"Vivre à Villejean", journal de l'Association des Résidents de Villejean
L'Association des Résidents de Villejean, créée en juin 1967, s'est d'abord exprimée à travers une brochure annuelle : Aujourd'hui Villejean (trois numéros). Début 1970 est décidé le passage à un journal publié tous les deux mois et distribué gratuitement dans les boîtes aux lettres (6 000 exemplaires). En mai paraît le numéro 1 de Vivre à Villejean ?
La parution se poursuit régulièrement jusqu'au numéro 64 (mai-juin 1983). Après sept ans d'interruption, le journal reparaît en décembre 1990 (avec une nouvelle fois, par erreur, le numéro 64)… Une nouvelle interruption a lieu en 2005-2007. En mai 2011 paraît le numéro 116 (par erreur noté 115 et daté de décembre 2010).
Il est en définitive possible de distinguer dans l'histoire du journal trois étapes et donc trois séries : une première série du numéro 1 au numéro 64, une série intermédiaire du numéro 64 (bis) au 78 et une deuxième grande série à partir du numéro 79.
Première série : mai 1970 (n° 1) à juin 1983 (n° 64)
Le journal est réalisé, en noir et blanc, selon le procédé de l'imprimerie traditionnelle au plomb. A partir du n° 3, l'impression est assurée par l'Imprimerie Commerciale, boulevard Laënnec, qui est, à l'époque, l'imprimerie du PCF et des organisations amies.
En règle générale, c'est un huit pages (exceptionnellement dix ou douze), cinq fois par an en moyenne. Une formule s'impose assez vite : un texte fort à la une (parfois un dessin ou une photo), un dossier en pages centrales (logement, charges, transports…), ailleurs des articles divers, la page 6 étant traditionnellement réservée aux communications d'autres associations ou organismes du quartier. Des photos (deux ou trois, parfois cinq ou six) viennent illustrer la vie du quartier.
La publicité est répartie de manière variable dans le numéro (elle est bannie de la une à partir du n° 5). Car la publicité est la principale source de financement du journal, complétée par la trésorerie de l'association, c'est-à-dire pour une part la subvention municipale.
Comme il est habituel, le président en exercice de l'association est le directeur de la publication. Au long de cette période, la cheville ouvrière du Vivre à Villejean ? est Jean-Claude Le Floch (préparation, mise en page, correction, organisation de la distribution par un réseau de bénévoles, recherche de publicité).
Les premières années du journal sont marquées par un procès. Le numéro 5 a publié un billet mettant en cause les délais d'attente à la "Maison Médicale" de l'avenue Winston-Churchill. Une plainte en diffamation est jugée en janvier 72 : 500 F d'amende chacun pour le directeur de publication et l'auteur de l'article et 300 F de dommages et intérêts à chacun des quatre médecins, peines réduites à 250 et 100 F par le jugement en appel du 13 octobre. L'affaire est largement interprétée comme une manœuvre politique contre l'association et son journal.
Série intermédiaire : décembre 1990 (n° "64") à juin 1995 (n° 78)
Le long silence de 1983 à 1990 traduit une période où l'activité de l'ARV est en veilleuse et où se pose la question du maintien de l'association.
Janine Palm, présidente depuis 1979, et qui incarne la continuité de l'association, impulse en 1990 un nouveau départ avec le soutien d'une équipe souvent proche du mouvement "Rouge et Vert".
L'en-tête de Vivre à Villejean change (et le titre perd son point d'interrogation). La fabrication également : le journal est désormais tiré en offset par l'imprimerie de l'OSCR (ce qui va durer jusqu'au numéro 112). La périodicité se réduit à trois numéros par an.
Janine Palm laisse la présidence en 1994 ; le relais est pris pour un an par François Prévost.
Deuxième série : novembre 1995 (n° 79) à mai 2011 (n° 116)
Changement de direction : c'est maintenant Francisco San Geroteo qui est aux manettes et va le rester presque sans interruption. Le journal ne cache plus tout à fait certaines préférences politiciennes. François Prévost, devenu conseiller municipal et "élu de quartier", n'est pas ménagé. François André, qui lui succède en 1981, est bien accueilli ("C'est bien. Nous l'avions souhaité" : n° 101) mais verra s'amenuiser son capital de sympathie au fil de l'expérimentation du nouveau dispositif municipal (direction de quartier et conseil de quartier).
Changement d'en-tête : le logo de la première série est repris, désormais en vert.
Techniquement pas de changement ; si ce n'est qu'après le numéro 112 la photocopie, réalisée à Villejean, prend la relève jusqu'à ce faux 115 dont l'impression est prise en charge par la BNP.
La périodicité reste de trois numéros par an en moyenne, si on défalque la coupure des années 2005-2007. Les parutions sont régulièrement alignées sur les animations auxquelles l'ARV est fidèle d'année en année : le Père Noël, les belotes, la braderie jeunesse et la Fête de Quartier du mois de juin… Les photos gardent trace de ces activités et leurs animateurs.
Le ton est ainsi plus celui d'un bulletin intérieur d'amicale que celui d'un journal couvrant la vie du quartier. Est abandonnée la formule du dossier central, ainsi que la page bloc-notes interassociative. Deux nouvelles rubriques s'imposent : la recette de cuisine et la rubrique consacrée à une rue de Villejean.
En définitive, on ne peut nier le rôle important joué depuis quarante ans par Vivre à Villejean dans la construction d'une cohésion villejeannaise faisant prévaloir le lien local de proximité, nerf de la citoyenneté, sur les différences et différends de toute sorte.
La collection de Vivre à Villejean est ainsi d'un grand intérêt pour la connaissance des phases de l'histoire du quartier et de l'évolution d'un comité de quartier aux prises avec les avatars des politiques de quartier municipales. Le suivi même des encarts publicitaires peut être instructif.
Références
La collection est accessible à l'ARV ou dans des collections particulières ; la Bibliothèque des Champs Libres possède une collection (incomplète) mais d'accès réservé (dépôt légal).