A l'occasion des 80 ans de la libération de Rennes, (re)découvrez l'ensemble des
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MM. les Occupants se distraient
MM. les occupants sont bien installés à Rennes et y disposent de nombreuses distractions. Ils ont même leur West-Front Deutsche SoldatenZeitung (Gazette allemande du front ouest pour les soldats), qui affiche son implantation rue Rallier du Baty dans les locaux de l' Ouest-Journal. À l'occasion, ils ne manquent pas de faire une photo souvenir de groupe.
Faire les magasins
Les occupants, au change très favorable, aiment faire des emplettes dans les magasins de Rennes, pour eux mais surtout pour leur épouse, leur fiancée ou telle petite amie, toutes ravies de ces cadeaux de France. C'est ainsi qu'une maison, à l'angle de la rue de Nemours et de la Rue Poullain Duparc, [[, non loin de la Kreiskommandantur située au n° 15, bien achalandée d'occupants de cette KreeisKommandantur et de bien d'autres, leur vend quantité de bas de soie, corsages et chandails angora fabriqués sur place.[1] Le restaurant Métayer, 1 quai Lamennais est le plus fréquenté par les officiers allemands et les employées de l'armée allemande.
Distractions
Les occupants allemands à Rennes avaient une salle de spectacle dédiée : la salle du cinéma Le Select, 20 boulevard de la Liberté, 870 places, devenue Soldatenkino. Il leur a été aussi réservé des séances dans deux cinémas de Rennes, le Royal et le Français, mais le dimanche 28 février, au début de la séance réservée aux soldats de l'armée d'occupation l'après-midi, une bombe a explosé sans faire de victime et le Feldkommandant ordonne la fermeture des cinémas Royal et Sélect. Les spectacles donnés au théâtre municipal finissant parfois tard, les tickets avaient valeur pour les Rennais de laissez-passer pour leur permettre de rentrer chez eux.
Et il faut bien prendre en considération ces spectateurs venus d'ailleurs. Ainsi Rennes - Théatre, programme officiel du Théâtre municipal (directeur : Léo Max) qui a rouvert ses portes le 18 octobre, programmait pour la saison 1940-41 La Fille de Mme Angot, opérette en 3 actes, avec Mlle Renée Roger, première divette d'opérette, Mlle Fernande Chadel, 2e chanteuses des 1res, M. Robert Leroy, baryton en tous genres, Mlle Nado Regel, 1re Desclauzas, rennaise d'origine, orchestre et chœurs sous la direction de M. André Lhery. Désiré Faludi L'argument de l'opérette était donné en français mais suivi, en fin de livret, de la même présentation en allemand : Madame Angots Tochter.
Même présentation pour :
le Jongleur de Notre-Dame qui devient Der Glaukler der Heiligen Jungfrau et pour
le Retour des Arzonnais, création à Rennes, orchestrée par Bourgault-Ducoudray[3], avec Paul Cabanel, de l'Opéra, qui devient Die Rückker der Seeleute von Arzon[4].
Au théâtre, dont la rotonde est en façade affublée d'une grande pancarte " NSG Kraft durch Freude. Deutsches Soldaten-Theater", [5] des concerts ont parfois d'étranges exécutants étrangers : ainsi des Rennais préférèrent au Jazz l'audition d'un orchestre de la Luftwaffe,[6] l'armée de l'air allemande, en décembre 1941... et l'occasion s'offre à nouveau le 17 mars, le 5 juin 1942.
Une maîtresse en ville
Certains Allemands trouvent une maîtresse en ville, tel cet officier qui, chaque jeudi après-midi, se fait conduire rue Octave Mirbeau et descend de voiture, avec un carton de pâtisserie à la main, pour passer un bon moment chez une femme dont le mari est prisonnier. Ils joueraient du piano... Le petit garçon de cette personne a été confié à des voisins qui a un fils un peu plus âgé et les deux passent souvent cet après-midi à jouer dans une voiture remisée dans le garage. L'enfant est ramené à sa mère en fin d'après-midi.[7] On ne sait si l'épouse infidèle, de plus avec un occupant, eut des ennuis, la libération venue.
Autres occupations nocturnes
Les soldats disposaient d'un foyer du soldat (Soldatenheim), au N° 14 rue Saint-Yves et d'un autre 54, rue Saint-Hélier. Les officiers disposaient d'un "Kasino", un cercle de distractions qui occupe l'hôtel Villemain, rue Martenot.
Autre occupation nocturne des militaires, le passage dans une des trois maisons closes de Rennes : le Fémina Bar, dit aussi "Tour de Nesles", 46 rue Duhamel, La Feria, 19 boulevard Solférino et La Populaire, 13 rue Edouard Turquety, qui a été détruit lors du bombardement du 29 mai 1943, où quatre Allemands et quatre femmes ont été tués[8] ou dans des chambres louées dans des hôtels, rue de la Santé, rue de Riaval , rue Derval hôtel des Carmélites [9].
Mais les occupants, se voulant gentils, proposent aussi à leurs occupés, les Rennais, de les distraire de la dureté des temps, par des concerts militaires publics, notamment.
Pour les Rennais, circuler la nuit au delà de l'heure prescrite nécessite un permis : un Ausweiss.
Références
- ↑ Jeanine Labigne , 16 ans (Mme Le Thérizien) entretien avec Etienne Maignen, 2 mai 2024
- ↑ cours Raphaël Binet
- ↑ rue Bourgault-Ducoudray
- ↑ Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945, par Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013
- ↑ Organisation nazie. La force par la joie. Théâtre des soldats allemands
- ↑ Luftwaffe
- ↑ Gilbert Guillou. Groupe Mémoire du Vécu de l'UTL du Pays de Rennes - 2013
- ↑ Évadé de Bretagne, en Angleterre l'étudiant renseigne sur Rennes occupé
- ↑ La nuit à Rennes sous l'occupation allemande, par Erwan Saladin. Université de Haute-Bretagne Rennes 2 - 2001