« Journée des Bricoles » : différence entre les versions

aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{En construction}}
{{En construction}}
Les 26 et 27 janvier [[1789]], une émeute éclate place du parlement entre les étudiants et les nobles, c'est la '''journée des Bricoles''', première journée révolutionnaire rennaise.
Les 26 et 27 janvier [[1789]], une émeute éclate place du parlement entre les étudiants et les nobles, c'est la '''journée des Bricoles''', première journée révolutionnaire rennaise où sera versé le premier sang de la Révolution, écrira Chateaubriand?


Les émeutes entraînent la suspension des {{w|États de Bretagne}}. La bataille qui s’ensuit est décrite par Chateaubriand dans ses Mémoires d'outre-tombe.
Les émeutes entraînent la suspension des {{w|États de Bretagne}}. La bataille qui s’ensuit est décrite par Chateaubriand dans ses ''Mémoires d'outre-tombe''.


Le 7 janvier, le gouverneur de Thiard communique un arrêt du Conseil, en date du 3, qui suspendait la tenue des Etats, le roi ayant été informé du refus que font les députés du Tiers Etat de Bretagne de délibérer sur aucune affaire, et l'arrêt ajournait la tenue au 3 février et imposait aux membres du Tiers de faire renouveler leurs pouvoirs par leurs mandataires, mais les membres du clergé et de la noblesse, craignant pour les franchises des Etats et la coutume bretonne, et devant le refus du Tiers de continuer à sièger avant renouvellement des mandats, dirent qu'ils ne siègeraient pas dans une assemblée autre que celles en vigueur. Un nouvel arrêt du 20 janvier double le nombre des députés du Tiers mais celui-ci reste ferme. Sans attendre, le Parlement décréta l'ajournement des syndics des communautés, arrêt qui opposa encore plus le peuple à la noblesse.
==Noblesse conservatrice et Tiers Etat progressiste causent le blocage des Etats pour des raisons opposées==


Les paroisses, les étudiants en droit et la municipalité protestent en faveur du Tiers mais la noblesse ouvre trois bureaux pour recueillir des signatures contre les prétentions du Tiers. De jeunes gentilhommes imaginèrent une parodie de comice contre les syndics de communauté, et le  matin du 26 janvier, plusieurs centaines de personnes sont assemblées sur les champs de Montmorin, actuelle [[ Esplanade général de Gaulle]]. Le concierge de la commission intermédiaire, bon orateur s'y employa à démontrer que les Etats faisaient vivre nombre de laquais et porte-chaises, ces porteurs de bricoles ( lanière de cuir passée autour du cou pour traîner une voiture) et que le  "haut Tiers", en travaillant à dissoudre les Etats, affamait ceux qui vivaient de leur présence à Rennes. Du comice la multitude courut au palais, aux cris de "Vive la noblesse" où le Parlement était assemblé, qui reçut l'orateur et une délégation et promit de faire droit à ses plaintes et à sa demande de maintien de la constitution. La foule, ravie, se répandit en ville et des heurts eurent lieu entre porte-chaises et jeunes bourgeois, déçus de la position du Parlement et qui pensent qu'il y a des valets des nobles, des membres des Etats déguisés laquais et porte-chaises. Des étudiants menés par Moreau commencent à parcourir les rues, armés de sabres, de pistolets et, le 27, au café de l'Union,((rue de Bertrand]], leur "p.c.", un teinturier qui avait, la veille, assisté à une réunion à l'école de droit, arrive, agitant une main ensanglantée par le coup de couteau d'un laquais et s'évanouit après avoir demandé que l'on protège sa famille si on l'assassine.
Depuis quelques temps des feuilles rennaises attisent l'opinion : la ''Sentinelle du Peuple'' de Volney monte le Tiers contre la noblesse et ses privilèges et le ''Hérault de la Nation'' vise à rallier les ruraux  à la bourgeoise patriote rennaise. Le 27 décembre 1788, noblesse et clergé ordres refusent d'obtempérer aux injonctions royales, d'entendre les réclamations des députés du Tiers et occupe la salle de délibérations des Etats que le Tiers déserte. Une conciliation de l'évêque Bareau de Girac ayant échoué, le 7 janvier, le gouverneur de Thiard communique un arrêt du Conseil, en date du 3, qui suspend la tenue des Etats, le roi ayant été informé du refus que font les députés du Tiers Etat de Bretagne de délibérer sur aucune affaire, et l'arrêt ajourne la tenue au 3 février. Il impose aux membres du Tiers de faire renouveler leurs pouvoirs par leurs mandataires, mais les membres du clergé et de la noblesse, craignant pour les franchises des Etats et la coutume bretonne, et devant le refus du Tiers de continuer à sièger avant renouvellement des mandats, dirent qu'ils ne siègeraient pas dans une assemblée autre que celles en vigueur. Un nouvel arrêt du 20 janvier double le nombre des députés du Tiers mais celui-ci reste ferme. Sans attendre, le Parlement décréta l'ajournement des syndics des communautés, arrêt qui opposa encore plus le peuple à la noblesse.


Econduit par M. de Thiard, commandant de la province, auquel ils étaient venus se plaindre, les étudiants se rendent au Parlement et demandent des poursuites contre l'agresseur et qu'on leur livre le concierge orateur mais n'obtiennent pas de réponse claire. Aussi se retournent-ils contre la noblesse qui siège tout près, au couvent des Cordeliers et cognent les portes du couvent. Celles-ci s'ouvrent pour une décharge de coups de pistolets sur les groupes et une mêlée commence entre nobles armés de fusils doubles et les jeunes gens munis dépèes ou de pistolets et se répand sur la place du Palais. Deux jeunes nobles sont tués, "premières gouttes de sang versé par la Révolution" écrira Chateaubriand, présent. Et le lendemain, mercredi 28, recommencent les échaufourrées. Six cents nobles et leurs domestiques s'assemblent aux Cordeliers et des citoyens se retrouvent à l'hôtel-de-ville où le gouverneur accepte d'assumer une difficile médiation entre nobles qui voulaient que les jeunes rendent leurs armes et les bourgeois qui repoussaient cette prétention. Enfin la noblesse cède mais déclare "renoncer à sa vengeance". Mais voici qu'alertés par un étudiant en droit quatre cents jeunes Nantais du Tiers marchent au secours  de leurs condisciples rennais, et snt accueillis à Rennes, après toutefois qu'ils eurent laissés leurs armes.
==Lundi 26 janvier 1790 : la journée des "bricoles"==


Et l'on apprend que le roi venait de suspendre indéfiniment la tenue des Etats, en fait sur incitation du comte de Thiard, en considération de l'excitation des esprits, alors qu'ils devaient se réunir le 3 février. Les gentilhommes voient dans cette mesure le dernier coup porté à la province; six d'entre eux se rendent à une réunion des étudiants rennais et nantais à l'école de droit et supplient la jeunesse du tiers de s'unir à eux pour tenter de faire rapporter l'arrêt de dissolution, mais celle-ci refuse et les renvoient vers les communes qui siègeaient à l'hôtel-de-ville où le Tiers ne vit aucun intérêt à soutenir une constitution si favoravle aux nobles et si défavorable pour lui-même. Les étudiants nantais ne quittèrent rennes que le 6 février. Noblesse et clergé se soumirent tout en protestant et votèrent les impôts, ce que firent plus tard les députés du Tiers tout en persistant dans leurs revendications.
===Une manifestation "populaire" bien organisée===
 
Les paroisses, les étudiants en droit et la municipalité protestent en faveur du Tiers mais la noblesse ouvre trois bureaux pour recueillir des signatures contre les prétentions du Tiers. De jeunes gentilhommes imaginèrent une parodie de manifestation populaire, et le  matin du 26 janvier, plusieurs centaines de personnes sont assemblées sur les champs de Montmorin, actuelle [[ Esplanade général de Gaulle]]. Le concierge de la commission intermédiaire, bon orateur, s'y emploie à démontrer que les Etats faisaient vivre nombre de laquais, '''portefaix et porte-chaises, ces porteurs de bricoles''' ( lanière de cuir passée autour du cou pour traîner une voiture) et que le  "haut Tiers", en travaillant à dissoudre les Etats, affamait ceux qui vivaient de leur présence à Rennes. Des champs de Montmorin la multitude courre au Palais, aux cris de "Vive la noblesse" où le Parlement était assemblé, qui reçut l'orateur et une délégation et promit de faire droit à ses plaintes et à sa demande de maintien de la constitution.
 
===En ville, des heurts sanglants les 26 et 27===
 
La foule, ravie, se répand en ville et des heurts ont lieu entre porte-chaises et jeunes bourgeois, déçus de la position du Parlement et qui pensent qu'il y a des valets des nobles et des membres  nobles des Etats déguisés en laquais et porte-chaises. Des étudiants menés par Moreau commencent à parcourir les rues, armés de sabres, de pistolets et, le 27, au café de l'Union,((rue de Bertrand]], leur "p.c.", un teinturier qui avait, la veille, assisté à une réunion à l'école de droit, arrive, agitant une main ensanglantée par le coup de couteau d'un laquais et s'évanouit après avoir demandé que l'on protège sa famille si on l'assassine.
 
Econduit par M. de Thiard, commandant de la province, auquel ils étaient venus se plaindre, les étudiants se rendent au Parlement et demandent des poursuites contre l'agresseur et qu'on leur livre le concierge orateur de la veille mais n'obtiennent pas de réponse claire. Aussi se retournent-ils contre la noblesse qui siège tout près, au couvent des Cordeliers, et cognent aux portes du couvent. Celles-ci s'ouvrent pour une décharge de coups de pistolets sur les groupes et une mêlée commence entre nobles armés de fusils doubles et les jeunes gens munis d'épèes ou de pistolets et se répand sur la place du Palais. Deux jeunes nobles sont tués, "premières gouttes de sang versé par la Révolution" écrira Chateaubriand, présent.
 
==Le 28, essai de réunion des inconciliables==
 
===Les étudiants nantais à la rescousse===
 
Le lendemain, mercredi 28, recommencent les échaufourrées. Six cents nobles et leurs domestiques s'assemblent aux Cordeliers et des citoyens se retrouvent à l'hôtel-de-ville où le gouverneur accepte d'assumer une difficile médiation entre nobles qui voulaient que les jeunes rendent leurs armes et les bourgeois qui repoussaient cette prétention. Enfin la noblesse cède mais déclare "renoncer à sa vengeance", laissant ainsi entendre qu'elle a été la victime. Mais voici qu'alertés par un étudiant en droit quatre cents étudiants nantais, très chauds, arrivent à Rennes où ils sont accueillis à bras ouverts, non sans qu'on leur ait demandé de déposer leurs armes.
 
===Suspension indéfinie des Etats de Bretagne===
 
Et l'on apprend que le roi venait de suspendre indéfiniment la tenue des Etats, en fait sur incitation du comte de Thiard, en considération de l'excitation des esprits, alors qu'ils devaient se réunir le 3 février. Les gentilhommes voient dans cette mesure le dernier coup porté à la province; six d'entre eux se rendent à une réunion des étudiants rennais et nantais à l'école de droit et supplient la jeunesse du Tiers de s'unir à eux pour tenter de faire rapporter l'arrêt de suspension, mais celle-ci refuse et les renvoie vers les communes qui siègeaient à l'hôtel-de-ville où le Tiers ne vit aucun intérêt à soutenir une constitution si favoravle aux nobles et si défavorable pour lui-même. Les étudiants nantais ne quittèrent Rennes que le 6 février. Noblesse et clergé se soumirent tout en protestant et votèrent les impôts, ce que firent plus tard les députés du Tiers tout en persistant dans leurs revendications.
 
La fracture politique entre les ordres privilégiés et le Tiers était désormais irréparable. A Rennes avait été donné le premier signal de la Révolution à venir.


== références==
== références==
24 149

modifications