Maison des Femmes Gisèle Halimi
La maison des femmes Gisèle Halimi (Ti ar Merc'hed Gisèle Halimi), créée initialement par délibération du conseil municipal en date du 14 mars 2022 sous le nom "Future Maison des Femmes victimes de violences" a été construite dès 2023 à l'Hôpital Sud dans des bâtiments modulaires. La Maison déménagera en 2027 vers le nord de la Ville lorsque le futur CHU sera regroupé à Pontchaillou. Cet équipement a été dénommé ainsi par délibération du conseil municipal en date du 13 mars 2023 pour rendre hommage à :
Gisèle Halimi
Avocate, militante féministe (1927-2020)
Gisèle Halimi (27/07/1927 - 28/07/2020) est une avocate, militante féministe et femme politique franco-tunisienne. Née près de Tunis, dans une famille juive pratiquante d'origine modeste, Gisèle Halimi se révolte dès l'enfance contre les injustices, notamment dans le refus, en tant que fille, d'être assignée à une condition inférieure. La déception (et le récit qui lui en a été fait) suscitée par sa naissance auprès de parents qui espéraient un garçon en est peut-être la cause. L'antisémitisme qu'elle vit dans son enfance explique l'importance de son engagement en faveur de la décolonisation, tandis que l'engagement d'un oncle du côté paternel au sein du Parti communiste tunisien joue dans sa socialisation politique.
Après l'obtention de son baccalauréat au lycée de Tunis, elle refuse un mariage arrangé avec un marchand d'huile pour ses quinze ans, et obtient l'autorisation de suivre ses études en France l'année suivante. Boursière, elle obtient sa licence en droit et deux certificats de licence de philosophie à la Sorbonne tout en étant élève à l'IEP de Paris . Son diplôme d'avocat en poche (1948), elle défend à partir des années 1950 des militants de l'indépendance de l'Algérie, alors colonie française, dont notamment des membres du Front de libération nationale (FLN). À partir de l'année 1960, elle assure la défense de l'activiste et militante Djamila Boupacha , accusée de tentative d'assassinat puis torturée et violée, en détention, par des soldats français. Aux côtés de Simone de Beauvoir , elle médiatise ce procès afin de mettre en lumière les méthodes de l'armée française au moment de la guerre d'Algérie. Figure du féminisme en France, elle est la seule avocate signataire du manifeste des 343 de 1971 réunissant des femmes qui déclarent avoir déjà avorté et réclament le libre accès à l'avortement, alors réprimé en France.
En 1972, lors du procès de Bobigny, son action en tant qu'avocate de femmes accusées d'avortement illégal permet l'acquittement de trois des accusées ainsi qu'un sursis pour la quatrième, et contribue à l'évolution vers la loi Veil sur l'interruption volontaire de grossesse, en 1975. De même, sa stratégie de défense médiatisée de deux jeunes femmes victimes en 1974 d'un viol collectif jugé en 1978, Anne Tonglet et Araceli Castellano, contribue à l'adoption d'une nouvelle loi en 1980, définissant clairement l'attentat à la pudeur et le viol, permettant de reconnaître ce dernier comme un crime, alors qu'il était traité jusque-là le plus souvent comme un délit en droit français.
Proche de François Mitterrand , elle est élue députée lors des élections législatives de 1981, un mandat qu'elle occupe jusqu'en 1984. Militant pour la parité en politique, elle obtient en 1982 le vote d'un article de loi autorisant des quotas par sexe aux élections, mais le texte est annulé par le Conseil constitutionnel. Aux côtés de Robert Badinter , elle est à l'origine de la loi abrogeant la distinction de la majorité sexuelle pour les rapports homosexuels. À partir de 1985, elle occupe plusieurs fonctions successives à l'UNESCO (ambassadrice de la France) puis à l'ONU . Elle est en outre l'une des fondatrices de l'association altermondialiste ATTAC en 1998. En 2008, elle publie avec l'association Choisir l'essai "La clause de l'Européenne la plus favorisée" qui propose de généraliser à l'ensemble des citoyennes de chaque pays membre de l'Union européenne la disposition la plus favorable dans chaque domaine des droits des femmes. Gisèle Halimi meurt le 28 juillet 2020 à Paris, au lendemain de son 93e anniversaire. Elle a été promue au grade de commandeur dans l'ordre national de la Légion d'honneur le 31 décembre 2012.