« Mai-juin 1940, l'afflux des réfugiés à Rennes » : différence entre les versions

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Les premiers réfugiés belges arrivent à Rennes dès le samedi 11 mai en voiture ou en train. À la gare les scouts se chargent de ravitailler les réfugiés des trains de passage. Toutes les œuvres rennaises se portent à leur secours avec bonne volonté. Bientôt proviennent des réfugiés du nord et de l'est de la France, à mesure de la foudroyante avance des troupes allemandes et du repli français qui prend des allures de débâcle. C'est "l'exode ".
Les premiers réfugiés belges arrivent à Rennes dès le samedi 11 mai en voiture ou en train. À la gare les scouts se chargent de ravitailler les réfugiés des trains de passage. Toutes les œuvres rennaises se portent à leur secours avec bonne volonté. Bientôt proviennent des réfugiés du nord et de l'est de la France, à mesure de la foudroyante avance des troupes allemandes et du repli français qui prend des allures de débâcle. C'est "l'exode ".
[[Fichier:Herv%C3%A9_Bougault.png|100px|left|thumb|De jeunes Rennais meurent au combat, tel Hervé Bougault, sergent-chef pilote, le 17 mai 1940]]
[[Fichier:Herv%C3%A9_Bougault.png|100px|left|thumb|De jeunes Rennais meurent au combat, tel Hervé Bougault, sergent-chef pilote, le 17 mai 1940]]
Le 14 mai, le journal se fait l'écho de ces mouvements sous le titre " Désolation de l'exode et réconfort de la charité", ventant le bénévolat des dames de la Croix-Rouge, du Devoir national, de la protection de la jeune fille, des cheftaines et des scouts, et précise que 5000 repas et 600 biberons ont été distribués<ref>''L'Ouest-Eclair'', 14 mai 1940</ref>.
Le 14 mai, le journal se fait l'écho de ces mouvements sous le titre " Désolation de l'exode et réconfort de la charité", ventant le bénévolat des dames de la Croix-Rouge, du Devoir national, de la protection de la jeune fille, des cheftaines et des scouts, et précise que 5000 repas et 600 biberons ont été distribués<ref>''L'Ouest-Eclair'', 14 mai 1940</ref>.


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Le 18 mai : ''L'afflux des réfugiés augmente ; ils passent en voiture, à bicyclette, à pied. Tous ces pauvres gens sont exténués. On les réconforte comme on peut, rien n'est encore organisé''..." ''' * ( 1 )  
Le 18 mai : ''L'afflux des réfugiés augmente ; ils passent en voiture, à bicyclette, à pied. Tous ces pauvres gens sont exténués. On les réconforte comme on peut, rien n'est encore organisé''..." ''' * ( 1 )  
Et le journal décrit les réfugiés belges, avec photo de curieux massés, quelques-uns en pantoufles, un manteau vite jeté sur un peignoir ou une robe d'intérieur [...] certains au milieu des hardes et du peu de linge qu'ils ont eu le temps d'emporter dans leurs autos aux numéros minéralogiques rouge sur blanc, caparaçonnées de matelas, non pour le repos mais comme cuirasse contre "les balles du repu Goering dont les avions se font un jeu sadique de mitrailler les femmes et les enfants". D'autres sont à découvert sur des plateaux de camion, dans des bennes, des voitures de livraison vantant la qualité d'un chocolat, d'une lessive ou d'une chicorée. L'affluence des voitures, dont certaines luxueuses, faisant dire à certains qu'ils ne sont pas trop à plaindre par rapport à ceux cheminant vers quelque gare, les pieds endoloris, sur les banquettes de routes bombardées, le journaliste explique que l'automobile n'est pas un signe de richesse en Belgique, l'exemption des droits d'importation en ayant rendu l'usage "assez commun en ce pays heureux des travailleurs"<ref>''L'Ouest-Eclair'', 19 mai 1940</ref>.
Et le journal décrit les réfugiés belges, avec photo de curieux massés, quelques-uns en pantoufles, un manteau vite jeté sur un peignoir ou une robe d'intérieur [...] certains au milieu des hardes et du peu de linge qu'ils ont eu le temps d'emporter dans leurs autos aux numéros minéralogiques rouge sur blanc, caparaçonnées de matelas, non pour le repos mais comme cuirasse contre "les balles du repu Goering dont les avions se font un jeu sadique de mitrailler les femmes et les enfants". D'autres sont à découvert sur des plateaux de camion, dans des bennes, des voitures de livraison vantant la qualité d'un chocolat, d'une lessive ou d'une chicorée. L'affluence des voitures, dont certaines luxueuses, faisant dire à certains qu'ils ne sont pas trop à plaindre par rapport à ceux cheminant vers quelque gare, les pieds endoloris, sur les banquettes de routes bombardées, le journaliste explique que l'automobile n'est pas un signe de richesse en Belgique, l'exemption des droits d'importation en ayant rendu l'usage "assez commun en ce pays heureux des travailleurs"<ref>''L'Ouest-Eclair'', 19 mai 1940</ref>.




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[[Fichier:Economique_juin_1940.png|200px|right|thumb|Publicité civique de circonstance de [[l'Economique]] (Ouest-Eclair 16 juin 1940)]]
[[Fichier:Economique_juin_1940.png|200px|right|thumb|Publicité civique de circonstance de [[l'Economique]] (Ouest-Eclair 16 juin 1940)]]
Le 1er juin, un poste de ravitaillement est installé par les A.D.N. dans la chaufferie sur les quais de la [[Gare de Rennes|Gare]]. La crèche Saint-Hélier et la crèche des cheminots préparaient des biberons. À partir du 5 juin des unités militaires désorganisées grossirent le flot des réfugiés.
Le 1er juin, un poste de ravitaillement est installé par les A.D.N. dans la chaufferie sur les quais de la [[Gare de Rennes|Gare]]. La crèche Saint-Hélier et la crèche des cheminots préparaient des biberons. À partir du 5 juin des unités militaires désorganisées grossirent le flot des réfugiés.
[[Fichier:Communiqu%C3%A9_du_17_mai_1840.png|left|250px|thumb|Les Allemands ont franchi la Meuse, de jeunes Français meurent]]


''En gare de Rennes, les trains de réfugiés se succédaient à un rythme accéléré. Les scouts et les guides furent enrôlés pour apporter aide et réconfort à toute cette population démunie. Partis dans l'urgence, sans provisions et entassés dans des wagons de 3e classe, tous ces gens avaient faim et terriblement soif dans la chaleur de ce mois de mai resplendissant. Nous allions le long des quais, chargés de pain et de grands brocs d'eau et comme happés par tous ces bras tendus : dans mon souvenir sont restés marqués les cris éperdus des bébés, le visage hagard d'une jeune femme aux lèvres desséchées par la soif et toutes ces voix qui réclamaient à boire.'' Catherine Lhermyte. (Journal ''La Croix'' 11 juin 2010)
''En gare de Rennes, les trains de réfugiés se succédaient à un rythme accéléré. Les scouts et les guides furent enrôlés pour apporter aide et réconfort à toute cette population démunie. Partis dans l'urgence, sans provisions et entassés dans des wagons de 3e classe, tous ces gens avaient faim et terriblement soif dans la chaleur de ce mois de mai resplendissant. Nous allions le long des quais, chargés de pain et de grands brocs d'eau et comme happés par tous ces bras tendus : dans mon souvenir sont restés marqués les cris éperdus des bébés, le visage hagard d'une jeune femme aux lèvres desséchées par la soif et toutes ces voix qui réclamaient à boire.'' Catherine Lhermyte. (Journal ''La Croix'' 11 juin 2010)
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