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Le crime du Pertre
Un besoin d'argent
Julien, Jean-Baptiste Communal, né avec une sœur jumelle, au sein d'une famille de dix enfants, le 27 octobre 1867 à La Haute-Coudre, en Essé, Ille-et-Vilaine, était hongreur, mais castrer chevaux, cochons ou veaux était apparemment un métier pas assez lucratif car, à 24 ans, sans argent pour se marier, il décide d'agresser, au Pertre (Ille-et-Vilaine) le 8 mars 1892, Marie Gallais, 27 ans, fille d'un producteur de cidre, pour voler la fortune de ce dernier qui s'élevait à 4000 francs. Le 7 mars 1892, il avait fait une première tentative d'agression sur une femme seule à qui il réclama de l'argent ; celle-ci refuse malgré les menaces de l'homme. L'endroit est fréquenté et il juge préférable de quitter les lieux. Au hasard d'une rencontre, alors qu'il se trouve dans l'auberge où il a pris pension, il croise un certain Gallais, Jean-Julien qui vit au Bas-Chevrier avec sa fille Marie-Reine qui aura bientôt 29 ans ; Gallais est veuf depuis peu et a le projet d'acheter une ferme avec le joli pécule qu'il a mis de côté (4 000 F.) ; la conversation se poursuit : le lendemain, Gallais se rendra à la foire à la Gravelle en Mayenne ; sa fille restera pour s'occuper du bétail.
Un crime sordide
Pour Julien Communal, c'est le bon moment. Suivi de son chien, il se rend au Bas-Chevrier vers 13 h. Contrairement à ce qu'il avait imaginé, la jeune femme est présente près de son foyer ; rentrée plus tard que prévu, elle s'est préparé un bol de soupe avant d'aller rentrer les bêtes. Il salue la jeune femme, la conversation débute et alors qu'elle se penche vers le chien pour le caresser, c'est le moment que choisit Communal pour frapper sur la tête Marie Gallais. Avec la corde que devait utiliser la jeune fermière pour rentrer le bétail, il enserre le cou de sa victime qui tente de se dégager. Il lâche la jeune femme, reprend son bâton et lui assène de nouveaux coups, lui pilonnant la tête... mais elle respire encore alors, sortant son couteau, il la saisit par les cheveux et lui perce la gorge créant une forte hémorragie. Il trouve... 230 francs dans une armoire avant de jeter le cadavre dans la cheminée pour faire croire à un accident. Facilement identifié, il est condamné à mort et la grâce lui est refusée.
Guillotiné au Champ de Mars
Réveillé à 3h25, Communal ne manifeste aucune émotion, s'habille, se trompe de pied en enfilant ses bottes. Accepte l'invitation de l'abbé Roullot, aumônier de la prison. Pendant la messe à la chapelle, il est pris d'une crise de larmes. Arrivé face aux bourreaux, au greffe, il gémit : "Oh, mon Dieu !" Boit un verre de café, se plaint des liens trop serrés qui l'empêchent de respirer. Dix minutes de trajet en fourgon[1]. Il est guillotiné par Louis Deibler, fils d'Anatole Deibler, à 4 heures le 20 juillet 1892, à Rennes, sur le Champ de Mars, au coin à l'angle du boulevard de la Liberté et du boulevard Magenta.
Pratique courante à l'époque (et jusque vers 1930) le "crime du Pertre" fait aussitôt l'objet d'une complainte* de 15 couplets, sans refrain, œuvre d'un auteur inconnu, éditée par l'imprimerie P. Durand, 2, rue des Fossés[2]. Le Journal de Vitré imprimera une feuille volante en supplément à son numéro du 9 avril 1892, la complainte n'y comportant que 10 couplets (sur l'air "L'orpheline de Vincennes"). D'autres complaintes sortent aussi sur le même thème, telle celle intitulée "Le crime du Pertre, complainte sur Marie Gallais assassinée par Jean Communal " comportant 22 couplets[3] [4].
références
- Complainte : texte chanté, contemporain du crime, racontant, dans un but informatif et/ou édifiant, les détails du fait divers.
- ↑ Palmarès des exécutions capitales : 1871-1977. laveuveguillotine.pagesperso-orange.fr/Palmares1871_1977.html
- ↑ BNF, Chansons sur des assassinats – GR FOL WZ 90
- ↑ BNF, Chansons sur des assassinats – GR FOL WZ 90
- ↑ CLAMOR. Centre pour Les humAnités nuMériques et l'histOiRe de la justice. MUSÉE D’HISTOIRE DE LA JUSTICE, DES CRIMES ET DES PEINES