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La grande crue de janvier 1881
Déjà, 230 ans avant
« Le vendredy, 13 janvier 1651, il a faict un si grand debordement d'eaux qu'on alloit par batteaux depuis la porte de Toussaincts jusques à la Pomme-dePin, rue Vasselot, et de là jusques au bas de la rue de Champdollans, mesme en la rue Sainct Germain et aux faubourgs St Hellier et Levesque, La Perrière et autres lieux; et a entré leau jusques au chœur de leglize de Toussaincts, qui a fait grand dommage à leglize et a duré jusques au 19e dudit moys.
Et en 1664 : Le dimanche 17 aoust, environ les neuf heures du matin, les processions géneralles ont sorty de la Cathedralle St Pierre et allées à St Melaine prendre la châsse où sont les Reliques de Mr St Amand evesque de Rennes; et ont esté solemnellement apportées à St Pierre où fut ditte la grande messe, et puis repportée audict St Melaine avecq touttes les paroisses et convents et quantité de personnes, pour obtenir par la fabveur de Dieu, soubz l'invocation dudict Sainct, la sérénité du temps et cessation des pluyes qui avoint continué depuis deux à trois mois; et dés ledict jour, par un miracle extraordinaire, les pluyes cessèrent.
Journal du sieur Duchemin, bourgeois de Rennes au XVIIe siècle
Une crue très soudaine et très forte
Dans la nuit du jeudi 27 au vendredi 28 janvier se produit une crue d'exceptionnelles ampleur et soudaineté. Déjà en octobre 1880, l'automne très pluvieux avait causé des inondations rue Basse et rue de Brest. Début janvier 1881, des chutes de neige sont importantes (15 cm d'épaisseur) mais le 26, le vent tourné au sud relève fortement la température et la neige fond alors qu'une pluie chaude tombe sur le bassin de la Vilaine et le débit du fleuve atteint 2,16 m par seconde en ville. Le bief d'Apigné est un lac de 300 à 900 mètres de largeur, celui du Comte de 500 mètres.
Le samedi, sont entièrement inondés les rue et faubourg de Brest, une grande partie de la rue Saint-Hélier, une grande partie de "la Californie" (quartier compris entre l'avenue de la gare et et le bras sud non canalisé de la Vilaine), le Mail, la Prévalaye, les rue Chicogné, du Pré-Perché, du Champ-Dolent, les caves des immeubles bordant les quais. Quelques centimètres de plus et les rues riveraines du centre étaient envahies.
qui toucha surtout les pauvres
Plusieurs centaines de foyers sont sinistrés qui logeaient 1500 Rennais environ. Un tiers des indemnisations va aux habitants de la rue et du faubourg de Brest. Après une enquête menée difficilement mais rondement, en huit jours, par les quelque quarante agents de la police municipale, chargés d'une inspection des sinistrés, d'une visite pour évaluer les dégâts, du contrôle des demandes d'indemnisation et de la rédaction de fiches, 433 foyers sont indemnisés. Les fiches sont parfois accompagnées de lettres de "gens d'en bas" car les quartiers touchés étaient ceux des familles les plus pauvres comme l'indiquent les fiches de police qui laissent deviner des intérieurs d'un extrêmes dépouillement : souvent une seule chambre avec paillasses sur de modestes sommiers et quelques meubles. La moyenne des pertes déclarées s'élève à 152 francs, soit cinq mois de salaire si le conjoint ne travaille pas. Les blanchisseuses sont particulièrement touchées, ainsi que les veuves. Les victimes n'étaient pas assurées. Seuls les artisans et commerçants, pour lesquels il est vital de relancer leur activité, bénéficient vraiment d'indemnités correctes.
Au bout du compte, la municipalité consacra 11 428 francs aux sinistrés, soit moins de 1% du budget de la ville, bien peu car une partie de cette somme résultait de souscriptions volontaires. Les services de l'Etat estimèrent la note à 241 000 francs.
On va, bien sûr, chercher des responsables et des solutions. Vont exiger des travaux le conseil général, des conseils municipaux, la chambre de commerce, une vingtaine de notables rennais - dont le maire Edgar Le Bastard - qui écrivent au ministre des Travaux publics. Le 15 novembre 1882, la Californie, la rue de Brest et le Mail sont à nouveau inondés.
D'études en procès avec les propriétaires privés, ce n'est que quatorze ans après la grande crue de 1881 que les travaux de prévention des crues purent démarrer et la réception définitive en fut faite le 25 juillet 1899 et jusqu'en 1914, de nombreuses constructions d'égouts et de boulevards le long du canal vont être entreprises.[1].
Références
- ↑ Inondations à Rennes : la grande crue de 1881 par Jean-François Tanguy. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine, t. CX1 - 2007
Lien interne
- Hymne à Rennes quatrain 37