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Rue Jean-Julien Lemordant
La rue Jean-Julien Lemordant est une voie axée sud-nord partant de la rue Antoine Joly à laquelle on accède par un passage sous la voie ferrée Rennes - Saint-Malo rejoignant la rue de Coëtlogon. Elle fut dénommée ainsi par délibération du conseil municipal de la ville de Rennes le 27 février 1978.
Elle rappelle :
Jean-Julien Lemordant
(26 juin 1878, Saint-Malo - 11 juin 1968, Paris)
Julien-Louis (ses prénoms réels) perd son père maçon et pêcheur quand il a onze ans et sa mère s'installe à Rennes comme lavandière. Il fréquente les cours du soir de l'école des Beaux-Arts. Son talent repéré lui vaut des bourses de la ville. En 1895, il monte à Paris et y fréquente l'atelier de Léon Bonnat. Puis il commence en pays bigouden une observation attentive des marins et paysans. A Saint-Guénolé, dans un atelier sur rochers face à la mer, il traduit avec audace la nature violente et la lutte des hommes, au moyen de touches éclatantes et épaisses. De 1906 à 1909, il décore la salle à manger de l'hôtel de l'Epée, à Quimper : cinq grands ensembles sur la vie des gens des côtes bigoudènes avec notamment Dans le vent et Contre le vent, (visibles au musée des Beaux-Arts de Quimper) et la critique est enthousiaste. En 1899, il se mêle aux dreyfusards lors du procès d'Alfred Dreyfus à Rennes. Il devient un peintre engagé.
En 1912, le maire de Rennes Jean Janvier lui commande le plafond du théâtre : Lemordant y peint une farandole bretonne dans laquelle homme et femmes, mains nouées, bras balancés tutoient les nuages. Ce décor audacieux, loin des fadaises de bretonnerie, est inauguré par le président Poincaré à Rennes, le 1er juin 1914. Ses peintures, d'une étonnante puissance d'expression, donnèrent un nouvel élan au traitement des thèmes bretons.
Blessé sur le front de guerre le 4 octobre 1914, Jean-Julien Lemordant perd la vue. En 1918, considéré comme un héros, il fait campagne plusieurs mois aux États-Unis en faveur de la France. De multiples opérations lui permettront de recouvrer la vue avec éclipses et de reprendre la peinture, et même du service pendant la seconde guerre mondiale.
De juillet à septembre 1967, une exposition de ses esquisses et études pour le plafond du théâtre de Rennes eut lieu au musée des Beaux-Arts de Rennes. Il mourut à la suite d'une complication pulmonaire, incommodé les jours précédents par les gaz lacrymogènes. Sept personnes assistèrent à ses funérailles.