« Rue de Dinan » : différence entre les versions

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[[Fichier:1200 gh.jpg|thumb|Rue de Dinan.    Carte postale début xxème siècle.    Coll. YRG et AmR 44Z1884]]
[[Fichier:1200 gh.jpg|thumb|Rue de Dinan.    Carte postale début xxème siècle.    Coll. YRG et AmR 44Z1884]]
En [[1892]], la [[rue de Dinan]] portait encore le nom de [[rue Basse]] par opposition à l'ancienne [[rue Haute]] (aujourd'hui [[rue Saint-Malo]]) et faisait partie de la route nationale 137 de Bordeaux à Saint-Malo. Elle était classée route de grande voirie et la poste aux chevaux l'empruntait pour gagner la [[place Sainte-Anne]] via la [[rue Saint-Louis]]. On y remarque la maison de retraite de Saint-Thomas de Villeneuve pour personnes âgées, le théâtre du vieux Saint-Étienne (ancienne église), et le collège d’Échange.  
En [[1892]], la [[rue de Dinan]] portait encore le nom de [[rue Basse]] par opposition à l'ancienne [[rue Haute]] (aujourd'hui [[rue Saint-Malo]]) et faisait partie de la route nationale 137 de Bordeaux à Saint-Malo. Elle était classée route de grande voirie et la poste aux chevaux l'empruntait pour gagner la [[place Sainte-Anne]] via la [[rue Saint-Louis]]. On y remarque la maison de retraite de Saint-Thomas de Villeneuve pour personnes âgées, le [[théâtre du Vieux Saint-Étienne]] (ancienne église), et le [[collège d’Échange]].  


Cette voie fût dénommée par délibération du Conseil Municipal de la Ville de Rennes le 27 avril 1892.
Cette voie fût dénommée par délibération du Conseil Municipal de la Ville de Rennes le 27 avril 1892.
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Les 10 907 habitants de Dinan sont appelés Dinanais et Dinanaises.
Les 10 907 habitants de Dinan sont appelés Dinanais et Dinanaises.
[[Fichier:Rue_de_dinan_en_1814.jpeg|300px|right|thumb|dessin réalisé à hauteur de la rue Noël du Fail, rue de Dinan : le vieux Saint-Etienne, à gauche l'ancien hôpital militaire de la rue d'Echange et, à sa droite en arrière-plan, le sommet d'une tour de la cathédrale]]
[[Fichier:Rue_de_dinan_en_1814.jpeg|300px|right|thumb|Dessin réalisé à hauteur de la [[rue Noël du Fail]], rue de Dinan : le vieux Saint-Etienne, à gauche l'ancien hôpital militaire de la [[rue d'Échange]] et, à sa droite en arrière-plan, le sommet d'une tour de la [[cathédrale Saint-Pierre|cathédrale]] ]]
== Septembre 1820 : embarras de circulation et altercation rue Basse ==
== Septembre 1820 : embarras de circulation et altercation rue Basse ==


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Ne pouvant me résigner à pareille attente, j'ai fait éclater mon impatience, et de la voix et du geste, et enfin par la menace de la police. Voyant que mes gestes, mes paroles et mes menaces étaient sans effet, j'ai mis pied à terre, et signifié d'un ton énergique au conducteur de me livrer passage, en se rangeant, ou de me dire qu'il ne le voulait pas. Croira-t-on que toute la populace, tous les boutiquiers du faubourg se sont déclarés contre moi, en donnant raison au paysan qui refusait de se ranger, et tort au voyageur qui ne voulait pas attendre qu'il eût déchargé ses fagots, ce qui paraissait aussi juste au tribunal populaire qui me condamnait, que lui semblait déraisonnable ma prétention contraire ? Je me suis alors avancé à pied, d'un air très décidé à n'avoir pas le dessous, pour en appeler de ce jugement à celui de la police ; mais, comme on pense bien, personne ne voulut m'indiquer le commissaire du quartier, tout le monde étant contre moi. "Allez, allez le chercher, votre commissaire" me répondait-on d'un air de bravade ; ce qui prouve bien combien l'autorité a peu d'empire sur ce peuple. En m'avançant et m'éloignant du lieu de la scène, j'espérais trouver plus de complaisance, et dans tous les cas, je connaissais la mairie, et j'allais y solliciter la levée de l'embargo auquel était condamnée ma voiture, lorsque je vois arriver, derrière moi, le paysan ayant jugé à propos de ne pas braver plus long-tems les suites dont je le menaçais, et prévoyant bien sans doute qu'il serait lui-même la seule victime de son entêtement et des mauvais conseils qu'on lui donnait.
Ne pouvant me résigner à pareille attente, j'ai fait éclater mon impatience, et de la voix et du geste, et enfin par la menace de la police. Voyant que mes gestes, mes paroles et mes menaces étaient sans effet, j'ai mis pied à terre, et signifié d'un ton énergique au conducteur de me livrer passage, en se rangeant, ou de me dire qu'il ne le voulait pas. Croira-t-on que toute la populace, tous les boutiquiers du faubourg se sont déclarés contre moi, en donnant raison au paysan qui refusait de se ranger, et tort au voyageur qui ne voulait pas attendre qu'il eût déchargé ses fagots, ce qui paraissait aussi juste au tribunal populaire qui me condamnait, que lui semblait déraisonnable ma prétention contraire ? Je me suis alors avancé à pied, d'un air très décidé à n'avoir pas le dessous, pour en appeler de ce jugement à celui de la police ; mais, comme on pense bien, personne ne voulut m'indiquer le commissaire du quartier, tout le monde étant contre moi. "Allez, allez le chercher, votre commissaire" me répondait-on d'un air de bravade ; ce qui prouve bien combien l'autorité a peu d'empire sur ce peuple. En m'avançant et m'éloignant du lieu de la scène, j'espérais trouver plus de complaisance, et dans tous les cas, je connaissais la mairie, et j'allais y solliciter la levée de l'embargo auquel était condamnée ma voiture, lorsque je vois arriver, derrière moi, le paysan ayant jugé à propos de ne pas braver plus long-tems les suites dont je le menaçais, et prévoyant bien sans doute qu'il serait lui-même la seule victime de son entêtement et des mauvais conseils qu'on lui donnait.


En me fournissant un témoignage frappant de l'opiniâtreté du peuple breton, ce fait m'a prouvé combien il est peu hospitalier. Ailleurs, on sort des boutiques et des maisons, en pareil cas, pour crier haro contre le charretier qui s'obstine à intercepter la voie publique, et cela m'est arrivé bien des fois dans les cours de mes voyages ; on l'aide à se ranger, on l'exhorte à craindre les suites auxquelles il s'expose, connaissant les lois de police et l'importance du service des postes : à Rennes, on ne connaît rien de tout cela ; on applaudit à l'entêtement, on le partage, on l'excite. Ailleurs, on plaint un voyageur du retard et du désagrément qu'il éprouve ; à Rennes, on en rit ; et plus il se fâche, plus on cherche à doubler la dose de son mécontentement ; son énergie et sa vivacité ne font qu'irriter l'énergie et la vivacité bretonnes. C'est bien là de la ''mauvaise tête'', mais est-ce du ''bon coeur'' ? car il faut savoir que les Bretons se définissent eux-mêmes, ou croient se définir par ce dicton banal, passé en proverbe chez eux : ''mauvaise tête et bon coeur''.
En me fournissant un témoignage frappant de l'opiniâtreté du peuple breton, ce fait m'a prouvé combien il est peu hospitalier. Ailleurs, on sort des boutiques et des maisons, en pareil cas, pour crier haro contre le charretier qui s'obstine à intercepter la voie publique, et cela m'est arrivé bien des fois dans les cours de mes voyages ; on l'aide à se ranger, on l'exhorte à craindre les suites auxquelles il s'expose, connaissant les lois de police et l'importance du service des postes : à Rennes, on ne connaît rien de tout cela ; on applaudit à l'entêtement, on le partage, on l'excite. Ailleurs, on plaint un voyageur du retard et du désagrément qu'il éprouve ; à Rennes, on en rit ; et plus il se fâche, plus on cherche à doubler la dose de son mécontentement ; son énergie et sa vivacité ne font qu'irriter l'énergie et la vivacité bretonnes. C'est bien là de la ''mauvaise tête'', mais est-ce du ''bon cœur'' ? car il faut savoir que les Bretons se définissent eux-mêmes, ou croient se définir par ce dicton banal, passé en proverbe chez eux : ''mauvaise tête et bon cœur''.


Un caractère national aussi prononcé que celui des Bretons, et particulièrement des Bretons de Rennes, nous a fait appesantir sur ce chapitre..."
Un caractère national aussi prononcé que celui des Bretons, et particulièrement des Bretons de Rennes, nous a fait appesantir sur ce chapitre..."
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