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Rue Constant Véron

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La rue Constant Véron fut dénommée par délibération du conseil municipal de la Ville de Rennes le 28 octobre 1966. Elle prend son origine sur la rue de Brest, au cœur du quartier où siégea, à l'emplacement des anciens moulins de Bourg-l'Evêque[1], l'industriel rennais honoré. Un gymnase réceptionné en 1968 existe aux n°1 et 5 de la rue, équipé d'un dojo, d'une salle pour la danse et d'un plateau sportif, porte le nom de Constant Véron.


Constant, Jacques, Marie Véron

(30 mars 1866, à Rennes - 11 avril 1941, Rennes)

Son père, Auguste Véron, originaire de Ger dans la Manche, vient habiter Rennes, achète, en 1845, un petit magasin et organise l'achat de chiffons et de tout ce qui se récupère. Il ramasse tout méthodiquement. Célibataire, il fait la connaissance d'une jeune fille, qui a 17 ans, lui le double et qui tient (à cet âge !) un relais de diligences, peu ordinaire dans un hameau de la route de Fougères en Cesson, car seuls y sont admis les rouliers qui acceptent de s'agenouiller le soir pour la prière en commun. Victoire Trassard laissera son empreinte à ce hameau qui depuis porte le nom de "La Victoire". Ils se marient en 1862 et le couple Véron installe leur maison d'habitation et un grand magasin, rue Basse (devenue Rue de Dinan, au n°60), où va naître Constant l'aîné des sept enfants.

Les Ets Véron se situaient au nord de la rue de Brest, et juste au nord de l'emplacement actuel des immeubles Les Horizons
Site actuel des anciens éts Véron
Les Ets Véron au bord d'un bras de l'Ille (en arrière-plan une section du canal d'Ille-et-Rance, après le pont la vieille rue de Brest)
L'usine Véron (en arrière-plan à droite, bâtiment du grand séminaire)

Une entreprise textile rennaise

L'entreprise Véron emploie une trentaine d'ouvriers qui font un classement approfondi de chiffons de laine et de papeterie. En 1879, Auguste Véron décède et laisse Victoire, avec ses sept enfants, à la tête d'une grande entreprise. Constant n'a que 16 ans et se trouve encore au lycée où bientôt ne supportant pas l'injustice d'un pion envers un de ses petits frères lui fonce dessus tête baissée. Pour éviter le pire sa mère le retire du lycée et l'envoie en pension à Nantes où il étonne ses professeurs par son ardeur au travail. Constant va ensuite effectuer son service militaire tout d'abord à Pontivy, puis au 13e Hussards à Dinan, dont il sort sous-lieutenant et de plus excellent cavalier.

En 1888, Madame Véron qui a développé sa maison au prix de grands efforts meurt prématurément. Constant, qui vient de finir son service, et son frère Auguste conscients de leur responsabilité vis-à-vis de leurs frères et sœurs prennent l'affaire en mains. Cette collaboration dure jusqu'en 1891, date à laquelle pour des raisons familiales, Auguste part à Laval.

Un jeune soldat, pour occuper ses loisirs, propose à Constant Véron de surveiller la comptabilité de l'entreprise. Le jeune homme vient régulièrement, finit même par devenir le beau-frère de Constant, celui qui allait devenir plus tard, entre autre, le Premier Président de la Foire-Exposition de Rennes, dont il sera l'un des fondateurs s'appelle, Jean Le Ho [2]. Les deux associés, en 1901, vont transformer l'entreprise en industrie et font l'acquisition d'un terrain, dans l'Île Mathibus, à Bourg-l'Evêque [3]où ils montent une usine de carbonisage qui est l'élimination chimique des impuretés végétales des fils ou tissus des fibres animales et l'effilochage des déchets de laine destinés à être réutilisés pour la fabrication de drap ou d'autres produits de filature.

En 1914, à la déclaration de guerre, bien qu'il soit dégagé de toute obligation militaire, Constant Véron, à 50 ans, décide de partir et arrête son usine. Il est nommé lieutenant et se voit confier la formation et le commandement d'un groupe cycliste dont il fera progressivement une équipe de Génie. Il reste au front jusqu'en 1917, date à laquelle il est évacué pour maladie et décoré de la Croix de guerre.

À la fin de la guerre, l'association Véron-Le Ho reprend, mais en 1921 Jean Le Ho s'éloigne pour occuper de hautes fonctions dans d'autres activités commerciales. Constant Véron est alors secondé par son gendre, M. Orain, qui lui apporte une aide précieuse dans la partie administrative et commerciale, ainsi que ses deux fils, dont l'un André (gendre du Docteur Baderot[4], médecin des sapeurs-pompiers de Rennes, appelé "Docteur des pauvres"), prendra la direction de l'entreprise. Le 12 août 1933, les ateliers de l'usine situés au 56 rue de Brest subissent un début d'incendie rapidement maîtrisé[5]. Quelques jours auparavant, alors qu'il travaillait dans le bureau de son usine et qu'il avait vu se dérouler la scène, il réalise à l'âge de 67 ans son huitième sauvetage en extirpant des eaux de l'Ille une laveuse ayant glissé[6]. Il fut d'ailleurs récompensé par les Hospitaliers Sauveteurs Bretons[7] dont le président n'est autre que Léon Berthault[8].

Lors de la crise mondiale qui paralyse l'industrie française, Les établissements Véron n'y échappent pas. Constant Véron décide de tenir le coup au risque de perdre sa fortune et sa santé. Il réussit à redresser la situation et sauve l'entreprise. En 1941, ils emploient 310 personnes[9]. En 1959, dans un ouvrage sur l'Ille-et-Vilaine, sous le titre "Une industrie textile à Rennes", deux pages sont consacrées aux Établissements Véron qui emploient alors 400 ouvriers. Il s'agit alors du plus gros employeur privé de la ville de Rennes, après l'imprimerie Oberthür.

Il continue à consacrer toute son activité à l'entreprise, jusqu'à son décès. [10]

Par la suite, son fils André développe considérablement l'entreprise, jusqu'à ce que la mairie lui demande de quitter la rue de Brest pour assurer le développement du quartier. La nouvelle usine fut construite sur ce qui deviendra la ZI de la route de Lorient. Le déménagement dura deux ans. Les établissements Véron subsistent encore aujourd'hui mais le siège a été transféré au 42 rue d'Antrain, tout près de l'ancien domicile de l'industriel situé au n°48. L'entreprise est spécialisée dans le négoce des vieux métaux non ferreux.


Note et références

  1. Voir l'article de Michel Denis: "Rennes au XIXe siècle, ville « parasitaire »?", "Annales de Bretagne", année 1973, volume 80, numéro 2, pp. 403-439
  2. rue Jean Le Hô
  3. rue du Bourg l'Evesque
  4. rue Docteur Baderot
  5. L'Ouest-Eclair du 13 août 1933, page 6
  6. L'Ouest-Eclair du 29 juillet 1933, page 4 et du 30 juillet 1933, page 8
  7. L'Ouest-Eclair du 22 octobre 1934, page 7
  8. rue Léon Berthault
  9. Ouest-Eclair 12/07/1941
  10. à partir de la notice rédigée par Joël DAVID, chargé d'odonymie à la Ville de Rennes, Rennes Métropole


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