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Julien François Lognoné

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Construction de la statue de «La liberté éclairant le monde»

Julien François Lognoné est né le 2 décembre 1821 et décédé le 29 juillet 1884, à l'âge de 62 ans, soit un an avant l'entrée en 1885 de la statue de «La liberté éclairant le monde» dans le port de New York. En préparant son fils Théophile Joseph Lognoné aux inventions nouvelles, il fut un précurseur à s'intéresser au développement de l'horlogerie. La loi du 23 mai 1863[1] libéralisant la création des SARL, jusque-là privilège impérial, facilite cet essor entrepreneurial.

Lorsqu'il a 30 ans, la Grande exposition des produits de l'industrie de toutes les nations se tient au «Crystal Palace» de Joseph Paxton à Hyde Park, Londres, à l'été 1851.

Par la suite, l'Exposition universelle de Philadelphie en 1876 a révolutionné l'industrie horlogère, en particulier aux États-Unis où étaient construites des manufactures entièrement intégrées.

Rennes, au coeur des échanges avec Philadelphie, capitale horlogère de l'Amérique lors du centenaire de 1876

Le 17 juin 1885, sous les acclamations, la statue de la Liberté arrive en pièces détachées, dans le port de New York. Partie de Paris jusqu'à Rouen par chemin de fer, la célèbre œuvre de Bartholdi entreprend la traversée de l'Atlantique à bord de "l'Isère".

La Ville de Rennes a participé au financement de la statue de la Liberté érigée à la suite du centenaire de la fête de l’Indépendance américaine célébrée à Philadelphie en 1876, au même titre que les villes de Brest et Quimper[2].

Le bras tenant la torche resta à Philadelphie 5 ans, avant de revenir en France pour être ajusté sur le reste de la statue[3].

L'influence d'Edouard Laboulaye

Édouard Laboulaye (1811-1883)

C’est à Édouard Laboulaye que l’on doit l’idée de ce projet et c’est son énergie et son amour de l’Amérique qui en ont permis la réalisation. L’Amérique dont il s’agit est celle de l’Union, celle du Nord anti-esclavagiste, dont Laboulaye s’était fait en France le champion, alors même que l’Empire, comme l’Angleterre, semblaient pencher plutôt en faveur des confédérés sudistes, notamment pour des raisons économiques. Dans un article intitulé « Les États-Unis et la France», il écrivait  :

* É. Laboulaye, « Les États-Unis et la France », L’État et ses limites, Paris, Charpentier, 1865, p. (...)[4]

  • Quelles que soient les souffrances de l’industrie, quels que soient les calculs des diplomates, il y a un fait qui domine tout : c’est l’esclavage. La victoire du Nord, c’est la rédemption de quatre millions d’hommes ; le triomphe du Sud, c’est la perpétuité, c’est l’extension de la servitude avec toutes ses misères et toutes ses infamies. […] Chez nous, Français, est-il possible que la cause de l’esclavage soit jamais populaire ? Nos pères ont été en Amérique, avec Lafayette et Rochambeau, pour y soutenir la liberté. C’est là une de nos gloires nationales ; c’est par ce service rendu aux États-Unis que nous sommes là-bas des frères et des amis. Effacerons-nous ce passé mémorable ? Le nom français sera-t-il associé au triomphe du Sud, c’est-à-dire, quoi que nous fassions, à l’esclavage éternisé ? Cela ne se peut pas.

Titulaire de la chaire d’Histoire des législations comparées de 1849 à 1883, administrateur du Collège de France de 1873 à 1883, Édouard Laboulaye fut un homme d’influence, qui marqua de son action les relations entre la France et les États-Unis et joua un rôle important dans la vie intellectuelle et la vie politique de la France entre 1848 et 1883.

Rennes au coeur de la campagne de 1876

En France, la campagne de financement pour la Statue débuta à l'automne 1875[5]. C'est l'Union franco-américaine, fondée en 1874, qui se chargea d'organiser la collecte des fonds pour la construction de la Statue. Le conseil municipal de Rennes fut saisi en 1876.

Une statue de la Liberté, une idée neuve ? Pas vraiment

La Révolution française créa un véritable culte à la Liberté, premier mot de la devise proclamée de la République. L’amour de la Liberté fut célébré par la jeune République française.

Pensée et façonnée par le sculpteur rennais Jean-Baptiste Barré, la statue rennaise allégorique de la Liberté, une femme tenant une lance, avait subi les outrages du temps et des intempéries. Son visage et une partie du drapé de son vêtement s'étaient même détachés.

Sources

[Raconte-moi Rennes] Jean Leperdit, la statue de la liberté[6]

La Liberté a retrouvé sa colonne au Thabor[7]

La migration des Bretons vers l'Amérique de la Liberté à partir de 1880 : un débouché pour l'horlogerie

Le phénomène d’émigration singulier, unissant civils et religieux, s'inscrit dans un mouvement migratoire similaire à d'autres départements de l'Ouest de la France. Pour les civils, le profil des candidats à l’émigration correspond aux normes souhaitées par les gouvernements américain et canadien qui, par une action dynamique de propagande, souhaitent attirer des ruraux catholiques pour coloniser les grandes plaines. Quant aux religieux, l’avènement d’un politique anticléricale en France crée des conditions inédites. Les congrégations religieuses d’origine locale, conséquence du renouveau religieux, trouvent alors une solution de repli par l’envoi hors métropole de leurs jeunes religieux.

Comme d'autres produits échangés de l'autre côté de l'océan : miroirs, textiles et eaux-de-vie ; les horloges ont accompagné les mouvements migratoires de famille.

Pendant la période d'émigration dans les montagnes noires, des familles du centre-Bretagne partaient aux États-Unis avec ces fameuses horloges dans leurs affaires.

L’ère des inventions nouvelles

La loi du 23 mai 1863 libéralise la création des SARL

La loi du 23 mai 1863[8] libéralise la création des SARL, jusque-là privilège impérial, mais plus encore une opposition démocratique unissant libéraux et républicains de tous bords remporte des succès électoraux les 31 mai et 1er juin à Paris[9].

La fabrication d'horloges inspirées du Second Empire

Horloge Lognoné inspirée du Second Empire marqué par les bois noirs ou noircis et les incrustations de nacre
Moteur à air chaud Stirling remis au goût du jour par l'horloger Claude Lognoné
Moteur à air chaud Stirling de l'horloger Claude Lognoné

Les descendants de Julien François Lognoné vont commencer à fabriquer des horloges du XIXème siècle jusqu'au milieu du XXème siècle, horloges Lognoné.

Un modèle particulier remonte aux influences de la période de Napoléon III marquée par des pendules murales noires aux incrustations de nacre.

Autrement appelées horloges "oeil de boeuf", elles reflètent le style du Second Empire avec un certain goût pour les bois noirs ou noircis.

Si les mécanismes horlogers étaient produits dans d'autres régions, ils étaient assemblés avec le bâti en bois, lui produit localement.

La naissance d'une passion familiale pour les moteurs et l'industrie

Un Moteur Stirling aussi appelé générateur à air chaud, représente un objet scientifique aussi incroyable à faire fonctionner qu'à exposer chez soi.

L'un de ses descendants de Julien François Lognoné, l’horloger Claude Lognoné a remis au goût du jour le moteur à air chaud Stirling qui concurrença jadis la machine à vapeur de Papin. Fils du bijoutier-horloger Léon Lognoné, 121 objets de collection et documents relatifs à son savoir-faire sont conservés au Musée de Bretagne (Les Champs Libres) à Rennes.

Passionné de moteurs depuis sa plus tendre enfance, il rêvait et cherchait déjà le moteur sans combustible depuis ses 8 ans.

L'histoire du moteurs à air chaud Stirling

Au début du XIXe siècle, les chaudières à vapeur explosent assez souvent. Pour répondre à ce problème, Robert Stirling imagine un moteur dépourvu de chaudière soumise à de trop fortes pressions, où la chaleur est donc apportée de l’extérieur de la machine. Il découvre qu'il suffit de chauffer l’air ambiant par combustion pour alimenter ce moteur en énergie et c'est ainsi que Stirling dépose son brevet le 27 septembre 1816. Il est aussi l'inventeur d’un régénérateur dans la tuyauterie du moteur qui permet d’éviter trop de pertes d’énergie et améliore son rendement.

Robert Stirling (25 octobre 1790 - 6 juin 1878) était un pasteur, mécanicien et métallurgiste écossais. La légende veut que, catastrophé par les accidents récurrents des chaudières à vapeur décimant ses paroissiens, liés à l'absence de normalisation des matériaux, le pasteur Stirling mit toute son énergie à améliorer les machines à vapeur, alors indispensables, pour créer le moteur à combustion externe portant depuis son «patronyme». Sa machine utilisait une nouvelle invention de son cru, un régénérateur, qu'il appela économiseur.

Dans le contexte d’évolution des techniques métallurgiques du XIXe siècle, combustibles, foyer et chaleur étaient des éléments essentiels car l’acier et le fer ont des températures de fusion élevés.

1878, John Ericsson se tourne vers une solution utilisant un cycle de Stirling avec son moteur « à air chaud »

Wilhelm Siemens reprit l’idée de Robert Stirling brevetée en 1816, puis Friedrich Siemens prit un brevet en 1856 pour un appareil de régénération de la chaleur. À partir de 1878, John Ericsson se tourne vers une solution utilisant un cycle de Stirling avec son moteur « à air chaud » (moteur Ericsson) avec un déplaceur et construit, en partenariat avec la DeLameter Iron Works puis la Rider-Ericsson Engine Company, un nouveau moteur. Ce moteur sera aussi un succès, il sera produit aux États-Unis jusqu'au début de la Première Guerre mondiale.