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Quelques avions de la Luftwaffe à croix noires, provenant de l'aérodrome de Cormeilles-en-Vexin, près de Pontoise, à 300 km, des bimoteurs  bombardiers Dornier DO 17Z de l'escadre de combat (Kampfgeschwader) 1/KG 76, venant de l’ouest à très basse altitude,  ont survolé les quais <ref> témoignage de Joseph-Jean Naviner. Ouest-France, édition Rennes 3 juin 2010</ref> sans aucun risque, la D.C.A anglaise s’étant repliée dans la nuit... Avec un léger virage sur l'aile droite <ref>Lancastria Association of Scotland/Hirst 2001-2008</ref> ils quittèrent la ville par le sud-est et après un virage à 180° à l'est, les "crayons volants", comme les appelaient les Allemands en raison du long et mince fuselage de ces avions, se présentèrent au-dessus de Cesson, dans l'axe du triage ferroviaire de la ''plaine de Baud'' où stationnaient parallèlement une douzaine de trains, sur laquelle ils lâchèrent des dizaines de bombes de 55kg, ainsi que sur les voies ferrées de Saint-Hélier. ( ''voir le schéma du parcours probable'' ). " ''Peu après 11h00'' ('''NB''' : heure allemande, soit 10h00 à l'heure française), ''la gare de Rennes devint la cible d'une attaque à basse altitude menée par un groupe du KG 76. quinze trains de marchandises et de  passagers étaient en gare et quelque 120 bombes SC50 explosèrent sur la cible avec des effets dévastateurs. Un train de munitions chargé de 12 tonnes d'explosifs avait été malencontreusement placé entre des trains de réfugiés, de soldats blessés et de soldats français de retour d'Angleterre ( ils avaient été embarqués vers l'Angleterre lors de l'évacuation de Dunkerque). Le train de munitions fut atteint par un chapelet de bombes et explosa. L'énorme explosion engendra une grande colonne de feu et de fumée.''.." <ref>  traduction du ''Manuscrit de Heinrich Weiss'', dans ''Eagles over Europe'' IHRA 2010, air corps 1 , dans LEMB Stammkennzeichen data base project. Bomber units of the Luftwaffe series, Larry Hickey co-auteur</ref> ('''NB''' : le nombre de bombes larguées cité par Heinrich Weiss  suppose une participation de six Dornier, or la plupart des témoins citent trois avions, quelques uns cinq). Plusieurs ont cru voir des Heinkel, et surtout des Stukas, appareils qui avaient fortement impressionné les gens sur les routes de l'exode.) Quelques témoins ont bien identifié des Dornier. Une excavation de 80 mètres de longueur et 20 de largeur par 5 de profondeur marquait l'endroit. Des débris de wagons et des bogies avaient été catapultés à 300 mètres. <ref> témoignages dans ''Ouest-France'' du 17 juin 1960</ref>
Quelques avions de la Luftwaffe à croix noires, provenant de l'aérodrome de Cormeilles-en-Vexin, près de Pontoise, à 300 km, des bimoteurs  bombardiers Dornier DO 17Z de l'escadre de combat (Kampfgeschwader) 1/KG 76, venant de l’ouest à très basse altitude,  ont survolé les quais <ref> témoignage de Joseph-Jean Naviner. Ouest-France, édition Rennes 3 juin 2010</ref> sans aucun risque, la D.C.A anglaise s’étant repliée dans la nuit... Avec un léger virage sur l'aile droite <ref>Lancastria Association of Scotland/Hirst 2001-2008</ref> ils quittèrent la ville par le sud-est et après un virage à 180° à l'est, les "crayons volants", comme les appelaient les Allemands en raison du long et mince fuselage de ces avions, se présentèrent au-dessus de Cesson, dans l'axe du triage ferroviaire de la ''plaine de Baud'' où stationnaient parallèlement une douzaine de trains, sur laquelle ils lâchèrent des dizaines de bombes de 55kg, ainsi que sur les voies ferrées de Saint-Hélier. ( ''voir le schéma du parcours probable'' ). " ''Peu après 11h00'' ('''NB''' : heure allemande, soit 10h00 à l'heure française), ''la gare de Rennes devint la cible d'une attaque à basse altitude menée par un groupe du KG 76. quinze trains de marchandises et de  passagers étaient en gare et quelque 120 bombes SC50 explosèrent sur la cible avec des effets dévastateurs. Un train de munitions chargé de 12 tonnes d'explosifs avait été malencontreusement placé entre des trains de réfugiés, de soldats blessés et de soldats français de retour d'Angleterre ( ils avaient été embarqués vers l'Angleterre lors de l'évacuation de Dunkerque). Le train de munitions fut atteint par un chapelet de bombes et explosa. L'énorme explosion engendra une grande colonne de feu et de fumée.''.." <ref>  traduction du ''Manuscrit de Heinrich Weiss'', dans ''Eagles over Europe'' IHRA 2010, air corps 1 , dans LEMB Stammkennzeichen data base project. Bomber units of the Luftwaffe series, Larry Hickey co-auteur</ref> ('''NB''' : le nombre de bombes larguées cité par Heinrich Weiss  suppose une participation de six Dornier, or la plupart des témoins citent trois avions, quelques uns cinq). Plusieurs ont cru voir des Heinkel, et surtout des Stukas, appareils qui avaient fortement impressionné les gens sur les routes de l'exode.) Quelques témoins ont bien identifié des Dornier. Une excavation de 80 mètres de longueur et 20 de largeur par 5 de profondeur marquait l'endroit. Des débris de wagons et des bogies avaient été catapultés à 300 mètres. <ref> témoignages dans ''Ouest-France'' du 17 juin 1960</ref>
 
[[Fichier:Trou_de_bombe_17_juin_1940.jpeg|350px|right|thumb| 17 juin 1940 : le cratère à l'emplacement d'un wagon de munitions. La "haie" au-dessus est constituée d'une ligne de ferrailles de wagons - photo de Robert Caillard]]
Au titre de la campagne de France du colonel (Oberst) de la Luftwaffe Lindmayr, Alois, ( '''*''' ''note'' ) d'origine autrichienne, alors capitaine (Hauptmann) de 38 ans, chef d'escadrille du 1./Kampfgeschwader 76, équipé de DO 17z, sont particulièrement remarquées les attaques réussies par son escadrille sur un aérodrome à Escarmain '''*''' (28 avions détruits) et, alors qu'il est depuis le 3 juin, commandant du groupe 1./Kampfgeschwader 76, '''sur le triage de Rennes où plusieurs trains de munitions furent atteints'''''.  <ref> Axis History Forum; View topic  RKT Oberst (LW) Lindmyer, Alois </ref> ('''*''' '''NB''' Escarmain : département du Nord, bombardement du 16 mai 1940 détruisant des Moranne Saulnier et des Potez 63) <ref>''Bomber units of the Luftwaffe 1933-1945'', par Henry B. de Zeng, Doug G. Stanley, Eddie J. Creek, vol.1 Hersham,Surrey UK. Ian Allen publishing -2007</ref>  
Au titre de la campagne de France du colonel (Oberst) de la Luftwaffe Lindmayr, Alois, ( '''*''' ''note'' ) d'origine autrichienne, alors capitaine (Hauptmann) de 38 ans, chef d'escadrille du 1./Kampfgeschwader 76, équipé de DO 17z, sont particulièrement remarquées les attaques réussies par son escadrille sur un aérodrome à Escarmain '''*''' (28 avions détruits) et, alors qu'il est depuis le 3 juin, commandant du groupe 1./Kampfgeschwader 76, '''sur le triage de Rennes où plusieurs trains de munitions furent atteints'''''.  <ref> Axis History Forum; View topic  RKT Oberst (LW) Lindmyer, Alois </ref> ('''*''' '''NB''' Escarmain : département du Nord, bombardement du 16 mai 1940 détruisant des Moranne Saulnier et des Potez 63) <ref>''Bomber units of the Luftwaffe 1933-1945'', par Henry B. de Zeng, Doug G. Stanley, Eddie J. Creek, vol.1 Hersham,Surrey UK. Ian Allen publishing -2007</ref>  


====une catastrophe humaine disproportionnée====
====une catastrophe humaine disproportionnée====


[[Fichier:Bombardement 1940.jpg|300px|thumb|right|La plaine de Baud en proie aux explosions pendant plusieurs jours, photo prise de l'[[avenue Aristide Briand]] par Robert Caillard]]
Avaient été atteints d’abord  un train de réfugiés de Lisieux, au niveau de [[Cesson-Sévigné]] à hauteur de Pincepoche et de Bray, faisant 21 victimes, ensuite la gare de triage de la [[plaine de Baud]] où 146 soldats français (203ème et 212ème d’artillerie lourde divisionnaire venant des Flandres), amenés pour défendre le « réduit breton »  mort-né, furent tués ainsi que 156 Anglais du Royal Engineer, dans un train qui aurait dû partir vers Brest à 9h00, enfin la gare de triage de Saint-Hélier où  206 artilleurs du 222ème R.A.L.D de la 53e D.I.et du 64ème R.A.L.D, la plupart originaires du Midi, trouvent la mort. Avant midi des pompiers, des cheminots et de courageux citoyens se rendirent sur place pour retirer des blessés tandis que des rescapés quittaient ce lieu d’horreur par le moulin de Jouet. À 12H30 la TSF diffusa le discours du maréchal Pétain : « C’est le cœur serré  que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat… » Malgré l’interdiction du général Bazoches, qui avait constaté la catastrophe du haut du pont Saint-Hélier, et les explosions qui se succèdent pendant 24 heures,  les sauveteurs, dont le sportif futur résistant Auguste Delaune, continuèrent à sortir des vivants mais aussi des corps mutilés, brûlés, racornis, et d’autres intacts, comme pétrifiés. Casques, armes, équipements britanniques ou français jonchent les fossés bordant le ballast. Alors que continuaient des explosions, beaucoup de blessés furent arrachés des flammes par des pompiers héroïques, dont le lieutenant Lebastard, allongés sur le ballast et dans la prairie de la ferme du général Lefort.  Tout le personnel de la [[clinique Saint-Yves]], bien qu'elle fut elle-même fort endommagée, ses religieuses et ses médecins se dépensèrent sans compter pour secourir de leur mieux le flot de blessés qui ne cessait de lui parvenir de la gare, d'autres étant dirigés vers les autres cliniques et l'hôpital de Pontchaillou.  
Avaient été atteints d’abord  un train de réfugiés de Lisieux, au niveau de [[Cesson-Sévigné]] à hauteur de Pincepoche et de Bray, faisant 21 victimes, ensuite la gare de triage de la [[plaine de Baud]] où 146 soldats français (203ème et 212ème d’artillerie lourde divisionnaire venant des Flandres), amenés pour défendre le « réduit breton »  mort-né, furent tués ainsi que 156 Anglais du Royal Engineer, dans un train qui aurait dû partir vers Brest à 9h00, enfin la gare de triage de Saint-Hélier où  206 artilleurs du 222ème R.A.L.D de la 53e D.I.et du 64ème R.A.L.D, la plupart originaires du Midi, trouvent la mort. Avant midi des pompiers, des cheminots et de courageux citoyens se rendirent sur place pour retirer des blessés tandis que des rescapés quittaient ce lieu d’horreur par le moulin de Jouet. À 12H30 la TSF diffusa le discours du maréchal Pétain : « C’est le cœur serré  que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat… » Malgré l’interdiction du général Bazoches, qui avait constaté la catastrophe du haut du pont Saint-Hélier, et les explosions qui se succèdent pendant 24 heures,  les sauveteurs, dont le sportif futur résistant Auguste Delaune, continuèrent à sortir des vivants mais aussi des corps mutilés, brûlés, racornis, et d’autres intacts, comme pétrifiés. Casques, armes, équipements britanniques ou français jonchent les fossés bordant le ballast. Alors que continuaient des explosions, beaucoup de blessés furent arrachés des flammes par des pompiers héroïques, dont le lieutenant Lebastard, allongés sur le ballast et dans la prairie de la ferme du général Lefort.  Tout le personnel de la [[clinique Saint-Yves]], bien qu'elle fut elle-même fort endommagée, ses religieuses et ses médecins se dépensèrent sans compter pour secourir de leur mieux le flot de blessés qui ne cessait de lui parvenir de la gare, d'autres étant dirigés vers les autres cliniques et l'hôpital de Pontchaillou.  


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Le 18 juin, le communiqué du haut commandement de la Wehrmacht ( "''Das Oberkommando der Wehrmacht gibt bekannt''..." et celui de la Luftwaffe signalent qu' "un bombardement aérien a été couronné de succès sur des trains de transports, de munitions et de matériels industriels en gare de Rennes embouteillée. Des trains sautèrent en l'air dans de violentes explosions, déclenchant une panique monstre parmi les troupes". Les communiqués allemands ignorent le nombre extraordinaire de victimes.
Le 18 juin, le communiqué du haut commandement de la Wehrmacht ( "''Das Oberkommando der Wehrmacht gibt bekannt''..." et celui de la Luftwaffe signalent qu' "un bombardement aérien a été couronné de succès sur des trains de transports, de munitions et de matériels industriels en gare de Rennes embouteillée. Des trains sautèrent en l'air dans de violentes explosions, déclenchant une panique monstre parmi les troupes". Les communiqués allemands ignorent le nombre extraordinaire de victimes.
[[Fichier:Bombardement 1940.jpg|300px|thumb|right|La plaine de Baud en proie aux explosions pendant plusieurs jours, photo prise de l'[[avenue Aristide Briand]] par Robert Caillard]]


== Une pénible mission de réinhumation==
== Une pénible mission de réinhumation==
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