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Rue Ernest Rivière

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La rue Ernest Rivière se situe dans le quartier 8 : Sud-Gare entre la rue Ginguené et la rue de l'Alma. Cette voie fut dénommée par délibération du Conseil Municipal de la Ville de Rennes le 6 novembre 1936[1], moins d'une année après le décès du journaliste et historien rennais, et à proximité de la maison familiale qu'il occupa rue Ginguené à partir de 1929.

Cette voie rend hommage à Ernest Rivière, publiciste (1869 - 25 novembre 1935) qui participa activement au journal L'Ouest-Éclair.

Suite à la délibération du conseil municipal de la ville de Rennes du 24 juillet 1923 où de nombreuses dénominations de rues sont actées, il rédigea les biographies des personnes honorées. Celles-ci sont publiées dans différents numéros du journal l'Ouest-Eclair, très souvent unitairement, entre le 26 juillet et le 15 octobre 1923[2].

Il est décoré de la médaille de l'ordre des Palmes académiques Wikipedia-logo-v2.svg[3].

Ernest Rivière publie aussi des chroniques historiques[4] dans "La Vie Rennaise : revue du département d'Ille-et-Vilaine"[5], périodique créé en 1920 et dont la publication s'est arrêtée en 1933. Il en est d'ailleurs un temps le directeur[6]. Le rennais occupe aussi la fonction d'administrateur de la "Société Union Fraternelle Rennaise"[7].

M. Guibout, vice-président de l'Amicale des anciens de l'École libre de la Tour-d'Auvergne, évoque lors d'une assemblée générale le 13 décembre 1936 le souvenir d'Ernest Rivière, "qui a rejoint son père au cimetière de l'Est". Il ajoute "combien les anciens seront sensibles à l'attention de nos édiles, qui ont rendu un bel hommage au bon M. Rivière, si attaché de son vivant à l'École de la Tour d'Auvergne, en en faisant le titulaire d'une rue nouvelle"[8].

Rivière et le Guide Illustré de Rennes

Ernest Rivière reprit le travail d'historien de Rennes amorcé par son collaborateur et ami Adolphe Orain[9] en publiant une nouvelle version du "Guide Illustré de Rennes":

« UN GUIDE ILLUSTRÉ DE RENNES

Le premier guide important de Rennes et de ses environs date de 1901: il est dû à la plume de Adolphe Orain, chez qui le savant archéologue se doublait d'un écrivain distingué. A la fin de sa vie, M. Adolphe Orain avait songé à donner une seconde édition de son ouvrage ; mais, trahi par ses forces, il ne put réaliser son dessein, et confia ce travail compliqué à son collaborateur et ami, M. Ernest Rivière.

C'est cette édition définitive du Guide Illustré de Rennes, de M. Ernest Rivière, que publie aujourd'hui, l'éditeur Rahon-Rault[10].

Avec M. Ernest Rivière, dont tous nos compatriotes connaissent la pénétrante érudition, c'est une charmante et instructive promenade que le lecteur fait ainsi à travers notre cité.

Après un remarquable aperçu historique rétrospectif, l'auteur nous fait admirer avec lui, en détail, nos places, nos rues, nos vieilles paroisses, notre Musée, nos édifices embellis et transformés par des architectes ; il nous fait visiter nos nouveaux quartiers qui se développent si rapidement, pour terminer par une randonnée dans les verdoyantes campagnes de l'arrondissement.

Cette monographie de M. E. Rivière est illustrée de gravures et de photographies choisies avec discernement par l'auteur, et qui complètent de la façon la plus agréable son texte si savoureux.

Voila un livre qui s'adresse indistinctement aux Rennais et aux touristes, qui veulent connaître à fond la capitale de la Bretagne. Souhaitons que toutes les villes importantes de France, rencontrent des historiens et des guides aussi avisés que M. Ernest Rivière. Ce serait là de la décentralisation, et de la meilleure. Un Guide, comme celui-ci, venant à son heure, est certainement destiné à un très gros succès. »

— Jean Tild
Origine : L'Ouest-Eclair du 11 septembre 1925 • Recueilli par Manu35 • 2017licence

Ce guide illustré était disponible à la vente à la Bibliothèque de l'Ouest-Eclair.

L'hommage de Léon Le Berre[11]

Le folkloriste breton Léon Le Berre, ami et collègue d'Ernest Rivière à L'Ouest-Eclair, lui adresse un hommage posthume en rédigeant, en novembre 1935, ce long article dans le quotidien:

« Ernest RIVIERE

Voici disparu, à son tour, l'écrivain qui, dans diverses feuilles, et en dernier lieu, dans L'Ouest-Eclair, salua d'articles nécrologiques si documentés, tant de morts connus. Ernest Rivière s'est éteint dans sa 67ème année, après avoir courageusement supporté les inconvénients d'une santé déficiente. Unanimement, croyons-nous, il emporte les regrets de ceux qui l'approchèrent. Le « père Rivière », pour l'appeler de ce nom amical si populaire, était un érudit et un lettré, dont le grand plaisir était de vulgariser l'Histoire de sa Bretagne, en brave et digne homme, ayant gardé, jusqu au bout, sa foi de Breton et son culte aux Saints Protecteurs de sa race. Alors que dans sa dernière maladie, il ne pouvait plus parler, son regard s'illuminait, sa main défaillante serrait la main du prêtre, à l'évocation de Saint-Yves, son glorieux compatriote. Dans une œuvre, dont les éléments, tirés des documents d'archives, gagneraient à être rassemblés, l'hagiographie tient une belle place.

Un Breton

Ernest Rivière, dont les ancêtres terriens, de Ploubezre, avaient reçu, dans le lointain des âges, un peu de sang malouin, tenait par toutes les fibres de son âme, à ce pays de Lannion, qu'il visitait fidèlement, chaque année, en séjournant quelques jours chez ses cousins Miniot. Cependant, si son enfance se passa dans cette petite bourgade du Trégor, Ernest Rivière naquit, accidentellement, au cours d'un voyage à Paris, le 27 juin 1869. Mais il n'avait pas quinze jours, que sa mère rentrait au pays. Là l'Histoire et l'Art parlaient à l'éveil de sa jeune imagination, éclose à l'ombre du clocher aux dômes superposés, du XVIème siècle. Les vieux châteaux lui passèrent un peu de leur âme, dans les ruines gothiques de Coetfrec, et la Renaissance déployait ses grâces sur le jubé de Kerfons. Ernest Rivière, jusqu'à 8 ans, reçut ses premières impressions d'un beau pays, dans la vieille langue celtique. Ce n'était point celle, hélas ! que l'on parlait dans la capitale bretonne, où le garçonnet dut suivre son père, employé des chemins de fer de l'Ouest. L'âme de la Bretagne trouverait, ici, pour ce curieux d'Histoire, un autre truchement, dans une langue classique, comme les églises et le Parlement de Rennes. Il s'intéresserait aussi aux vieux quartiers, oubliés par la flamme de 1720.

La clef de tout cela lui fut donné à Saint-Hélier, chez les bons Frères de la Salle. L'élève se perfectionnera, dans leurs fortes études si bien que les Frères l'enverront à leur Maison de Nantes, dès l'âge de 13 ans. Muni à 16, de son brevet, il est instituteur libre à Menard-la-Barotière, en pleine Vendée. Mais, à 20 ans, ayant eu le chagrin de perdre son père, Ernest Rivière quitta l'enseignement pour venir plus facilement en aide à sa mère. Il entra à l'Imprimerie Simon, comme correcteur, et nous nous souvenons avec plaisir qu'en 1901, il eut à s'occuper de nos premiers essais.

Un homme social

Entre temps, Ernest Rivière s'occupe des cours du soir, de la rue Hoche, dont plusieurs anciens, entr'autres M. Mathurin Olivier, président de la Fédération des Amicales des Écoles Libres de Rennes, lui sont restés profondément reconnaissants. Très lié avec son ancien condisciple, M. Vignard, directeur de l'École de la Tour-d'Auvergne. Non seulement il fait partie du Conseil d'administration des Anciens, mais encore il fut un conseiller très écouté du Patronage, sous la direction des abbés Janvier et Guihard. Il fut d'ailleurs, on le sait, un homme d'œuvres et un mutualiste. Pendant trente ans, il fut administrateur de la Société de secours mutuels l'"Union Fraternelle Rennaise". Il en fut même le trésorier, jusqu'en 1907. On le voit tour tour vice-président, président, et enfin président d'honneur. Il s'intéresse au plus haut point, jusqu'à leur dissolution, à la bonne marche des corporations chrétiennes.

Les commencements du journaliste

Bien qu'il se soit toujours montré très attaché à la ville de Rennes, Ernest Rivière ne s'y maria point. Il alla demander une épouse à son Trégor natal, puisque Saint-Melaine de Morlaix et le quai des Lances appartenaient, par la race et le dialecte, à cet ancien évêché. Il épousait, en 1904, Mlle Jeanne Audren et l'amenait dans ce logis de la rue Ange-Blaise, où il avait précédemment élu domicile et qu'il ne devait quitter, pour s'établir rue Ginguené, avec sa petite famille, qu'en 1929, afin, sans doute de se rapprocher de cette splendide église paroissiale, qu'il avait tant contribué à faire sortir de terre, avec le chanoine Sallier-Dupin. Nous le voyons, bientôt, à la tête d'un hebdomadaire, le "Courrier Breton", mis au service des intérêts moraux et matériels de ses concitoyens. Mais la tourmente de 1914 balaya l'hebdomadaire, comme tant de publications qui ne survécurent pas à ces modifications profondes de la presse. Et pour comble d'infortune, Ernest Rivière allait rester dix-sept mois la jambe dans le plâtre. Enfin luisent des jours meilleurs. Le "Nouvelliste de Bretagne" l'accueille, puis vers 1920, "L'Ouest-Eclair".

A la rue du Pré-Botté

Entré comme correcteur à L'Ouest-Eclair, notre confrère fut, sans tarder, chargé de la confection de "l'Almanach" et de "l'Annuaire". Mais il se frayait très vite une place dans le journal littéraire et mondain que fut la "Vie Rennaise". Dès 1924, année où il sollicita d'entrer à la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine, où ses goûts l'attiraient, Rivière donna des études très fouillées sur l'"Imprimerie Rennaise", les "Enseignes Rennaises", etc.. Mais ce sera, en 1930, quand lui sera confiée la rédaction de l'hebdomadaire qu'il en fera un véritable compendium d'histoire locale. Sans rien retirer au Journal de son caractère critique, littéraire et artistique, traitant du théâtre municipal, des groupes d'amateurs, d'expositions de peinture et de sculpture, pour lesquelles le directeur trouve toujours un jugement juste, il fait de ses numéros de vrais cours, où telles études rivalisent, parfois, de charme avec les pages d'un Lenôtre ou d'un Funck-Brentano. Il serait à souhaiter que ses "Miettes d'Histoire" fussent recueillies en volumes. Citons au hasard, ces titres : "Vanneau et Papu" ; "la Médecine Rennes au XVIIIème siècle" ; "la Bretagne à l'Académie" ; "l'Armorial de Bretagne" ; "la Forêt de Paimpont" ; "la Franc-Maçonnerie à Rennes au XVIIIème siècle" ; "Cadet Rousselle et ses maisons"[12]. Nommons encore "Rennes d'Autrefois". Rivière ne dédaigne pas de fixer, à jamais, certaines figures qui risquent l'oubli. Elleviou[13], génial artiste lyrique de la Révolution, le grand policier moderne, Goron. Une de ses dernières chroniques de L'Ouest-Eclair fut, pour la solennité des Morts, nos cimetières, la « Sainte aux Pochons, Mme de Coëtlogon ».

Ernest Rivière et la Société Archéologique

Quel meilleur chroniqueur eût pu advenir à la savante société ? Que ce soit dans la Vie Rennaise ou dans L'Ouest-Eclair, sous la signature d'"Auditor" ou de "Spectator" avec un soin méticuleux des détails, Ernest Rivière sut prolonger l'écho des devis diserts et ne laissa point ignorer qu'il y a, à Rennes, des fervents d'archives, lisant, à livre ouvert, la geste du « Temps Jadis » comme on dit. Ce n'est pas que cet ami des Vieux Papiers ait donné, à la société, beaucoup d’œuvres. Elle a retenu "Geoffroy de Pontblanc"[14], le héros lanionnais (1925), "Jean-Marie et Felix de Lamennais"[15] et surtout la réédition du "Guide de Rennes", de son ami Orain, en 1925, avec préfaces, notes et addenda. Ce qui faisait, dans ce milieu savant, l'originalité de notre confrère, ce sont ses interventions anecdotiques, aux réunions, anecdotes complétant humouristiquement la communication des confrères. L'anecdote était son fort. C'est aussi par des histoires, nous dit un de ses amis de la Tour d'Auvergne, qu'il illustrait ses thèses de mutualiste. La Société Archéologique lui était encore reconnaissante de l'empressement, avec lequel, il veillait à la reproduction, par le cliché, de la gravure ou de la litho présentée par ses membres.

Aussi n'est-il pas étonnant que le titre d'officier d'Académie soit venu récompenser, trop modestement d'ailleurs, les mérites de l'historien et du lettré.

Les deuils cruels le frappèrent, il ne fut pas non plus sans connaître les déceptions de l'amitié. Mais il acceptait son faix avec courage, donnant l'exemple de la vie privée et de l'aide aux malheureux. Il présidait depuis longtemps, la Conférence Saint-Vincent de Paul, fondée aux Sacré-Cœurs en 1912, et il fallait entendre ses compte rendus de visites et de secours pour connaître l'exquise bonté de cet homme, dans ce quartier populaire.

Un gros vide s'est produit à L'Ouest-Eclair, comme parmi les nombreux amis que comptait le disparu. Nous renouvelons à Mme Ernest Rivière et à ses enfants, nos condoléances respectueuses et émues. L'auteur de ces lignes perd un compatriote, avec lequel il aimait à s'entretenir dans la langue d'Armor, qui fut aussi celle de Saint Yves, si aimé du disparu.

Doue da bardono d'an Anaon ! »

— Léon Le Berre, (Abalor)
Origine : L'Ouest-Eclair du 24 novembre 1935 • Recueilli par Manu35 • 2017licence

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Note et références

  1. Délibérations municipales, Archives de Rennes
  2. Voir les numéros de L'Ouest-Eclair concernés, 48 numéros au total
  3. L'Ouest-Eclair du 25 février 1930
  4. L'Ouest-Eclair du 22 mars 1930, page 5
  5. Dont les numéros en version numérique sont disponibles sur le site des Tablettes Rennaises : http://www.tablettes-rennaises.fr/app/photopro.sk/rennes/detail?docid=80001&rsid=43&pos=1&psort=datedebut:D&pitemsperpage=20&ppage=1&pbase=PERIODIQUES&target=doclist#sessionhistory-ready
  6. L'Ouest-Eclair du 5 juin 1932, page 7
  7. L'Ouest-Eclair du 5 juin 1932, page 7
  8. L'Ouest-Eclair du 14 décembre 1936, à propos de la délibération du 6 novembre 1936
  9. allée Adolphe Orain
  10. rue Bahon-Rault
  11. allée Léon Le Berre
  12. le Château branlant ou Maison de Cadet-Rousselle
  13. rue François Elleviou
  14. allée Geoffroy de Pontblanc
  15. quai Lamennais