Bombardements des 9 et 12 juin 1944

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Nuit du 8 au 9 juin, les appareils britanniques sur Rennes

Dans la nuit du jeudi au vendredi 9 juin 1944, après plusieurs alertes à minuit, 3 et 4 heures, des bombardiers en haute altitude lâchent les bombes, pendant près de trente minutes, sur les ateliers de la gare, la rue Saint-Hélier, la rue Dupont-des-Loges, la rue Duhamel, l'avenue Janvier, leboulevard de la Liberté, la rue du Vieux-Cours,la place du Vau Saint-Germain, endommageant l'église, et même sur la rue d'Echange et la rue de Dinan. 286 Lancaster, 169 Halifax accompagnés de 28 Mosquito "attaquent les voies ferrées à six endroits pour empêcher les renforts allemands d'atteindre la Normandie. 5 groupes attaquèrent la gare de Rennes avec succès". Les rapports de mission font état de bombardement bien concentré avec succès, la cible balisée par les marqueurs, des feux rouge et vert! Des bombes de 500kg et 250 kg sont lâchées par les Lancaster de la Royal Air Force.[1] L'aviation britannique perd un Lancaster et un Mosquito. On peut s'étonner de ce satisfecit quand on constate les dégâts collatéraux jusqu'à 800 mètres de l'axe de la cible. Les raisons peuven en être trouvées du fait que les formations comportaient sept à douze appareils volant de front, couvrant au sol une bande de 500 à 800 mètres et aussi du fait que, si les premiers lâchers étaient bien marqués, la fumée des impacts obscurcicait complètement l'objectif aux appareils suivants.[2] L'Ouest-Eclair du 10/11 juin titre :"Un raid terroriste de l'aviation anglo-américaine sur la population civile de Rennes. Une centaine de victimes ont été retirées des décombres. Des quartiers entiers sont anéantis par les engins explosifs et les bombes incendiaires " L'article fait état de la difficulté pour les pompiers d' éteindre les incendies provoqués par les bombes incendiaires, des conduites d'eau étant crevées, et de celles éprouvées par les sauveteurs en raison des bombes à retardement. Le 12, le journal annonce : "Après le raid terroriste de l'aviation anglo-américaine des centaines de maisons d'habitation ont été écrasées par les bombes ou ravagées par l'incendie. On compte plusieurs milliers de sinistrés."

La préfecture communique qu'en raison des circonstances, les obsèques des victimes seront célébrées sans aucune cérémonie officielle. Dans la vieille chapelle désaffectée du Cercle Paul-Bert, rue de Paris, transformée en chapelle ardente, on aligne les cercueils sous d'immenses tentures tricolores et le quotidien communique une première liste de 56 victimes. La brève cérémonie a lieu sous une nouvelle alerte. Devant les familles des victimes placées le long des murs latéraux à la tête des cercueils, Mgr Roques donne l'absoute, en présence des autorités civiles et les cercueils sont transportés vers les deux cimetières de la ville." La population fuit Rennes par toutes les routes", relate le quotidien qui indique que "durant toute la journée d'hier, les sauveteurs, bravant le danger des bombes à retardement, ont lutté contre le feu et poursuivi les travaux de déblaiement".

Le 12 juin, au tour des forteresses volantes américaines

Mais le 12 juin, ce sont des forteresses volantes américaines B-17 et B-24 Liberators des 8e et 9e USAF qui sont sur Rennes. Un B-24 du 448e bomber group, 712th squadron, est abattu et tombe à Bonnemain (La Boulaie) et quatre autres endommgés par des Messerschmitt du II/JG 53. Un autre B-24 est abattu par les canons de 88mm de la Flak de la Belle-Epine, au nord de Vezin et s'écrase à Langan Romillé. Mais Rennes est encore bien touchée. Le journal du 13 juin relate que la veille, peu avant 13 heures, un nouveau bombardement a atteint le pavillon des tuberculeux et des baraquements de l'hôpital de Pontchaillou abritant des vieillards et des impotents, le couvent de l'Adoration, et la rue d'Antrain, "tellement éloignés de tout objectif militaire que nombreux se trouvaient les Rennais qui s'y étaient réfugiés", allongeant la liste des victimes civiles, annonce le journal. Et, à nouveau, le 15 juin à 10 heures, familles, autorités religieuses et civiles se retrouvent à l'ancienne chapelle du cercle Paul-Bert et un nouveau convoi de 74 cercueils gagna le cimetière de l'est.


Au total, ces deux bombardements auront occasionné 122 morts et d'énormes destructions. Le maire de Rennes écrit, le 21 juin, aux artisans des environs pour leur demander de faire des cercueils de bois blanc car, les cercueils étant "réquisitionnés par l'armée d'occupation, la Ville de Rennes est obligée d'enterrer ses morts ( et particulièrement les victimes des bombardements, à même la terre, dans une fosse commune !"

Le Feldkommandant donne la leçon aux Rennais

L'Ouest-Eclair du 17-18 juin publie, dans un grand encadré, Un appel aux Français du Feldkommandant de Rennes. Après avoir estimé que les destructions ont fait comrendre aux Rennais ce qu'ils peuvent espérer de leurs "libérateurs" et que l'épouvante en voyant les morts et les mutilés a pu leur faire perdre la tête, il observe que les routes et les campagnes sont aussi bombardées et mitraillées et que la vie économique leur commande de regagner la ville et leur travail, ne serait-ce que pour aider les courageux qui n'ont pas quitté leur poste, faute de quoi ils auraient honte plus tard de n'avoir pas fait leur devoir. Et d'évoquer la possibilité de mettre à disposition de sinistrés ou de ceux qui se dévouent les proriétés et biens "lâchement abandonnés".

Le préfet, de son côté, lance des appels aux fonctionnaires pour qu'ils regagnent leur poste et promet une prime à ceux qui ne l'ont pas quitté.

références

  1. rapports de mission des squadrons de la RAF 50, 463, 467
  2. Une entreprise publique dans la guerre, la SNCF 1939-1945 par Yves Machefert-Tassin - actes du colloque de l'AHICF des 21 et 22 juin 2000 - 2001