bombardement du 17 juin 1940 : témoignages‎‎]] témoignage de François Choel, 7 ans en juin 1940 - Dr René Patay</ref>. Incontestable est le témoignage du Dr René Patay, alors très impliqué à Rennes dans l'aide aux réfugiés, qui arrive du sud de Rennes, de La Massaye, par le [[boulevard Magenta]], accouru pour soigner des blessés amenés par des ambulances ensanglantées ou touchés par des éclats de verre des vitres soufflées. Il constate que la gare de voyageurs est intacte<ref> Mémoires d'un Français moyen, p 123. René Patay – 1974 </ref>. Les rapports de la SNCF sur les dégâts causés par le bombardement allemand n’en font pas état pour le bâtiment de la gare de Rennes. Quant à l’avenue Janvier, si impactée en 1944, elle ne l’a pas été du tout en 1940, hormis des bris de vitres comme ce fut le cas sur toute la ville de Rennes.
[[Fichier:Distance_St_H%C3%A9lier_-_gare_voyageurs.png|500px|right|thumb|Distance entre trains bombardés et avenue Janvier]]
[[Fichier:Distance_St_H%C3%A9lier_-_gare_voyageurs.png|500px|right|thumb|Distance entre trains bombardés et avenue Janvier]]
Les trains touchés les moins éloignés, se trouvant à plus d'un kilomètre à l'est de l'avenue Janvier, sur le triage de Saint-Hélier, il faut imaginer que Schumann aurait fait ce trajet à pied jusqu'à l'avenue Janvier pour trouver un café ouvert, ce qui en aller-retour aurait constitué un parcours de plus de 2 km. Encore faut-il observer que 156 Anglais du Royal Engineer et d'un régiment de Manchester et 3 aviateurs britanniques qui furent tués se trouvaient dans un train encore plus éloigné, sur la plaine de Baud, qui aurait dû partir vers Brest à 9h00. En supposant le parcours aller effectué par Schumann jusqu'à l'avenue Janvier, et même étant  avéré que des débris parfois importants ont été soufflés à plusieurs centaines de mètres, il est peu plausible qu'un éclat soit tombé avenue Janvier, décapitant une femme, étant exclu qu'une tête ait pu être projetée sur plus d'un kilomètre pour tomber avenue Janvier par-dessus des immeubles de plusieurs étages en rive est de l'avenue. Dès lors, la relation de Maurice Schumann se trouvant lors du bombardement avenue Janvier, à grande distance des trains bombardés, est inexplicable . Pour ne pas la mettre entièrement en doute, il faut le situer à proximité d’un triage, le plus proche étant celui de Saint-Hélier , la recherche d’un « bistrot » pour satisfaire la soif du colonel, pouvant se faire dans des rues voisines des voies ferrées, à l'est du pont Saint-Hélier, à environ 600 mètres d'un train stationné mais à plus de 500 mètres de la gare des voyageurs plus à l'ouest. Les voies de triage,a fortiori celles de la plaine de Baud, ne peuvent être confondues avec la gare de voyageurs et l'avenue Janvier.
Les trains touchés les moins éloignés, se trouvant à plus d'un kilomètre à l'est de l'avenue Janvier, sur le triage de Saint-Hélier, il faut imaginer que Schumann aurait fait ce trajet à pied jusqu'à l'avenue Janvier pour trouver un café ouvert, ce qui en aller-retour aurait constitué un parcours de plus de 2 km. Encore faut-il observer que 156 Anglais du Royal Engineer et d'un régiment de Manchester et 3 aviateurs britanniques qui furent tués se trouvaient dans un train encore plus éloigné, sur la plaine de Baud, qui aurait dû partir vers Brest à 9h00. En supposant le parcours aller effectué par Schumann jusqu'à l'avenue Janvier, et même étant  avéré que des débris parfois importants ont été soufflés à plusieurs centaines de mètres, il est peu plausible qu'un éclat soit tombé avenue Janvier, décapitant une femme, étant exclu qu'une tête ait pu être projetée sur plus d'un kilomètre pour tomber avenue Janvier par-dessus des immeubles de plusieurs étages en rive est de l'avenue. Dès lors, la relation de Maurice Schumann se trouvant lors du bombardement avenue Janvier, à grande distance des trains bombardés, est inexplicable. Pour ne pas la mettre entièrement en doute, il faut le situer à proximité d’un triage, le plus proche étant celui de Saint-Hélier, la recherche d’un « bistrot » pour satisfaire la soif du colonel, pouvant se faire dans des rues voisines des voies ferrées, à l'est du pont Saint-Hélier, à environ 600 mètres d'un train stationné mais à plus de 500 mètres de la gare des voyageurs plus à l'ouest. Les voies de triage, a fortiori celles de la plaine de Baud, ne peuvent être confondues avec la gare de voyageurs et l'avenue Janvier.


Trente ans après des faits, on peut constater que la mémoire restitue des souvenirs sujets à caution. Etienne Maignen, condisciple de Jacques Cressard au collège Saint-Vincent de Rennes, eut l'occasion de lui faire connaître ces observations sur le témoignage de Maurice Schumann, bien après la relation que le député en avait fait dans le journal ''Ouest-France''. Une hypothèse à l'appui de cette confusion est basée sur une photo prise le jour de la [[libération de Rennes]]: Maurice Schumann est en ville sur une jeep avec son ami Jean Marin : un passage avenue Janvier avec en toile de fond la gare des voyageurs endommagée a pu ressusciter, quatre ans plus tard, son aventure de la terrible matinée du 17 juin 1940 en la situant aux environs de ce bâtiment de la gare de voyageurs très endommagée par les bombardements de 1943 et de juin 1944...
Trente ans après des faits, on peut constater que la mémoire restitue des souvenirs sujets à caution. Etienne Maignen, condisciple de Jacques Cressard au collège Saint-Vincent de Rennes, eut l'occasion de lui faire connaître ces observations sur le témoignage de Maurice Schumann, bien après la relation que le député en avait fait dans le journal ''Ouest-France''. Une hypothèse à l'appui de cette confusion est basée sur une photo prise le jour de la [[libération de Rennes]] : Maurice Schumann est en ville sur une jeep avec son ami Jean Marin : un passage avenue Janvier avec en toile de fond la gare des voyageurs endommagée a pu ressusciter, quatre ans plus tard, son aventure de la terrible matinée du 17 juin 1940 en la situant aux environs de ce bâtiment de la gare de voyageurs très endommagée par les bombardements de 1943 et de juin 1944...


===='''Etienne Maignen'''====
===='''Etienne Maignen'''====
9 047

modifications

Menu de navigation