Débarquement du 6 juin 1944

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6 juin 1944,vent de panique à Rennes !

Ouest-Eclair du 8 juin 1944

Si la nouvelle du débarquement entendue à la TSF a rempli d'espoir les Rennaises et les Rennais , il en a résulté un vent de panique, comme si les 150 km entre les plages du débarquement et Rennes allaient être franchis dès le lendemain par les armées alliées et mettre la ville dans la situation périlleuse de combats assaisonnés de bombardements. La panique fut d'abord le fait de la garnison allemande et les habitants observèrent des mouvements apparemment désordonnés comme dans une fourmilière bouleversée; les divers accès à la ville furent fermés, empêchant entrées et sorties, occasionnant des ruptures d'approvisionnement en denrées. La population civile fut aussi, en grande partie, sujette à cette peur et l'on dit qu'un mariage fut enfin célébré difficile après la recherche et d'un conseiller municipal et d'un prêtre. Fonctionnaires, ouvriers, chefs d'entreprise, commerçants de prendre le large, abandonnant toute activité.

Ouest-Eclair du 7 juin 1944

Dès le lendemain du débarquement le maréchal Pétain abjure les Français de ne pas se mêler de cette invasion et de rester calmes et obéissants. Le lendemain, 8 juin, le préfet régional demande aux Rennais qui ont fui la ville de reprendre leurs postes; ce même jour, 32 résistants furent fusillés dans la caserne du Colombier et les Bombardements des 9 et 12 juin 1944, effectués par les alliés pour empêcher les renforts allemands de remonter vers la côte normande, ramenèrent cruellement les Rennais aux horreurs de la guerre.

Témoignage d'un petit garçon à Vezin-le-Coquet

"Ils ont débarqué ! Ils ont débarqué !" C’est le débarquement.


J’ai 6 ans et demi, ces paroles sont claironnées dans tout le village, avec prudence toutefois, tout au long de la journée et les jours qui suivent. « On » et les autres, ne parlaient que de ça et pour cause, un événement tant attendu.

Débarquement est alors devenu pour moi un mot magique puisqu’il semble rendre les gens heureux comme s’ils avaient tout à coup reçu un billet entier gagnant de la loterie nationale. Ce mot qui demeure pour moi, sur l’instant, abstrait n’est toutefois pas totalement inconnu de mon intelligence. L’oreille toujours tendue vers ce qui se dit, j’ai déjà entendu prononcer ce mot, maintenant tant adulé, parfois en famille ou dans le village. Avant il se partageait presque sous le manteau et toujours prononcé avec gravité. Aujourd’hui, 6 juin 1944, chacun en parle plus ouvertement. Il est maintenant prononcé avec gourmandise comme déguster une bonne pâtisserie pur beurre avec un bon café, un vrai café, pas un national.

Tous se régalent de ce mot, enfin presque tous, sauf peut-être les hommes de noir vêtus, portant béret, arborant les trois belles couleurs souillées par leur indignité. Ces hommes dangereux, des tueurs, deviennent tout à coup très actifs dans notre département d’Ille-et-Vilaine. Les troupes ennemies peuvent vaquer tranquillement à leur besogne, les hommes en noir sont là pour garantir leurs arrières et exécuter les basses besognes.

Il se disait également, le plus souvent, «les Américains ont débarqué». A croire que les Américains représentent pour certains et à eux seuls, tous les Alliés réunis. Les Américains, j’en ai entendu parler et même presque vus. Pour moi, ils consacrent leur temps à nous survoler dans le ciel à très haute altitude, très nombreux, laissant derrière leurs avions, que je distingue à peine, de multiples, longues et magnifiques traînées blanches. Leurs passages sont synonymes de bombardement. "Bombardement" à l’inverse de "Débarquement" n’est pas un mot magique mais un mot qui me fait peur.

Je connais un peu mieux les Anglais. Je les ai parfois aperçus et de beaucoup plus près. D'ailleurs jusqu’à ce jour, pour ce qui concerne les Alliés, je n’ai entendu parler presque essentiellement que des Anglais. Chacun ici, sur la terre ferme, vantent à quelques exceptions près, la précision de leurs bombardements. Contrairement aux Américains, je distingue bien leurs avions, ils volent souvent très bas, si bas qu’un jour, alors que j’étais sur un pont, l’un d’eux est passé à quelques dizaines de mètres au dessus de ma tête. Il mitraillait la voie de chemin de fer que je traversais ou bombardait le Pi Park tout à côté, route de Lorient, sans dommage pour nous.[1] [2] Il n’a pas pu ne pas m’apercevoir avec ma maman et d’autres promeneurs, tellement il volait bas. Il participait sans doute aux préparatifs du Débarquement.

Le Débarquement rime en ce jour précis du 6 juin 1944 avec Espoir.


Témoignons notre reconnaissance à ceux qui ont donné leur vie et offert leur courage pour nous rendre notre Liberté.

Albert René Gilmet



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