Rennes en 1850 : une ville anémiée

L'imprimeur Alphonse Marteville, l'auteur de Rennes Moderne, Rennais lui-même, s'interroge et interroge ses contemporains sur le devenir économique de sa ville où l'on a compté 39 218 habitants au recensement de 1845.

Il conclut son énorme travail par un état de la ville [1]. Elle vient de se passer une ligne de quais en travers du corps, mais manque cruellement d'eau potable, d'abattoir et de marché couvert et surtout d'un grand plan d'ensemble. Ses industries n'en font pas une grande cité industrielle : beurre, toile, tannerie, fabrication de chapeaux en déclin, carterie. Marteville constate :

" Rennes a conservé non plus son Parlement, mais ses habitudes d'un autre siècle. Elle ne peut croire le moins du monde qu'elle soit destinée au commerce, et se proclame tour à tour, se drapant dans son apathie, ville d'études, de droit, de garnison. - Située au centre de sept grandes routes et de deux canaux, qu'elle se compare à une cité voisine, à Laval, qui, plus enfoncée dans les terres, est située jusqu'à ce jour sur une rivière presque innavigable, a su se créer une grande industrie manufacturière et s'enrichir côte à côte avec Rennes, qui ne l'a pas voulu faire !" La capitale de la Bretagne n'a d'ailleurs pas de chambre de commerce.

Alors Marteville fonde espoir dans l'arrivée du chemin de fer qui [2] , il émet l'hypothèse que :

"le contact des capitalistes hardis ranimera l'énergie des timides et sauvera Rennes de sa torpeur.[...] si Rennes ne veut pas absolument se faire une cité commerçante, que du moins elle se fasse "ville de résidence"; qu'elle s'active pour attirer tous les étrangers qui cherchent la foule, les plaisirs, les belles promenades l'été, les fêtes l'hiver. Ce sera du moins, à défaut d'autres, une industrie qui lui sera profitable."

Rennes, capitale d'industrie touristique ? On peut penser que Marteville trace ici une fausse piste illusoire pour provoquer ses concitoyens et les inciter à jouer plutôt les cartes de l'activité industrielle et commerciale dans lesquelles elle a des atouts car le tropisme nouveau des bains de mer commence à attirer les "touristes" et "baigneurs" en Bretagne vers Saint-Malo, Paramé et Dinard beaucoup plus que vers une ville située à l'intérieur des terres, quand bien même fût-elle l'ancienne capitale de l'ancienne province.[3]

références

  1. Rennes moderne ou histoire complète de ses origines, de ses institutions et de ses monuments par A. Marteville, complément de Rennes ancien, par Ogée t.III, chez MM. Deniel et Verdier, libraires, Rennes - 1850
  2. arrivée du chemin de fer à Rennes
  3. Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle, par Etienne Maignen, bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilmaine. t. CVVII - 2008