« 7 août 1932 : le monument d'Union de la Bretagne à la France saute » : différence entre les versions

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Dès le 8 août, le journal d'interroger : " Quels sont les auteirs de cet attentat inqualifiable coïncidant avec les fêtes commémoratives célébrées hier à Vannes ?"
Dès le 8 août, le journal d'interroger : " Quels sont les auteirs de cet attentat inqualifiable coïncidant avec les fêtes commémoratives célébrées hier à Vannes ?"
Cet événement intervient le jour même où à Vannes, on va célébrer avec éclat - et non avec éclats comme à Rennes - le quatrième centenaire de l'acte d'union de la Bretagne à la France, intervenu en 1532. Or le monument visé commémore ce pacte dans "la capitale administrative, morale et intellectuelle de la Bretagne", souligne le journal. On a retrouvé au pied du monument des tracts de Breiz Atao mais leurs représentants à Rennes sont introuvables et leurs portes closes. A Vannes le dimanche, Debauvais et plusieurs autonomistes ont été détenus toute la journée. Des perquisitions ont lieu au siège de Breiz Atao, [[rue Edith Cavell]] et chez [[François Debauvais]]. On ne trouve pas d'indices sur les auteurs que l'on soupçonne être dans la mouvance de l'association secrète ''Gwenn-ha-Du''.
Cet événement intervient le jour même où à Vannes, on va célébrer avec éclat - et non avec éclats comme à Rennes - le quatrième centenaire de l'acte d'union de la Bretagne à la France, intervenu en 1532. Or le monument visé commémore ce pacte dans "la capitale administrative, morale et intellectuelle de la Bretagne", souligne le journal. On a retrouvé au pied du monument des tracts de Breiz Atao mais leurs représentants à Rennes sont introuvables et leurs portes closes. A Vannes le dimanche, Debauvais et plusieurs autonomistes ont été détenus toute la journée. Des perquisitions ont lieu au siège de Breiz Atao, [[rue Edith Cavell]] et chez [[François Debauvais]]. (''' * 1 )''' On ne trouve pas d'indices sur les auteurs que l'on soupçonne être dans la mouvance de l'association secrète ''Gwenn-ha-Du''.


Et le journal d'exprimer le souhait qu'à Vannes la foule anonyme chante d'un même coeur et avec une émotion plus grande encore ''La Marseillaise'' et le ''Bro Goz ma Zadou''. Jean Boucher interrogé estime que s'en prendre à un pauvre bronze ne peut que nuire à la cause régionaliste ou autonomiste. <ref> L'Ouest-Eclair des 8 et 9 août 1932</ref>Le journal rappelle aussi l'inauguration du monument, le 30 octobre 1911, qui s'était déroulée devant "un concours de Bretons venant de tous les coins du pays", avec un vibrant discours d' [[Anatole Le Braz]] mais la cérémonie fut troublée "par un coup de sifflet d'un excellent poète breton" appréhendé et détenu provisoirement. Camille [[Le Mercier d'Erm]] qualifiait l'oeuvre de Boucher de "monument de la honte" et, en 1911, des régionalites convaincus, tel le marquis [[Régis de l'Estourbeillon]], chef de file de l'Union régionaliste bretonne, avaient décliné l'invitation du maire de Rennes à participer à cette inauguration.
Et le journal d'exprimer le souhait qu'à Vannes la foule anonyme chante d'un même coeur et avec une émotion plus grande encore ''La Marseillaise'' et le ''Bro Goz ma Zadou''. Jean Boucher interrogé estime que s'en prendre à un pauvre bronze ne peut que nuire à la cause régionaliste ou autonomiste. <ref> L'Ouest-Eclair des 8 et 9 août 1932</ref>Le journal rappelle aussi l'inauguration du monument, le 30 octobre 1911, qui s'était déroulée devant "un concours de Bretons venant de tous les coins du pays", avec un vibrant discours d' [[Anatole Le Braz]] mais la cérémonie fut troublée "par un coup de sifflet d'un excellent poète breton" appréhendé et détenu provisoirement. Camille [[Le Mercier d'Erm]] qualifiait l'oeuvre de Boucher de "monument de la honte" et, en 1911, des régionalites convaincus, tel le marquis [[Régis de l'Estourbeillon]], chef de file de l'Union régionaliste bretonne, avaient décliné l'invitation du maire de Rennes à participer à cette inauguration.
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''Les  Français célèbrent aujourd'hui le quatrième centenaire de leur victoire et de l'annexion de la Bretagne. Toujours Bretons, non conquis malgré quatre siècles d'occupation française, nous avons décidé de remettre entre les mains des Bretons les destinées de leur patrie pour le plus grand bien de la patrie bretonne. Nous ouvrons la lutte pour la délivrance de notre pays en ce jour anniversaire de notre annexion par la destruction du symbole de notre asservissement qui trône au centre de notre capitale''.<ref>''Fransez Debauvais de Breiz-Atao et les siens'', par Anna Youenou t. II - 1975</ref>
''Les  Français célèbrent aujourd'hui le quatrième centenaire de leur victoire et de l'annexion de la Bretagne. Toujours Bretons, non conquis malgré quatre siècles d'occupation française, nous avons décidé de remettre entre les mains des Bretons les destinées de leur patrie pour le plus grand bien de la patrie bretonne. Nous ouvrons la lutte pour la délivrance de notre pays en ce jour anniversaire de notre annexion par la destruction du symbole de notre asservissement qui trône au centre de notre capitale''.<ref>''Fransez Debauvais de Breiz-Atao et les siens'', par Anna Youenou t. II - 1975</ref>


L'attentat aurait été perpétré par [[ Célestin Lainé]] seul, avec de la nitroglycérine contenue dans une boîte à lait condensé. Selon d'autres, l'auteur serait le nationaliste [[André Geffroy]] qui aurait utilisé un engin concocté par Lainé.
L'attentat aurait été perpétré par [[ Célestin Lainé]] (''' * 2''' ) seul, avec de la nitroglycérine contenue dans une boîte à lait condensé. Selon d'autres, l'auteur serait le nationaliste [[André Geffroy]]( '''* 3''' ) qui aurait utilisé un engin concocté par Lainé.


Le journal communiste ''L'Humanité'' prend parti en faveur des indépendantistes bretons. [[Edouard Herriot]], président du Conseil, (qui, le 20 novembre à Ingrandes, verra couper la voie ferrée par laquelle il arrive à Nantes pour inaugurer une plaque commémorative dudit acte d'union) craint que cet attentat ne soit exploité par malveillance par certaine presse étrangère et le gouvernement demande aux quotidiens parisiens de ne pas grossir les faits, ainsi que le préfet d'Ille-et-Vilaine Bodenan qui demande aux journalistes  de "réduire cette affaire à de justes proportions et de rester sur le terrain judiciaire". La destruction du monument rennais produisit au dehors une vive émotion que vint ensuite accroître ce que l'on a appelé "l'attentat d'Ingrandes".<ref> ''Histoire de Bretagne des origines à nos jours'' par E. Durtelle de Saint-Sauveur. t. II Rennes Plihon - 1936</ref>
Le journal communiste ''L'Humanité'' prend parti en faveur des indépendantistes bretons. [[Edouard Herriot]], président du Conseil, (qui, le 20 novembre à Ingrandes, verra couper la voie ferrée par laquelle il arrive à Nantes pour inaugurer une plaque commémorative dudit acte d'union) craint que cet attentat ne soit exploité par malveillance par certaine presse étrangère et le gouvernement demande aux quotidiens parisiens de ne pas grossir les faits, ainsi que le préfet d'Ille-et-Vilaine Bodenan qui demande aux journalistes  de "réduire cette affaire à de justes proportions et de rester sur le terrain judiciaire". La destruction du monument rennais produisit au dehors une vive émotion que vint ensuite accroître ce que l'on a appelé "l'attentat d'Ingrandes".<ref> ''Histoire de Bretagne des origines à nos jours'' par E. Durtelle de Saint-Sauveur. t. II Rennes Plihon - 1936</ref>
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===références===
===références===
<references/>
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'''* 1'''{{w|François Debauvais}}
'''* 2'''{{w|Célestin Lainé}}
'''* 3'''{{w|André Geffroy}}
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