« Palais du Parlement en 1820 :"attristant" ! » : différence entre les versions

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche
Aucun résumé des modifications
 
Ligne 4 : Ligne 4 :
En 1800, la justice avait  retrouvé son antique demeure qui avait été détournée de sa destination. L’architecte  de la Commune, le citoyen Philippe Binet, chargé d’établir le devis des travaux nécessaires à la restauration et au nettoyage du Palais, avait fait de son état, au 12 messidor, un écœurant tableau.  
En 1800, la justice avait  retrouvé son antique demeure qui avait été détournée de sa destination. L’architecte  de la Commune, le citoyen Philippe Binet, chargé d’établir le devis des travaux nécessaires à la restauration et au nettoyage du Palais, avait fait de son état, au 12 messidor, un écœurant tableau.  


Le vestibule du rez-de-chaussée était encombré de dépôts de bois. L’exécuteur y remisait les pièces de l'échafaud qu’il jettait dans le passage,  maculées de boue et de sang. Des baraques le remplissaient et obstruaient les fenêtres ; elles étaient occupées, les unes par des blanchisseuses qui pavoisaient la cour du linge bariolé de leurs clients, les autres par l’échoppe de menuiserie du citoyen Dufresne, et par l’imprimerie de la citoyenne Félicité Vatar ; dans le pourtour se trouvaient divers ateliers, l’imprimerie de la citoyenne Bruté, voire des cuisines de restaurateurs.
Le vestibule du rez-de-chaussée était encombré de dépôts de bois. L’exécuteur y remisait les pièces de l'échafaud qu’il jetait dans le passage,  maculées de boue et de sang. Des baraques le remplissaient et obstruaient les fenêtres ; elles étaient occupées, les unes par des blanchisseuses qui pavoisaient la cour du linge bariolé de leurs clients, les autres par l’échoppe de menuiserie du citoyen Dufresne, et par l’imprimerie de la citoyenne Félicité Vatar ; dans le pourtour se trouvaient divers ateliers, l’imprimerie de la citoyenne Bruté, voire des cuisines de restaurateurs.


De tout cela s’échappait, par des tuyaux de poêle, une fumée qui s’attachait en couches épaisses aux voûtes de pierre, lèpre dans laquelle s’allumaient des incendie qui menaçaient de se propager dans le reste de l’édifice. L’escalier ouest était inabordable, devenu un dépôt d’ordures.  Le soir, le Temple de la Loi se transformait en Temple de Vénus.
De tout cela s’échappait, par des tuyaux de poêle, une fumée qui s’attachait en couches épaisses aux voûtes de pierre, lèpre dans laquelle s’allumaient des incendie qui menaçaient de se propager dans le reste de l’édifice. L’escalier ouest était inabordable, devenu un dépôt d’ordures.  Le soir, le Temple de la Loi se transformait en Temple de Vénus.
Ligne 15 : Ligne 15 :
Lorsque la Préfecture se fut, en 1803, transportée à l'actuel hôtel une partie de ces locaux fut assignée à l’École de Droit rétablie qui eut alors son amphithéâtre dans la salle des assises ; une autre partie fut réservée aux travaux du conseil de préfecture et du conseil général.
Lorsque la Préfecture se fut, en 1803, transportée à l'actuel hôtel une partie de ces locaux fut assignée à l’École de Droit rétablie qui eut alors son amphithéâtre dans la salle des assises ; une autre partie fut réservée aux travaux du conseil de préfecture et du conseil général.


Enfin, dans l’aile nord du Palais, plusieurs grandes pièces qui servaient jadis de salle d’audience, de salle du conseil et de buvette à la Chambre des requêtes avaient été converties en  logement particulier où habitait le secrétaire général de la préfecture  avec sa famille. <ref> Devis et cahier des charges dressé par le citoyen Binet. Archives départementales etregistre du Tribunal d’appel, 3 juin 1806 </ref> <ref>''Rennes en 1800'', audience solennelle de la cour d'appel de Rennes, du 16 octobre 1900, discours de M. Denier, avocat général. Imprimerie rennaise, 5 rue Bourbon</ref>.
Enfin, dans l’aile nord du Palais, plusieurs grandes pièces qui servaient jadis de salle d’audience, de salle du conseil et de buvette à la Chambre des requêtes avaient été converties en  logement particulier où habitait le secrétaire général de la préfecture  avec sa famille. <ref> Devis et cahier des charges dressé par le citoyen Binet. Archives départementales et registre du Tribunal d’appel, 3 juin 1806 </ref> <ref>''Rennes en 1800'', audience solennelle de la cour d'appel de Rennes, du 16 octobre 1900, discours de M. Denier, avocat général. Imprimerie rennaise, 5 rue Bourbon</ref>.
 
=== Une façade délabrée===
=== Une façade délabrée===
Vingt ans plus tard, si le palais a recouvré ses utilisations, c'est son extérieur qui laisse à désirer. Le voyageur de [[1821]] trouve le palais de justice ([[Palais du parlement de Bretagne|palais du parlement]])  "d'un aspect attristant" !  C'est du moins ce que pense un grand voyageur du temps, Régis Jean Vaysse de Villiers, inspecteur des postes-relais qui parcourt tout le royaume et l'Italie, et qui publie en [[1822]] ''Région de l'ouest, route de Paris à Rennes''. Il reproche au palais le style sévère de l'ordre toscan et "un défaut de proportion entre la hauteur insuffisante de la façade et la prodigieuse hauteur du comble". Il constate que, depuis [[1820]], "à la couleur grise et sale de la façade, a succédé le triste jaune d'un badigeon" dans sa moitié supérieure. Et la critique négative continue : "Rien de plus claustral que les corridors aux murs bruts et poudreux, aux vitres poudreuses et délabrées". Même si les peintures des salles d'audience trouvent grâce, malgré le caractère énigmatique des allégories, l'édifice est "beaucoup trop vanté". Il regrette, sur la belle place inachevée, la disparition de la [[Statue équestre de Louis XIV|statue équestre de Louis XIV]] par [[Antoine Coysevox]] et trouve quand même assez gracieux l'hôtel de ville.
Vingt ans plus tard, si le palais a recouvré ses utilisations, c'est son extérieur qui laisse à désirer. Le voyageur de [[1821]] trouve le palais de justice ([[Palais du parlement de Bretagne|palais du parlement]])  "d'un aspect attristant" !  C'est du moins ce que pense un grand voyageur du temps, Régis Jean Vaysse de Villiers, inspecteur des postes-relais qui parcourt tout le royaume et l'Italie, et qui publie en [[1822]] ''Région de l'ouest, route de Paris à Rennes''. Il reproche au palais le style sévère de l'ordre toscan et "un défaut de proportion entre la hauteur insuffisante de la façade et la prodigieuse hauteur du comble". Il constate que, depuis [[1820]], "à la couleur grise et sale de la façade, a succédé le triste jaune d'un badigeon" dans sa moitié supérieure. Et la critique négative continue : "Rien de plus claustral que les corridors aux murs bruts et poudreux, aux vitres poudreuses et délabrées". Même si les peintures des salles d'audience trouvent grâce, malgré le caractère énigmatique des allégories, l'édifice est "beaucoup trop vanté". Il regrette, sur la belle place inachevée, la disparition de la [[Statue équestre de Louis XIV|statue équestre de Louis XIV]] par [[Antoine Coysevox]] et trouve quand même assez gracieux l'hôtel de ville.
25 040

modifications

Menu de navigation